mardi 3 septembre 2019 - par Laurent CRIADO

L’habitat participatif est-il une solution d’avenir pour le logement ?

Sur le papier, l’habitat participatif a tout pour plaire. Dans les faits, le concept peine à décoller, cantonné à quelques opérations d’initiés. Étonnant lorsqu’on songe aux nombreux avantages qu’il recèle. Où en est l’habitat participatif en France ? Que lui manque-t-il pour prendre son envol ? Décryptage.

Qu’est-ce que l’habitat participatif ?

Le concept repose sur deux principes essentiels :

  1. Le regroupement de personnes

Habitat groupé, habitat coopératif, cohabitat, autopromotion… Peu importe le nom qu’on lui donne, le principe est toujours le même. Plusieurs personnes se regroupent en vue de créer un projet immobilier commun. Ces mêmes personnes mutualisent leurs moyens afin de créer un habitat sur-mesure, au sein duquel logements privatifs et espaces communs coexistent en parfaite harmonie.

Si chacun dispose de son propre logement, la différence se fait au niveau des espaces mutualisés car c’est bien là toute la beauté de l’habitat participatif. Ces espaces peuvent prendre les formes les plus diverses en fonction des envies et des besoins de la petite communauté. Jardin, buanderie, atelier de bricolage, espace de jeux pour les enfants, salle polyvalente, terrasse, espace de coworking, salle de sport, chambre ou studio de passage pour les invités… Les possibilités créatives semblent infinies.

  1. Le partage de valeurs communes

Les personnes intéressées par le concept partagent souvent les mêmes valeurs : entraide, solidarité, bienveillance ou tout simplement le désir de vivre plus sainement. La recherche d’un modèle de société plus humain, moins individualiste et plus respectueux de l’environnement est un moteur puissant.

Est-il complexe de monter un projet d’habitat participatif ?

Avant de répondre à cette question, il convient de comprendre comment se monte un projet.

On peut décider de réhabiliter un logement ancien, tel qu’une ferme, un château, une usine désaffectée, voire un petit hameau. On peut aussi partir d’une feuille vierge en se mettant en quête d’un terrain sur lequel un ou plusieurs bâtiments seront édifiés.

À ce stade, il trois possibilités de concrétiser un projet :

  1. L’autopromotion sans assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO)

Le principe consiste à se substituer au métier de promoteur, ce qui implique de s’occuper de tous les aspects techniques, juridiques, financiers, administratifs, etc. Des trois possibilités dont il est question ici, celle-ci est sans conteste la moins attractive tant les règles d’urbanisme brillent par leur complexité.

  1. L’autopromotion accompagnée (avec AMO)

Les porteurs de projet s’appuient sur une expertise externe pour avancer un peu plus sereinement.

  1. La promotion déléguée

Le montage du projet s’appuie sur l’expertise d’un promoteur. Cette solution, parfaitement encadrée, offre une sécurité sans équivalent.

Si l’habitat participatif ressemble le plus souvent à un parcours du combattant, précisons que la majorité des projets emprunte la voie de l’autopromotion sans AMO. Les raisons ? Une aversion envers le métier de promoteur et la recherche, illusoire, d’économies.

Le hic, c’est que le métier de promoteur ne s’improvise pas. Résultat : une écrasante majorité de projets échoue à voir le jour, le découragement finissant par l’emporter sur l’enthousiasme initial.

L’autopromotion accompagnée ou la promotion déléguée règlent en partie ce problème, mais se heurtent à un autre problème de taille : le manque d’acteurs, d’envergure nationale, à l’aise avec le concept d’habitat participatif.

Où en est l’habitat participatif en France et chez nos voisins ?

Marginal et anecdotique sont les adjectifs décrivant le mieux la situation de l’habitat participatif en France.

Camille Devaux, professeure spécialisée en aménagement et urbanisme à l’université de Caen, avance trois pistes révélant pourquoi la sauce a du mal à prendre en France :

- La forte implication de l’État et des collectivités locales dans la production de logement ;

- L’attachement culturel des Français à la propriété ;

- La mentalité française, assez individualiste par nature.

Certes, la loi ALUR (2014) a offert un cadre juridique à l’habitat participatif permettant de sécuriser juridiquement et financièrement les membres de la communauté. Pour autant, l’essor de ce type de projet reste négligeable en raison des freins culturels et sociaux.

Quid du concept chez nos voisins  ?

Peu développé en France, l’habitat participatif représente environ 5% du parc immobilier en Suisse (20 % à Zurich) et 15% en Norvège (40 % à Oslo), tout comme en Suède. Si ces données sont déjà remarquables en soi, c’est en Allemagne que les chiffres impressionnent le plus : 1 logement sur 2 relève de l’habitat participatif. Avec une pointe à 80% dans la seule ville de Tübingen, à 40 km au sud de Stuttgart !

