mardi 13 mars 2012 - par maltagliati

La crise de l’Éducation (1/3) - Le mythe de l’Éducation nationale

C’est un des principaux problèmes sociaux de notre époque. Mais il a un visage particulier : la crise de l’Éducation concerne directement pas loin de 800.000 enseignants, près de 15.000.000 d’élèves et étudiants et à travers eux l’ensemble de la population. Cette crise échappe aux conflits salariaux classiques qui touchent aux salaires ou aux conditions de travail. Les salaires des enseignants étant payés par l’État, la crise est sous l’impact direct d’une question chargée d’actualité, celle de la Dette d’État, le budget du ministère de l’Éducation nationale étant le deuxième poste du budget de l’État, directement après la charge de la Dette. Mais la crise de l’Éducation, c’est tout autre chose dans une Société où le fossé des générations n’a sans doute jamais été aussi béant et dans un État (la France) pour lequel politique culturelle et politique éducative ne sont pas de simples « domaines » de l’action de l’État, mais se présentent comme la raison même d’être de cet État.

1. Le mythe de l’Éducation nationale
 
La réalité de l’enfance s’est considérablement modifiée dans le cours du XIXème siècle, notamment par l’introduction de la vaccination. Auparavant, un enfant sur cinq seulement atteignait l’âge adulte, plus de la moitié d’entre eux disparaissaient en bas âge. C’est aussi le moment où le statut de l’enfant change considérablement. Jadis intégré à la vie courante, dans laquelle il suit son processus de formation en aidant ses parents puis en travaillant avec eux, il acquiert alors un statut à part, il est « scolarisé ». Ce qui jadis était réservé à une minorité devient le fait de la majorité d’entre eux. Ce processus se développe tout au long du XIXème siècle.
 
Parallèlement se développe la famille telle que nous la connaissons, qui, souvent présentée à l’origine du développement social en est surtout le produit. La Société a changé en un siècle ou deux et a complètement perdu l’aspect englobant qu’avait la communauté pour chacun dans sa constitution et son être. « Tout se passe comme si la famille moderne se substituait à la défaillance des anciennes relations sociales, pour permettre à l’homme d’échapper à une insoutenable solitude morale. » (Philippe Ariès)
 
École et famille sont ainsi devenues les deux piliers de l’éducation des jeunes. L’État allait bientôt en devenir le troisième partenaire.
 
L’école républicaine
« Le gouvernement républicain est le promoteur naturel de la liberté d’association professionnelle, le promoteur naturel de l’enseignement populaire, le surintendant de la prévoyance et le tuteur des malheureux qui n’en ont pas. » (Jules Ferry)
 
Il court en France une étrange légende concernant l’enseignement. Ce serait, dit-on, Jules Ferry qui dans les années 1880 aurait généralisé à toute la population l’enseignement primaire. Il n’en est rien. La scolarisation se développe dans les premières décennies du XIXème siècle et concerne plus de trois enfants sur quatre vers 1870. Jules Ferry, par la création de l’éducation nationale, a soustrait l’enseignement aux associations religieuses ou aux collectivités locales qui l’avaient pris en charge, pour le mettre sous la houlette de l’État. Mais les taux de scolarisation ne bougent guère. Environ 80% des enfants sont scolarisés avant les réformes de Jules Ferry, et le taux ne dépassera pas 85% jusque 1920. Pour forcer les derniers ruraux à envoyer leurs enfants à l’école, il faudra, entre les deux guerres, soit entre 1920 et 1930, que l’on lie le versement des allocations familiales à la scolarisation !
 
Plus que d’une extension de l’enseignement fondamental à toute la population, l’objectif républicain est bien, comme le dit Jules Ferry, de faire de l’État le promoteur de cet enseignement. Traduit en propagande laïque, cela donne : « libérer le peuple de l’emprise des curés ». Pour libérer l’enseignement ? Malheureusement non : pour le mettre sous l’emprise du gouvernement. On comprend que dans ce contexte l’enseignement du civisme tient une place prépondérante dans ce projet. On parle donc depuis Jules Ferry non d’enseignement national, mais d’éducation nationale, ce qui dénote bien le projet globalisant d’une formation des citoyens et place désormais l’école non dans une fonction complémentaire à la fonction parentale – aux parents, l’éducation ; à l’école l’enseignement – mais dans une relation de concurrence, avec l’objectif très clair d’ôter aux parents la responsabilité de cette éducation pour la revendiquer pour le maître ou la maîtresse, encadrés dans les Académies et sous le contrôle de l’Administration.
 
