lundi 3 février 2014 - par Pelletier Jean

L’OCDE et les séniors

L’OCDE (Organisation de Coopération et de développement économique) vient de publier une mise en garde à l’attention de la France concernant l’emploi des séniors, particulièrement scandaleuse, sur le ton et surtout sur le fond. Cela ne grandit en rien l’institution, décidément très néo-libérale à tout crin.

Dans un rapport rendu public le 30 janvier 2014, « Vieillissement et politique de l’emploi : mieux travailler avec l'âge », l’OCDE estime en substance qu'il faut inciter davantage les seniors à travailler, alors que les chiffres du chômage en France sont au plus haut. Si l’emploi des jeunes connaît en France un très léger mieux, ce sont les séniors de plus de 50 ans qui sont de plus en plus nombreux au chômage.

La France est ainsi particulièrement mal placée : seuls 44,5 % des Français âgés de 55 à 64 ans ont un emploi en 2012, pourcentage à rapprocher des 48 % pour l’ensemble des séniors européens et 54 % pour la moyenne des pays de l’OCDE.

Le ton de ce rapport est incisif à l’encontre des salariés, comme s’ils étaient responsables de cet état de fait. L’OCDE oublie totalement la responsabilité des employeurs, en France, qu’ils soient publics ou privés. Ils pratiquent allégrement le dégraissage des séniors.

Surtout, il oublie que ces séniors, très nombreux sans-emploi (55,5 % de cette classe d’âge), n’ont quasiment aucun espoir de retrouver un emploi, vu que ce sont les employeurs eux-mêmes qui discriminent les séniors, et qu’ils vont se retrouver avec des retraites très amputées. Nous aurions aimé que l’OCDE réfléchisse de plus près à leur situation.

Non, l’organisme international a préféré mettre l’accent sur ce qu’elle appelle des préretraites déguisées. Il aurait été plus opportun de questionner les séniors concernés sur ce point, plutôt que de mettre l’accent sur : « Ce mode rupture particulièrement attractif pour les séniors les mieux rémunérés. »

L’OCDE insiste sur la durée et le montant de l’indemnisation et propose ainsi d’y mettre fin en la réduisant drastiquement. Et qu’en penseront les employeurs ? Que c’est parfait pour eux et qu’ils continueront pour autant allégrement à mettre hors d’emplois les séniors.

Toute fois, reconnaissons que l’organisme pointe les réticences des employeurs français à employer les séniors, la recommandation, du bout des lèvres est de sanctionner et de contrôler ces entreprises … A cette heure, aucun projet de loi du gouvernement n’envisage de telles mesures.

 



10 réactions


  • Buddha Marcel. 3 février 2014 10:25

    bla bla....demain matin le plein emploi pour tous suivant compétence peut être un fait..il suffit d’arrêter la compétition qui en réalité est élimination et qui ne peut que mener la société là ou elle est, en voie possible des destruction encore jamais vue....., vous ne le voulez pas, alors le chômage et les guerres sont de votre faute, ainsi que la violence , les destructions coloniales etc etc


  • pens4sy pens4sy 3 février 2014 10:42

    A 60 ans il devrait y avoir 0 % de seniors obligé de travailler.

    L’OCDE est un organisme de l’oligarchie.


  • zygzornifle zygzornifle 3 février 2014 10:46

    L’OCDE aura beau se tortiller  son alarme restera lettre morte, le chômage touche tout le monde et il y a pas si longtemps les entreprises ont crée les départs en retraite anticipé pour se débarrasser des seniors à tour de bras , et l’on n’est déjà pas capable de donner des vrais emplois aux jeunes (je ne parle pas des emplois placebos que l’état est obligé de financer). Maintenant des seniors vont traîner des années (a moins de remettre la retraite à 60 ans) sans aucune rémunération entre une période de chômage et la retraite (c’est mon cas) quand on voit cette classe politiques UMPS s’agiter et brasser de l’air inutilement on se doute que la situation de l’emploi et des seniors n’est pas prête de s’améliorer et si la droite repasse la retraite s’éloignera encore de 2 ans ce qui augmentera encore le nombre de seniors sans emplois ....La France ressemble de plus en plus à une vache crevée abandonnée au bord de la route....


