jeudi 24 mars 2011 - par CHALOT

Le Collège : ce n’est pas une promenade de santé !

La souffrance est parfois le quotidien de certains professeurs et de certains élèves...

Le collège va mal...Que faire ?

Des enseignants n'hésitent pas à la rentrée de publier leurs témoignages : certains sont intéressants, d'autres ne sont que des suites d' anecdotes ...

Si le collège va mal, car la société va mal, il faut réfléchir et agir afin que chaque enfant ait sa chance et ne soit pas là pour attendre difficilement le cap de ses 16 ans.

Des ouvrages comme celui écrit par Régis FELIX introduisent et alimentent la réflexion sans idéalisation, ni faux semblant.

Ce livre mérite d'être connu.

« Le principal, il nous aime pas » L'école à l'épreuve de la mixité sociale de Régis FELIX, éditions « Chronique sociale », mars 2011

Comprendre, écouter et agir.

L'auteur, ancien professeur de physique termine sa carrière comme principal de Collège.

Militant à ATD Quart Monde, c'est un principal, à priori atypique qui raconte sa dernière année d'exercice...Le « à priori » est peut être de trop car des principaux de Collège agissent aux aussi comme Régis FELIX, ils essayent de comprendre les élèves, de connaître leurs difficultés afin de les aider à franchir le mieux possible ce cap difficile du Collège.

Le territoire de recrutement de cet établissement est mixte avec d'un côté des ensembles quelque peu déshumanisés et de l'autre une zone pavillonnaire.

Il y en a de plus égaux que d'autres, certains peuvent sans problème ne pas suivre, prendre du retard, ils savent que le soir leur père et mère seront là pour les épauler et de toutes façons il suffira de quelques heures de cours particulier.

Pour d'autres, seul le Collège peut leur servir de planche de salut, à une seule condition, c'est que les familles et les professeurs se rencontrent et œuvrent ensemble.

C'est difficile, d'autant plus que les familles en difficulté sociale ne viennent pas dans ce lieu d'instruction et d'éducation.

Comment les faire venir ? Comment leur donner l'envie de franchir la porte ?

L'histoire, humaine, éducative et sociale est passionnante et le lecteur s'attache rapidement à ces élèves et notamment à ces « décrocheurs » qui ne sont pas compris par l'école.

Ils vivent une situation complexe où co-existent l'attirance et le rejet de l'école qu'ils ne cessent d'interpeller.

L'échec de l'école, c'est l'échec de l'élève qui a sa part de responsabilité mais c'est aussi celui de l'institution et aussi celui des enseignants.

Il y a tant à faire pour leur donner les moyens d'agir.

L'auteur ne masque aucune difficulté et l'élève difficile ou violent n'est pas considéré seulement comme une victime.

La médiation, celle innovante impliquant les élèves constitue une clef du mieux vivre ensemble mais parfois il faut prendre des décisions « autoritaires » indispensables...Rien n'est facile. Si l'école n'est pas responsable de tous les maux, elle ne peut réussir sa mission qu'en se dépoussiérant.

C'est une condition non suffisante, mais nécessaire.

L'alternance bien faite avec une valorisation d'autres compétences que celles liées à l'intelligence de « l'abstraction » peut apporter de l'air frais :

Les élèves «  auront ainsi l'occasion de développer d'autres talents que ceux reconnus par l'Ecole, en attendant que, peut-être un jour, une réforme ministérielle décide que le travail manuel, l'intelligence du geste, sont des bagages nécessaires à la scolarité obligatoire. »

Ces tranches de vie d'élèves et de l'établissement racontées dans un style alerte constituent une œuvre pleine et entière de réflexion sur l'avenir de l'école et les repères qu'apporte le principal au projet d'établissement fixent une orientation que je partage :

« - tous les élèves peuvent réussir ; aucun adulte ne renonce définitivement devant une difficulté ou ne met un élève durablement à l'écart ;

  • le monde est ouvert, l'espoir existe, l'avenir n'est déterminé pour personne. »

Jean-François Chalot



20 réactions


  • Raymond SAMUEL paconform 24 mars 2011 10:47

    Sommes-nous formatés définitivement en moutons ?

    Pas normal de ne pas voir collectivement que l’instruction et l’éducation ne peuvent pas être assurées normalement en enfermant les enfants pendant une vingtaine d’années entre quatre murs et sous la dépendance d’un chef.
    Il faut élever les enfants dans la société, dans la vraie vie, la vie professionnelle mais surtout la vie privée qu’il faut réhabiliter, valoriser, développer.
    A quand une vraie réflexion sur L’AVENIR DES ENFANTS et non pas sur L’AVENIR DE L’ECOLE ? ?


