lundi 27 juillet 2009 - par Damien Perrotin

John Michael Greer : l’anti-prophète de la décroissance

Il est parfois rafraichissant de tomber au hasard d’un livre ou d’un site Internet sur un écologiste dont la réflexion ne se réduit pas à de longues balades en scooters électriques ou à la défense d’un mode de vie bourgeois-bohème auquel la crise que nous traversons doit finalement beaucoup. Issu de cette para-maçonnerie britannique qu’est le néo-druidisme, John Michael Greer s’est imposé comme une figure incontournable dans le débat sur le pic pétrolier et ses conséquences pour notre civilisation au côté de personnalités comme Rob Hopkins, Richard Heinberg ou James Howard Kunstler.

John Michael Greer est issu du néo-druidisme, un cousin de la franc-maçonnerie, issu comme elle du XVIIIème anglais mais plus attiré par la nature que par les cabinets ministériels. L’Ancient Order of Druids in America (AODA) qu’il préside depuis 2002 est la branche américaine de l’Ancient and Archaeological Order of Druids, fondé en 1874 par Robert Wentworth Little, membre de la Grande Loge Unie d’Angleterre et secrétaire de l’Ecole Maçonnique Royale de Filles. De ce point de vue on pourrait le rapprocher de Gwenc’hlan le Scouezec, dirigeant historique de la Gorsedd de Bretagne et figure de l’autogestion disparu en 2008.

Ressources, capital et production

Ce ne sont cependant pas ses activités para-maçonniques qui ont fait connaître Greer dans les milieux écologistes radicaux américains mais son analyse de la crise de la civilisation industrielle. Dans un essai publié en 2005 How Civilizations Fall : A Theory of Catabolic Collapse, il décrit les sociétés humaines comme des machines thermodynamiques dépendant de quatre facteurs fondamentaux :

  • les ressources : tout ce qui, dans la nature, peut être exploité par une société donnée mais ne l’a pas encore été.

  • Le capital : tous les éléments, quelle que soit leur source, qui ont été incorporés dans le flux d’énergie et de matériaux d’une société donnée mais peut encore être utilisé

  • Les déchets : tout ce qui a été utilisé par une société et ne peut plus l’être

  • La production : le processus par lequel ressources et capital sont combinés pour fournir du nouveau capital ou entretenir celui qui existe.

Toute les sociétés, de la bande de chasseur-cueilleurs jusqu’aux états-nations modernes, exploite les ressources de leur environnement en utilisant le capital, matériel ou immatériel, accumulé au cours des cycles de production précédents. En l’absence toute contrainte extérieure, ce processus, que Greer appelle cycle anabolique peut se perpétuer et s’intensifier indéfiniment, le capital nouvellement créé servant à accroître les capacités de production et donc à créer encore plus de capital.

Deux problèmes vont cependant très vite se poser

D’abord les ressources ne sont pas inépuisables et vont tôt ou tard se raréfier ou du moins cesser de croître suffisamment rapidement pour permettre une croissance continue de la production. Ensuite, le capital accumulé, qu’il soit matériel ou immatériel, doit être entretenu, faute de quoi il se dégrade. Or le coût d’entretien du capital d’une société augmente toujours, sur le long terme, plus vite que sa production. Il arrive donc nécessairement un moment ou les coûts de maintenance d’une civilisation excèdent durablement ses capacités de production. Celle-ci peut alors tâcher de retrouver un équilibre au prix d’un strict contrôle de ses ressources. C’est ce qu’a fait, par exemple le Japon des Tokugawa.

Effondrement catabolique

Elle peut aussi s’efforcer de perpétuer sa croissance en s’appropriant de nouvelles ressources par la conquête militaire – une option très populaire dans le passé – ou par l’utilisation de nouvelles technologies – l’option qui a notre préférence, même si nous n’avons pas abandonné la précédente . On compense alors la raréfaction des ressources par un capital plus important et plus efficace, que ce capital s’appelle Première Légion ou machine à vapeur. Cette stratégie peut aboutir à des succès aussi retentissant que ceux de l’Empire Romain ou de la civilisation industrielle moderne. Sur le long terme il peut, cependant, s’avérer désastreusement contre-productif.

L’accroissement continu de la production entraîne, en effet, un accroissement tout aussi continu du capital accumulé et donc des coûts de maintenance. Il oblige également la société à utiliser toujours plus de ressources pour maintenir son expansion. Il arrive forcément un moment où celles-ci cessent de suivre, soit parce qu’il n’y a plus que des déserts et des forêts à conquérir – c’est ce qui est arrivé aux Romains – soit parce que les ressources naturelles dont dépend la civilisation en question sont épuisées au delà de toute possibilité de remplacement.

La production ne peut plus maintenir le capital existant et celui-ce se dégrade. Lorsque la différence entre besoins et ressources n’est pas trop importante et que la société utilise les dites ressources à un rythme relativement soutenable, il se produit une crise de maintenance. Les états et les marchés se désintègrent, la population décline, le niveau culturel baisse, mais seulement jusqu’à un certain degrés. Comme la base économique de la civilisation reste viable, un nouvel équilibre se rétablit, à un niveau inférieur de prospérité et de complexité, après une période de crise plus ou moins longue. C’est ce qui s’est passé, par exemple, à la fin des empires Han et Tang. L’état central s’est désintégré en royaumes rivaux mais la société chinoise a survécu.

Une société qui utilise ses ressources à un rythme insoutenable risque, elle, une crise de dépletion, ce qui est autrement plus sérieux. La raréfaction des ressources entraine, comme pour la crise de maintenance, une dégradation du stock de capital. Le problème c’est que comme on a compensé le manque de ressources par un recours plus intensif au capital, sa dégradation entraine une diminution de notre capacité à exploiter les ressources restantes. Il nous faudra donc plus de ressources pour produire autant ou même moins. La baisse de la production accéléra la baisse de nos ressources, soit parce que nous n’y aurons plus accès – puits de pétrole devenus trop coûteux – soit parce que nous les utiliserons moins efficacement, et cela sans que les coûts de maintenances baissent en conséquence. LA société toute entière est alors prise dans un cercle vicieux où la raréfaction des ressources entraine une baisse de la production qui accentue les effets de la réfaction des ressources jusqu’à ce que la plus grande partie du stock de capital ait été converti en déchets. C’est ce qu’il appelle un effondrement catabolique.

C’est ce qui est arrivé aux Romains, aux Mayas et aux Mycéniens. Non seulement leurs états se sont fragmentés mais les sociétés sous-jacente ont explosé et sont retourné à un niveau extrêmement bas de complexité sociale. C’est ainsi que dans certaines régions de l’Empire Romain, on a oublié non seulement l’écriture, mais aussi l’art de la poterie.

La longue descente

Greer estime que notre civilisation est sur le point de connaître un effondrement catabolique similaire à celui qui a emporté les Romains et les Mayas. Il se refuse cependant à souscrire aux fantaisies apocalyptiques et survivalistes si communes dans le monde de l’écologie radicale.

Notre civilisation s’est construite sur l’utilisation massive des énergies fossiles et le stock de capital qu’elle accumulé nécessite pour sa maintenance un approvisionnement constant en énergie concentrée qu’elles seules peuvent fournir. Or ces énergies fossiles sont en voie d’épuisement. Le pic pétrolier a probablement déjà été atteint, même s’il subsiste encore quelques incertitudes. Les pics gaziers et charbonniers devraient suivre assez rapidement.

Il ne semble pas, par ailleurs, y avoir de solution de remplacement. Les énergies dites de substitution ont toutes un rendement très inférieur à celui des énergies fossiles – ce qui explique pourquoi elles ne se sont pas développées alors qu’elles sont toutes connues depuis au moins un siècle. Le nucléaire, qui aurait pu représenter un espoir, est condamné par la rareté de l’uranium et l’échec manifeste des surgénérateurs. Par ailleurs, la mise en place de ces solutions alternatives nécessiterait de remplacer une grande partie de nos infrastructures – par exemple remplacer tous les moteurs à essence de la planète par des moteurs électriques et construire les circuits de production et de distribution qui vont avec. Dans l’état actuel des choses cela signifie augmenter considérablement notre consommation d’énergie fossile... au moment exact où elles se raréfient. Sauf à accepter de réduire drastiquement notre mode de vie, cela relève du rêve ou de la gesticulation politicienne.