Quels sont les atouts de l’habitat participatif ?

Ils sont multiples :

- Le luxe de concevoir un habitat sur-mesure, en choisissant ses futurs voisins ;

- Un cadre de vie qualitatif grâce aux nombreux aménagements annexes ;

- Pouvoir compter sur ses voisins à chaque instant ;

- Une mixité intergénérationnelle, sociale, créant des liens forts entre chaque résident ;

- L’accès au logement pour certaines personnes exclues des circuits d’acquisition traditionnels ;

- Redynamiser les territoires désertés ;

- Lutter contre l’étalement urbain en favorisant le regroupement de personnes au lieu de multiplier les initiatives individuelles ;

- Favoriser des habitats écoresponsables afin de préserver l’environnement.

Quel est le principal inconvénient de l’habitat participatif ?

Le frein le plus important est d’ordre psychologique. Pour beaucoup, l’habitat participatif se résume à une joyeuse communauté de hippies sur le retour. Rien n’est plus faux, mais les clichés ont la vie dure et se nourrissent probablement du fait que les rares initiatives sont, jusqu’à présent, l’apanage du tissu associatif. Or, le grand public observe la déduction suivante :

Habitat participatif = associations = artisanal = marginal = public de hippies… C’est là tout le cœur du problème… et toute la contradiction des porteurs de projets. S’ils vouent un désamour insensé envers les promoteurs immobiliers, ils sont finalement conscients des limites posées par la prise en charge associative de leurs projets. Faites sauter ce verrou mental et l’habitat participatif français n’aura plus rien à envier à ses voisins suisses ou allemands.

Que manque-t-il à l’habitat participatif pour décoller en France ?

Si l’habitat participatif intéresse de plus en plus de monde, médias inclus, son explosion au plus haut niveau dépend de la résolution de 4 problématiques tenaces :

  1. L’absence d’acteurs majeurs au niveau national

Une multitude d’acteurs gravitent autour de l’habitat participatif, la plupart étant issus du secteur associatif. Un gage de valeur pour une poignée de porteurs de projets, une source de méfiance pour l’immense majorité.

La solution ? L’essor de nouveaux acteurs majeurs au niveau national, s’ouvrant à de nouveaux publics permettrait sans doute de créer un engouement massif autour de l’habitat participatif.

  1. La complexité du montage de projet

L’habitat participatif ne pourra pas se développer tant que la phase de conception des projets demeurera aussi complexe. Les possibilités offertes par l’habitat participatif sont nombreuses, trop nombreuses. Qu’est-ce qui est préférable ? La conception théorique d’un habitat idyllique sous tous rapports, avec de nombreux projets qui ne voient jamais le jour, ou des possibilités moins nombreuses et 100 % des projets qui aboutissent ?

Simplifier la conception des projets passe sans doute par une offre plus restreinte en termes de solutions, sans pour autant renier l’essence même du concept.

  1. L’absence de soutien de la part de l’État

Sans le soutien de l’État pour faire connaître le concept au plus grand nombre, peu de monde s’y intéressera. Tout simplement parce que le grand public ne se doute même pas de l’existence du concept d’habitat participatif.

C’est d’autant plus regrettable que de plus en plus d’élus locaux sont demandeurs de ce type de projet, l’objectif étant d’offrir aux habitants un cadre de vie plus qualitatif et plus durable.

 L’absence de promoteurs impliqués dans l’habitat participatif

Il est impossible de miser sur le développement à grande échelle de l’habitat participatif sans l’implication des promoteurs. Ils possèdent le savoir-faire constructif en plus d’avoir une fine connaissance du terrain national et régional. Tout dépend d’eux. S’ils donnaient l’élan qui fait cruellement défaut à l’habitat participatif, l’État ne pourrait pas rester un simple spectateur, passif.

 Malheureusement, l’offre des promoteurs dans le domaine de l’habitat participatif est encore timide. L’absence du grand public ne les encourage pas à se jeter à l’eau, réalité économique oblige. L’un d’eux, Icade, vient cependant de lancer une solution innovante d’habitat participatif, l’Appart’ici’pation. C’est un premier pas encourageant.

Dans les grandes lignes, cette solution semble gommer les principaux inconvénients propres à l’habitat participatif, à savoir :

  • La complexité du montage de projet, tout étant orchestré par le promoteur ;
  • L’aboutissement des projets puisque l’achat se fait sous le statut classique de VEFA, garantissant prix et délais ;
  • Les options de personnalisation demeurent, les résidents participant à la conception de leur logement et intervenant sur les destinations des espaces communs.

