samedi 10 mai 2014 - par morytraore.com

Dorris Haron Kasco « Charcot : une vie avec l’image »

Dorris Haron Kasco est un artiste photographe né en 1966 à Daloa, en Côte d'Ivoire. Il participe à une grande manifestation à Paris :

 Exposition « Charcot : une vie avec l’image » du 12 mai au 9 juillet 2014 à la Pitié Salpêtrière

À la croisée de la médecine, de l’histoire de l’art et de la création plastique contemporaine, l’exposition Charcot, une vie avec l’image établit, à l’instar de l’œuvre de l’illustre professeur de la Salpêtrière, reconnu comme le père de la neurologie et de la psychiatrie moderne, une circularité entre observation, texte et image, à travers une scénographie accessible au plus grand nombre. (Org.)

La reconnaissance ou la simple évocation par autrui, du travail de Dorris Haron Kasco, me procure un immense plaisir comme s’il s’agissait de moi-même. Je crois qu’il en sera de même pour qui connaît la passion de Dorris Haron Kasco pour la photographie. Il a publié en 1994, aux éditions Revue Noire, Les Fous d’Abidjan

Dans les années 90, à Abidjan, cette ville cosmopolite et ingrate, Dorris s’acharnait à travailler à sa façon sur les villes africaines. A le voir à l’œuvre, certains se demandaient d’où lui venait toute cette énergie de fou ? Quand il s’agit de photo, Dorris n’était jamais fatigué. Parallèlement, dans le cadre du CARAS, il trouvait toujours le temps de dispenser des cours. C’est là où je m’aperçus que Dorris Haron Kasco est un pédagogue hors pair. La pédagogie est un art comme le théâtre, qui ne laisse de traces que dans la mémoire des hommes. Avec quel talent il arrivait à communiquer aux jeunes l’amour de la photographie et du travail bien fait ! Aujourd’hui encore, il m’arrive de recevoir des remerciements à sa place, de la part de jeunes qui s’en sont sortis grâce à la photographie.

Le mois d’octobre 1993, deux mois avant la mort du premier président de la république de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, Dorris Haron Kasco organisa une exposition de ses œuvres sous le titre formulé en langage ivoirien : "Ils sont fous, on s’en fout". Les Abidjanais qui ont vu l’exposition, sans doute se posaient des questions, mais je parie qu’ils prenaient conscience de l’existence des fous avec encore beaucoup de distance et de légèreté car c’est de vrais fous qu’il s’agit, ceux reconnus par la société comme tels. C’est se méprendre sur la sensibilité et la profondeur de pensée de Dorris Haron Kasco.

Aujourd’hui après les crises ivoiriennes et le recul d’une décennie, "Les Fous d’Abidjan" publié en 1994, se bonifie avec le temps.

L’on s’aperçoit que Dorris n’était pas un voyeur, mais un visionnaire. Que la folie n’est pas l’exclusivité d’une catégorie minoritaire de gens qu’on peut enfermer ou laisser en liberté. Dorris a simplement utilisé l’objectif de sa camera pour servir d’amplificateur à des interrogations plus profondes qui concernent non pas une catégorie limitée, mais l’humanité entière. Je vous incite à aller nombreux découvrir Dorris Haron Kasco et l’exposition dans sa globalité : 

Exposition « Charcot : une vie avec l’image » du 12 mai au 9 juillet 2014 à la Pitié Salpêtrière  

Mory Traoré

Abidjan, Côte d’Ivoire.

 




Réagir