L’Éducation nationale a certes connu son ère de gloire avec l’avènement d’un personnage nouveau dans la Société française, l’ « instituteur » en charge de la communale et soutien des mairies républicaines (souvent radicales ou de gauche) contre les édiles traditionnels, le notaire et le curé ou en collaboration avec eux. Et il faut reconnaître que l’action des instituteurs de la Troisième république est une page importante de celle-ci, une action qui a contribué à faire accéder l’ensemble des enfants de classe populaire au fameux certificat d’études, et permis aux plus doués et plus travailleurs, l’accès aux études supérieures, brisant ainsi d’une certaine façon les limites de classes (sociales !).
 
Si l’on prend la question sous l’angle des libertés publiques, la question est beaucoup plus inquiétante par contre, car donner au gouvernement la charge de l’enseignement, c’est aussi lui donner la faculté de façonner le peuple à son image. Si on pose l’hypothèse, totalement absurde j’en conviens, d’un Pouvoir qui plutôt que de favoriser le développement du peuple chercherait à l’infantiliser, quel outil magique que cet enseignement « public », la maîtrise des programmes, de l’infrastructure et du personnel… !
 
Mais quelle attaque contre la Société que d’avoir accaparé pour l’État non seulement l’enseignement, mais jusqu’à l’éducation, qui était la fonction première des parents et de la famille, pour en faire une action publique et introduire ainsi une concurrence dont les effets sont aujourd’hui des plus pervers.
 
Reste en faveur de l’action gouvernementale le seul argument de l’égalité, l’accès universel à l’enseignement, égalité ou plutôt discours d’égalité dont j’ai analysé le danger par ailleurs. Cet argument de l’universalité devait dans le courant du XXème siècle gagner la pédagogie elle-même.
 
L’enseignement « rénové »
 
La situation de l’enseignement a changé complètement dans les années soixante. Le maître-mot est devenu faire table rase du passé. L’enseignement traditionnel, même républicain, a été dénoncé comme un embrigadement reposant en large part sur la brimade et l’étouffement de la masse des élèves au seul profit des plus doués, généralement reconnus par la seule capacité valorisée dans notre société, les forts en maths.
 
La réforme Haby (Loi du 11 juillet 1975) initie une série de réformes qui vont engager de plus en plus profondément l’enseignement français dans un processus de démocratisation compris non plus comme processus externe : la possibilité d’accès aux études mais comme une démocratisation interne du contenu des études mêmes. C’est donc ce contenu qui devra être modulé de façon à devenir accessible à tous ! Une manière très policée (politiquement correcte) de dire que le baccalauréat de notre époque ne représente pas grand-chose de plus que le certificat d’études de l’immédiat après-guerre. Lié sans aucun doute à l’excès de diplômés inutiles patent en 1968 et à une dévalorisation de la culture générale au profit d’un accès à des formations techniques, ce changement politique fondamental a pris pour prétexte l’adaptation de l’Éducation nationale à la pédagogie moderne.
 
L’éducation moderne a été conçue à partir du début du XXème siècle comme une importante réforme de la pédagogie, centrée non plus sur un programme à transmettre mais sur la dynamique interne des enfants, dynamique dont il faut faire le cœur même de l’enseignement de manière à favoriser chez l’élève non l’absorption d’un catalogue de savoirs mais l’éclosion et le développement d’une attitude, d’une méthode. Superbe emballage, qui nécessitait toutefois l’adoption de moyens considérables et le renoncement aux critères de sélection traditionnels pour des exigences plus grandes sans doute, puisqu’elles ne concernaient pas de simples « acquis » mais la démarche même d’apprendre qui doit, disait-on et dit-on encore, accompagner l’être humain pendant toute son existence.
 
