mardi 16 juin 2009 - par
L’âge de la retraite en question
« Repousser l’âge de la retraite n’ est pas une question taboue ». Déclaration du ténébreux de Matignon après les propos du bras droit du Président, Brice Hortefeux, qui laisse entendre dans l’émission Dimanche soir politique qu’il faudra peut-être reculer l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans.
Après les élections européennes et le succès relatif de l’UMP, avec la cote de Sarkozy et de Fillon en hausse, l’occasion était belle de commencer à préparer l’opinion à l’inévitable réforme des retraites prévue pour l’année prochaine.
Dans ce domaine chacun sait que le Médef propose et que le gouvernement obéit.
Le prochain Congrès de Versailles sera probablement encore une opportunité pour le pouvoir d’ enfoncer le clou rouillé dans le dos fatigué des Français.
Mais soyons tous rassurés, le premier Ministre nous promet un grand débat national avec les partenaires sociaux, c’ est-à-dire avec les syndicats, et le Médef de Laurence Parisot représentant du patronat qui prône depuis longtemps de reporter l’âge du départ à 62 et même à 63 ans.
Vu la puissance de persuasion de la représentation syndicale dans ce pays ; la cause est entendue.
De toute façon avec l’allongement de la durée des cotisations à 41 ans en 2012, et avec des jeunes qui rentrent de plus en plus tard dans la vie active parce qu’ils font des études ou parce qu’ils ne trouvent pas de travail, pour eux c’ est déjà acquis, ils travailleront après 60 ans.
Avec des arguments massues comme "Autour de nous, dans tous les pays européens on a repoussé l’ âge légal de la retraite", ou encore les autres pistes proposées par le Ministre du travail qui sont de diminuer les pensions ou d’augmenter les cotisations, avec également l’annonce anticipée d’un déficit de 7,7 milliards d’ euros pour la branche vieillesse des salariées, le gouvernement et le Médef a déjà gagné la partie, et nous tous l’obligation de travailler quelques années de plus.
Les syndicats obtiendront probablement quelques petites compensations pour faire bonne figure, comme un accord à minima sur la pénibilité du travail, et peut-être aussi des mesurettes pour encourager les entreprises à conserver les seniors, mais c’est tout.
Et quand les statistiques annoncent que seulement 40% des travailleurs de 57 ans et plus ont encore un emploi il est assez évident qu’augmenter encore de plusieurs années la durée du labeur nous entraînera vers une société d’ assistés et de sous pensionnés.
La crise a bon dos, elle permet au décideurs de ce pays de nous faire avaler une potion bien amère sans trop de rouspétances, nous sommes un peuple résigné, et nous avons ce que nous méritons.
Nous n’avons plus qu’à enterrer au cimetière nos illusions d’ une retraite longue et méritée, et à travailler jusqu’à ce que mort s’en suive.