Greer estime donc qu’il n’est probablement plus possible d’éviter un effondrement catabolique. Il estime cependant que ce processus prendra du temps, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire. Les sociétés humaines sont extrêmement résistantes et adaptables et ont peu compter sur les gouvernements pour trouver des réponses aux crises à venir, même si ces réponses peuvent se révéler contre-productives sur le long terme. Par ailleurs, chaque cycle de crise, en réduisant le stock de capital global de la société, réduira ses coûts de maintenance, ce qui entrainera un retour à l’équilibre, quoiqu’à un niveau plus bas de prospérité. Nos ressources continuant à s’épuiser, ce répit sera temporaire mais il peut durer un certain temps et les structures politiques sociales qu’il engendrera peuvent avoir une réelle force institutionnelle.

Ce que Greer envisage c’est un long déclin, étalé sur un ou deux siècles, marqué par des crises violentes mais aussi par des périodes d’embellies relatives et qui s’achèvera par l’émergence de sociétés capables d’exploiter de manière soutenable. Même s’il se refuse à prédire l’avenir, Greer estime que ce processus se déroulera en trois phases :

  • L’industrialisme de pénurie, au cours duquel les sociétés industrielles devront s’adapter à une raréfaction croissante de leurs ressources tout en restant des sociétés industrielles avec des sociétés proches des nôtres. Cette époque sera marquée par la montée des nationalismes et des conflits entre états, les gagnants étant ceux disposant de ressources naturelles encore importantes et des moyens et de la volonté de les défendre.

  • Les sociétés de récupération apparaîtront après l’épuisement des dernières ressources naturelles et utiliseront les restes de notre civilisation. A cette époque l’état-nation aura probablement été remplacé par des structures plus souples et la société se sera considérablement simplifiée et appauvrie.

  • Les sociétés écotechniques émergeront, Greer l’espère, lorsque les dernières reliques de notre époque auront été récupérées et combineront une technologie relativement développée avec un usage soutenable des ressources naturelles. Ces sociétés n’ayant aucun précédent historique et se situant loin dans l’avenir, il est impossible de les décrire.

Bien sûr, et Greer insiste sur ce point, ce processus se déroulera de manière différencié selon les régions et s’accompagnera de crises combinant désintégration politique, déclin démographique et migrations mais aussi de périodes de relative stabilité et prospérité. Greer ne parle pas plus de la France qu’un romain de l’antiquité n’aurait parlé de la Bithynie. Tout juste précise-t-il que les pays celtiques (comprenez la Bretagne, l’Ecosse, l’Irlande, le Pays de Galles, la Cornouaille, l’Île de Man et la Galice – cela fait quinze siècle que la France n’est plus celtique) ont de part leur position géographique de bonnes chance de traverser les crises sans trop de dommage.

Il envisage cependant non seulement la disparition des Etats-Unis en tant que nation mais aussi l’effacement de la culture anglo-saxonne d’une bonne partie de son domaine actuelle, sans d’ailleurs s’en émouvoir. Un territoire français profondément transformé du point de vue culturel ou politique ne lui semblerait sans doute ni particulièrement invraisemblable ni particulièrement choquant. Une de ses visions romancées de l’avenir décrit des migrants asiatiques se déversant sur la côte ouest des Etats-Unis et enseignant aux locaux à s’adapter aux effets du changement climatique. On pourrait aisément transposer la scène sur la côte méditerranéenne.

Ce qui l’intéresse c’est moins la défense des arrangements géopolitiques actuels que l’héritage qu’ils laisseront à un futur très différent.

Des réponses locales et adaptatives

Greer est extrêmement méfiant vis-à-vis des réponses globales que certaines entendent apporter à la crise des ressources. Même s’il pense qu’en théorie on pourrait, par des politiques appropriées éviter le basculement dans l’effondrement catabolique, il estime la chose impossible en pratique.

Revenir à un niveau de consommation soutenable signifierait pour les populations les plus riches à sacrifier 80% de leurs revenus. Il est peu probable que les populations du nord – et pas seulement leurs élites – acceptent un tel sacrifice, même dans l’intérêt de leurs descendants. Il est infiniment plus probable que l’on assistera à des tentatives de plus en plus désespérées de la part des pays industrialisés pour maintenir leur niveau de vie, quitte à ce que ce soit par des moyens militaires à l’extérieur ou autoritaires à l’intérieur.

Notre univers culturel est, en effet, dominé par l’illusion de notre caractère exceptionnel, illusion qui nous rend incapable ne serait-ce que d’envisager la perspective d’un déclin. Cette illusion prend deux formes finalement assez voisine. La première, le mythe du progrès, prétend que nous sommes destinés à dominer le monde éternellement et que la technologie résoudra, tout aussi éternellement, toutes nos difficultés. C’est le discours que tiennent la plupart de nos politiciens, qu’ils soient de gauche, de droite ou encartés chez les verts. La seconde, le mythe de l’apocalypse, nous fait imaginer que notre monde est destiné à s’effondrer brutalement, quasiment du jour au lendemain, en ne laissant derrière lui qu’une poignée de survivant. Cette version moderne du déluge purificateur est assez répandue chez les décroissants et en général chez ceux qui se sentent mal dans la société actuelle et ne rêvent que de la mettre à bas.

Greer estime, au contraire, que les utopies sont toujours sanguinaire et que la seule chose que les tables rases révolutionnaires ce sont des fosses communes remplies à ras-bord. Ce que la perspective d’un long déclin nous impose, c’est une logique d’adaptation locale aux nouvelles conditions, sans préjugés idéologiques et par un processus de transformation progressive et partielle plutôt que par le biais de bouleversement révolutionnaires dont les résultats ont toujours été désastreux.

L’adaptation individuelle est bien sûr fondamentale dans cette vision du monde. C’est à chacun de faire les efforts nécessaires pour adapter sa consommation à un monde en voie d’appauvrissement. Greer insiste cependant également sur l’aspect collectif de cette adaptation. Il estime que c’est au niveau des communautés locales que doivent se faire les changements nécessaires mais, même si son expérience personnelle lui fait donner une grande importance aux ordres fraternels comme la Grange ou les Odd Fellows, il se refuse à établir des plans valables en tous lieux et en tout temps. Au contraire il insiste sur la valeur du dissensus à l’intérieur des sociétés et entre elles et sur la nécessité de multiplier les expériences. La seule chose qu’il rejette ce sont les théories du complot, qui ne sont que prétexte à esquiver nos responsabilité, et la recherche de boucs émissaires qui mène aux mêmes désastres que les utopies révolutionnaires.
 


Références

Textes de Greer

The Archdruid Report

How Civilizations Fall : A Theory of Catabolic Collapse

The Coming of Deindustrial Society : A Practical Response

The Long Road Down : Decline and the Deindustrial Future

The Long Descent : A User’s Guide to the End of the Industrial Age

Traductions

Textes traduits



35 réactions


  • Walden Walden 27 juillet 2009 13:04

    Excellent article exposant en résumé une analyse qui apparaît rationnellement assez fondée, au moins quant à l’état des lieux et les perspectives à court terme, c’est à dire incluant la première phase (la suite demeure davantage hypothétique)... même si on n’est pas obligé de suivre le versant plus « tendancieux » du propos de J. M. Greer lorsqu’il prévoit l’effacement de la culture anglo-saxonne, malgré (paradoxalement) la position jugée plus favorable des pays selon lui « celtiques ».


  • dom y loulou dom 27 juillet 2009 13:25

    merci de ne pas oublier la suisse comme terre anciennement celtique.