Un premier projet est en cours à Châtenay-Malabry (92), dans l’écoquartier de La Vallée. Fait notable, le promoteur se targue de commercialiser les logements participatifs au même prix qu’un logement classique, dans le même secteur. Si une solution d’habitat participatif, viable et encadrée, ne revient pas plus cher dans le Grand Paris, on peut en déduire que cette perspective est envisageable à l’échelle du territoire.

Cette initiative est à souligner car c’est, peut-être, celle qui va changer la donne.

Conclusion

S’il parvient à séduire au-delà d’un cercle d’initiés, à se simplifier et à mieux se structurer, nul doute que l’habitat participatif pourra se développer auprès du grand public.

Une certitude, les promoteurs et l’État doivent faire preuve de pédagogie et de patience afin de démontrer l’intérêt du concept. La perspective de logements plus qualitatifs et d’une vie de quartier plus agréable, sans conflits de voisinage, sans triste anonymat, devrait être l’étincelle qui met le feu aux poudres. Alors, et seulement alors, la France pourra espérer y puiser une solution d’avenir et rattraper ses pionniers de voisins. Chiche ?

 

Laurent CRIADO

Site internet : leguideimmobilier.com

 

Cet article peut volontiers être repris, sans coupures, pour informer le plus de monde possible. La photo illustrant l’article doit rester la même. Le nom de l’auteur doit figurer distinctement en début d’article, un lien doit renvoyer sur la page Agoravox de l’article. Merci à toutes et à tous.

Merci aux journalistes de respecter la déontologie de la profession en mentionnant clairement la source et en évitant toute forme de plagiat.



33 réactions


  • Attila Attila 3 septembre 2019 13:34

    « le promoteur se targue de commercialiser les logements participatifs au même prix qu’un logement classique, »

    Si on est intéressé par le logement participatif, c’est aussi pour diminuer les coûts en mutualisant des équipements. Un promoteur qui se « targue de commercialiser des logements participatifs au même prix qu’un logement classique » peut-il convaincre ?

    Un promoteur présente un coût financier non négligeable. Je n’en voit pas l’intérêt pour un immeuble seul, l’architecte fait l’affaire.

    .


    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 16:56

      @Attila

      Bonjour Attila,

      Merci pour vos commentaires.

      Dans l’article, j’aborde les principaux inconvénients dont la complexité de monter un projet. Le faire aboutir relève presque de l’exploit... Justement parce que de nombreux projets sont montés en autopromotion : n’est pas promoteur qui veut smiley

      Non seulement le but du projet, se loger, n’est pas atteint, mais en plus les membres du groupe auront perdu beaucoup de temps et d’argent en engageant les frais de recherche et d’étude.

      L’autopromotion est un miroir aux alouettes dans la plupart des cas. Ca vous donne l’impression de pouvoir réaliser des économies, mais, au final, une infime partie des projets engagés aboutissent, on a tendance à l’oublier.

      Si on étudiait les chiffres, on s’apercevrait sans doute que les aléas, la complexité, le recours à quelques experts annulent les économies espérées. Plus grave, on sort complètement du budget initial.

      « Dans l’exemple que vous citez, le prix est le même qu’un logement... classique. Donc avec un niveau de prestations inférieurs. Parce que vous n’avez pas d’espaces communs mutualisés, parce que vous ne choisissez pas l’aménagement de votre logement. Au final en comparant avec des prestations équivalentes, l’habitat participatif est moins cher. »

      La solution consistant à passer par un promoteur représente sur le papier un coût, mais également une sécurité et une faisabilité effective. Dans l’exemple, l’achat se fait sous le statut de VEFA, c’est-à-dire avec prix et délais garantis. Dans l’habitat participatif, c’est tout bonnement inédit. La norme, c’est plutôt complexité, flou sur les prix et les délais et risque de ne pas voir aboutir le projet.

      En outre, il faut comparer ce quiet comparable. Même prix... pour le logement en lui-même. A ceci près que dans l’exemple que je relaie, le logement est 100% personnalisante, les espaces communs itou et qu’on a le luxe de choisir ses voisins. Ça fait une grosse différence avec le circuit immobilier classique : pourquoi payer le même prix pour moins de prestations ?

      Quant à l’architecte en solitaire... Si l’architecte réalise la maîtrise d’oeuvre, le coût sera majoré également. Ce qui paraît normal puisque l’architecte, le promoteur, vous, moi ou quiconque est payé en contrepartie d’un travail.

      Aborder un projet d’habitat participatif à travers le seul prisme de la diminution des coûts, sans recul objectif sur lesdits coûts, n’est sans doute pas le premier critère à prendre en considération.


  • Désintox Désintox 3 septembre 2019 13:50

    Intéressant.

