vendredi 19 février 2010 - par Alexis Vintray

La tartufferie de la votation citoyenne lycéenne

Après la votation citoyenne sur la Poste, les organisations lycéennes de gauche et d’extrême gauche veulent lancer une autre votation parmi les lycéens.

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Quand il ne copie-colle pas depuis Internet en travestissant le sens de l’article, Luc Chatel dit parfois des choses sensées. Ainsi, qualifier la "votation citoyenne sur La Poste" de tartuferie était parfaitement adapté, cette dernière n’étant en effet que pure imposture. Rien de différent avec la "votation citoyenne" organisée à partir d’aujourd’hui dans les lycées et relayée largement par les médias alors que rien n’a encore eu lieu. Prompts à relayer la communication d’un [mouvement organisé par des syndicats (UNL et Fidl), les jeunesses ouvrières communistes, le mouvement des jeunes communistes, le mouvement des jeunes socialistes et d’autres organisations d’une neutralité légendaire, les médias se gardent bien de parler de la parodie de démocratie que ces votations représentent. Les mêmes manipulations sont présentes dans ces deux votations. Ainsi, la formulation de la ou des questions posées est toujours claire, sans parti pris, neutre. Enfin, presque... Il faut donc choisir entre "un lycée qui s’adapte uniquement aux besoins du marché" et "un lycée où c’est toi qui choisis ta filière", "la concurrence entre lycées d’élites et lycées ghettos" et "une carte scolaire qui garantit l’égalité", "des profs à la sauce Sarko, moins nombreux, moins formés" et "les moyens d’obtenir un diplôme qui permet de s’en sortir" (fautes d’orthographes d’origine). Où l’on apprend que la carte scolaire garantit l’égalité alors qu’elle ne fait que ghettoïser, ou que les diplômes actuels permettent de s’en sortir, comme en témoignent les milliers de diplômés sous employés à la sortie de l’université. Miracle de la novlangue. Sur La Poste, là où le gouvernement avait exclu l’hypothèse de la privatisation, la question était : « le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord ? ». Dans les deux cas, ces votations sont organisées pour prouver quelque chose, avant même que le vote ait lieu. Ainsi d’Antoine Evennou, président de l’UNL (6 000 adhérents revendiqués, combien dans la réalité ? [1]) qui du haut de ses 17 ans nous annonce qu’il va « montrer au gouvernement qu’il a tort dans le domaine de l’éducation » avec cette "votation". Les organisateurs font un vote avec pour but un résultat bien précis, mais vu l’intitulé de leurs questions, prennent-ils un risque en en annonçant le résultat avant même que la parodie de vote ait eu lieu ? Au final, voter dans une telle parodie de vote ne serait que cautionner la démarche profondément antidémocratique d’une telle votation lycéenne. Le véritable échec d’une telle "votation" se mesurera au faible nombre de votants, et non aux résultats, sachant que, dans tous les cas, c’est à des bourrages d’urnes en masse qu’il faut s’attendre. En opposition à ces critiques lycéennes, on pourra lire plutôt un entretien avec le philosophe Philippe Nemo.

 
 


15 réactions


  • Reinette Reinette 19 février 2010 11:50

    ben oui ; les djeunes ont bien appris le langage-business finalement - les instituts de sondage sont les précurseurs de ce genre de questions totalement dirigées

    Miracle de la novlangue !

    Steeve, salut

    quel est le film préféré de Sarkozy ? smiley









    • ddacoudre ddacoudre 19 février 2010 12:49

      salut reinette

      je n’avais pas lu ton commentaire avant de faire le mien, j’ai du le sentir par télépathie

      cordialement.


  • ddacoudre ddacoudre 19 février 2010 12:47

    bonjour lexington

    c’est amusant, tu as raison le résulta est couru. mais en dehors de cela, ils sont à l’exemple de leur ainé, je pense que nous ne sommes pas exempt de tartuferie, et depuis trente ans l’on en gobe de pas mauvaise du tout, qui mériterait le livre des records, l’état entreprise et la dette mortelle en sont deux prodigieuses, et ce ne sont pas des môme qui les pondent.

    cordialement.


  • Emile Red Emile Red 19 février 2010 14:44

    Entre une « votation »(c’est pas de la novlangue ça ?) partiale citoyenne et un referendum annulé par le pouvoir, je préfère la fraicheur et la naïveté de jeunes qui commencent à comprendre ce qu’est la démocratie à contrario de leurs ainés....

    Crachez sur ces gamins, entre ça et la répression grandissante, ils finissent par avoir l’habitude du mépris qu’ils subissent tous les jours de la part d’adultes inconscients, myopes et irresponsables...

    Et quand ils bruleront des voitures vous leur reprocherez leur irrespect de la démocratie...

    Nous sommes envahis par les fantoches.


