lundi 5 décembre 2011 - par Emile Bears

La place de l’enfant dans la famille

L’enfant a toujours été une certaine convoitise des parents, que ça soit auparavant pour le bien de la famille, ou que ça soit aujourd’hui pour son propre bien. Pourtant on remarque une surenchère ainsi qu’une liberté « presque totale », qui peut dépasser les parents dans l’éducation qu’ils donnent. On peut se demander alors : comment sa situation est-elle passée de l’enfant obéissant à l’enfant tyran ?

La place de l’enfant dans la famille a profondément changé ces dernières décennies. En effet, autrefois la sévérité et l’autorité était la marque pour une bonne éducation. Une partie de sa vie même « brutale » dans son enfance, l’enfant a été longtemps passé par rapport à un adulte, considéré comme un « être inachevé », et où les grandes personnes y jouaient le rôle de « guide » et de « mentor ». Si les parents voulaient le bonheur de leur progéniture, au sien de leur famille et de la société, ils prenaient alors en charge de les y préparer avec prise d’exigences incontournables et de contraintes. Tel que : « La vie se résumait à Dieu, au travail et à l’obéissance des parents. », d’après un professeur d’Histoire.

Malheureusement, par cette méthode, l’enfant passait pour une espèce de serviteur, accomplissant des corvées et répondant aux ordres de ses stricts parents. Il n’avait aucun mot à dire. S’il le faisait, un rapport physique aurait calmé la situation, pour les adultes en tout cas. Trop petit et trop soumis pour s’exprimer, l’enfant se trouvait être « tel un esclave » pour ses tuteurs. À l’époque, les lois n’interdisaient pas les parents d’utiliser la violence, plus ou moins forte, contre leur « gamin ».

Jusqu’à ce que, plus tard, nous nous mettons à évoquer les « droits des enfants », concernant surtout la maltraitance. Une voix s’élève même afin de défendre la « cause des enfants ». Une certaine Françoise Dolto a répondu chaque jour aux interrogations des parents, concernant leurs propres enfants, sur France-Inter de 1976 à 1978. Elle disait : « L’enfant n’est pas un petit animal domestique, qui doit être dressé, mais une véritable personne. C’est un être de langage à qui il ne faut rien cacher de ses vérités qui le concernent, un être de désir et d’intelligence. Ses parents doivent le soutenir pour trouver sa place dans la famille et dans la société. ».

Grâce à cette nouvelle compréhension, deux générations plus tard, la place de l’enfant a complètement changé. Il n’est plus le « serviteur » ou le « soumis », mais un être actif au sein du déroulement de la vie familiale. De plus, il devient de plus en plus « acteur » de son existence, voire « sujet », alors que les « petits choix » de celui-ci étaient auparavant réservés aux parents. Aujourd’hui, considéré comme une personne à part entière, on accepte entièrement son point de vue. En outre, dans certain problème de famille, il peut intervenir et donner son avis. Alors que dans le passé, il restait en presque totale absence de parole. Ces diverses actions peuvent même intervenir sur sa propre éducation.

Grâce à Dolto, la conception contemporaine de l’enfance a particulièrement changée. Le rôle des parents ont également évolué. Ils sont à présent des « protecteurs », plutôt que des guides même si la notion de « l’expérience vécue » reste présente. Ainsi, pris dans le discours du droit de l’enfant, les parents sont de plus en plus embarrassés de s’autoriser à exercer la violence, même légère et nécessaire. La place de l’affection envers l’enfant a aussi changé. En effet, il se trouve beaucoup plus proche de ses parents, contrairement d’il y a trente ans, par le fait que ces derniers recherchent à « vraiment vouloir » leur bonheur. Un tout autre type de bonheur, tel que : aucune frustration, aucunes contraintes…Ils deviennent surinvesti, hyper protégé, parfois tout devient excessif. On le comble de différentes manières, pour en quelque sorte « l’acheter » à ses dépens, que ça soit de façon affective ou matérielle. À présent, il a un accès à une liberté interdite il y a quelques décennies, et même parfois « trop » protégé par ses pairs où le choix était impossible.

À cause de cette exagération, des conséquences se produisent souvent. Malgré le grand amour que peuvent porter les parents à son encontre, ils n’y font pas forcément attention, contrairement à une époque où elle était à son comble. Une liberté abusive, où la solitude demeure présente. Les adultes peuvent eux aussi exagérer leur parole vis-à-vis de leur enfant. Ils peuvent ne pas beaucoup se préoccuper d’eux, ou bien de les inonder de leurs problèmes. Après tout, ce n’est qu’un enfant. Toujours avec cette même liberté, l’enfant amplifie un mauvais comportement et abuse de tout (jeux vidéo, télé, nourriture) qui peut provoquer des problèmes sociaux ou physique, à cause d’un manque d’autorité ou des sentiments de certains parents qui pensent ne pas suffire aux « bonheur de leurs enfants ». Ces « parents n’ont jamais été aussi perdus face à des enfants, bourré d’autonomie, ne vont pas très bien non plus et qui ne se retrouve pas forcément dans leur famille. », explique un interlocuteur sur un blog du Figaro.

Alors pour contrer cette défaillance, on parle du retour de « l’autorité et de la sévérité ». Ainsi, plusieurs ouvrages désignant ces principes sont réapparus. Le phénomène « rebelle de tout » fait peur et la « place de l’enfant doit être reconduite dans le droit chemin, par les adultes en supprimant leurs libertés ».