  • Cocasse cocasse 24 mars 2011 12:32

    L’auteur ne masque aucune difficulté et l’élève difficile ou violent n’est pas considéré seulement comme une victime.

    Je trouve cela incroyable qu’on puisse encore parler de « victime ». On nage à fond dans la culture de l’excuse là !
    Dans l’enceinte de ce collège que vous décrivez, toutes les chances sont justement égales, c’est cela l’école de la république, tous suivent les mêmes cours.
    Mais non, selon vous, il y a « les nantis de la zone pavillonnaires », et « ceux de la cité ».

    Les « élèves difficiles » et violents vont foutre le bordel, vandaliser, semer le désordre dans les cours (pénalisant ainsi tous les élèves), voir menacer les profs, agresser les élèves studieux, les tirer vers le bas, mais en plus ce serait eux les « victimes » ?!?!?
    On marche sur la tête là !


  • terreetciel terreetciel 24 mars 2011 13:21

    Ne pas se tromper de victime !
    les victimes sont les élèves qui ont des capacités moyennes mais voudraient « apprendre ». Làs les enseignants passent le temps à limiter le chahut, et à reduire le programme pour pour un nivellement pas le bas, inscrit dans la loi sous l’appelation « égalité des chances »


  • Raymond SAMUEL paconform 24 mars 2011 15:31

    Les victimes ce sont tous les enfants, mais en particulier ceux qui sont atteints pour la vie par l’enfance inadaptée que les adultes leur ont infligé (nous sommes tous coupables de refuser de remettre en question le maternage et l’éducation par des tiers). Voir notre obéissance aux slogans qui fleurissent, comme la socialisation qui ne pourrait se faire qu’en collectivité, les divorces qui ne font pas de mal aux enfants, la préservation des besoins des parents qui serait si bénéfique pour les enfants, la respect des adultes qu’il faut inspirer anx enfants, mais surtout pas le respect des enfants par les adultes, etc...etc...

    Bien sûr, quand l’enfant qui n’a pas été respect se révolte et devient gangster il n’y a pas d’autre chose à faire que le mettre en prison, éventuellement à vie.
    Mais la prévention, ça vous dit quelque chose ? le respect dû particulièrement à ceux qui ne peuvent pas se défendre, qui sont totalement dépendants des adultes, c’est à dire les enfants, vous n’en parlez pas ! Ils ne naissent pas violents ni révoltés, ils le deviennent par la faute de personnes adultes et d’une société qui ne les prend pas en compte pour ce qu’ils sont.
    Pompiers pyromanes !


  • foufouille foufouille 24 mars 2011 15:50

    "

    Le territoire de recrutement de cet établissement est mixte avec d’un côté des ensembles quelque peu déshumanisés et de l’autre une zone pavillonnaire.

    Il y en a de plus égaux que d’autres, certains peuvent sans problème ne pas suivre, prendre du retard, ils savent que le soir leur père et mère seront là pour les épauler et de toutes façons il suffira de quelques heures de cours particulier.« 

    les fils des »bobos" font aussi des conneries

    ils sont sur d’avoir un boulot par papa et mamman


  • eric 24 mars 2011 17:02

    LE pb, c’est les profs. EN 1914, 40% des appelles n’avaient pas le français comme langue maternelle. Les différences de vie, de culture, d’environnement, entre les enfants les plus défavorisés et ceux des catégories les plus riche était abyssales. Beaucoup de parents avaient un niveau scolaire proche de zéro. Néanmoins, l’ecole sut être un ascenseur social, assurer un bagage minimum a chaque enfant.


    • foufouille foufouille 24 mars 2011 17:18

      tu as deja vu un livre scolaire pour le passage en sixieme ?
      uniquement du pratique en math de 1930 par ex
      tu faisais pas medecin non plus


  • Taverne Taverne 24 mars 2011 17:14

    « Le primaire commence à bouger, le lycée aussi avec ses réformes en seconde, mais le collège n’a pas bougé » (citation de la sociologue Adil Jazouli).

    Il faut agir prioritairement dans les collègues des ZUP. Un rapport de terrain de la sénatrice Fabienne Keller le dit sans idéologie.


    • Cocasse cocasse 24 mars 2011 17:28

      Ah vraiment, quelle chance pour la France, tous ces garnements turbulents issus de la vague « d’enrichissement » multi-culturelle....
       smiley


    • Taverne Taverne 24 mars 2011 19:52

      Cette réflexion vous est-elle inspirée par la consonance du nom de la sociologue que je cite ? Navrant.