  • mario mario 3 février 2014 11:56

    l’OCDE a raison ! perso je veux bien travailler jusqu’à perpète comme deputé ou sénateur.....apres discussion, ma femme est d’accord pour faire 10 ans de rab comme conseillère a l’OCDE ....


  • ad sapientia ad sapientia 3 février 2014 12:25

    Bonjour,

    et merci d’avoir souligné l’injonction paradoxale que subissent les seniors. D’un côté on leur enlève mesure sur mesure pour les obliger à travailler plus longtemps et de l’autre on ne leur en donne par la possibilité, tant les discriminations sur leur âge sont fortes.

    il est effectivement nécessaire d’agir, mais rien ne sert de les encourager à le faire, en se remettant en cause par exemple, ou en reprenant une formation, si par ailleurs, les employeurs potentiels ne voient toujours pas ce qu’ils peuvent apporter à leur organisation, ou, si leurs employeurs, pour ceux qui sont en poste, ne les considèrent encore que comme une variable d’ajustement.

    blog : « Donne-t-on aux seniors les moyens de vouloir et de pouvoir travailler plus longtemps ? »

    lien : http://adsapientia44.blogspot.fr/


  • HELIOS HELIOS 3 février 2014 14:10

    il faudrait peut etre commencer par supprimer la discrimination de l’age dans les emplois de l’etat, fonctionnaires et contractuels !


  • Denzo75018 3 février 2014 17:07

    En France le plein Emploi existe seulement entre 30 & 45 ans !
    Avant 30a, c’est les petits boulots...
    Après 45 ans, les entreprises rechignent à embaucher un sénior .....

    Alors la retraite du Privé ne va pas coûter grand chose !!!!

    Quand ce racisme contre les séniors va-t-il cesser, c’est à dire quand l’état va réellement flexibiliser le travail ?


  • tchoo 3 février 2014 17:20

    Scandaleux et écoeurant, comme tous ces articles qui traitent des chomeurs dans la presse d’aujourd’hui.
    Ya pas de taf ou si peu et c’est pas en baissant et même en supprimant les indemnités chomage que cela va envoyer au boulot des gens qui voudraient bien mais que l’on rejettent continuellement
    A force d’enlever la dignité aux gens, tout cela va finir mal !, quand on a rien à perdre tout devient possible......