Cette expérience « novatrice » avait de quoi mobiliser un nouveau corps enseignant, issu de la génération de 1968. Elle fut, ne mâchons pas nos mots, un fiasco total. Jamais l’on ne développa les moyens d’une telle réforme. Car donner à chacun les moyens de sa propre réalisation, c’est un tout autre programme que remettre tout le monde sur le même plan, indifférencié. Avait-on vraiment envie d’autre chose ? Il est certain que les critères d’évaluation et la discipline traditionnelle furent évacués aussi vite, mais au profit d’un nivellement par le bas. Ce qui fait que l’on s’est retrouvé très rapidement, d’une part dans une situation de vide, d’autre part en rupture totale avec les parents comprenant de moins en moins, de réforme en réforme, où on voulait emmener leurs enfants.
 
Dans la réalité administrative, le propos est très différent. On est bien passé d’une éducation élitiste, basée sur la brimade et l’endoctrinement, dont l’objectif était la sélection de l’homo hierarchicus, reposant sur un type mental donné (discipline, mérite, travail) à la formation générale d’une classe d’âge pouvant intégrer tous les types, l’essentiel étant que chacun se réalise à sa place. Tous les enfants doivent « réussir » à leur niveau, et pas seulement les plus doués. La République a aussi besoin de balayeurs (qu’on appellera désormais techniciens de surface).
 
Fin de l’ « utopie éducative »
 
L’utopie éducative a culminé dans les années trente sous le mot d’ordre de la « culture de masse » dont le chantre fut ensuite André Malraux. Elle est caractéristique de la philosophie des Lumières et porte sur sa bannière : « Ouvrir une école, c’est fermer une prison ». Selon elle, c’est l’éducation principalement qui nous débarrassera de toutes les dominations et des guerres. La France des Droits de l’Homme  a été longtemps investie de ce message de progrès, pris en charge au niveau international par l’Unesco depuis la dernière guerre. Mais alors que l’éducation progressait partout dans le monde, la guerre et le sous-développement n’en continuaient pas moins de ravager des continents entiers. L’utopie bat de l’aile…
 
En même temps une nouvelle utopie en a pris la place, l’utopie communicative, dont le propos n’est pas de transformer les humains – transformation que l’on dit sans effets – mais d’en adapter les comportements. De plus en plus, il s’avère que ce qui compte dans notre société, ce n’est pas l’être, mais le paraître. Alors que les enseignants, les éducateurs tenaient les premiers rôles au début du XXème siècle, ils ont quitté ce siècle par la petite porte et laissé la place aux hommes de médias qui en sortent triomphants.
 
MALTAGLIATI
 
A suivre….
2. De la société des pères à la société sans repères.
3. Quand l’enseignement ne va pas… rien ne va


14 réactions


  • Le péripate Le péripate 13 mars 2012 11:24

    De tous les monopoles, le pire est celui de l’enseignement. F. Bastiat.


  • Kookaburra Kookaburra 13 mars 2012 12:34

    . Jusqu’à la fin du XX° siècle on donnait une bonne éducation, dans l’ensemble, à une petite partie d’une classe d’âge, que nous dirons privilégiée. Aux autres on donnait une assez bonne éducation aussi, mais plus limitée, plus partielle, mais solide (les paysans de 90 ans ont aujourd’hui une bien meilleure orthographe que leurs arrière-petits-enfants). A cette situation injuste on voulait mettre fin. On a voulu donner à tout le monde la bonne éducation injustement réservée jusqu’à alors à quelques-uns. Le résultat, hélas, est que plus personne ne reçoit une éducation de bonne qualité. Tous les professeurs, y compris ceux de l’enseignement supérieur, disent qu’ils doivent sans cesse simplifier leurs phrases, limiter leur vocabulaire, réduire leurs allusions culturelles parce qu’elles ne sont pas comprises, la culture générale étant morte. Voilà le résultat d’un demi-siècle d’efforts et de dépenses inouïes pour éduquer toujours mieux toujours plus d’enfants.


  • velosolex velosolex 13 mars 2012 13:21

    "On est bien passé d’une éducation élitiste, basée sur la brimade et l’endoctrinement, dont l’objectif était la sélection de l’homo hierarchicus, reposant sur un type mental donné (discipline, mérite, travail) à la formation générale d’une classe d’âge pouvant intégrer tous les types, l’essentiel étant que chacun se réalise à sa place."