    • Cocasse cocasse 24 mars 2011 20:51

      Non.
      Ce qui m’a marqué, c’est le mot « ZUP ».


  • Yohan Yohan 24 mars 2011 18:34

    En ce qui nous concerne, vous venons d’exclure trois de ces décrocheurs, trois filles dites issues des minorités, parce qu’elles ont passé à tabac l’une de leurs collègues qui est ressortie massacrée et sérieusement tuméfiée. Passées pour certaines par les fameuses écoles de la 2ème chance, il semble bien que l’on soit face à des comportements qui nous dépassent, et j’en suis à me demander si la dernière chance ne serait pas de leur dire d’aller se faire f..... smiley


  • CHALOT CHALOT 24 mars 2011 22:47

    intéressant tout ça malgré les divergences.
    Je voudrais dire à Calmos que je ne suis pas pour faire n’importe quoi : la loi doit être appliquée partout et aussi dans les collèges.
    Je suis partisan de l’écoute, de la médiation mais aussi des limites : il m’est arrivé plusieurs fois dans le cadre de mon travail de formation de médiateurs de dire à un Principal : si un gamin agresse physiquement un professeur , il faut porter plainte !


  • eric 25 mars 2011 05:50

    Les solutions sont extrêmement simples et inapplicables :
    Simples
    Envoyer les profs débutant en centre ville et les confirmes en ZUP (moyenne d’ancienneté dans les ZUP, 2 ans). Donner des primes pour ceux qui sont en zones de difficultés, donner aux directeurs de vrais outils de management des personnel, sortir les enseignants de l’isolement pedagogique en creant des equipes par des incentives ad hoc, ouvrir l’ecole aux partenaires extérieurs en les associant réellement a son fonctionnement.

    Inapplicables : les syndicats sont contre toutes ces mesures.
    Dans le nord par exemple, il y a des écoles catho avec 100% d’enfants issus « de la diversité » et cela marche.
    Tant que l’école placera les intérêts mal compris des enseignants avant ceux des enfants, peu de progrès a attendre.


    • Raymond SAMUEL paconform 25 mars 2011 11:49

      Oui Eric, le fond du problème est là : Les enfants c’est la matière qui alimente la machine. Tout est vu du haut de l’ego des adultes (ministre, recteur, enseignants, et souvent parents).
      Ce qui est primordial pour ces gens c’est de perpétuer le système (qui les nourris), et c’est presque inévitable s’il n’y a pas de contre-pouvoir.
      Pour faire passer dans la réalité le slogan :« les enfants d’abord », il faut être parent...et encore !


  • french_car 28 mars 2011 12:06

    J’ai 4 fils dont le dernier au collège, l’ainé dans la vie active et même radio-active si je peux me permettre cette plaisanterie douteuse.
    Le principal de « mon » collège est un homme extraordinnaire qui fait avec les élèves qu’on lui donne et les moyens qu’on lui laisse.
    Il s’agit d’une ville de banlieue plutôt cossue avec 25 % de logements HLM concentrés dans la vallée tandis que de belles villas occupent les coteaux.
    Une bonne partie des classes supérieures sont drainées par le privé et choses assez rares par les classes privées dites « internationales » du collège pour environt 2000 euros annuels. Lui-même tout en ne semblant pas fan de cette pratique ne peut guère se délier de cet héritage. S’en suit la concentration des problèmes sociaux sur environ 120 élèves répartis en 4 classes de chaque tranche d’age.
    Il pense que le collège unique a été une bien mauvaise décision.
    Une orientation précoce à l’allemande vers des filières professionnelles permettrait de motiver des élèves qui n’ont pas les bases pour les matières générales enseignées au collège.
    Celà ne déconcentrerait certes pas les problèmes sociaux mais permettrait déjà de sauver certains d’un sorte de fuite qui consiste à leur faire traverser les années collèges le plus vite possible tout en épuisant leurs condisciples et les profs qui vont avec.
    Car un élève découragé est un élève indiscipliné voire violent.
    Cependant cette orientation à l’allemande nécessite l’abandon de toute forme d’élitisme qui consiste à considérer que les postes les plus prestigieux ne seraient réservés qu’à une caste et que la promotion interne dans les entreprises seraient un voeu pieux.
    En effet nombre de PDG allemand ont commencé par des études professionnelles et des postes que l’on dirait en France réservés à des bacs pros ou BTS.
    En revalorisant les filières pros et en éradiquant l’élitisme on redonnera toutes leurs chances aux enfants des classes défavorisées.
    J’ajoute que le milieu est déterminant - même si Bourdieu le dit avant moi ! - dans la mesure où malheureusement il reste beaucoup à la charges des parents qui doivent refaire le cours - soit perturbé par des élèves indisciplinés, soit mal fait par un prof incompétent. Le moindre décrochement qui ne puisse être corrigé immédiatement peut avoir des effets désastreux sur la suite des études et sur la motivation d’un collégien.