    L’habitat participatif est un habitat neuf. L’obstacle est donc le coût exorbitant des bâtiments.

    On a dépassé 3000€ par m² depuis longtemps. 3 mois de salaire d’un smicard pour... 1m².


    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 17:23

      @Désintox
      Bonjour Désintox,

      Merci pour votre commentaire.

      L’habitat participatif peut aussi se réaliser sur la base de biens anciens. Le coût du logement n’est pas spécifique à ce concept.

      Le coût de l’immobilier est surtout fonction du coût du foncier, la part constructive demeurant plutôt constante, quelle que soit la localisation sur le territoire.

      Pour la problématique du smicard, j’avais abordé cet aspect dans mon premier article.

      https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/smic-et-immobilier-la-169238

      Je visais, en particulier, ceux établis en Ile-de-France. L’idée était qu’ils puissent trouver une meilleure qualité de vie, de l’immobilier moins cher, en s’installant dans une ville moyenne de province.

      Bon, on m’avait fait un procès d’intention, mes détracteurs m’accusant de vouloir installer les pauvres en province...


  • Lambert 3 septembre 2019 14:33

    Sujet intéressant. En me promenant en ville, j’ai eu l’occasion de voir un immeuble participatif en construction, c’était écrit sur une pancarte, sans savoir ce qu’ était ce truc. Maintenant, j’en sais un peu plus, mais pas beaucoup plus.

    Il y a le problème du prix, soulevé par Attila ci- dessus. Si c’est pour payer aussi cher que dans un immeuble classique, déjà l’intérêt est moindre.

    Il faut connaître tous les gens qui veulent participer, ce qui n’est pas évident.

    J’habite dans un immeuble classique, mais cela n’empêche pas les voisins de s’entraider si besoin est.

    Que se passe-t-il en cas de déménagement ?

    Beaucoup de questions restent en suspens.


    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 17:20

      @Lambert

      Bonjour Lambert,

      Merci pour votre commentaire.

      L’article n’a pas d’autre ambition que d’aborder les grandes lignes de l’habitat participatif. En principe, vous en savez maintenant plus qu’une personne lambda ! smiley

      Pour le « problème » du prix, j’ai apporté une réponse à la remarque d’Attila.

      Je pense que c’est un faux débat, puisque l’habitat participatif présente suffisamment d’atouts pour n’y voir qu’un concept focalisé sur le prix. Sans compter qu’en réalité, c’est moins cher si on met bout à bout tous les éléments de personnalisation qu’il propose... Je répète ce que j’ai écrit à Attila : il faut tout comparer avec objectivité.

      Pour en revenir aux économies théoriques, si vous entreprenez les travaux vous-même (et que voua allez jusqu’au bout !), voici un lien intéressant qui analyse les données budgétaires en étudiant les 3 modes opératoires envisageables :

      http://www.habicoop.fr/lhabitat-participatif/

      Ce livre blanc est l’ouvre d’acteurs évoluant dans l’habitat participatif.

      Ce qu’on peut en retenir :

      L’écart ne dépasse pas les 8 points entre l’autopromotion et la promotion déléguée. L’autopromotion affichant un gain, encore une fois théorique, de 17.6 %. C’est certes un chiffre intéressant mais qu’il convient de prendre avec des pincettes, la majeure partie des projets n’aboutissant pas. Est-elle comptabilisée dans ce chiffre ? J’en doute fort.

      Conclusion

      Dans un cas, le gain relève de la fiction, dans l’autre, c’est du concret et sécurisé.

      Quant à la nécessité de connaître les gens avant de monter un projet, oui et non.

      Oui, si vous connaissez des personnes qui sont sur la même longueur d’ondes que vous, vous pouvez concevoir un projet ensemble. Dans le cas contraire, vous pouvez lancer une recherche ou vous associer à un projet en cours de montage, donc rien d’insurmontable. C’est ce que font nos voisins suisses, allemands, etc.

      Vous avez raison de le souligner, les valeurs humaines ne sont pas l’apanage de l’habitat participatif. Dans votre immeuble, ça fonctionne et c’est tant mieux. Dans d’autres aussi. On a aussi des exemples contraires détonnants, y compris en campagne avec des histoires de coqs qui chantent, de canards qui cancanent, d’ânes qui braient... 

      En mode habitat participatif, il s’agit de créer naturellement du lien entre chaque voisin puisque c’est dans l’ADN du concept. Après ça plaît ou pas.

