mardi 29 novembre 2011 - par recidiviste

L’usine que Sarkozy ne visitera pas…

Stakanoviste de la visite d’usine, avec mise en scène millimétrée pour images au 20H, salariés passés à la toise et claque UMP pour les bains de foules, SARKOZY met régulièrement en scène sa fictive proximité avec les ouvriers.

C’est encore un des effets de l’imposture du sarkozysme, qui voudrait nous faire croire que le VRP des patrons du CAC 40, ami et obligé des puissants qui ont contribué à son élection, pourrait avoir une quelconque proximité avec la classe ouvrière.

Oh, le vilain mot, en cette époque de confusion de temps de cerveaux disponibles !Car la classe ouvrière existe bien, même si on tente de la rendre invisible. La classe ouvrière se sont ces millions de chômeurs et de sans droits, de salariés et de fonctionnaires, gagnant petit, se levant tôt le matin, fiers de leur travail, inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants…
Au 21ème siècle nul n'est besoin de travailler sur des machines pour être de la classe ouvrière, comme on essaye de le faire croire pour empêcher toute conscience de classe.

Mais il y a encore des ouvriers qui travaillent dans des usines, bien sûr. Et parmi les ouvriers tous ceux qui luttent. Et parmi ceux qui luttent, ceux du THÉ L’ÉLÉPHANT, les "FRALIB".

Ils sont à Gémenos, près de Marseille. Et ils sont en Provence depuis 1877, où, fort de la tradition de commerce de la ville, l'ELEPHANT s'est installé avec cette merveilleuse maxime : "Force et bonté". 119 ans de d'expérience, de savoir-faire uniques comme l'aromatisation naturelle, de techniques industrielles, savamment développées par des ouvriers fiers de leur usine.
Puis, en 1972, c'est le rachat par UNILEVER, le déménagement de l'usine de Marseille à Gémenos, dans le cadre de la revitalisation du bassin de LA CIOTAT, où l'on ferme alors les chantiers navals, avec là encore des ouvriers sur le carreau.
UNILEVER a racheté et accolé la marque LIPTON au THE L’ELEPEHANT, UNILEVER a touché des aides publiques pour transférer l'usine à Gémenos. Bien sûr, depuis les parfums sont artificiels et les conditions de travail ont changé : de 4 opérateurs pour une machine, on est passé à 1 opérateur pour 4 machines, pour avoir encore moins d'ouvriers.
Mais il en reste encore, qui produisent chaque année 1,5 milliards de sachets de thé et d'infusions, écoulés en totalité sur le marché français.
Bien sûr il y a eu des alertes. La fermeture en 1998 du site du Havre avec des salariés reclassés à Gémenos avec la promesse que ce site là, c'était du solide.
Certains ont donc quitté leur vie, perdant parfois au passage leur famille, quand femme et enfants n'ont pas toujours suivi. C'est parfois le prix de cette satanée mobilité tant prisée par le MEDEF de Mme PARISOT, quand elle s'applique aux autres.
Et en 2007, la baisse de la production au motif d'aider l'usine de Belgique, en difficulté. Des ouvriers qui aident d'autres ouvriers. Cynisme parfaitement volontaire de la part d'Unilever, c'est au nom de cette baisse de production qu'en 2010 s'engage le plan de fermeture de FRALIB.
On veut noyer le chien, alors on va l'accuser d'avoir la rage. Trop petite unité de production, parts de marché en baisse...
Pourtant depuis le rachat par Unilever, ils ont en bien profite. C’est aux ouvriers de Gémenos que l'on demande d’adapter et d’améliorer les machines qui profiteront aux autres usines du groupe. C'est leur expérience qui est mise à profit pour gagner 4mm sur la largeur des sachets et les bénéfices qui vont avec. Et puis il y a les aides, pour déménager, les réductions de charges et la sacro-sainte optimisation fiscale.
Là c'est plutôt de la maximisation fiscale : 67 Millions euros de manque à gagner pour les caisses de l'état.
Et les ouvriers ? On pourrait les envoyer en Pologne, pour 450 euros mensuel (566 pour les agents de maîtrise). Comme le dit un des FRALIB, qui a déjà vécu la fermeture du Havre : " il vont bientôt nous demander de vivre dans des roulottes et de faire le tour de la terre".
Eh bien, les ouvriers ont dit NON… !
14 mois de lutte, 2 mois et demie d'occupation de l'usine. La solidarité, les attaques de la direction qui les traite de "talibans", les considère comme grévistes alors que c'est elle qui a arrêté la production, et fait donner sa milice patronale pour essayer de les déloger. La lutte au quotidien avec les licenciements, les salaires non versés ou amputés (116 euros par mois, car ces gens là ne cherchent pas un autre travail selon Unilever.
Mais un travail… ils en ont un, et même un usine, et elle est rentable contrairement à ce qu'affirme Unilever.
Et le 17 novembre, une victoire décisive : le plan social est jugé " sans valeur" par la Cour d'appel d'Aix-en-Provence. Sans valeur, "au regard du chiffre d'affaire et des bénéfices du groupe UNILEVER."
Du sévère pour la multinationale, qui continue à proclamer que l'usine fermera. La lutte continue pour que soit enfin organisée une table ronde de négociation. Réclamée depuis des mois, par les ouvriers, les conseils général et régional. Il ne manque qu'UNILEVER et le gouvernement. Le gouvernement, inexistant, aux abonnés absent depuis le début du conflit. Le ministre de l'industrie, si préoccupé de réindustrialiser la France… Pas vu. Le président de la république, si prompt à s'attribuer la défense du pays et de son industrie… Pas entendu. Une table ronde pour que cette usine ne ferme pas. UNILEVER veut partir en Pologne, et bien qu'ils partent.