  • citizenet 27 juillet 2009 17:26

    Merci pour cette excellente traduction de la vision de John Michael Greer, qui met bien en évidence les rouages « grippés » de cette gestion effrénée de la production capitalistique, confrontée à la limitation progressive des ressources et au décuplement des déchets générés par l’espèce humaine.

    Une vision somme toute raisonnablement optimiste, qui à l’horizon d’un siècle ou deux, après cette longue descente « catabolique » annoncée qui doit mettre fin aux gaspillages invraisemblables de notre consumérisme débridé, décrit les contours de la voie étroite qui devrait amener les futurs rescapés à de meilleures intentions, en terme de de protection de l’environnement et de justice sociale.

    Car les principales ressources, à priori inépuisables, sur lesquelles nous pouvons encore « compter » et capitaliser, ce sont les ressources humaines de notre intelligence collective.

    A moins qu’une autre hypothèse, irréversible celle-là, et sans espoir d’avenir pour notre espèce ne se réalise, dont les ferments se trouvent dans votre paragraphe :

    « Revenir à un niveau de consommation soutenable signifierait pour les populations les plus riches à sacrifier 80% de leurs revenus. Il est peu probable que les populations du nord – et pas seulement leurs élites – acceptent un tel sacrifice, même dans l’intérêt de leurs descendants. Il est infiniment plus probable que l’on assistera à des tentatives de plus en plus désespérées de la part des pays industrialisés pour maintenir leur niveau de vie, quitte à ce que ce soit par des moyens militaires à l’extérieur ou autoritaires à l’intérieur. » 

    Car aujourd’hui, si les ressources fossiles sont de plus en plus limitées, avec par contre l’excédent démographique des ressources humaines à terme « sans emploi » et produisant un maximum de déchets, on peut légitimement craindre que la minorité de nos élites politico-financières des Etats les plus riches de la planète, qui détiennent précisément 80% des capitaux et exploitent la majorité des ressources y compris humaines, ne soient incités par quelques « fanatiques du grand capital » qui n’ont rien de druidique, quoique, à utiliser leurs stocks d’armes atomiques et bactériologiques pour résoudre le problème de la « déchetterie » avec une « solution finale » beaucoup plus radicale et conforme à leurs intérêts « privés »...




  • perlseb 27 juillet 2009 17:40

    Je n’aime pas trop les gens qui font l’amalgame de la technique et de la société telle qu’elle est actuellement. Ce sont souvent des non-techniciens d’ailleurs.

    Contrairement à ce que l’on peut croire, la société actuelle n’est pas du tout dominée par les techniciens mais par les commerciaux et les financiers. La société actuelle de consommation, dans laquelle nous sommes, qui incite à consommer de plus en plus pour faire de plus en plus d’argent, a forcément une fin car le monde et les ressources sont limitées.

    Mais la technique ne dicte pas comment une société doit être. Elle donne simplement des possibilités. La technique est capable de réutiliser les déchets, d’éviter d’en créer, et, pourquoi pas, dans l’avenir, de créer des machines qui s’auto-maintiennent : c’est en recherchant à imiter la vie le plus possible que l’on pourra créer du ’capital’ qui n’aura pas sans cesse besoin de l’intervention de l’homme pour rester productif.

    Actuellement, on n’a aucun intérêt à fabriquer du matériel qui dure très longtemps, ou pire encore, du matériel qui se réparerait lui-même : cela n’a aucun intérêt commercialement. Mais si l’on passe d’une société basée sur la consommation à quelque chose d’autre, les techniciens pourront peut-être faire du bon travail.

    L’énergie solaire est gratuite mais beaucoup d’ingénieurs sont au chômage : c’est une aberration de la société de consommation. Tous ceux qui sont capables d’améliorer les rendements des capteurs solaires devraient travailler à temps plein, c’est un investissement pour le futur. Mais le système actuel est incapable d’employer tout le monde et il y a un gâchis humain inouï.


    • perlseb 27 juillet 2009 18:16

      Pardon, ma dernière phrase est mal tournée :

      « Mais le système actuel est incapable d’employer tout le monde »

      En fait, le système actuel ne cherche absolument pas à tirer partie de ce qui est gratuit, c’est à l’encontre de la consommation et du profit.


    • Croa Croa 27 juillet 2009 22:54

      Je dirais même plus : Le système ne veut pas employer tout le monde.

      A part ça je n’ai pas eu la même lecture : Point de véritable physique appliquée là dedans, donc point de technique mais une métaphore afin de présenter une certaine vision des choses.

      La société est effectivement dominé par les commerciaux et les financiers mais ce n’est pas le sujet ici. Quoique... ce ne soit surtout pas dans la présentation choisie ici. Bref, ce n’est pas contradictoire.


    • Walden Walden 28 juillet 2009 09:45

      « Je n’aime pas trop les gens qui font l’amalgame de la technique et de la société telle qu’elle est actuellement. Ce sont souvent des non-techniciens d’ailleurs. » : Mais ça ne semble pas être le cas de J. M. Greer, au travers de cet article en tous cas ?

      Bien que je souscrive dans l’ensemble à votre propos, vous-même semblez faire, sans doute involontairement, un amalgame entre la technique utile et les techniciens, d’une part, et la Technique en tant qu’elle est devenue un support de l’idéologie du Progrès, portée tout de même aussi par un certain nombre d’acteurs de la techno-science.
       
      Selon ce mythe, la Technique serait à même de pallier à tous les problèmes présents et à venir, ses adeptes le croient fermement : comme par exemple le fait que l’on peut produire sans souci des déchets nucléaires, puisqu’on inventera « certainement » dans l’avenir le moyen de résoudre la question de leur radioactivité... (Certes cette sorte de croyance est plus ancrée chez des gens qui n’ont pas un minimum de culture scientifique, qu’on entend parfois demander ingénument « comment se fait-il qu’on ait pas encore inventé le moyen de... ? »)

      Alors que la technique est, à la base, le fruit des capacités cognitives rationnelles de l’Homme, elle a acquis au cours des derniers siècles, avec le dogme progressiste, un prestige qui lui prête des capacités irrationnelles de remédiation. Cela permet pour beaucoup de constamment différer la question des risques cruciaux qui se manifestent d’ores et déjà. En effet, « la technique ne dicte pas comment une société doit être », mais la croyance en la Technique dicte bien souvent ses grandes orientations actuelles.

      Cf. à ce sujet le philosophe Jacques Ellul.


    • Freddi 28 juillet 2009 11:47

      Article intéressant dont le titre me paraît totalement inadapté.

      En effet, le mythe purificateur n’est absolument pas la tasse de thé des « décroissants » puisque ceux-ci proposent justement une alternative à la folie consumériste actuelle par une organisation sociale collective & individuelle permettant justement d’éviter l’effondrement des sociétés humaines & de la biosphère.

      Concernant la technique, je suis totalement d’accord avec l’analyse de Walden relative à la croyance aveugle en une technique capable de tout réparer ou corriger.

      On aborde ici le thème philosophique de l’écart entre l’infinitude de l’imagination humaine et la finitude de la création technique compte tenu des limites fixées par les lois de la physique.

      Ainsi, on peut toujours imaginer un vaisseau se déplaçant plus vite que la vitesse de la lumière alors même que celle ci est une limite physique.

      La raison reste donc dans notre capacité à ne pas développer des techniques pour lesquelles l’antidote physique n’existe pas.


    • perlseb 28 juillet 2009 12:59

      Vous n’avez pas eu la même lecture ?

      L’article explique, je crois, que l’ « effondrement catabolique » est inévitable car le capital coûte de plus en plus cher en maintenance.

      Ce que j’explique, c’est que la technique pourrait avoir comme priorité de limiter au maximum la maintenance en s’inspirant de la vie (un organisme vivant s’auto-répare pour la plupart des problèmes bénins qu’il rencontre, et nous ne serions pas là pour en discuter si ce n’était pas le cas). Limiter la maintenance, ça veut dire mettre en priorité absolue la durabilité, faire des investissements que l’on transmet aux générations futures : c’est assez proche de l’écologie en fait.