      Si vous souhaitez déménager, vous pouvez bien évidemment déménager, ce n’est pas une prison ! smiley

      Contrairement à une copropriété classique, tous les sujets concernant la vie de l’habitat sont abordés pendant la phase de conception du projet. Il n’y a aucune mauvaise surprise, tout est clair, débattu et validé par tout le groupe. Tout le monde a voix au chapitre. Tout est évolutif et basé sur le dialogue. Ca change des foires d’empoigne des assemblées générale de copropriété si des conflits naissent entre voisins, j’en sais quelque chose...

      L’habitat participatif n’est pas la solution absolue, c’en est une parmi d’autres qui mérite d’être encouragée.


    • Lambert 3 septembre 2019 21:36

      @Laurent CRIADO

      Merci beaucoup pour toutes ces précisions. C’est très gentil de votre part. C’est vrai qu’un habitat participatif doit être beaucoup plus sympathique qu’un classique, si, comme vous le dites, toutes les règles sont fixées au départ.


    • SSinger SSinger 3 septembre 2019 23:20

      @Lambert Pour en savoir plus : https://www.habitatparticipatif-france.fr/?AccueiL et de nombreux réseaux locaux.


  • ZenZoe ZenZoe 3 septembre 2019 16:28

    L’idée peut paraître séduisante sur le papier, mais au fond, que deviendront les « valeurs communes » confrontées aux petits conflits quotidiens qui ne manqueront pas d’apparaître ?

    Les Français manquent notoirement de civisme et sont très individualistes. On peut légitimement se demander si le bel enthousiasme du début ne volera pas en éclat quand il s’agira de partager le jardin pour un BBQ en été, les jeux, les salles de sport etc.

    Conflits aussi sans doute à cause des enfants, toujours trop bruyants ou mal élevés quand il s’agit de ceux des autres.

    Sans parler des disputes d’argent qui ne manqueront pas de surgir concernant le financement de l’entretien de ces espaces communs ! Déjà que souvent des vacances avec des amis tournent au cauchemar, alors vivre ensemble à longueur d’année !

    Enfin, restons optimistes. L’aventure peut valoir le coup, notamment pour les personnes isolées.


  • Sozenz 3 septembre 2019 17:18

    De la couille en barre .

    le jour où ça ne va plus avecun voisin ou plusieurs , t es pas dans la merde ; quand on voit comment dans des familles ça s arrache la gueule . alors avec des gens qui ont soit disant la même vision ... no pitié le jour où ça merdouille .

    L’humain n est pas fait pour vivre en troupeau

    ça va un temps l esprit colonie de vacances ; le voisin toujours disponible. sauf que le voisin n a pas forcement envie d être emmerdé tout le temps ...

    c est bien de partager des idées des valeurs ;pourquoi ne pas le faire mais sans se mettre des chaines aux pieds .

    il sudffit de regarder les exepriences des « baba cool » comment ça finit un jour ou l autre à tourner . et il n y a pas d histoire de tunes . alors rajouter la maille en excipients et vous pouvez imaginer le tableau .



    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 17:38

      @Sozenz
      Bonjour ZenZoe,

      Merci pour votre commentaire.

      Les petits conflits quotidiens apparaîtront peut-être, mais seront
      résolus beaucoup plus facilement que dans une copropriété traditionnelle
      parce que le dialogue avec l’ensemble des membres permet de confronter
      les personnes entre elles si un problème naît.

      Dans l’ensemble, ce qu’il ressort des témoignages de résidents d’habitats 
      participatifs, est positif. Ils y sont bien et retourner vivre dans un habitat « classique » ne leur effleure même pas l’esprit. Serait-ce le cas si les valeurs ne perduraient pas ?

      L’individualisme des Français... C’est un frein évident, relaté dans l’article.

      Dans le cas de l’habitat participatif, la cohésion du groupe est très
      développée et le risque de conflit est marginal.

      Les questions d’argent sont parfaitement encadrées, ce n’est pas un sujet
      laissé au hasard. Vous ne payez pas quand bon vous semble les charges de
      la communauté, mais selon un échéancier classique, tous les mois, comme
      pour n’importe quel logement d’ailleurs.

      Après ce mode de vie avec des liens forts entre voisins peut ne pas
      convenir à certaines personnes préférant vivre recluses ou presque.

      L’aventure peut valoir le coup effectivement. L’objet de l’article est
      de faire connaître le concept auprès d’un public plus large.

      Chacun est libre d’adhérer ou pas. Mais c’est une piste d’autant plus intéressante qu’elle fonctionne à merveille chez nos voisins, dont la Suisse qui n’est pas non plus un club de babas cools ! smiley


    • Sozenz 3 septembre 2019 17:58

      @Laurent CRIADO
      merci pour votre réponse . passons l etape sociologique et voyons l’aspect pratique 
      qu’ en est il si un ou plusieurs des participants de cette residence participative souhaite partir, ? 
      et qu’ il n y a pas repreneur valable .


