jeudi 21 février 2013 - par Denis Thomas

L’Education nationale veut étouffer sa suicidée de Béthune

Tous les moyens sont bons au rectorat de Lille pour faire oublier le suicide de Marielle Croquefer, professeure du Lycée André Malraux de Béthune.

Refus d’une commission d’enquête et de la qualification en accident de travail, interdiction pour les membres du CHSCT des personnels de l’Education nationale du Pas-de-Calais de se rendre dans l’établissement professionnel et suppression du poste de l’enseignante en catimini pour la rentrée 2013 ont été décrété par l’académie, pourtant « affectée » au moment du drame.

Jean-Jacques Pollet, le recteur de l’académie avait pourtant promis, en octobre dernier, une enquête sur les circonstances de la tragédie. Comme le disait Charles Pasqua, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

A l’académie de Lille, aucun commentaire n’est, encore et toujours, disponible sur ces informations recueillies par Agoravox.fr

 

REFUS CATEGORIQUE

« Après la réunion du CHSCT du 14 décembre qui a débouché sur un refus catégorique du DASEN (ndlr : Directeur de l’académie des services de l’éducation nationale, autrefois « inspecteur d’académie ») Guy Charlot de réunir une commission d’enquête bien qu’elle ait été demandée à l’unanimité des membres, une nouvelle réunion est prévue le vendredi 15 mars prochain », m’indique Sylvie Vinçard, secrétaire nationale du syndicat Action et Démocratie.

Par ailleurs, devant ce refus, les membres du Comité d’hygiène, sécurité et des conditions de travail ont demandé à se rendre au Lycée Malraux. « Cela leur a été refusé au prétexte qu’ils ne sont pas… formés », précise la syndicaliste.

« Le cas de Marielle avait été en dernière position des ordres du jour lors du dernier CHSCT et avait été traité en vitesse en fin de réunion », se souvient la responsable syndicale.

Elle révèle également que le poste de la professeure du Lycée professionnel, qui s’est donnée la mort en octobre dernier, a été supprimé pour la rentrée 2013. Dans des conditions peu habituelles.

Le conseil d’administration de l’établissement a été convoqué un samedi, ce qui est peu propice à la présence de tous ses membres. Outre le proviseur, Michel Boins, seuls 15 des 30 membres du conseil étaient présents. Résultats des courses : exit le poste de Marielle Croquefer à 9 voix contre 7 (dont 6 enseignants).

 

NI COMPASSION NI CONDOLEANCES

C’est précisément ce que craignait l’enseignante dans la liste de ses désespoirs. Elle déplorait particulièrement un manque de soutien de sa hiérarchie. Notons que le chef d’établissement après le décès « a réclamé à sa famille ses copies et dossiers dans un courrier sans même un mot de compassion ni de condoléances », rapporte Sylvie Vinçard.

Marielle a laissé derrière elle un mail prémonitoire dans lequel elle dit « je ne veux pas qu’on supprime mon poste (…) je ne veux pas redevenir TZR (Titulaire zone de remplacement) ».

L'enseignante de 48 ans, maman d'un garçon de 14 ans, conclut dans son mail : « Je vais très mal ». En grande souffrance comme 30% du million d’enseignants français, estime la responsable syndicale.

 

Contrairement aux chats, Marielle n’a pas eu plusieurs vies. Mais l’Education nationale, par son déni, est en train de lui offrir plusieurs morts.



7 réactions


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 21 février 2013 15:17

    Merci pour cette information, même si c’est un triste spectacle.
    Nous connaissions bien ce genre de tableau ici sur Agoravox du temps de Paul Villach.
    J’ai peur qu’il faille nous y habituer toujours plus.


  • LE CHAT LE CHAT 21 février 2013 15:33

    ça fait partie us et coutumes de l’éducation nationale , le principal du collège où bossait mon paternel lui avait fait un flan le jour où il a porté plainte alors qu’on lui avait crevé les 4 pneus ......


    • Venceslas Venceslas 22 février 2013 00:31

      Faites confiance aux chef d’établissement pour évaluer les professeurs. S’ils peuvent les recruter personnellement, tout ira mieux (dixit Allègre, le copain de Sarkozy)...


    • LE CHAT LE CHAT 22 février 2013 12:18

      @demosthène

      c’est sûr , lire le Figaro et Minute en salle des profs grouillant de gauchos , il avait du cran !


  • Razzara Razzara 21 février 2013 18:02

    Triste et affligeant, certes, ... mais c’est là la méthode habituelle en pareil cas ! Car ce que vous citez comme exemple dans votre article n’est malheureusement pas un cas isolé ...

    J’ai moi même vécu le suicide d’un collègue il y a un peu plus d’une année de cela. Le rectorat, dans sa grande et constante préoccupation à ne point mettre ses personnels dans des situations invivables (sic), avait fait ce qu’il faut pour bien lui pourrir la vie en le mettant dans une position ingérable. Situation tellement négative qu’elle s’est terminé par un suicide ... Un de plus.

    Mais, l’essentiel, le plus important, c’est de surtout tout faire pour qu’il soit clairement établi que ce suicide n’a aucun lien avec la situation professionnelle de ce Monsieur. Tel a été et demeure l’attitude du rectorat : ce Monsieur avait de sérieux problèmes personnels qui ne sauraient êtres imputés à l’exercice de sa mission au sein de l’éducation nationale. C’est beau, et tellement humain, n’est ce pas ? Sa malheureuse épouse, aucunement motivée en l’état à croiser le fer avec l’administration, n’a qu’à se démerder avec ses états d’âme et ses enfants !

    Razzara


  • eric 22 février 2013 08:49

    Il y a pourtant sans doute une solution. La privatisation. Ainsi, les suicides ont baisse a France Telecom par rapport a la Poste qui elle etait restee publique. On entend peu parler de suicide chez les enseignants de l’école catho. alors qu’ils ont en tendance moins de droit et sont moins payes.
    Certes, nous sommes tous attaches a notre école publique, mais si la survie des enseignants est a ce prix, nous n’avons pas le droit d’hésiter.


  • chmoll chmoll 22 février 2013 10:57

    et dire que cette taule fait de l’instruction civique il parait


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