Les ouvriers ont compris qu'ils n'ont pas besoin d'UNILEVER pour travailler, et ils veulent reprendre l'usine et la marque THE L’ELEPHANT, dont de toute façon, Unilever ne veut plus.
Gageons que si l’on faisait le total de l'argent public touché où détourné par Unilever, cette usine est déjà payée.
C'est possible ça ? Bien sûr. Il faut seulement le vouloir et l'imposer. La preuve ? Il suffit de les rencontrer, de parler et visiter avec eux cette usine, leur usine, impeccable après 2 mois et demi d'occupation. Les voir entretenir, régler, prendre soin de leurs machines, petits bijoux de précision. Ils sont là, 24 h/ 24, parlant de leur savoir-faire, de leur vie et de leurs solidarités pour garder leur outil de travail, et continuer à travailler et vivre en Provence.
L'ÉLÉPHANT c'est eux et cela n'a toujours été qu'eux. L'usine est rentable, preuve en a été faite dans ce conflit. Le marché existe et l'étendue de leur expérience autorise à penser qu'il n' y a pas de raisons que cela change.
La lutte des classes existe-t-elle ? Pour avoir une réponse définitive à cette question nul besoin de relire Marx, il suffit d'écouter Warren BUFFET, milliardaire américain qui ne passe pas pour être un trotskiste : "la lutte des classe existe, c'est la mienne qui est en train de la gagner".


Aidons les "FRALIB" à le faire mentir.
Et pour commencer, suivons leur mot d'ordre de boycott de LIPTON.
Nous arrêterons quand UNILEVER aura rendu la marque ÉLÉPHANT à ceux à qui elle appartient : les ouvriers de Gémenos.
Alors Nicolas Sarkozy pourra venir visiter l'usine…
Il n'en aura ni le goût ni l'occasion, il ne sera plus président.



7 réactions


  • jaja jaja 29 novembre 2011 16:34

    "Les ouvriers ont compris qu’ils n’ont pas besoin d’UNILEVER pour travailler, et ils veulent reprendre l’usine et la marque THE L’ELEPHANT, dont de toute façon, Unilever ne veut plus."

    Ils ont bien raison car si les patrons ont besoin de nous nous n’avons pas besoin d’eux pour produire... Vive l’autogestion et la démocratie directe dans l’entreprise. Ce que vont vivre les Fralib risque d’être fabuleux...


