Farida Belghoul dénonce les parrains, sous le parrainage de Alain Soral
Donc, qu'aurait eu la visibilité de Belghoul ou d'un Ali Albert s'ils n'étaient pas parrainés par Soral ? En me posant cette question, je ne remets nullement en question leur talent et leur capacité de réfléchir, leur autonomie intellectuelle.
Elle revisite l'histoire et s'arrange avec les concepts pour expliquer certaines choses.
Ainsi, dit-elle que les beurs n'ont pas pu être eux-même de fait qu'ils ont été « pris en charge justement par des parrains qui avançaient à visage masqué qui avançaient le sourire aux lèvres et qui étaient finalement des parrains qu'on connaissait depuis très longtemps... j'ai envie de dire que depuis ma naissance en France, ces parrains là, je les ai toujours vus ...que ce soit à l'école publique ou dans les associations diverses et variées auxquelles j'ai pu participer, au parti communiste d'ailleurs parce que j'y ai passé trois ou quatre ans de ma jeunesse, c'est parrains là on les a toujours eus, c'est à dire qu'il y a toujours eu dans dans notre environnement de la seconde génération des gens pour nous entrainer vers des directions qui n'étaient pas celle qui naturellement aurait pu être la nôtre. Pourquoi ? Nous étions donc des enfants d'immigrés. Ces enfants d'immigrés étaient des enfants de colonisés, moi j'ai 55 ans...je suis née en 58, et en 58 l'Algérie n'était pas indépendante. J'ai donc été colonisée moi-même d'un point de vue de statut juridique pendant 4 ans. Les enfants de la deuxième génération ont, peu ou pro, mon âge entre 50 et 60 ans et ils ont été ces enfants qui sont sortis de la colonisation avec les indépendances des pays colonisés et qui ont atteint l'âge de 20 ans dans les années 80 lorsque la gauche avec le gouvernement Mitterrand l'a emporté dans la gestion des affaires du pays. A l'époque que l'on reconnaisse ou pas, forcément, je dirai nous avions tous un problème d'identité qu'on ne savait pas définir et qu'on n'aurait pas été capable d'exprimer en des termes rigoureux. Je pense qu'aujourd'hui 30 ans plus tard on peut savoir ….qu'il s'agit finalement de quoi ? Dans ce problème d'identité. Il s'agit que nous étions des enfants issus d'hommes traditionnels malgré tout. Parce que la colonisation n'avait pas cassé entièrement cette identité traditionnelle de nos parents. Donc nous étions des enfants quand même d'immigrés, mais des enfants de la tradition qui s'éloignaient de nous au fur et à mesure que le temps passait. Mais nous avions quand même une prise avec cette tradition et nous avions été très rapidement dans notre enfance, par l'intermédiaire de l'école notamment plongés dans la laïcité, c'est à dire la modernité. Qu'est-ce qui fait la différence entre la tradition et la modernité ? Parce que le mot tradition a une connotation péjorative aujourd'hui, et le mot modernité a une connotation contraire extrêmement positive. Et c'est ce qui nous a trompés nous aussi les enfants d'immigrés dans les années 80. c'est que nous avions honte finalement des hommes traditionnels qui étaient nos parents. Nous en avions honte parce qu'ils étaient dominés et nous en avions honte parce que nos étions ignorants. C'est à dire que nous savions pas qu'ils détenaient en eux la seule richesse qu'un homme aujourd'hui possède réellement c'est son rapport avec la tradition. C'est à dire son rapport avec les ancêtres qui le remontra jusqu'au point le plus haut où il pourra retrouver, en fait, entièrement son intégrité et se positionner dans le monde moderne, je dirai plutôt le monde contemporain, se positionner avec de véritable racine, et d'être enraciné malgré l'histoire coloniale et l'immigration qui a produit un déracinement d'une violence extrême. Cette immigration, je voudrai le dire à ceux qui même ici pourraient imaginer que c'était une chance, pour nous, a été un grand malheur pour nous. Les enfants de la deuxième génération souffraient de l'immigration. J'ai moi-même produit …à vingt déjà, je ne souhaitais pas que cette immigration finisse par m'emporter définitivement, mes enfants et moi, dans ce pays qui était la France ; puisque j'imaginais à l'époque, je ressentais à l'époque ce pays comme celui qui m'avait abattue, moi