    Sauf que dans les faits le pourcentage d’enfants d’ouvriers et d’employés a dramatiquement chuté à partir des années 80 en universités, écoles d’ingénieurs.....Le sabotage de l’accession à la culture et à la maitrise des connaissances s’est faite sur le dos du petit peuple, dont l’extension sans cesse des années d’études, gonflées artificiellement lui a été préjudiciable.
    Les bourgeois ont pu comblé les défaillances du système aisément, par les cours particuliers, etc.....

    C’est bien le contraire qui a été mis en oeuvre : Réduction des voies d’accés pour les moins favorisés


    • Abou Antoun Abou Antoun 13 mars 2012 18:01

      Il est clair que quand un système public disparait ce sont les plus vulnérables, donc les moins riches, les premières victimes.
      C’est un fait avéré pour l’éducation, pour la santé c’est en cours de réalisation.
      L’argent permet toujours de contourner les difficultés.


  • Soi Même 13 mars 2012 14:19

    J’espère que vous allez aussi parler du rôle des instituteurs de la III Républiques, qui sous couvert de la défaite de 1870, ont éduquer plusieurs générations d’élèves à aller naïvement à la grande guerre.
    En autre avec la lecture d’un roman Le Tours de France par deux enfants qui attisa la ferveur chauvinismes.

    http://histoiregeolyceerombas.over-blog.com/article-28584731.html

    http://politicobs.canalblog.com/archives/2008/07/05/9826159.html

    Le départ en août 14

    S’il y a une période - courte - qui rend les témoignages quasiment unanimes, c’est bien celle des premiers jours du conflit. C’est ’la fleur au fusil’, la tête emplie de rêves de gloire et d’aventure que la plupart des belligérants prirent le chemin de la guerre. Malheur aux défaitistes, malheur aux pacifistes, mort à Jaurès... Mais certains, plus lucides, flairaient déjà dans l’air, comme une odeur de drame.

    http://www.passioncompassion1418.com/citations/citations.html

    C’est aussi un des rôles que nos instituteurs ont jouer donc peut relate ce rôle qui à contribuer à la grande boucherie qu’a été 14-18.


  • Abou Antoun Abou Antoun 13 mars 2012 17:47

    On parle donc depuis Jules Ferry non d’enseignement national, mais d’éducation nationale,
    Renseignez vous ! Depuis la révolution et jusqu’en 1932 (et donc du temps de Jules Ferry) on avait un ministère de l’Instruction Publique.


    • Abou Antoun Abou Antoun 13 mars 2012 17:52

      C’est donc ce contenu qui devra être modulé de façon à devenir accessible à tous ! Une manière très policée (politiquement correcte) de dire que le baccalauréat de notre époque ne représente pas grand-chose de plus que le certificat d’études de l’immédiat après-guerre.
      En fait il représente quelque chose de moins, car les titulaires du CAP savaient lire écrire compter et avaient quelques notions d’histoire et de géographie de leur pays, ce que n’ont plus les bacheliers d’aujourd’hui.


    • Marc Bruxman 13 mars 2012 20:14

      Sans compter que le monde évolue ! Un savoir qui était bon dans les années 60 est aujourd’hui inadapté. Quand je vois des gens qui ne sont pas foutus d’apprendre à faire des macros sous Excel alors qu’ils ont des tonnes de tableaux à se coltiner ca rend dingue. Oui ce ne sont pas des ingénieurs et alors ? Cela les handicape dans leur boulot ! ! ! 


      Il y a tout un tas de nouveaux savoir qui devraient faire partie de la culture générale d’un bachelier et ce n’est pas le cas. C’est un grave handicap pour la société ! 

  • Marc Bruxman 13 mars 2012 20:10

    Le problème aujourd’hui est ce que l’on enseigne pas l’enseignement en lui même. 


    Prenons par exemple le Bac. Un examen dit de « culture générale ». Pourtant on y aborde pas (y compris en S) les bases des sciences informatique (une option vient juste d’être crée : enfin mais cela reste une option). 