  • urbanoptic urbanoptic 16 mars 2014 10:11

    En lisant votre article très intéressant à plus d’un titre je réalise que notre pays qui pourtant a des ressources formidables, ne profite malheureusement pas vraiment de cet atout incontestable qui lui permettrait de favoriser son essor sur l’échiquier européen, voire international. La France se targue à renfort de clichés d’avoir un taux de natalité plus que flatteur comparé à ses voisins européens mais en même temps, semble dans l’embarras dès qu’il s’agit de tracer un avenir supportable pour sa jeunesse. C’est quand même navrant !!! Dire que ceux qui ont eu la chance dans le passé de pouvoir bâtir leurs projets à un âge plutôt précoce et sans trop de difficulté serait abusif je vous l’accorde. Mais que devrions-nous dire de cette jeunesse aujourd’hui, en quête d’un premier emploi, qui rencontre le chômage dès ses premiers rapports avec le monde du travail. Que dire encore de ces chômeurs  juvéniles, « contraints » à vivre peut-être très longtemps chez leurs parents sans aucune autre alternative que celle de la rue et de l’assistance pour survivre ? Comme je l’ai déjà dit à maintes reprises ici et en dehors de cet espace de communication, ce sont d’abord les jeunes qui vont permettre aux entreprises d’augmenter leur capital grâce à leurs nombreux besoins en matériels et en services pour démarrer dans la vie. Cela ne signifie pas non plus de licencier les travailleurs très âgés qui souhaitent prolonger leur vie professionnelle aussi longtemps qu’ils le peuvent, Non !!! On devrait simplement laisser le choix à chacun de continuer ou de s’arrêter. Mais de toute façon dans le cas ou l’emploi se fait rare, alors priorité aux jeunes ! Je crois en la théorie de Keynes selon laquelle : c’est la demande qui détermine l’offre et non le contraire comme le prétendrait les classiques libéraux qui malgré les décennies d’expériences décevantes, persistent encore à nous entrainer dans les crises interminables depuis plus de 80 ans. Cela devient franchement de plus en plus insupportable pour cette jeunesse !!! Pour donner un exemple assez fidèle à cette thèse :  Il me parait très facile d’imaginer que si par exemple un commerçant me proposait un produit, quel qu’il soit ; dans la longue liste de son catalogue de distribution, eh bien si je n’ai pas un sous en banque et si je suis raisonnable, je ne pourrais pas me l’offrir. S’il me propose de l’acheter à crédit sans s’assurer en amont que je pourrai un jour lui rembourser, alors c’est à ses risques et périls un point c’est tout ! Pour poursuivre mon raisonnement (…) A mon avis un jeune a forcément plus de besoins qu’un senior qui dans le passé a certainement pensé à s’équiper en matériels : (propriété privée ou location, automobile, articles ménagers et autres conforts mobiliers ou électroniques…). Alors donnons à ces jeunes les moyens de pouvoir faire fonctionner le commerce. Tout ça, ça se fabrique ! Ce qui sous-entend un besoin en personnels non négligeables dans une société ou la jeunesse prospèrerait. Non ? Bref, admettons que pour la personne plus âgée, il existerait encore des besoins non satisfaits pendant « toute » sa jeunesse, il est rare qu’à plus de 50 ans elle s’engage dans un crédit à long terme pour concrétiser « ses rêves inassouvis ». Il y a bien entendu la question de la longévité qui est à prendre en compte du côté des éventuels créanciers, mais pas seulement. Désormais plus fréquemment, la fragilité financière de plus en plus évidente des successeurs englués dans les dettes à cause du chômage ou de l’instabilité professionnelle. En fragilisant ces jeunes, les entreprises se fragilisent elles-mêmes. Je ne veux même pas m’étaler sur notre système de cotisation des retraites basée sur la solidarité intergénérationnelle. Ce système très bien conçu au départ pour une société dans laquelle le roulement des actifs était fluide, est grippé aujourd’hui et a tendance à produire des retraités appauvris et mélancoliques à cause du manque de moyen financier pour occuper leur nouveau temps libre. Des personnes âgées qui s’accrochent à l’emploi parce qu’ils ne peuvent faire autrement ou parce qu’ils s’ennuient. Autrefois l’âge de la retraite était synonyme de voyage, découverte, repos et détente. Aujourd’hui il serait plutôt associé à pauvreté, isolement, peur et difficultés. Bref tout n’est pas rose pour le senior d’aujourd’hui qui paye en bout de ligne l’addition d’une panne de roulement des générations, certes ! Le problème est complexe c’est indubitable et il me faudrait des pages et des pages d’écriture pour parler encore de l’inexistence d’évolution de carrière dans la plupart des entreprises françaises depuis 3 décennies. Cela a une répercussion évidente sur le revenu du futur retraité qui n’a pas évolué professionnellement par absence de carrière et qui verront leur pension de retraite forcément amoindrie par cette triste constance. C’est vrai que dans l’urgence nous n’avons plus tellement le choix. Il va falloir très certainement travailler de plus en plus longtemps pour combler l’énorme déficit creusé par un budget social de plus en plus croissant. Ces jeunes de plus en plus nombreux sans emplois et sans avenir auront toujours d’énormes besoins et ce sera à ceux qui ont déjà un emploi à leur garantir un minimum vital pour préserver la paix sociale le plus longtemps possible. Faut-il encore préciser ici que l’exclusion en général ne concerne pas uniquement les seniors ? Il faut bien le dire, nous Français presque par nature nous avons un réel problème d’acceptation de la différence quelle qu’elle soit ! Alors la discrimination, nous la retrouvons à tous les niveaux et dans toutes les catégories de la société : rejet des « vieux par les jeune », « des jeunes par les vieux », des femmes, des étrangers, des handicapés, des vies ratées, des cathos, des musulmans, des homos, de certaines modes, de certains accents même quand ils sont nationaux. Nous devrions d’abord nous poser la question de cette tendance nationale aux rejets qui nous divise sans cesse et affaibli notre pays plus qu’elle ne lui serve. Notre difficulté à vivre ensemble avec nos forces et nos faiblesses.


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