et mes ancêtres. Donc, je n'ai pas voulu pendant de nombreuses années puisque j'étais née, finalement, Française sujet de la colonisation pour finir par être Algérienne lorsque en 62 mon père a choisi la nationalité algérienne à l'indépendance, je n'ai pas voulu pendant des années prendre la nationalité française. Ce qui a totalement perturbé mon existence. Par exemple, je n'ai pas pu passer un concours d'enseignante … que tardivement. Parce que j'avais enfin franchi le pas collectivement pour effectivement accepter d'être juridiquement Française. Mais être juridiquement Française dans les années 80, nous l'étions mais nous l'étions pas de coeur français. Parce que l'imposture sur l'identité française, l'histoire de la France telle que on nous l'avait racontée à l'école, était celle finalement de notre domination. Et comment accepter cette défaite que de vouloir finalement adopter une identité qui avait été celle de nos maîtres, qui avait été celle de ceux qui nous avaient humiliés et abattus. Il a fallu beaucoup de temps, il a fallu les années beurs où j'ai considérablement appris parce que j'ai découvert ….qu'il existait deux France, ou plutôt... qu'il existait la France et la République laïque, et que ce n'était pas la même chose. Que l'histoire finalement m'avait conduite pieds et poings liés dans la République mais que celle-ci avait finalement usurpé l'identité de la France, pour me tromper. Pas seulement moi, tous les miens mais aussi tous les Français. Donc, qui a fait ce travail d'usurpation ? Qui a usurpé l'identité de la France ? Qui m'a fait croire à moi et mes contemporains des années 80 que la France était cette France coloniale, cette France discriminante et cette France qui voulait nous abattre ? C'est les parrains... »
De son discours, j'en retiens l'impression que Belghoul est toujours en difficulté d'identité, que l'amour filial, « empreint de honte », la force à ses dépens d'endosser l'histoire de son père, je crois pour partie imaginaire. Elle donne l'impression de l'effet moutonnier, l'effet de groupe, l'effet de la foule. Il n'y a pas de destin individuel, pas de volonté personnelle.
Il faut se poser la question sur l'héritage légué par les parents, par la société d'origine (ce qu'elle ne fera jamais, au contraire, son témoignage montre qu'elle était mue (comme Houria Bouteldja, il y a étrangement beaucoup de similitude entre le discours des deux femmes, elles pouvaient bien s'entendre) par la haine de la France, elle dit qu'elle a refusé de faire la démarche de prendre la nationalité française, elle avait des griefs contre la France mais ne sait pas réellement lesquels et s'approprie ceux de ses parents. Lui est-il arrivé de se poser la question, pourquoi après l'indépendance ses parents ont quitté ou ne sont pas rentrés en Algérie ? En principe, après le départ des colons, l'Algérie aurait été l'Eldorado des Algériens qui retrouvent leur liberté, il ne leur manquait que de retrousser les manches et de construire leur pays. Au contraire, son père opte pour la nationalité algérienne et reste en France. En soit c'est une énorme contradiction.
On entend souvent que les Maghrébins et les Noirs en général ont été amenés ici en France pour construire la France au lendemain de la seconde guerre, souvent cela sous entend que les immigrés n'avaient pas de liberté, qu'ils auraient été littéralement déportés, déplacés, ou forcés à immigrer, ce qui est faux. Les immigrés avaient leur libre arbitre (ce qui est flagrant pour Houria Bouteldja, née en Algérie, qui s'installe en France dans l'objectif de venger les crimes coloniaux et démanteler le pouvoir blanc, raciste et faire accéder les colorés à la dignité en les y substituant), ils ont pris une décision, celle de quitter leur pays et d'aller s'installer dans un autre pays, même dans un pays envers lequel ils ont de ressentiment et c'est en cela que l'ont peut faire la différence entre l'immigration asiatique (et notamment vietnamienne).
Il faut que Farida Belghoul soit honnête intellectuellement et faire son autocritique sur le plan de l'héritage culturel et émotionnel avant de prétendre poser un regard neutre et objectif, surtout un regard utile aux autres sans a priori.