      Mais dans la société de consommation la durabilité est un ennemi à combattre. Nous construisons des choses de plus en plus adaptées et confortables mais de moins en moins durables. Donc les techniciens, qui ne sont que des salariés comme les autres, avec leur chômage comme les autres, travaillent pour le marketing afin de vendre plus.

      En pratique, les maisons que l’on construit maintenant sont plus confortables mais elles ne sont plus faites pour durer plus d’une génération. Les chaussures, les vêtements, les meubles... Pensez à nos ancêtres et ce que représentait une maison ou un meuble.

      On peut associer la durabilité et le confort avec la technique mais « ceux qui décident » n’ont aucun intérêt à le faire. Dans cette société, une entreprise qui créerait du matériel inusable pourrait mettre la clé sous la porte alors qu’elle devrait au contraire se développer et permettre à l’homme de se consacrer à des tâches plus utiles (ou au repos et aux distractions, pourquoi pas) en lui libérant du temps.

      L’« effondrement catabolique » est une sous-productivité générale forcée par la société de consommation.


    • perlseb 28 juillet 2009 13:28

      A @Walden

      Les vrais techniciens ne font pas de politique, ils veulent servir les autres.

      On a rapidement inventé le terme péjoratif de « technocrate » pour ceux qui ont cru pouvoir mélanger technique et pouvoir.

      La « Technique » (avec un « T » majuscule) est un alibi pour une orientation financière et consummériste d’une partie de ce que l’on peut faire. J’ai travaillé dans l’informatique (ingénieur de formation) et je peux vous dire que la productivité est très nettement entravée par des problèmes de licences, de non-interopérabilité volontaire, de limitations nombreuses et souhaitées (il existe d’autres produits à acheter pour faire ceci ou cela). Nous ne faisons, dans le fond, que très peu de technique.

      Mais ceux qui mènent la danse utilisent effectivement la « Technique salvatrice » pour justifier leurs choix de profits maximum tout en évitant soigneusement de présenter ce qui serait préférable de faire pour l’intérêt du plus grand nombre. Quand on est technicien, on n’est pas dupe.


    • Ecométa Ecométa 2 août 2009 11:17

      « Je n’aime pas trop les gens qui font l’amalgame de la technique et de la société telle qu’elle est actuellement. Ce sont souvent des non-techniciens d’ailleurs. »

      Il ne s’agit pas, de ma part, d’être contre la science ou contre la technique, qui sont utiles et nécessaire à l’humanité pour résoudre ses problèmes et évoluer favorablement comme d’ailleurs vous le souhaitez ; à la condition expresse, cependant de ne pas nous inscrire, comme nous l’avons fait et continuons de le faire, dans une fuite en avant rationalo économico technoscientiste, ceci, au point que l’on peut réellement parler de technoscientisme !

      Je suis persuadé que vous conviendrez que la science ne peut justifier la science, de même, la technique justifier la technique : ce sont là de véritable cercles vicieux technoscientistes ! A priori, comme à posteriori, c’est à dire en cas d’erreurs avérées, nous devons nous interroger sur la science et la technique, c’est ce qu’on appelle faire de l’« épistémologie ». Il ne fait aucun doute que si la science et son corollaire la technique résolvent des problèmes, en même temps, elles en créent ; l’idéal, voire même la moindre des choses, ce serait que la science et la technique résolvent globalement plus de problèmes qu’elles en créent ! L’idéal, ou plus simplement le normal, serait que nous soyons des humains suffisamment conscients, perspicaces, conséquents, pour que notre savoir ne crée pas de problème ... ce qui n’est visiblement pas le cas.

      Bien sûr, à proprement parler, ce ne sont pas, ni la science, ni même la technique, qui ont des raisons d’exister, qui sont responsables de tout ce capharnaüm, mais plutôt l’usage, le mauvais usage que nous autres, les humains, nous faisons généralement de notre savoir ! D’où l’importance d’un jugement humain, éminemment humain, et non exclusivement rationalo technoscientiste, essentiellement productiviste, quantitativiste, quand il devrait être qualitatif : objectivement comme subjectivement qualitatif humain !

      C’est l’humain qui est responsables de sa situation, indirectement son savoir, surtout son exclusive technoscientiste ! En ce qui concerne le commerce et la finance, ce sont deux domaines qui se sont extrêmement scienticisés et technicisés : trop spécialisés ; vous me direz qu’il ne s’agit pas de « technique pure » mais de pseudo techniques ! Mais qui fait la différence entre science et technique « pure et dure » et pseudo science et pseudo technique considérées comme tout aussi « pure et dure ».

      L’erreur est humaine, même éminemment humaine, et si nécessaire l’histoire de l’humanité est là pour en témoigner ! C e n’est pas d’un système de savoir basé sur la « vérité pure », serait-elle même scientifique et technique cette « vérité pure », mais plutôt d’un système ou l’erreur et l’illusion, thème si chère à Edgar Morin, et j’ajouterai la « manipulation », sont toujours possibles. Bref, nous avons besoin d’un système cognitif dans lequel la réflexion à priori, basé sur l’entendement et non sur la spécialisation dichotomique spécieuse et fallacieuse, un système basé, non sur la fuite en avant, mais sur l’introspection à posteriori, sur une « épistémologie » nécessaire ; nous aurions besoin de cela pour réellement progresser humainement parlant et non exclusivement technoscientifiquement parlant !

      L’action pour l’action, le moyen pour le moyen, l’efficacité pour l’efficacité, au bout du compte, au prétexte de servir l’humain, le « moyen », celui de faire, de parvenir et surtout sa propriété ou sa disposition : ce moyen devient le « souverain bien » ! Alors, l’humain de l’humain, pourtant seul et véritable « souverain bien », est totalement oublié, et la société savamment et délibérément niée ! Au lieu de faire le pari de l’efficacité mécaniste la plus souvent imbécile, au lieu de faire le pari de l’intelligence artificielle rationalo mathématico technoscientiste, ceci sans les rejeter pour autant, nous serions certainement mieux avisés de faire le pari de l’intelligence simplement humaine, celui du bon sens commun. Voilà le véritable défi du XXI è siècles : faire le pari de l’« intelligence collective », qui, visiblement, brille par son absence !

      De nos jours, l’organisation et la puissance des Etats modernes, dits démocratiques, sont telles qu’aucun problème de nature sociétal, économique et social, pourtant tellement prégnant, ne serait insoluble si, en lieu et place d’intérêts économiques régnants et d’idéologies dogmatiques prévalentes, cette organisation et cette puissance était mise en œuvre au degré voulu et dans les formes voulues pour l’ensemble des citoyens. En, fait, si cette organisation et cette puissance existait et opérait d’un point de vue strictement sociétal et non individualiste paroxysme d’individualité et plus réellement individualité, ou encore exclusivement systémiste ! Il n’y a pas de fatalité en matière de société il n’y a que du fatalisme face à un système qui se regarde technoscientifiquement le nombril, qui, de ce fait nie la société, même l’exploite en fonction de ses seuls tenants et aboutissants technoscientistes !


    • perlseb 2 août 2009 13:53

      A @Ecométa, votre analyse est très juste.

      J’irai un peu plus loin : je ne suis pas pas anthropocentriste. Pour moi l’homme n’est qu’un animal comme les autres et il le prouve. Depuis que nous avons pris le dessus sur les autres animaux, nous les privons de leur territoire pour notre développement personnel que nous croyons illimité : c’est le comportement le plus animal qui soit. Il n’y aurait pas d’explosion démographique si nous étions autre chose que des animaux.

      Que l’humain (être qui devrait être raisonnable) soit au centre de notre réflexion pour l’utilisation que l’on fait des techniques (ou autres inventions qui nous donnent plus de puissance), c’est un peu trop restrictif. Attention à ce que je dis : les animaux et les plantes n’ont absolument pas besoin de l’humain, elles ont simplement besoin de place.

      Mais l’homme n’est pas dieu (s’il existe !) : il n’est déjà pas capable de se répartir décemment les fruits de son travail alors respecter la nature, qu’il méprise car les animaux lui montrent sa vraie nature, c’est beaucoup trop lui demander.