    • Reinette Reinette 19 février 2010 15:54


      salut Emile

      n’empêche que ça vaut le coup d’oeil (par curiosité), d’aller sur le lien de fin d’article : assez hallucinant smiley


  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 19 février 2010 16:03

    Voici mon questionnaire :

    Tu es pour :
    * Un enseignement formaté où seul les plus conformes s’en sortent.
    * Un choix libre, proposant des solutions différentes, et adaptés à un plus grand nombre de situations.

    Tu es pour :
    * Un lycée où on ne décide de rien. Où seule les directives gouvernementales s’appliquent.
    * Un lycée avec une équipe pédagogique cohérente et indépendante, choisi par un proviseur garant de la qualité, dans un établissement à taille humaine.

    Tu es pour :
    * Un enseignement complètement déconnecté de la vie réel, préparant des bac+5 à être caissières 4 heures par jour dans un supermarché.
    * Un enseignement en relation constante avec la société civile, t’apportant à la fois culture et compétences.


    • Reinette Reinette 19 février 2010 16:52


      il y a la novlangue

      et aussi la gogolangue de jesuishommelibre

      alors les actions ? en hausse smiley


    • Bodhi 20 février 2010 10:56

      Monsieur est d’une humeur libérale ?

      Que voulez vous faire ? Détruire le service public pour le remplacer par un enseignement privé ?

      Ou alors mieux ! Faire comme aux EU, de la publicité et vendre des cochonneries dans les écoles afin de les financer !

      Je veux savoir ce que vous proposez.


  • joelim joelim 19 février 2010 18:17

    Je n’arrive pas à croire que ce sondage est sérieux. C’est forcément un canular, ou bien ses concepteurs ont un talent humoristique involontaire exceptionnel...

    Êtes-vous pour : (1) être riche, beau et en bonne santé (2) être pauvre, laid et malade ?

  • Ethers 19 février 2010 19:04

    en tout cas le rédacteur de la première question n’a pas choisi la filière « Orthographe » !!!

    Le désastre avec ce genre de sondage c’est qu’il met dans la tête des gens (pas que les concernés d’ailleurs) des idées idiotes (comme la carte scolaire garantit l’égalité) ou des raisonnements imbéciles et« manipulateurs » (comme la juxtaposition de « l’adaptation au marché » et de « choix de la filière » : ça n’est pas opposé du tout dans l’absolu, mais ici, ça veut dire que le seul choix est entre une filière adapté aux besoins du marché (bouuuuuuuuh) et une autre, qui, donc, produit des inadaptés ! C’est idiot ! Un être intelligent, qui sait réfléchir, sera adapté au marché dans tous les cas, qu’il ait fait de l’histoire, de la psycho, de l’anglais ou de la gestion)


  • zelectron zelectron 19 février 2010 20:12

    ... et d’autre part les organisations lycéennes de gauche et d’extrême gauche votent avec des moyens modernes : des chaussettes (taille XXXXL).


  • Charles Martel Charles Martel 19 février 2010 20:54

    questions intéressantes et dans la même vein d’objectivité que « tu préfères perdre un bras ou lutter contre la fin dans le monde ? »

    l’âge du droit de vote devrait être relevé.


  • sisyphe sisyphe 20 février 2010 04:07

    Ben voyons ; pour tout bon libéral, un vote citoyen ne peut être qu’une tartuferie.
    Rien ne vaut les magouilles des mafias auto-choisies, sans que les citoyens aient leur mot à dire, n’est-ce pas ?

    Le vote ? Pouah !

    Comme si les citoyens avaient à s’exprimer sur les choses qui les concernent !
    Laissons les « marchés » tout organiser ; ça va tellement mieux comme ça !

    Par ailleurs, une petite citation de l’auteur qui vaut son pesant de cynisme et de bêtise crasse :

    Au final, voter dans une telle parodie de vote ne serait que cautionner la démarche profondément antidémocratique d’une telle votation lycéenne. Le véritable échec d’une telle « votation » se mesurera au faible nombre de votants, et non aux résultats

    Ah !
    On mesurera donc comme une « démarche profondément antidémocratique » les élections européennes, par exemple, où plus de 60% du corps électoral s’est abstenu d’aller voter.
    On les refait ?

    Chiche ! smiley


    • eric 20 février 2010 11:03

      « pour tout bon libéral, un vote citoyen ne peut être qu’une tartuferie. Évidemment !

      Chaque fois que la gauche à un problème avec un terme ou un concept, elle le remplace par un oxymore ou un pléonasme, en général terme double, qui en réduit la portée universelle aux seules personnes qui pensent comme elle.
      C’est une constante quasis »structuraliste« de sa pensée. La place des termes dans le doublons étant en général significative. Ainsi, la gauche a pu parler de démocratie (pouvoir du peuple), »populaire« . Pouvoir du peuple du peuple ? et il est assez clair qu’il s’agissait de limiter la démocratie à une partie du peuple, en l’occurrence les membres du parti. Elle a pu parler de »socialisme réel« comme si il en existait un irréel. Le recul historique permet de comprendre qu’il fallait le qualifier de réel parce qu’il n’existait pas ou bien, suivant sa sensibilité et l’analyse que l’on en fait, qu’ »en fait« , ce n’était pas cela , le »vrai socialisme’.