    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 18:25

      Sur l’aspect pratique, c’est certainement beaucoup plus simple qu’une 
      propriété classique.

      Tout d’abord, il s’agit de résidents, pas de participants. Ce n’est ni 
      un jeu de télé-réalité, ni une expérience de laboratoire.

      Ce sont des personnes normales, dans un habitat normal et qui 
      s’entendent, a priori, plus que la normale.

      Si une ou plusieurs personnes veulent partir, elles le peuvent quand 
      elles le souhaitent.

      Contrairement à une copropriété classique, tous les sujets sont abordés 
      et abordables à tout moment.

      L’habitat participatif, c’est un peu le RIC des gilets jaunes 
      appliqué à votre habitat.

      Pour votre hypothèse de repreneur valable, je ne sais pas exactement ce 
      que vous entendez par là.

      Même dans le cas où vous n’avez pas de repreneur, la situation pourrait 
      être la même dans une copropriété traditionnelle.

      Le fait d’arriver dans une communauté déjà établie n’est pas un frein. Ne 
      pas participer à la conception n’enlève rien à la principale qualité de 
      ce genre d’habitat : les relations humaines.

      Le mode de fonctionnement et de gestion perdurent après la conception et 
      c’est ce qui attire.


    • Laurent CRIADO Laurent CRIADO 3 septembre 2019 18:26

      @Sozenz
      Bonjour Sorenz,

      Merci de participer au débat et d’apporter un peu de poésie dans les commentaires !

      Pour répondre à votre vision pessimiste de l’avenir des relations de 
      voisinages dans un habitat participatif, ce n’est absolument pas ce qui 
      ressort des premiers concernés : des résidents de ce type de projet.

      Dans l’ensemble ils ne souhaiteraient pas retourner dans un habitat 
      traditionnel.

      Mais entrons dans votre vision pessimiste et projetons la dans une 
      copropriété classique. Que se passe-t-il quand vous avez un voisin 
      particulièrement désagréable, qui fait du tapage nocturne, qui possède 
      une ou plusieurs voitures ventouses, n’hésitent pas à faire ses besoins 
      dans les parties communes, etc. et où tout dialogue est impossible... Ce 
      sont des procédures interminables, une médiation au résultat incertain 
      et finalement votre voisin désagréable sera toujours là. Soit vous 
      espérez qu’il parte, soit vous déménagez et refilez très probablement la 
      patate chaude au futur acquéreur mais sans l’avertir du charmant voisinage.

      Dans l’habitat participatif les groupes fonctionnent bien en premier 
      lieu parce qu’ils sont souvent à taille humaine. Le phénomène de clans 
      ne se fait pas puisque tout le monde dialogue avec tout le monde.

      Pourquoi le partage d’idées et de valeurs seraient forcément sources à 
      être « emmerdé tout le temps » pour reprendre votre expression ?

      Qu’est-ce qui pour vous s’apparente à avoir une chaine aux pieds ? 
      Quelle liberté supplémentaire voyez-vous dans un habitat traditionnel ? 
      En copropriété avec votre voisin désagréable c’est plus sécurisant ? En 
      zone pavillonnaire avec votre voisin qui pourrit l’ambiance de la même 
      façon, c’est plus sécurisant ? Une maison isolée sur votre parcelle loin 
      de tout voisin, c’est tranquille jusqu’à ce que le voisin le plus près 
      porte plainte parce que vos poules, vos canards ou vos grenouilles font 
      du bruit.

      Les histoires d’argent compliquent en effet les relations. L’habitat 
      participatif n’est pas une zone de non droit ou chacun paye en fonction 
      de ce qu’il souhaite donner chaque mois. Vous payez de la même façon que 
      dans n’importe quel autre logement et si vous ne payez pas ça ira 
      jusqu’à l’expulsion si cela est nécessaire. En passant par la case 
      saisie comme dans une copropriété classique si vous ne payez jamais vos 
      charges.

      Donc votre tableau vous l’imaginez très noir, on peut aussi imaginer un 
      tableau plus rose sans toutefois tomber dans le monde des bisounours.


    • Eric F Eric F 3 septembre 2019 22:47

      @Laurent CRIADO
      « Dans le cas de l’habitat participatif, la cohésion du groupe est très
      développée et le risque de conflit est marginal. »

      Quand on voit qu’un couple sur 2 se sépare, il est illusoire de considérer que le risque de conflit entre plusieurs familles d’une communauté sera marginal. Mais il y a aussi autre chose, la vie professionnelle ou des raisons diverses amèneront forcément des participants à devoir quitter le domaine, et à ce moment là une personne « de l’extérieur » devra s’incorporer au groupe, sans avoir été parmi les concepteurs initiaux, et devra accepter les contraintes communes, et s’intégrer. 