      Pour en revenir à la technique, encore une fois, nous l’utilisons très mal et ce n’est pas elle qu’il faut blâmer mais la société de consommation. Les exemples de l’inefficacité de cette société mercantile dans notre vie de tous les jours sont très nombreux. Je ne vais pas les développer ici mais dans l’ensemble, on préfère mentir aux gens et leur faire acheter un nouvel ensemble complet et coûteux plutôt que de maintenir un mécanisme qui pourrait encore fonctionner très longtemps et pour beaucoup moins. On travaille aussi l’esprit des gens en les rendant de plus en plus capricieux : s’ils peuvent changer eux-mêmes leur appareil (qui marche encore) pour un appareil plus récent qui a une nouvelle fonctionnalité complètement bidon, alors on réduit encore plus la durée de vie de ce que l’on fabrique... Et on scie encore un peu plus la branche sur laquelle nous sommes tous assis.

      La société ne peut pas encourager la consommation et la destruction, c’est suicidaire.


    • Ecométa Ecométa 3 août 2009 12:29

      Je considère l’humain comme important, non pas l’individu humain de manière spécifique, mais l’« Humanité » et le « principe d’humanité » qui a été défini par des humains d’un autre temps, des « sages », il y a déjà plus de deux millénaires. Un principe d’Humanité qui répond au concept philosophique et métaphysique d’ontologie (le pourquoi), de déontologie (le comment), d’éthique ( ne pas faire à l’autre ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse)  et d’altruisme ( le goût des autres car sans les autres nous n’existons pas) ! Pour autant je ne place pas l’humain au centre des choses car nous appartenons à la totalité et non l’inverse ; nous sommes des locataires de cette terre, seulement de passage, et, de ce fait, si nous avons des droits, ils sont forcément limités, forcément limités comme locataires ; et si nous avons des droits, nous avons également des obligations : celui de rendre l’objet de la location dans l’état...voire même en meilleur état ! De ce point de vue nous sommes malheureusement assez mal barré, bien sûr en ce qui concerne la nature, celle de cette pauvre terre pourtant si riche à l’origine ; mais également en ce qui concerne la nature humaine, qui de plus en plus est niée : rationalisme technoscientiste oblige !

      Nos sens, soi-disant, nous trompent, et c’est la raison pour laquelle il nous faut, rationalisme oblige, mourir au sensible ; autant dire : mourir à l’humain ! Albert Einstein disait qu’il existe deux infinis, celui de l’univers et celui de la bêtise humaine ; encore que pour l’univers, ajoutait-il, la chose ne soit pas certaine… certes, qu’il faille rationaliser l’action ne fait aucun doute, mais que cette rationalisation ignore l’humain, ignore la réalité humaine avec ses défauts, ses qualités intrinsèques, ses besoins de toute nature, physique, métaphysique ; une telle rationalité, plus exactement, un tel rationalisme relève sans aucun doute de cette bêtise humaine infini évoquée par Albert Einstein !

      Rationalisme n’est plus rationalité mais paroxysme de rationalité ; nous avons tout de même là un sérieux problème, et qu’il faudra bien un jour poser et résoudre : pourquoi l’humain ne s’aime-t-il pas ? C’est un fait certain, l’humain ne s’aime pas puisque la majeure partie de son savoir est construite en totale négation de sa propre nature !

      Sorti de l’animalité, devenu Australopithèque, puis Homo Habilis, Homo Erectus, Homo Sapiens et en fin Homo Sapiens-sapiens, au fur et à mesure de sa prise de conscience en tant qu’« Humain », de sa prise de conscience de la temporalité humaine, l’humain s’est interroger et avec une certaine inquiétude : quoi de plus normal ? Cependant, cette inquiétude, cette crainte instaurée notamment par la religion, ceci au fur et à mesure de l’évolution, de l’apparition du savoir, de sa démocratisation : cette crainte et cette crédulité auraient dû disparaître pour laisser place à la peur de lui-même, d’une prise de conscience de sa capacité de nuisance par son savoir !

      Vous dites : « Mais l’homme n’est pas Dieu », et vous ajoutez entre parenthèse « s’il existe » !  »

      Il n’y a ni dieu, ni diable, qui ne sont que pures inventions humaines, des faux semblants, de faux prétextes, des boucs émissaires pour dédouaner certains et culpabiliser les autres ; il n’y a en fait que le bon et le mauvais génie humain ! A l’évidence l’homme à un besoin viscéral de croire : mais pourquoi croire dans un « Etre supérieur » dit « parfait » par certains ? Pourquoi sinon pour s’y soumettre en le craignant !

      Au départ, la religion, de la part de certains, partait certainement de très bonnes intentions, ceci afin de structurer, de souder sociétalement ; le problème c’est que certains ont rapidement compris l‘avantage particulier qu’il pouvait tiré d’une telle crédulité, et ils n’ont pas hésité à en abuser en culpabilisant l’humain au lieu de le valoriser. Le principe, culpabiliser certain, faire des sujets culpabilisés et des maîtres culpabilisants, diviser pour régner est vieux comme le monde des humains ; la politique ayant repris les méthodes de la religion, ... ce principe dure encore de nos jours !

      L’homme à le « libre arbitre », et, de ce point de vue, il est créateur et maître de son univers : comme un Dieu ! Un Dieu, être parfait, ce qu’il n’est assurément pas cet humain ; il est tout sauf parfait, ce qui est très bien car la perfection est ennuyeuse, elle serait même le signe de la fin, celui de l’involution dans un monde en évolution permanente : dans un tel monde la perfection n’existe pas !  Avec le temps, de plus en plus éloigné de son origine animale, ayant de plus en plus conscience de la réalités, des réalités, d’une réalité combien complexe, son évolution vers normalement plus d’humanité, tout ceci, toute son histoire, aurait dû le rendre un peu plus sage cet humain : un peu plus modeste dans son savoir. Mais voilà, niant la nature, et les états de nature, dont la nature humaine : il est hélas de plus en plus arrogant cet humain !

      Plotin (205-270 ap J.- C.) disait que le temps, le temps humain, est dialectique ! Autrement dit, que la temporalité humaine, le fait d’avoir conscience de son passé, de son présent et d’un avenir possible à organiser humainement ; la temporalité humaine participe de l’intelligence humaine ! Hélas de plus en plus nous nions cette temporalité humaine et cette intelligence humaine que nous remplaçons par le temps de la technoscience et par l’intelligence artificielle. Comment une intelligence peut-elle être artificielle ? L’intelligence est naturelle... elle est dans la Nature... autrement nous autres les humains, êtres de nature, nous n’en disposerions pas ! Il ne s’agit pas à proprement parler d’intelligence, ou alors d’intelligence humaine, plus précisément d’ingénierie mécaniste humaine : simplement d’ingénierie mécaniste et non d’intelligence au sens complexe du terme ! Nous nions le passé, nous nions notre histoire, même de plus en plus nous ne raisonnons qu’en termes de prospective, qu’en termes d’avenir, au point de nier le présent : comment dans de telles conditions de négation de la réalité, celle du temps présent, entendons-nous précisément comprendre son présent ! Il y a là comme une impossibilité : comment comprendre un présent qui ne se justifie plus que par l’avenir ?

      Au lieu de croire en Dieu, et en diable, l’être humain serait certainement mieux inspiré de croire en lui : en sa capacité à s’améliorer humainement parlant et pas exclusivement technoscientifiquement parlant ! A peine sorti de l’animalité, l’homo sapiens-sapiens, encore loin d’avoir tout découvert sur lui-même, voire totalement ignorant de lui-même, de ses capacités cognitives, au titre de la compréhension de la réalité, de sa réalité, et non d’un esprit essentiellement dichotomique et manipulateur ; englué qu’il est dans son « rationalisme classique cartésien » : cet homo sapiens-sapiens entend faire de l’humain un « surhomme », bardé de biotechnologie, un cyber-humain bourré d’électronique ! Dans quel but ? Pour mieux le comprendre ? Non, rationalisme et utilitarisme économico technoscientiste oblige : pour simplement mieux l’utiliser !