       Elle est en générale favorable à la « démocratie sociale », mais fut longtemps et majoritairement hostile à la « social démocratie ». Et on sent bien que ce qui la gênait dans le terme, ce n’était pas la partie sociale...

      Dans une démocratie, un vote est, par définition, citoyen. Le rajout d’un terme pléonastique veut donc dire quelque chose.
      Dans une démocratie, ou est assurée la séparation des pouvoir, le législatif défini la citoyenneté, l’état sous la houlette de l’exécutif, dans le cadre législatif et sous le contrôle du pouvoir judiciaire organise un vote à bulletin secret à partir de listes contrôlée, et en présence des différentes sensibilités, avant un dépouillement également collectif et contrôlé et avec des possibilités de recours.

      Le caractère subjectif des question posée n’est pas le principal aspect anti démocratique de la soi disant « votation citoyenne ». De façon plus subtile en général que dans ce cas ci, tous les référendums, visent à poser les questions en des termes tels que l’on puisse donner l’impression à l’électeur qu’il faut choisir entre le bien et le mal.
      C’est tous le reste. Pas de liste, pas de contrôle des votes, pas de contrôle du dépouillement, etc... La votation citoyenne n’est pas un vote, c’est en réalité une pétition. Un exercice visant à compter les gens qui pensent pareil, en évitant soigneusement de compter ceux qui ne seraient pas d’accord ou verraient les choses autrement.

      Mais cela va plus loin encore. Dans les deux cas récent, tous cela est organisé par les principaux intéressés au sens corporatiste du mot. C’est évident pour la poste. Pour les syndicats lycéens, chaque fois que l’on peut avoir une info sur leurs dirigeants et militants, ce sont des enfants de dirigeants et militants de syndicats enseignants de gauche. Leurs revendications sont des revendication de profs. On le voit très bien pour la carte scolaire, parce que le lycéen de base, pas toujours parfaitement « conscientisé » il a tendance à vouloir aller dans le bon lycée, pas trop à assurrer à lui tous seul la mixité sociale....
      Ces syndicats lycéens sont un peu comme les syndicats maison à l’époque peugeot citroen michelin. Ou comme si seuls les enfants de patrons en stage ouvrier chez papa étaient représentatif des intérêts de la classe ouvrière....
      D’ailleurs, quand on se demande comment il financent leurs tracts, leur logistique, etc... on découvre que les photocopieuses syndicales tournent à rouge, que les SO sont encadrés par les anciens , que les trains sont organisés etc....Une administration qui crée et gère, contrôle ses propres association d’usager et prétend que c’est participatifs, démocratique et citoyen....

      Il est clair que si il est nécessaire d’ajouter citoyen à votation, c’est parce que ce n’est ni un vote, ni un citoyen,ni un exercice démocratique.

      En revanche, c’est un hommage du vice à la vertu. En habillant cet exercice d’un emballage démocratique, il exprime leur regret de ne pas parvenir à convaincre démocratiquement. Que les élections seraient belles si ne votaient que ceux qui pensent comme nous.

      Pour conclure, je dirai que le terme tartufferie est insuffisant. Après tout être hypocrite ou faire le contraire de ce que l’on dit, cela arrive à tous le monde. Ce qui est réellement inquiétant, c’est la persistance d’un inconscient totalitaire à gauche. Parce que ce sont les mêmes qui ont dénoncé comme anti démocratique le choix « citoyens », légalement constaté et contrôlé de jean Maire Le pen au second tour en 2002 et qui défendent ardamment le caractère démocratique de cette pétition à usage interne.On en peut qu’en tirer avec tristesse la conclusion qu’une partie au moins de la gauche n’a pas encore adhéré pleinement et sincèrement à la « démocratie citoyenne »


  • gil 21 février 2010 20:00

    C’est facile de rire de ces lycéens quand est confortablement installé dans la vie, mais ce qui est sûr, c’est l’existance d’un gros malaise dans l’école et que les mesures prises par l’UMP en réduisant les profs et les moyens, en jouant de la concurrence entre les établissemnts... (la liste est longue) ne font qu’aggraver la situation.
    Quant au rapprochement avec la votation sur la poste, c’est vraiment tiré par les cheveux. Comme tartuferie, on peut vous en proposer d’autres (n’ayant pas plus de rapport avec les lycées que le précédent) et provenant de nos plus respectueux dirigeants : referendum sur l’Europe, le NON l’emporte et 3 ans après les parlementaires l’approuvent.
    Finalement, tout mon soutien à ces lycéens qui avancent dans ce monde de dingues et cherche (peut-être maladroitement ?) une voix pour le changer. bon courage.


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