Son gros défaut, c'est qu'elle fait un retour vers la tradition, mais ne précise pas laquelle tradition. Et surtout elle oppose la modernité (sans jamais la définir, mais elle lui donne le synonyme de laïcité) à la tradition, sans jamais en donner un contenu ou la préciser, parce que la tradition dans les pays du Maghreb n'est pas celle de l'Occident. La tradition germanique n'est pas la tradition latine. Même au Maghreb, la tradition des Hauts Atlas au Maroc n'est pas la même que celle du Rif, ou du Sahara ou chez les Berbères. La tradition de l'Afrique occidentale n'est pas n'ont plus la même que l'Afrique orientale, sans oublier la tradition des pays asiatique et ainsi de suite. À moins de considérer le patriarcat et la domination masculine englobant toute les traditions, soit le référent ou le signe indépassable de la tradition.
Farida Belghoul n'arrive toujours pas à gommer les marqueurs de sa jeunesse et notamment la référence au colonialisme et à la colonisation. Belghoul dit clairement que la colonisation a eu pour but de casser l'identité traditionnelle des parents (ce qui est totalement faux), elle reprend le discours marxiste et gauchiste qui impute les problèmes des sociétés post coloniales aux stigmates et à l'héritage du colonialisme. Une façons de ne jamais questionner la responsabilité des sociétés colonisées sur leur part de responsabilité dans leurs problèmes et surtout les problème d'identité.
Il est quand même curieux cette manie chez elle de parler tout le temps de « enfants » comme si l'enfance se prolonge au-delà de l'adolescence. Une façon inconsciente de se dédouaner et de ne pas assumer ses propres erreurs. C'est vrai que l'on est l'enfant de quelqu'un, mais on est aussi soi-même, on se construit et on décide son avenir.
Le problème d'identité dont parle Belghoul, elle le dit justement que « les enfants de la deuxième génération ne savaient pas exprimer en des termes rigoureux », ce problème existe toujours, et la 3ème voire la 4ème génération ne savent toujours pas le poser, l'analyser ou l'exprimer en termes rigoureux. Ce sont d'autres parrains comme Tariq Ramadan ou les salafistes qui se substituent à la gauche pour leur donner les outils des prêts à penser pour exprimer la problématique identitaire, si ce n'est la délinquance et la marginalisation qui en devient le langage pour exprimer la difficulté identitaire.
Sans remettre en cause ou nier la souffrance liée au déracinement des hommes et des femmes de la deuxième génération, il est utile de vouloir comprendre par quel mécanisme est-il possible de surmonter cette souffrance et de la cristalliser en quelque chose de positif, harmonieux avec le pays d'accueil. Pourquoi cette incapacité ? Pourquoi toujours vouloir chercher des causes externes ? Il y en a forcément, mais n'y a-t-il pas également des causes internes aux familles, aux habitudes, aux rapports entre les membres de la famille, le rapport à l'Etat, à la chose publique etc... mais cela suppose aussi de questionner la tradition avec son système moral et son corpus de pensée, que Belghoul leur attribue des pouvoirs magiques.
Si l'on peut admettre que la colonisation ne soit pas le fait voulu par les colonisés, l'immigration est un choix individuel, une décision qui n'a pas été imposée par la France à qui que ce soit. Et les parents étaient donc responsables de la souffrance de leurs enfants, et qu'il fallait y être attentif.
Last but not least, faire une différence entre la République et la France (la République laïque est contre la tradition Française) est d'un anachronisme grossier et sans aucun fondement. Sur quoi elle se base pour annoncer péremptoirement une telle idée ?
la suite de la conférence :
http://www.youtube.com/watch?v=NdXynnipjIo
https://www.youtube.com/watch?v=Js304r70VCM
http://indigenes-republique.fr/sos-racisme-des-potes-qui-nous-voulaient-du-bien-sadri-khiari/
http://indigenes-republique.fr/nous-ne-voulons-plus-etre-les-tirailleurs-senegalais-daucune-cause/
https://www.youtube.com/watch?v=ztqv97_5Rw0