      C’est une évidence, de plus en plus nous nions la temporalité humaine, nous nions la nature humaine, nous nions l’humain, l’humanité et les principes même de démocratie et d’humanité, et mêmes ceux de la République qui les rejoignent ! Le déclin de l’humain est lié à la négation du temps humain et à son remplacement par celui de la seule technoscience : il serait temps de calmer ce jeu débile !

      Restons humains simplement humains, ave les pieds sur terre : ce serait déjà pas mal !


    • perlseb 4 août 2009 12:01

      J’adhère en tout point à votre analyse. Athée, je pense que ce sont ceux qui croient en dieu qui doivent nous prouver son existence et pas l’inverse, et cela ne change absolument rien qu’il existe ou non.

      Je suis adepte de « Connais-toi toi-même » (Socrate) et « Un esprit sain dans un corps sain » (Juvenal).

      Il vaut mieux essayer de se comprendre que de faire appel à des médecins (qui, dans notre système, gagnent plus d’argent quand il y a plus de « malades ») : il y a de bons médecins mais aussi de bons « Docteurs Knock ». Faire confiance à soi-même et à la nature (et ne surtout pas l’ignorer) plutôt qu’à la médecine, encore bien ignorante, et à beaucoup de médecins arrogants.

      Cela veut dire beaucoup de ne pas ignorer sa nature et son corps : dans cette société du moindre effort, où la « technoscience » nous évite les travaux pénibles, avoir un corps sain impose de faire pas mal de sport (par principe inutile) alors que le travail de la terre suffisait avant.

      Force est de constater que la « technoscience » rend beaucoup d’hommes de plus en plus décadents (physiquement, mentalement et sexuellement) et de plus en plus étrangers à eux-mêmes. Mais, faut-il pour autant blâmer la technoscience ?

      Je ne suis pas pour faire de la technique pour la technique et je ne crois pas qu’elle peut sauver l’homme de sa condition animale, mais chacun devrait être responsable et devrait essayer d’être le meilleur possible pour soi-même et pour les autres. Y a-t-il un remède contre l’irresponsabilité et le penchant naturel pour la décadence ?

      Je ne suis pas non plus pour l’argent pour l’argent. Certaines personnes semblent avoir de l’énergie et travaillent très dur. En analysant un peu, leur seule motivation, c’est leur croyance en l’argent :

      « Où l’homme, dont jamais l’espérance n’est lasse,
      Pour trouver le repos court toujours comme un fou ! » (Baudelaire).

      Oui car pour ceux qui ne croient qu’en l’argent, de 2 choses l’une : soit ils estiment n’en avoir pas suffisamment (fou), soit ils estiment en avoir assez (décadent).

      La « technoscience » donne, il est vrai, plus de pouvoir aux fous et plus de facilités pour être décadent, mais elle ne dicte pas ces comportements. Pour ma part, j’essaie d’éviter ces 2 écueils et je pense que personne n’a envie de revenir au temps des cavernes.


  • herbe herbe 27 juillet 2009 18:31

    J’ai trouvé l’article intéressant.

    Je regrette toutefois l’utilisation d’un pourcentage global unique( 80 % !) .

    C’est toujours le même problème il me semble, on ne peut appliquer une baisse de façon uniforme pour tous !
    C’est le problème symétrique des augmentations.
    On retrouve ce problème également pour les prélèvement obligatoires, certains avant le bouclier fiscal était prélevés à près de 70% de leur revenus et encaissaientt bien le choc matériellement mais moins au niveau psychologique ...

    Il faudra choisir un système proportionnel : l’effort à faire doit être proportionnel à ses moyens de fournir l’effort justement, vous vous imaginez demander à un smicard ou à des travailleurs pauvres d’accepter 80% !
    Le problème est aussi similaire pour ceux peu nombreux mais en constante augmentation qui ont déjà fait le choix de la décroissance et du sacrifice volontaire , on ne va pas leur demander de faire ça encore ?

    Je constate une règle sous couvert de prise de conscience écologique l’application d’une règle constante : l’exigence envers certaines catégories et le laxisme voire la complaisance envers d’autres (ce n’est même pas la peine de pousser plus loin la description tout le monde se reconnaitra mais dans toutes les catégories il y a des gens de bonnes volontés qui ne voudraient pas être pris pour des pigeons sempiternellement...)


  • citizenet 27 juillet 2009 20:20

    Sauf erreur, herbe qui pousse n’amasse pas mousse, j’ai cru comprendre que le taux de 80% est « indicatif », une référence à la loi de Pareto qui s’applique bien à une minorité de plus riches (20% indicatif) qui détiennent environ 80% des richesses.

    Ceci étant, même s’il s’agit globalement de supprimer les revenus dits superflus des plus riches pour ne s’en tenir qu’au nécessaire (disons maxi 5 fois le smic car ce qu’ils font en moyenne ne vaut pas plus cher, même pour Johnny le rockeur des 30 glorieuses), il serait bien sûr totalement injuste de s’attaquer à ce nécessaire indispensable aux familles de smicards.

    A fortiori, je pense que, toujours à titre indicatif, la première chose à faire serait de renflouer les revenus de celles et ceux qui n’ont même pas le nécessaire, pour les amener à hauteur du smic, par exemple en supprimant le bouclier fiscal.

    C’est exactement l’inverse de ce qu’a fait Sarko, qui, crise ou pas, prend progressivement aux plus pauvres, sans oublier les classes moyennes qui représentent en « valeur » le gros du gâteau dont le superflu est loin de 80% de leurs revenus, pour donner toujours plus à ses commanditaires les plus riches, d’où le malaise du parrain (dis tonton, pourquoi tu tousses ?) qu’il n’est pas le seul à ressentir !

    Vous comprendrez également qu’avec des redistributions en vue aussi révolutionnaires, certains des plus nantis sont déjà en train de lever des armées, pour des guerres qui seront tout, sauf économiques...


  • Céline Ertalif Céline Ertalif 27 juillet 2009 22:15

    Contrairement à ce que l’on peut croire, la société actuelle n’est pas du tout dominée par les techniciens mais par les commerciaux et les financiers.

    Mais la technique ne dicte pas comment une société doit être.

    C’est vrai. Le problème est cependant dans une quasi-incapacité à renoncer aux tentations des moyens techniques. La technique exerce encore et toujours une fascination irrationnelle. C’est très visible dans les sujets dits éthiques, comme par exemple la bio-éthique, la procréation assistée... dans les sujets sans réel impact financier en fait. Si on peut faire naître un enfant du femme de 70 ans, il y a toujours un médecin quelque part pour le faire... En fait, là où ça rapporte de l’argent, on montre les choses autrement, mais il y a le même penchant inéluctable. « La technique ne dicte pas », mais si personne n’est capable de résister à l’attrait d’une technique cela revient pratiquement au même.

    L’article est intéressant. On a besoin de gestion publique, et donc quand l’Etat est entré dans le « collapse », il faut effectivement que d’autres formes prennent le relais : des collectivités locales, mais aussi l’UE !


    • perlseb 27 juillet 2009 23:43

      On ne peut pas empêcher l’homme de comprendre de mieux en mieux l’univers dans lequel il se trouve, et donc le progrès technique. Cette volonté (et capacité) de compréhension est l’une des différences entre l’homme et l’animal.

      La technique devrait être partagée par tous dans la mesure où elle est bien utilisée et où elle facilite notre vie quotidienne.

      Mais elle peut, entre les mains de gens inconscients et sans maîtrise (donc proches de l’animal), devenir très dangereuse. Les lois doivent nécessairement surveiller l’utilisation que l’on fait des techniques. Mais avec l’argent, on trouvera toujours un pays où ces lois n’existeront pas...

      Le problème de l’homme, c’est qu’une fraction de la population lui donne une dimension supérieure à l’animal (technique, art, ...) mais que la fraction la plus animale des hommes se prend pour autre chose que pour des animaux en bénéficiant du travail des premiers.