      Si c’est si aussi développé dans certains pays que vous citez, c’est peut être une forme assez différente, car on imagine pas que 80% des habitants d’une ville aient participé à la conception d’un habitat en partie collectif, ce peut donc être des formes de lotissements ou copro.


    • SSinger SSinger 3 septembre 2019 23:17

      @Eric F
      Les 80% à Tübingen concerne la production de logement neuf. Pas l’ensemble de la ville. Mais même en France, il y a des projets qui fonctionnent bien depuis 40 ans. Et le plaisir de partager ce cadre de vie perdure malgré de nombreux changement. Pourquoi ? C’est, entre autres, une question d’architecture. Si l’espace invite à l’échange, les habitants font l’expérience de l’utilité du voisin en permanence. Ce n’est que dans des copro où personne ne rencontre jamais personne où les gens ont perdu le sens du bien commun.


    • Eric F Eric F 3 septembre 2019 23:27

      @SSinger
      le taux de 80% est tellement énorme qu’il doit y avoir une sorte d’institutionnalisation communale, des subventions, une fiscalité incitative, et/ou peut-être une forme proche du lotissement classique (certains lotissements ont un aspect communautaire assez poussé).


    • SSinger SSinger 4 septembre 2019 10:17

      @Eric F
      La ville de Tübingen avait décidé de ne plus s’étendre pour préserver espaces naturels et agricole. Les seules opportunités pour construire sont des friches militaires ou industrielles. Le départ du développement de l’habitat participatif est une ancienne caserne française. Le plan général, imaginé par un groupe d’étudiants retenu par une consultation anonyme, prévoyait un quartier sans voitures (stationnées dans des silos à la périphérie), une organisation par ilots divisés en tranches pour garantir une mixité d’architecture. Locaux d’activité obligatoires au rdc. Les groupes citoyens sont une réponse plus intéressante pour ce cahier des charges. La ville l’a compris et, au début, les a aidé dans la mise en place des projets par des ateliers de formation. Aujourd’hui, après 30 ans, c’est une pratique rodée. Le résultat est extraordinaire en termes de qualité de vie. Les banques préfèrent ces clients connectés et solidaires, plus fiables que des clients conventionnels et seuls en cas de problème. 


    • Eric F Eric F 4 septembre 2019 11:08

      @SSinger
      Merci de ces précision, il y a donc bien un plan concerté impliquant la municipalité, une forme d’institutionnalisation de cette approche au niveau local. Mais ce chiffre de 80% m’époustoufle, car dans une population standard, il n’y a pas 80% de gens ayant un esprit civique, solidaire et altruiste, même dans une ville universitaire. Ceci dit, selon https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%BCbingen#Urbanisme, il semble que ce soit spécifiquement dans le « quartier français » qu’il y a un tel taux d’habitat participatif


  • titi titi 3 septembre 2019 21:03

    « Le partage de valeurs communes »


    Un ghetto pour bobos écolos-socialos en somme.


    Les mêmes qui nous disent que l’on doit « vivre ensemble »



    • Attila Attila 3 septembre 2019 21:32

      @titi
      « Un ghetto pour bobos écolos-socialos en somme »
      Les Gilets Jaunes (ceux du début) peuvent le faire aussi. Le mieux est probablement de constituer un groupe de personnes qui se connaissent avant de décider.

      .


    • Lambert 3 septembre 2019 21:57

      @titi

      Mais, Titi, qu’on le veuille ou pas, on est obligé de vivre ensemble, si on ne vit pas en ermite dans une grotte. Même si on est indépendant, solitaire, (et je le suis) il doit être plus facile de vivre au milieu de gens avec qui on a l’habitude de parler que dans un immeuble ou autre où on ne se connaît et ne se salue même pas.


    • SSinger SSinger 3 septembre 2019 23:12

      @Attila
      Pas forcement. Avec des amis, vous partez en vacances pendant 15 jours. Mais il n’est pas sur que vous ayez les mêmes goûts en termes d’architecture. Et si une différent complique l’affaire, il vaut mieux se fâcher avec des gens qui ne sont pas vos amis, non ? Les relations entre les personnes sont un facteur de risque. L’important est de se mettre d’accord sur un projet.


    • Ruut Ruut 4 septembre 2019 07:02

      @titi
      L’habitat participatif aussi appelé l’entre sois.

      Aussi appelé ghetto de classe.

      C’est ce qui est en train de se passer à grande échelle dans les grandes villes avec les taxes anti pauvres. (Les vignettes dites écologiques)
      Les loyers abusifs complétant le tout.