    • Guy BELLOY LOBLEY 28 mars 2011 13:03

      Tout à fait d’accord avec vous. C’est en partie ce que j’ai écrit dans mes deux articles :
      l’échec scolaire 1) l’école élémentaire 2) le collège
      Mais les débats dur l’enseignement sucitent souvent des réactions d’une bêtise et d’une mauvaise foi affligeantes.


  • mouais 28 mars 2011 23:56

    « L’alternance bien faite avec une valorisation d’autres compétences que celles liées à l’intelligence de « l’abstraction » peut apporter de l’air frais : Les élèves « auront ainsi l’occasion de développer d’autres talents que ceux reconnus par l’Ecole, en attendant que, peut-être un jour, une réforme ministérielle décide que le travail manuel, l’intelligence du geste, sont des bagages nécessaires à la scolarité obligatoire. » »
    écrit Jean-François.

    Que l’on me pardonne de revenir sur le passé et de rappeler quelques responsabilités :
    Jadis dans les lycées qualifiés de bourgeois, les filles apprenaient la couture et les garçons la menuiserie. Et pour quiconque a eu à prévoir la taille d’une mortaise dans le bois, matériau non isotrope, on peut en effet parler d’intelligence du geste. Voir par exemple
    http://www.re2.freesurf.fr/l-anc/geoa.pdf, page 48.
    Ce que raconte ce chef d’établissement, cela fait au moins quarante ans que des tas de gens versent des larmes dessus. Tant qu’on ne dit pas pourquoi ces enseignements qui étaient dans l’école (et non pas « d’autres talents que ceux reconnus par l’école ») ont été supprimés, on ne changera rien.

    Il faut au moins rappeler la responsabilité des socialistes dans cette affaire, notamment Christian Forestier, ex-directeur des lycées et collèges au ministère, qui a soigneusement saccagé l’enseignement professionnel. Il faut rappeler que cette responsabilité des socialistes est en parfaite cohérence avec la politique conjointe droite-PS de destruction de tout le tissu industriel du pays : d’un côté on supprime les usines et on délocalise, de l’autre on supprime la formation scolaire et professionnelle des ouvriers pour être sûrs que personne ne pourra prendre la relève.
    Comment voudrait-on que les jeunes aient quelque aspiration pour des activités ou métiers dont ils ne voient plus aucune trace autour d’eux ? Combien ne savent même plus recoudre un ourlet à un vêtement ? Combien ne savent plus faire une sauce béchamel ou vinaigrette « maison » ? ce qui ne demande pas vraiment des connaissances extraordinaires ...

    Alors, parlons-en de la valorisation des compétences non exclusivement intellectuelles, mais en combattant là où il faut, et en sachant tous les enjeux.


    • french_car 29 mars 2011 15:49

      Que vient faire le PS dans l’histoire ?
      La réforme désastreuse dite du collège unique par René Haby a été instaurée sous Giscard.
      Quant à la suppression du tissu industriel, les délocalisations et la dérive à la Thatcher on ne va tout de même pas l’affecter à Martine Aubry qui serait « coupable » de 35h ?
      Quant à la suppression de la formation professionnelle elle n’est certes pas liée aux délocalisations qui ont plutôt frappé les personnels non qualifiés. Elle a plutôt asséché l’artisannat et ce qui fait que l’on ne peut plus trouver d’électricien, plombier ou autre sans attendre des semaines.


  • Guy BELLOY LOBLEY 31 mars 2011 21:09

    Le « collège unique » a été effectivement instauré par R.Haby avec la bénédiction des syndicats. S’est-on posé la question des prérequis incontournables ? Que nenni ! La démagogie faisait loi et qu’importe le niveau de l’élève ! Il avait « droit » à l’enseignement de l’anglais,de l’allemand ou du latin comme les meilleurs ! Ainsi on a créé des générations forcément en situation d’échec ! L’horreur absolue ! Et désormais,on a si bien réservé aux élèves en échec scolaire les formations professionelles qu’il est désormais difficile de trouver un bon ouvrier qualifié (àl’inverse de l’Allemagne qui a misl’accent sur la formation de techniciens qualifiés pour booster ses exportations). On commence à prendre (tardivement) conscience des mauvaises orientations de l’époque. 


Réagir