samedi 21 novembre 2020 - par Michel DROUET

La pandémie casse les codes de la société

 

Notre société subit de nombreuses transformations sous l’influence de la mondialisation, dont le nivellement par le bas pour le plus grand nombre, au profit de la puissance de l’argent et de ses dérives. Nous avions déjà pu constater le décalage entre les discours des partisans de ce nouveau modèle et la réalité du ruissellement qui tarde toujours à venir.

Aujourd’hui, la Covid s’invite dans le débat et créée de nouvelles fractures.

Des jours heureux à la mondialisation heureuse

Le monde est devenu le nouvel espace concurrentiel. Nous sommes priés de nous conformer aux nouvelles règles, accepter les baisses de salaires, les réformes des retraites, de l’assurance chômage, et les licenciements, au prétexte que les « charges salariales » sont plus élevées qu’ailleurs.

Et comme tout le monde n’est pas touché par la totalité des réformes (les fonctionnaires, les retraités) on s’empresse de montrer du doigt ces privilégiés en oubliant de parler du petit village gaulois d’irréductibles rentiers qui grossit d’année en année au gré des plus-values, des dividendes ou de la spéculation.

Beaucoup d’économistes nous proposent une grille de lecture simpliste qui consiste à exclure les rentiers des analyses (au nom du ruissellement…) pour ne retenir que la mise en concurrence entre salariés du privé et du public, les deux pouvant s’allier éventuellement pour rejeter la responsabilité sur les retraités « qui n’arrêtent pas de faire des croisières, et qui par leur désir de jouissance auraient ruiné la planète et obéré la vie des générations montantes… »

La fracture est là, le mal est fait. Aucune mise en perspective, aucune grille d’analyse à même de corriger cette impression du front contre front catégoriel au sein du monde salarial et ses retraités, n’existe.

La Covid s’invite dans le débat

Les mesures prises par le gouvernement pour gommer au maximum les effets des confinements sur l’économie produisent des effets, même s’il semble difficile de concilier tous les points de vue. Il y aura des dégâts (indépendants, commerçants, monde de la culture…). Pour certains ce sera le chômage, pour d’autres la faillite. Le « quoi qu’il en coûte », avec ses trous dans la raquette, parce que la pandémie casse les codes de la logique exclusivement économique, devra quand même être payé, une fois le virus maîtrisé. Par qui ? Là est la question.

La fracture générationnelle, dont on parlait déjà, se trouve confortée et accentuée par les mesures de précaution qui touchent tout le monde, y compris les jeunes à qui on impose le confinement pour protéger la génération des anciens, laquelle serait soupçonnée d’être égoïste et ne penser qu’à elle. Curieux raccourci tout de même…

D’autres fractures apparaissent, entre les « sachants » et les autres, accentuées par les hésitations gouvernementales sur les politiques à mener (masques, tests, black Friday ou pas,…). Notre pays regorge désormais d’épidémiologistes, de réanimateurs, de spécialiste des masques, de l’aérosolisation, etc…, etc…, si j’en juge par le nombre de « publications » sur les réseaux sociaux ou l’approximation le dispute à la mauvaise foi, ce qui rajoute de nouvelle fractures dont nous n’avions pas besoin.

Et s’il fallait en ajouter encore dans le cynisme, un économiste a calculé le coût d’une vie sauvée pendant le premier épisode de confinement :

« S’appuyant sur les données des épidémiologistes, M. Artus estime le nombre de vies sauvées à environ 20 000 par mois. « Un point de PIB représentant 24 milliards d’euros, ça fait très cher la vie », résume-t-il, chiffrant celle-ci à environ 6 millions d’euros. Soit bien plus que l’estimation de la valeur ajoutée d’un travailleur tout au long de sa carrière » (Le Monde).

Juste pour dire, sans doute, que cette « gabegie » ne pourra pas durer éternellement et qu’il serait temps qu’on s’aligne sur les USA avec ses 250 000 morts, en attendant l’avènement d’une société post apocalyptique comme celle décrite dans le film « Soleil Vert » dans lequel les vieux seront incités à se faire euthanasier afin de produire de la nourriture pour les survivants.

La segmentation extrême de la société

Beaucoup s’estiment victimes d’un complot et cela traverse les oppositions traditionnelles créant de nouveaux clivages familiaux et sociétaux, à la puissance 10. On ne se parle plus, on s’invective.

Puisqu’il y a des victimes, c’est donc qu’il existe des délinquants (pour ne dire des criminels) et il faut donc des juges, pas ceux qui font partie du « système », mais des tribunaux populaires qui siègent sur le net et vous démolissent une réputation en moins de deux.

De ce fatras argumentaire qui devient de plus en plus indigeste, que sortira-t-il ?

Les fractures s’ajoutent aux failles pour devenir des précipices. Il faudra un vaccin très puissant pour guérir notre société des multiples virus qui la minent.  



202 réactions


  • pierrot pierrot 22 novembre 2020 08:24

    Il faut rappeler que le principe de l’ARN messager est d’origine française dès 1960 par Jacques Monod et d’autres experts prix Nobel.

    C’est une technique élégante est rapide à fabriquer car seul le spicule est à réaliser et non l’ensemble de l’ARN. Ce spicule est le mode d’accrochage du virus à la cellule qui n’est donc pas pénétrée.

    Cette technique ouvre un vaste camp d’application tant pour les maladies infectieuses que certains cancers.


  • pierrot pierrot 24 novembre 2020 14:48

    On a pas fait « mai 68 » et balancé des beaux pavés sur la gueule des film pour ensuite rouvrir les commerces à tout va pour cette horrible société de consommation.

    Les monceaux de cadeaux inutiles pour enfants en décembre sont choqués, ils pourraient attendre la fin de la pandémie début 2023 et jouer aux ballons, chat perché, gendarmes et voleurs...

    A bas la société de consommation et vive la fermeture des commerces en vivant en autarcie.


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