  • Moinsificator Moinsificator 29 novembre 2011 19:54

    @ Jaja

    Il y a longtemps que les ouvriers de toutes les usines rachetées par des multinationales et menacées de délocalisation, les ouvriers licenciés et réduits au chomâge auraient du tenter l’expérience de l’autogestion. 

    Dire une bonne fois pour toutes aux patrons félons, NON ! Ce n’est pas moi que tu vires, mais c’est TOI ! Et les éjecter, manu militari, façon de parler, et s’organiser entre eux, pour que cette expérience donne à réfléchir à tous les prédateurs.

    J’espère que les ouvriers, techniciens, et autres d’UNILEVER ne se laisseront pas enfumer, et qu’ils maintiendront ce projet formidalbe. Ca marche en Argentine, après la crise que ce pays a traversé, alors pourquoi pas en France ? 

    Manque de courage ? De solidarité ou bien tout simplement, trop obéissants à des syndicats pas toujours clairs dans leur positionnement vis à vis des patrons félons et qui cèdent un peu trop facilement aux négociateurs ! 


    • jaja jaja 29 novembre 2011 20:11

      La gestion de la production par les ouvriers eux-mêmes est un très « mauvais exemple » donné au reste de la classe ouvrière. Cela remet en cause les fondements mêmes du système capitaliste.

      Système défendu par de nombreuses armées dont les directions syndicales. Pourvu qu’ils tiennent et qu’ils aillent jusqu’au bout ! On a besoin de victoires et d"exemples à suivre...

      J’aime pas trop le thé mais celui produit en autogestion par ma classe sera mon nectar favori jusqu’à mon dernier souffle !


  • Gasty Gasty 30 novembre 2011 09:41

    Encore des actionnaires de multinational pris en otage !
    Mais jusqu’où iront-ils tous ces manants manipulés à leur insu par des organisations syndicales.......et extrémiste et puis boutiste ?


  • thomthom 30 novembre 2011 11:51

    de deux choses l’une :
    soit cette marque n’est pas rentable et on ne peut que comprendre les choix d’Unilever
    Soit cette marque est rentable, et dans ce cas, leur comportement est juste à gerber

    il semble bien qu’on soit dans le 2ème cas.

    Si on avait un état un tant soit-peu couillu, il ferait le nécessaire pour que l’activité continue, avec ou sans Unilever.... Je suis sur qu’en étant un peu malin, on peut trouver des solutions... quitte à perdre la marque s’il le faut, mais avec une communication adaptée, un changement de nom doit pouvoir se faire sans trop de douleur

    Mais vu que l’état laisse faire, c’est à nous, consommateurs, de réagir.

    Pour ma part, j’essaye de réduire au maximum la quantité de produits unilever qui rentre dans mon caddie (pas simple, car ça en fait des marques Amora, Maille, Lipton, etc , etc...), mais je n’ai pas l’intention de laisser assassiner notre industrie sans raison.
    Unilever veulent jouer au plus malin, et bien pour ce qu’il me concerne, ils ont perdu la partie. Et j’invite de la même manière tous les consommateurs français prendre les mesures qui s’imposent d’elles même !


  • Defrance Defrance 30 novembre 2011 16:07

         Le scenario se répète, dans le cadre du lait, une usine de collecte et conditionnement de lait existait a Ressons sur Matz depuis ...... Au départ c’était une coopérative gérée par les producteurs de lait locaux . Cette coopérative a été privatisée par je ne sait quel subterfuge , elle a été régulièrement modernisée pour s’adapter aux normes actuelles, pour augmenter sa capacité de production... Or il y a quelques années Yoplait a finalement décidé que la capacité de Production était TROP importante et que les « machines sous utilisées » risquaient de provoquer des anomalies dans la conservation du lait ! Par conséquent ils ont fermé l’usine et mis dehors plus de 400 ouvriers remplacés par des camions citernes qui transportent le lait sur des CENTAINES de kilomètres , c’est plus sain !!!! 

       maintenant c’est une friche qui s’installe entre les bâtiments ! 


  • Defrance Defrance 30 novembre 2011 17:07

     Tenez , là, ils sont que cinq , dehors ! 


Réagir