    Pourtant les sciences informatiques sont aujourd’hui derriére la plupart des objets de la vie courante :
    • 30% du coût d’une voiture neuve sont dans l’électronique. Et cette électronique ne fait qu’exécuter des programmes informatiques responsables des fonctions du véhicule. 
    • Les téléphones mobiles, les GPS, les téléviseurs, les téléphones sans fil, la plupart de ces objets exécutent du code informatique. Mais aussi les caisses du supermarché, les distributeurs de billets, de boisson, les ascenseurs, ... L’informatique est partout et pas seulement dans les ordinateurs. 
    • De plus en plus d’actions sont gérées automatiquement par des ordinateurs et cela va aller en augmentant. 
    La conséquence c’est qu’un bac S ne permet plus de comprendre le monde. C’est un examen de culture générale mais qui ne fournit plus cette culture générale. 

    Je ne parles même pas du L vidé de sa substance. Comment peut on être philosophe sans comprendre les sciences ? La plupart des philosophes étaient au contraire très versés dans les sciences qu’ils comprenaient parfaitement. Cela leur permettait justement de raisonner. L’ancien Bac A fournissait des bases en mathématiques et un peu de culture générale scientifique. Le bac L est un désastre. 

    La physique a disparu de la 6ème et la 5ème alors que cela donnait une culture générale aux éléves. Certes l’enseignement de la physique au collége (et même au lycée) était loin d’être parfait mais comment est il pensable de conserver 18 ans des étudiants sur les bancs de l’école pour qu’ils ne comprennent même pas le monde qui les entoure ? 

    La conséquence c’est que l’école seule n’est plus un gage de réussite. Et cela, les élèves le sentent. Ils savent très bien qu’il y a un décalage entre ce qu’on leur apprends et la réalité. Et beaucoup voudraient ne pas attendre de rentrer en grande école pour apprendre. Et la aussi, lorsque nos écoles d’ingénieurs deviennent généralistes et forment des managers plutôt que d’enseigner les sciences on marche sur la tête. 

    Or, en refusant aux éléves le savoir qui leur permet de comprendre le monde et d’agir sur lui, vous entretenez les classes sociales supérieures. Et vous donnez l’image à la plupart que finalement l’école ne sert à rien. Et lorsqu’un mec qui a fait un master de socio et qui finit aux caisses d’Auchan vous dit cela, vous ne pouvez pas lui en vouloir. Allez le même mec avec un DUT d’informatique qui touche en dev web peut se faire 40K€ par an en région parisienne. 



  • volt volt 14 mars 2012 10:26

    Il est évident que la régression est en cours, et depuis longtemps.
    J’ai vu petit à petit dégringoler le niveau des classes universitaires sur des décennies.
    Je me sentais confronté à un réel mystère.

    Le fait d’accuser la télé ne me suffisait pas comme explication. J’ai fini par me cantonner dans une lecture très personnelle où je me disais « en fait la seule grande erreur de 68 fut l’abandon du latin et du grec : Se couper du Latin c’est ne plus savoir parler, et surtout écrire le Français ; abandonner le Grec, c’est perdre toutes racines et toute liberté ».

    Évidemment je ne me risquais pas à communiquer pareille interprétation. Je lisais « Le déclin de la fonction paternelle en Occident » de Lacan... ou encore et surtout ce beau roman sur l’Enseignement en France intitulé « Lauve le pur » de Richard Millet, l’homme qui a osé déclarer/constater que « la France est morte »...

    Plus loin, je voyais tous ces enfants avec leurs dinosaures. Avant même de savoir dire « Je », ils m’expliquaient la différence entre tyrannosaure et brontosaure, c’était beau ! géant...  smiley

    Ils nous parlent de nous, me disais-je, sinon d’eux, qu’importe... après « Duel », Spielberg n’a plus rien fait que du vomi...
    Spielberg go home ! smiley
    D’autres, tous jeunes (moins de quatre ans) posaient dès le réveil la question : « Maman quel film on va mettre ? » smiley

    Je ne me faisais pas d’illusions du genre Summerhill, non...
    Mais j’étais bien conscient que les gosses, voyant leurs vieux ne plus y croire, ne pouvaient plus jouer le jeu... Certes l’Autorité vacille comme on dit... Mais il faut surtout un « mythe de l’éducation ».
    Et il n’était plus...

    Au désespoir, j’en suis arrivé à croire que si l’on interdisait explicitement certains livres, genre : « Rimbaud ?... Beuuurk ! » ça pourrait marcher. Mais là encore, ça ne prend que sur des terreaux déjà fertiles, inutile...

