LE SYNDROME DE L’AUTRUCHE Bien le connaître pour le combattre

Des familles submergées par leurs difficultés laissent tout filer, n'ouvrent plus leur courrier, vivent dans la désespérance, le déni ou l'attente de l'arrivée du couperet.
Certains condamnent les mauvais payeurs, ils nient les accidents de vie et la pauvreté dans laquelle sont jetées des familles entières !
Durant les deux dernières semaines d'octobre, les expulsions locatives se sont multipliées à la vitesse vertigineuse.
En Seine et Marne , elle a concerné beaucoup de familles nombreuses, une d'entre elles composée d'un couple et de six enfants a été mise à la rue, à Nemours, lundi dernier, le premier jour des vacances.
Le 115 interpellé explique la difficulté, voire l'impossibilité d'héberger à l'hôtel cette famille.
Quand on est accueilli par le 115, on commence par vivre une phase appelée : mise à l'abri....
Après une période qui dure quelques semaines, une évaluation sociale est effectuée et les travailleurs sociaux recherchent un hébergement social plus adapté permettant de conduire à l'installation dans un logement.
Aujourd'hui, des personnes peuvent rester des mois dans un hôtel avant de pouvoir rencontrer un travailleur social disponible.... Il y a un manque criant de personnels !
Il ne faut pas s'étonner que certaines familles éclatent et que d'autres craquent.
Bien souvent, si un vrai accompagnement était assuré par les CCAPEX (Commissions de Coordination des Actions de Prévention des Expulsions) et les Maisons Départementales de la Solidarité en relation avec les bailleurs, beaucoup de locataires n'auraient pas de dettes locatives importantes.
Comme je l'ai dit et redit à la CCAPEX, les associations de solidarité pourraient elles aussi agir en conseils auprès des familles.
Je pense à ce couple, retraités tous les deux qui ne savaient pas qu'il leur fallait régler en priorité leurs dettes de loyers... Ils ont épongé beaucoup de dettes mais pas celle-là.
Ils ont été expulsés un bon matin en présence de policiers en nombre et ils attendront longtemps dans l'hôtel du 115 un accompagnement.
Ils plongent dans la déprime !
Quel gâchis !
La trêve hivernale, tant attendue est là.
Des femmes et des hommes respirent.
Profitons ce ces quelques mois pour rencontrer ces personnes et mettre en place un accompagnement adapté !
Il y a plus de vingt ans de cela, les assistantes sociales se rendaient au domicile des personnes en difficulté, aujourd'hui ce n'est plus le cas et nous savons tous que le « syndrome de l'autruche » » est répandu : on n'ouvre plus sa boîte aux lettres, quant aux recommandés ils rejoignent la poubelle !
C'est là que les associations de proximité peuvent agir en relation avec les CCAS qui sont chargés par les services de l'Etat d'une enquête sociale avant le déclenchement d'une expulsion.
Tout cela n'est pas un ensemble d'idées jetées à la va-vite pour remplir une feuille, mais le fruit d'expériences locales.
Jean-François Chalot