    • titi titi 4 septembre 2019 13:28

      @Ruut

      Je suis bien d’accord.

      Mais je trouve ça marrant la sémantique...
      Quand ce repli sur soit, cette ghettoïsation, vient des riches, ou plus généralement des gens plutôt à droite, ce sont d’odieux racistes, et des salauds.

      Quand cette ghettoïsation vient de la gauche c’est de « l’habitat participatif »

      J’adore cette manière hypocrite de ne pas nommer les choses.


    • Ruut Ruut 4 septembre 2019 13:54

      @titi
      C’est le concept de novlangue.
      L’enfer n’est pavé QUE de bonnes intentions.


  • SSinger SSinger 3 septembre 2019 23:08

    Pas mal d’idée reçues et même des jugements hâtifs.

    Des projets fonctionnent bien, même en France. Le ciel ne leur est pas tombé sur la tête, les différents se discutent, personne ne se tape dessus et c’est la fête en permanence. « Il faut le voir pour le croire. »

    En ce qui concerne l’article, certaines raisons évoquées pour la lenteur du développement me semble justes : perception très négative de la communauté, manque de soutien des institutions (j’ajouterais les collectivités locales qui ont un rôle majeur dans ce sujet), manque du goût d’entreprendre et postures idéologiques peu productives de nombreux porteurs de projets. En effet, la Maîtrise d’ouvrage ne s’improvise pas, c’est un métier.

    Les arguments en faveur de cette nouvelle pratique sont nombreux. Maintenant, d’où peut venir le changement de l’échelle ? Le changement culturel prendra du temps. Faut faire avec. Les promoteurs ? J’ai des doutes. Ils sont avant tout des commerçants. Tant que le marché se porte bien, il suivent le chemin de la moindre résistance. Et un groupe de clients qui s’organise, exige et négocie est certainement plus difficile à gérer que des clients individuels sans connexions entre eux. Le projet d’Icade est une exception. Mais Icade est le promoteur de la Caisse de Dépôts, c’est à dire, la société se situ dans une sphère publique.

    En revanche, de nombreux opérateurs sociaux, SA HLM ou Offices publiques HLM sont aujourd’hui engagés. Les intentions des groupes d’habitants trouvent un écho naturel dans la vocation sociale de ses opérateurs. Et peu importe que l’opération se termine en copropriété ou en coopérative. Ca marche. Et les dispositifs d’aide (accession sociale, location sociale etc) ouvrent ces projets à un très grand nombre de français, y compris des foyers très modestes.

    Une nouvelle carte pourrait être jouée maintenant : l’Organisme foncier solidaire qui sépare la propriété du terrain de la propriété du logement. Ouvert aussi aux promoteurs, ce dispositif diminue les prix des logements de 20 à 30%. Ca devient intéressant au niveau de la compétitivité. Les promoteurs vendent essentiellement à des investisseurs. L’OFS pourrait orienter la production vers les acquéreurs occupants (bon pour la qualité de vie). Et en plus c’est non-spéculatif. Avec ce produit, les promoteurs pourrait développer de nouveaux marchés.

    En dix ans, l’habitat participatif a énormément progressé en France. Le temps de l’expérimentation est terminé. Maintenant, c’est une question de la politique publique locale. Certains élus se sont déjà (Lille, Strasbourg, Nantes, Grenoble...). D’autres sont encore à convaincre. Les élections arrivent. C’est le moment de leur poser la question.


    • Eric F Eric F 4 septembre 2019 11:19

      @SSinger
      En effet, un « changement d’échelle » nécessite un volontarisme des autorités, au niveau national pour des incitations notamment fiscales et une facilitation réglementaire, et au niveau local dans le cadre des Plans d’Aménagement. Après ça, l’évolution culturelle suivra progressivement par essaimage et, disons-le « effet d’aubaine » (on le voit dans le covoiturage par exemple). Dans les grandes villes, ce ne peut pas être dans un cadre style « lotissement » faute de terrains, mais plutôt dans la reconversion d’immeubles.

      La « densification » pour éviter le bétonnage de l’espace naturel est un enjeu même dans les villes moyennes, mais des règlements y font actuellement obstacle parfois avec de bonnes intentions, comme par exemple des restrictions drastiques d’abattage d’arbre dans les terrains constructibles privés.


  • the clone the clone 4 septembre 2019 09:19

    Le seul habitat participatif que je connaisse c’est la prison.....


  • lorans 4 septembre 2019 14:16

    on veut reinventer les Logeco de la reconstruction...le retour aux annees 50.


    • Eric F Eric F 4 septembre 2019 20:56

      @lorans
      « retour aux annees 50 »
      il existait à cette époque un courant coopératif appelé les « castors », s’entraidant pour de la construction en lotissement


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