    Alors, j’ai fini par déposer la craie, et chanter :

    « In the desert, you can’t remember your name...
    cause there ain’t no one...
    nâââ nâââ nanananââ... »

    merci pour ce papier, on attend la suite.


    • Marc Bruxman 14 mars 2012 11:18

      Mais à quoi servent le latin et le grec au juste ? ? ? Ne croyez vous pas que l’on a des choses plus urgentes à apprendre aux élèves ? Par exemple augmenter leur niveau en mathématiques, en physique ? Leur donner des bases des sciences informatiques ? La plupart des gens ne sont aujourd’hui pas capable d’expliquer même de façon très sommaire comment fonctionnent les objets qu’ils utilisent ! C’est très grave car ils deviennent alors le jouet de leurs machines (et non l’inverse). Avec tout ce qui est déja dans les labos, ce problème va aller croissant. Si l’on ne fait rien, dans 20 ans, vous aurez 50% de chomeurs dans notre pays car ces gens seront devenus inutiles : incapables de comprendre le monde et d’avoir une action sur lui. 


      Ne vaut il pas mieux faire en sorte qu’ils parlent l’anglais ? Le Chinois ? L’Espagnol ? Est ce que cela ne leur serait pas plus utile dans notre monde globalisé ? 

      Est ce que des cours sur les autres civilisations (Chine, Moyen-Orient) qui existent toujours ne serait pas plus utile que ceux qui traitent de civilisation qui ont disparues ? Si vous allez en voyage d’affaire en Chine, n’avez vous pas envie de pouvoir comprendre ce qui fait que vos interlocuteurs réagissent différamment de vous ? Afin de pouvoir anticiper, ne pas comettre de bévues ? 

      Est ce que nos cours d’histoire ne devraient pas devenir moins européo-centriques ? Etudier d’avantage les interactions entre les civilisations ? L’apport de chacune au monde contemporain ? Car si nous n’avions pas récupéré de nombreuses avançées en Chimie chez les Arabes, le poudre aux Chinois et bien d’autres choses, l’europe en serait encore à l’age de Pierre ! 





    • volt volt 14 mars 2012 11:28

      Pour maîtriser des objets comme vous dites, il faut des Sujets, et pour éveiller des sujets, il faut la Grâce du Verbe, autrement dit : Pouvoir à la fois s’inscrire et se décanter par rapport à ses racines ; sans ces racines qui traversent toute notre culture, on ne forme plus que des appendices : appendices aux répondeurs, appendices aux ordis, appendices aux portables, etc.

      Ce que les objets que vous exaltez sont en train de déployer c’est essentiellement un univers de la lutte contre l’Eveil par une guerre contre la Parole.
      Pourriez-vous affirmer ici sans mentir n’avoir jamais été coupé par « quelqu’un » qui bondit sur son portable qui vient de sonner ? Non.
      Très bien : Un portable c’est un couteau, CQFD.
      Et tous le monde est armé.


  • non667 14 mars 2012 11:33

    analyse basé sur tout le monde il est beau tout le monde il est gentil !
     et bien non ! il y en a qui ne veulent du peuple que comme esclave et en général ce sont des arrivistes ambitieux et de rusés égoïstes  ! on les trouvent au sommet du pouvoir d’où ils ont éliminé les bisounours !
    partant de là , je fais une toute autre analyse intuitive , basée sur du vécu (ouvrier veuf d’une enseignante )et non sur une érudition que je n’ai pas, comme l’auteur , mais qui me semble tout aussi pertinente et qui colle parfaitement chaque fois qu’un ministre ou un candidat propose une réforme de l’e.n. (bac ,26h de présence ! ) la voici :

    les mauvaises méthodes/ réformes 68tardes ne sont pas des erreurs mais font parti d’un COMPLOT qui vise a démolir l’éducation nationale et au delà la nation /société française

    l’école de jules ferry avant 1966 (début des réformes) permettait l’instruction et l’ascension sociale sans discrimination sociale je peux en témoigner étant dans une école ou il y avait 50% d’enfant d’origine polonaise . Des siècles (depuis Charlemagne comme dit la chanson )d’expérience ont permis d’affiner empiriquement les méthodes pédagogiques a l’école et une bande de trouduc n’ayant jamais enseigné (ou s’étant planqués dans l’inspection , la direction , le syndicalisme pour fuir les élèves ! )viendrait tout démolir et imposer leurs élucubrations !!!!!!!!