    • Bois-Guisbert 28 juillet 2009 10:00

      Si on peut faire naître un enfant du femme de 70 ans, il y a toujours un médecin quelque part pour le faire... En fait, là où ça rapporte de l’argent...

      Curieuse façon de voir les choses. La réalité est que nous vivons,en tous domaines, dans un « J’ai envie, donc j’ai le droit » destructeur de nos repères et de nos valeurs.

      En vertu de ce principe, s’il y a une femme de 70 ans qui a envie d’avoir un enfant, on trouvera quelqu’un qui estimera que c’est son droit.

      Et, après tout, ce n’est pas plus extravagant que de marier ensemble deux personnes du même sexe, ce que le monde d’il y a vingt-cinq ans considérait encore comme un délire absolu.


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 28 juillet 2009 11:51

      @ Perlseb

      Attention à la fusion de la science et de la technique : derrière cette apparente fusion, il y a surtout de la propagande. J’ai écrit un article qui aborde largement ce sujet il y a déjà assez longtemps : http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/l-economie-de-l-immateriel-est-14352

      @ Bois-Guisbert

      Eh bien, dans ce fil, on découvre que Bois-Guisbert peut ne dire autre chose que des conneries d’extrême droite. Rien n’est jamais totalement perdu... Pour Gandhi notamment, tu as parfaitement raison. Les génies politiques impliquent la dangerosité.


  • Croa Croa 27 juillet 2009 23:22

    Cette façon de présenter l’économie est originale à plus d’un titre. Cet article mérite d’être recommandé car il ouvre le débat sur l’avenir de la vie de manière nouvelle.

    À part ça, le « long déclin » sera sûrement bref et ne durera pas deux siècles ! Et pourquoi pas un renoncement ? (Volontaire ou pas ; « Déclin » est un mot bien négatif que l’on retrouve plusieurs fois dans le texte !)

    Pourquoi les utopies seraient-elles « toujours sanguinaires » ? Et Gandhi ?  Les révolutions le sont souvent mais ce n’est pas une fatalité. D’autant que  nécessité oblige !


    • Bois-Guisbert 28 juillet 2009 10:18

      Pourquoi les utopies seraient-elles « toujours sanguinaires » ? 

      Parce que c’est leur fatalité !

      Et Gandhi ?

      Gandhi ? Il ne faut pas le juger à sa seule action, mais aux conséquences de son action, dont la partition du Pakistan, avec son cortège de désastres, de massacres et d’épurations ethniques.

      C’est trop facile de juger un personnage historique sur ses intentions en faisant abstraction de tout le reste. Comme beaucoup d’autres, Gandhi était un apprenti sorcier qui a déclenché un processus incontrôlable.


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 27 juillet 2009 23:25

    « Par ailleurs, la mise en place de ces solutions alternatives nécessiterait de remplacer une grande partie de nos infrastructures »

    La révolution industrielle se complait dans ses profits tout en générant par sa recherche, de nouvelles techniques révolutionnaires. Celles-ci évoluent plus vite que les esprits et ont fécondé des concepts parallèles, ne remplaçant pas nécessairement les infrastructures existantes, mais les doublant conjointement. Trois exemples :

    La voiture électrique répond aux besoins de l’environnement et s’adapte parfaitement au deuxième véhicule qui ne sort qu’en ville et se charge la nuit quand la production de courant doit ralentir.

    La tuile solaire, peut remplacer la tuile classique, est moins lourde pour la charpente et convient parfaitement au bâtiment ancien en liaison avec l’accumulateur à domicile. Le bâtiment neuf peut s’adapter en créant le caisson de faite de toit à accumulation thermique de l’eau, et l’éolienne verticale de toiture entraine le pompage de celle-ci.

    Le double poteau électrique renforce le maintien du premier et se dote lui-même de quatre fonctions : le corps accumulateur, l’éolienne et le panneau solaire de tête, générateurs de courant pour l’accumulateur et de lumière pour la nuit.

    Toutes ces techniques modernes se heurtent aux concepts anciens qui misent sur leur capitaux acquis comme les guerriers vieillissants contemplant leurs lauriers flétris et leurs médailles rouillées...

    Pour sauver la civilisation, il faut spéculer sur le futur et non sur le court terminable.


  • Bois-Guisbert 28 juillet 2009 09:52

    Une de ses visions romancées de l’avenir décrit des migrants asiatiques se déversant sur la côte ouest des Etats-Unis et enseignant aux locaux à s’adapter aux effets du changement climatique. On pourrait aisément transposer la scène sur la côte méditerranéenne.

    Mais nous n’avons besoin de personne pour savoir que si on ne fout à peu près rien, on ne pollue pas beaucoup et on ne consomme que très peu de matières premières


  • Kdm Kdm 28 juillet 2009 12:30

    la civilisation pétrole ont généré une oligarchie financière qui a freiner les vraies innovations économes en énergie ...et voulant anticiper la disparition de sa rente aujourdhui elle se soucie de lancer au nom du « développement soutenable » la fameuse croissance verte dont Obama espère qu elle sauvera les USA de la décroissance ...


  • yvesduc 28 juillet 2009 20:20

    Merci pour cet article important et d’une grande clarté.


  • Skapad Skapad 2 août 2009 11:51

    « ...// ....Les pics gaziers et charbonniers devraient suivre assez rapidement....//... »

    Si pour le gaz et le pétrole le constat est juste, pour le charbon les réserves sont loin d’être dans le même cas. L’AIE estime ce « capital ressources » charbonnières à près de 4 siècles encore.

    Par ailleurs le problème « énergie » de nos sociètés est surtout lié à la relative facilité d’accès de cette énergie fossile.

    Une chose dans cet article me parait choquant, d’y voir inscrit un certain regret de l’échec du nucléaire ! Et en particulier des surgénérateurs.

    Ici s’arrête la crédibilité de l’auteur, car justement cette prétention « technique » à vouloir ainsi sur-générer des particules atomiques, n’est-elle pas l’emblématique représentation de nos arrogances à surpasser la nature dans ces fondements les plus intimes et ultimes.

    Un des concepteurs et expérimentateurs de la BA dans le désert américain en 1945, avait ainsi résumé l’aboutissement de cette expérimentation scientifique :

    « nous avons peut-être commis le premier -péché- scientifique » et ce, quelques instants après avoir provoqué la première explosion atomique et artificielle dans le Nevada.

    Quelques jours plus tard, le 6 aout 1945 HIROSHIMA !

    Il n’est pas concevable de ce prétendre « écolo-celto-mystique » tout en accordant des regrets à ces technologies atomiques et nucléaires.

    En conclusion, une énième théorie qui n’apporte pas d’autres pistes, d’autres propositions, des scénarios qui n’ont en réalité rien de nouveau (en ce qui me concerne).

    Pour son analyse sur les « apocalyptiques » , il est assez facile de s’en convaincre...


  • Skapad Skapad 2 août 2009 12:18

    Pour ne pas en rester là !

    Le magma terrestre qui sous nos pieds est en fusion à plus de 6000°c , est une ressource d’énergie thermique inépuisable ... à l’échelle humaine. Ce potentiel est disponible et équitablement distribué sous tous les continents.

    Les techniques de forages sont en pleine évolution et feront de cette réserve l’une des plus importantes ressources (avec le charbon, que l’on veuille ou non) dans les décennies à venir, pour des applications qui demandent des grosses puissances.

    Dès lors que ces techniques seront maitrisées, le recyclage des matières premières fondamentales de construction ne seront plus un véritable problème, une réorganisation des filières et une autre approche du temps et de la vitesse.

    Il faut sortir et surtout, de l’instantané de l’immédiat , qu’il soit mental ou plus encore matériel, l’un n’allant pas sans l’autre actuellement...

     

     


    • Damien Perrotin Damien Perrotin 2 août 2009 12:46

      Skapad, les réserves de charbon sont mal connues etles dernières révisions l’ont toutes été à la baisse. Par ailleurs, tous les charbons n’ont pas la même valeur énergétique et celui qui reste est pour l’essentiel de mauvaise qualité. Le résultat en est, par exemple, que la production des USA croît en volume mais baisse en énergie extraite.