En conclusion, durant ces dernières décennies, l’enfant est passé de « soumission et d’obéissance » à « liberté, de protection et d’affection ». Le rôle des parents ont également changé, passant « d’autoritaire » à « protecteur ». En prenant du recul, on constate que nous sommes passé à « l’enfant obéissant », celui qui écoute ses parents, à « l’enfant roi », qui est trop gâtée, puis à « l’enfant tyran », celui qui se « rebelle » grâce à son autonomie. Françoise Dolto, qui n’est pas forcément responsable de ces conséquences, a toujours conseillé de bien « éduquer les enfants » mais en gardant une « autorité parentale présente », d’après elle. Pourtant, si le retour à la sévérité peut refaire surface, on remarque que la place de l’enfant n’est peut-être pas prête de changer.



12 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 5 décembre 2011 10:20

    Dans les repas de famille, lorsque mes enfants veulent raconter une histoire, chanter ou jouer de la musique, alors je demande le silence, les adultes se taisent et écoutent mes enfants : c’est merveilleux. A ce moment ils sont le centre de mon monde........
    Voir :
    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/28/mes-chers-petits/


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 5 décembre 2011 11:05

      Je suppose que ces enfants que vous obligez les adultes à écouter savent aussi laisser s’exprimer les adultes et ne sortent pas de table quand ils en ont envie, leur numéro terminé. Qu’ils se tiennent convenablement à table et ne se sont pas auparavant gavés de sucreries qui leur ont coupé l’appétit.


      Je ne suis pas sûr qu’il soit bon, à long terme, de donner l’impression à qui que ce soit qu’il est le centre du monde.

    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 5 décembre 2011 11:09

      J’ai suivi le lien que vous avez fourni et j’ai compris l’ironie de votre propos. Il fallait tout lire ! 

      Il faut absolument suivre le lien et tout lire !

  • Dominitille 5 décembre 2011 13:22

    Bonjour,
    Combien d’enfants doivent rêver et envier les repas de famille chiants où seuls les adultes ont le droit de s’exprimer.
    Les repas de famille aujourd’hui se résument souvent à des repas à emporter et des papiers gras sur la table de la cuisine.
    Combien d’enfants doivent rêver à des parents réunis autour de la table avec leurs enfants et non plus ces entrevues houleuses entre deux portes pour savoir qui va garder les gosses ce week-end.
    Combien de parents doivent rêver à des repas de famille chiants où les enfants devaient se taire car ils ne sont que des enfants. Alors qu’aujourd’hui les enfants font la loi chez eux et les parents filent doux.
    On a les enfants que l’on mérite ou que l’on a fait !


  • Taverne Taverne 5 décembre 2011 13:27

    Je suis pour que les enfants se taisent à table et écoutent les adultes car cela les instruit pour la vie. Tant sur la sagesse que sur la connerie. Personnellement, cela m’a beaucoup appris dans ces deux registres...


  • Taverne Taverne 5 décembre 2011 15:47

    La famille ne se réduit pas aux parents et aux enfants. Il y a(avait) aussi les aïeuls. S’il y avait plus de solidarité intergénérationnelle, la fmaille ne s’en porterait que mieux et les enfants profiteraient d’un héritage éducatif plus riche et pus conséquent.


  • Kookaburra Kookaburra 5 décembre 2011 19:18

    A l’école primaire comme à la maison la punition corporelle était autorisée. On l’appelle maintenant « violence » c’est plus impressionnante. Cancre, j’en avais parfois droit. Devant la classe : « ta main ! » et claque avec une ceinture en cuire. Pour mes copains j’étais un martyre. J’en étais fière.

    Horreur ! Je dois être terriblement traumatisé ! Abîmé pour le reste de la vie ! Je dois être un malade qui s’ignore. Aujourd’hui je serais classé «  enfant ayant subi des mal traitements  »

    Aujourd’hui c’est l’autre extrême. Les profs n’ont plus de moyens pour assurer la discipline. Discipline ? Quelle horreur ! Ils n’ont plus d’autorité. Autorité ? C’est la dictature !

    L’école s’écoule, tout le monde s’en plaint, mais dire que c’était mieux avant et on est un reac indécrottable. Avant quoi d’ailleurs ? Avant 68 ?

    Bon, j’exagère, c’est une caricature, mais pas tout à fait fausse, je crois.

    Ma belle sœur a élevé ses deux fils par la méthode antiautoritaire. Ils l’appelaient toujours par sa prénom. Aujourd’hui, adultes, ils sont des marginaux sous traitement psychologique.

    Mais on voit que c’est un sujet sensible, les opinions s’opposent catégoriquement.


  • Kookaburra Kookaburra 5 décembre 2011 19:23

    Excusez les fautes, « s’écroule » et « son » prénom 


  • Raymond SAMUEL paconform 5 décembre 2011 22:10

    Eh oui, Sabine. Ils sont comme ça. Ils pensent que frapper un adulte c’est de la violence, frapper un animal c’est de la cruauté et que frapper un enfant c’est de l’éducation.


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 6 décembre 2011 10:41

      Frapper n’est jamais un bon comportement. Etre frappé n’est jamais agréable. Mais il y a une différence entre une raclée et une tape sur les fesses !


  • Raymond SAMUEL paconform 6 décembre 2011 10:59

    Oui Sabine, c’est assez désespérant. Mais il faut savoir que ceux qui, comme vous et moi, respectent les enfants, se manifestent peu, malheureusement.
    Je pense que nous ne sommes pas si minoritaires que ça. Chaque fois que je le peux, j’encourage ces adultes défenseurs des enfants à se manifester et à se rassembler, en particulier pour faire avancer la connaissance de façon à faire reculer les idées fausses et slogans de ceux qui ne savent pas qu’ils sont violents (puisque ils font comme le plus grand nombre !)


  • Raymond SAMUEL paconform 6 décembre 2011 11:01

    Monsieur J.MOUROT

    Présentez les donc vos fesses, qu’on y fasse une tape ! Allerz, c’est un ordre...


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