    les ministres , les inspecteurs ,la hiérarchie , les pédagogues institutionnels (genre philippe meirieu ) n’étant pas des imbéciles ces

    réformes aberrantes (math moderne ,méthode globale ,notation par lettre ., suppression des notes , suppression du bepc , contrôle continue ,suppression du bac si,si il en a été question . ..etc .... ) ne peuvent êtres des erreurs mais un complot destiné a démolir l’école de jules ferry .
    la méthode pour les imposer étaient staliniennes, sorties au printemps ,formation d’une demie journée en juin , applicables à la rentrée suivante . les manuels n’étant pas encore sortis ., toutes remarques /contestations publiques valait a l’auteur une dénonciation et une visite de l’inspecteur et un rapport assassin à la clef et une note ( si,si il n ’est pas question de la supprimer celle là ).proche du renvoi pour incompétence !

    preuve/motif de ce complot : la déclaration de cohn bendit sur les universitésen mai 68 (revue à la télé en 2008 ) en substance :" inutile de promouvoir a classe ouvrière dans l’enseignement supérieur ils deviendront les plus fidèles valets du capitalisme "
    dansun contexte de rivalité capitalisme / communisme russe pour les rouges /roses il fallait en 68 faire échouer la société française pro-capitaliste en sapant l’éducation nationale de l’école à l’université , en formant les élèves a la revendication (délégués élèves ,délégués parents ) (aujourd’hui et en 2002 envoyés dans la rue ! )
    pendant toutes ces années les syndicats gauchistes pourtant tout puissant dans l’éducation nationale ne se sont jamais opposé à ces réformes (silence radio sur toute la ligne .,donc complices )
    après la disparition du communisme le travail de sape continuant de la part du ps (acquis au fmi .....) le motif ne peut être que :

     maintenir dans l’ignorance /abrutir la vile populace pour la rendre plus docile et plus servile

     démolir la nation française au profit du mondialisme judéo-américain .

     démolir l’enseignement public pour le refiler au privé mondialo-capitaliste 
     volonté depuis toujours de la droite mais poursuivi après par la gauche insidieusement : (taper : autonomie des établissements 1983 ) autour de 1984 voulait sortir un projet ou les lycées auraient leurs bac propres répondant a un projet pédagogique spécifique avec recrutement /gestion des profs par le chef d’établissement ! etc... le ps = ok ; pc = 0 , il a fallu toute l’énergie des trotskistes infiltrés dans F.O. pour mettre en échec ce projet !
    mesurettes par mesurettes insidieusement la privatisation se prépare elles ne servent qu’à démolir l’e.n. et a diviser les enseignants .

     


    • Abou Antoun Abou Antoun 15 mars 2012 17:56

      suppression du bac si,si il en a été question
      J’embraye sur ce sujet car il m’évoque quelque chose. Le candidat Sarkozy (qui fait feu de tout bois) causait hier dans le poste à propos (sic) de l’amélioration du baccalauréat.
      Notre homme a des solutions à tout. Écoutons le plutôt ; Il suggère deux mesures :

      • Introduire PLUS de contrôle continu
      • Lutter plus efficacement contre la fraude
      Qu’est-ce qui fait que le baccalauréat est titre universitaire et un diplôme national ? C’est bien qu’il n’est pas délivré sur dossier par les professeurs du candidat. dans le cas contraire on peut imaginer que d’un commun accord toute l’équipe d’un même lycée admettra un maximum de candidats pour la réputation de l’établissement (ce que font d’ailleurs tous nos ministres successifs au niveau national).
      Donc on prend une mesure de destruction à grande échelle (l’introduction du contrôle continu) que l’on voudrait compenser par une mesure de petite échelle, la fraude n’est pas un phénomène de grande ampleur, elle a toujours existé et existera toujours.
      J’ai écrit une petite fable sur le devenir de l’Education Nationale, malheureusement le comité de lecture n’a pas autorisé sa parution.

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