      Pour ce qui est du magma, désolé, mais celui-ci ne se forme que dans des zones bien précises (zones de subduction, point chaud...). Le coeur métallique de la Terre est, bien évidemment innaccessible (6.000 km de profondeur et une pression dantesque) et quand bien même le serait-il, l’opération reviendrait à brûler deux litres d’essence pour en produire un.

      La géothermie marche, mais seulement dans les zones actives (donc pas en Bretagne). Enfin, on peut tout recycler, sauf l’énergie - c’est contraire à la seconde loi de la thermodynamique.


  • Skapad Skapad 2 août 2009 14:48

    Quand je parlais d’auteur, je ne parlais pas de vous, jeune homme ! Mais de M. Geer

    La géothermie profonde, vous n’ y croyez pas ? Cela me surprend....

    J’ai personnellement participé a des travaux de ce type en région Parisienne dans les années 80, la nouvelle ville d’Ivry (Evry ? au sud de Paris) est chauffée en grande partie depuis des forages qui n’atteignent pas de très grandes profondeurs puis produisent des températures de l’ordre de 200°c avec un renouvellement à 100% suivant les relevés réalisés sur ces installations depuis plus de trente ans. Cette chaleur est bien issue à l’origine du magma terrestre. Jamais je n’expose l’idée d’aller si loin en profondeur pour en récupérer une petite partie de ces 6000°c 

    Il est certain qu’avec un baril à 25 dollars, les améliorations de ces techniques étaient autant considérées que l’éolien ou le solaire ; avec un baril à 70 dollars (actuellement c’est environ son niveau ) la chose change de dimension ; avec un baril à 200 dollars le processus devient plus qu’intéressant ...sauf que le financier qui est cour-« termiste » sera justement L’handicapeur à franchir pour s’affranchir justement des investissements qui seront à mettre en chantier pour rattraper les retards.

    D’autant que le baril à 200 dollars, c’est pour demain ou dès lors que la « crise » sera temporairement jugulée, courant 2010 probablement.

    Ici il n’est question que de géothermie de moyenne profondeur, c’est à dire sans trop de possibilité de production d’électricité. Et celle là, effectivement est disponible à des degrés divers et de profondeur, mais tout dépend principalement : du baril à 25,70 ou 200 dollars !

    La géothermie profonde, pour de la production d’électricité est aussi réalisable car cela existe déjà .

    D’une manière générale, je pense être assez proche de vos idées, le principal désaccord étant que j’e m’oppose à quiconque laisse à considérer que le nucléaire aurait put être une solution ; cette seule évocation suffit pour apporter la contradiction.

    Par contre, et pour sortir un peu du sujet, les mentalités et contrairement à l’idée reçue, non guère évoluées. Il suffit de constater les 1000 kms de bouchons routiers de ce WE ! Mieux que jamais dans le paradoxe total auquel nous assistons de jour en jour sans réel pouvoir à faire basculer ces pratiques énergivores..

    En Bretagne, nous avons le mouvement perpétuel de la houle, la biomasse, l’éolien et surtout les économies.. bien entendu ..et l’arrêt de l’agriculture intensive

    Pour le charbon, je ne m’en réjouis pas, mais il est probable que ce minerai fossile soit encore pour longtemps la première ressource , ce qu’elle est déjà ..


    • Skapad Skapad 4 août 2009 10:04

      [...//...n’atteignent pas de très grandes profondeurs puis produisent des températures de l’ordre de 200°c....//...]

      En réalité personne n’a vraiment lu ce post, car il comporte une volontaire et grossière info erronée ! : les « 200 ° c »

      Les forages dans ces zones atteignent 1600 m de profondeur et pour une température d’environ 76° c au maxi 80°c, avec des débits suffisamment constant pour une application rentable....dans l’économie d’aujourd’hui.

      Pour atteindre 200° c , il faudrait encore descendre à 5000 m  ! Des profondeurs qui sont souvent atteintes dans le secteur pétrolier , seulement les retours sur investissement pour la géothermie profonde étant beaucoup plus longs ( des tri-décennies) , les investisseurs délaissent ces techniques , d’autant plus aujourd’hui quand les états comblent la dette des banques et de l’éco-connerie des traders entre autres valeurs virtuelles !

      Tot au tard, il faudra bien mettre en place une nouvelle « économie » spécifique pour des investissements de très longs termes. Afin de pouvoir réellement s’émanciper de l’économie « cour-termiste » et a collée au prix du baril !

      Une évidence d’autant que le pic oil est déjà là !


  • Skapad Skapad 2 août 2009 15:06

    Effectivement l’énergie cela ne se régénère pas, c’est bien là qu’il y a intérèt à « bypasser » cette énergie terrestre qui est issue de l’explosion originelle, de ce mouvement gravitationnel et du refroidissement général de l’univers (suivant les dernières hypothèses).

    Que l’on en récupère une petite partie ou pas, ce flux « déperditif » est bien réel, à nous de savoir le maitriser. C’est certainement plus intelligent que de tenter à réaliser un soleil sur terre , tel cet ITER nucléaire de Cadarache....

    Des fous furieux à ce prendre plus fort que le « bon dieu »


  • Di Girolamo 2 août 2009 21:55

    Il y a décidemment 2 façons de regarder le monde :

    - le regarder de l’extérieur ,comme objet d’étude
    - le regarder comme son milieu , comme monde à vivre

    Comme professeur ou comme acteur .

    Face aux enjeux décrits ici et que tout le monde connait maintenant : raréfaction des ressources + dérèglement climatique , Greer se place en professeur .
     Je préferre les acteurs : ceux qui font partie de ce monde et souhaitent le changer ;
    je partage le passage sur les « réponses locales et adaptatives » mais il est sûr et certain qu’elles ne viendront que peut être et sur le tard ,si tout le monde se situe en professeur ! Il faut dès aujourd’hui se coltiner ce boulot là ; dès maintenant inventer localement les adaptations .
    Nous manquons cruellement , non d’analystes et de penseurs mais de politiques au sens noble du terme : de vision et de plan d’avenir durable.
    La réponse locale s’impose parce que c’est l’antidote logique de la mondialisation industrielle et libérale : c’est d’entrée une autre organisation de la société : on est plus face à un monde à exploiter ou à étudier mais dans un monde à vivre , à aménager ,à organiser ; on est plus à la remarque d’une économie de marché et des banquiers et des multinationales ; mais on organise le monde et l’économie : les acteurs locaux décident ,élaborent et planifient un projet territorial local etc etc


  • Tzecoatl Tzecoatl 8 août 2009 18:22

    "Il ne semble pas, par ailleurs, y avoir de solution de remplacement. Les énergies dites de substitution ont toutes un rendement très inférieur à celui des énergies fossiles – ce qui explique pourquoi elles ne se sont pas développées alors qu’elles sont toutes connues depuis au moins un siècle. Le nucléaire, qui aurait pu représenter un espoir, est condamné par la rareté de l’uranium et l’échec manifeste des surgénérateurs. Par ailleurs, la mise en place de ces solutions alternatives nécessiterait de remplacer une grande partie de nos infrastructures – par exemple remplacer tous les moteurs à essence de la planète par des moteurs électriques et construire les circuits de production et de distribution qui vont avec. Dans l’état actuel des choses cela signifie augmenter considérablement notre consommation d’énergie fossile... au moment exact où elles se raréfient. Sauf à accepter de réduire drastiquement notre mode de vie, cela relève du rêve ou de la gesticulation politicienne."

    Toute l’analyse de Greer pourrait être affirmée ou infirmée en fonction du succès d’une source énergétique remplaçant le pétrole. Je pense par exemple aux algo-carburants (projet shamash en France), à 4$ le gallon en termes de coûts de production aux dernières nouvelles (d’il y a 1 ou 2 ans). Très peu d’infrastructure à changer, sauf la production.


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