vendredi 16 juillet 2010 - par Gaëtan Pelletier

Les français parlent aux Français : Comment vas-tu yau de poêle ?

Gotlib.
 
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Comment va la France ? On n’en sait plus trop rien… On a l’impression, d’ici, qu’elle est dans un bain d’acide, avec Sarko, une rondelle de chlore pour piscine.
Qui donc a envie de s’y baigner ?
 
Si la France nous a laissé tomber, nous, au Québec, nous nous sommes rattrapés. Nous voilà québécois, avec des expressions et un accent bizarre : « ça l’a pas de sens »…
 
Après la guerre – la 39-45 – des fermiers d’ici sont allés se battre. Poussés un peu dans le derrière par l’Angleterre… Mais, au fond, cette race avait envie de voyager et de voir ses racines.
 
Quand la génération suivante est entrée à l’école, elle s’est nourrie de la culture française et de la richesse de sa littérature. Toute une Histoire à rattraper… Les ignorants écoutaient les savants.
 
Nous ne savions pas qui étaient Corneille, Racine, Rimbaud, Apollinaire, etc. Ah ! J’oubliais ! Chateaubriand, Hugo, le génial ! Par la suite, Sartre, Camus… Nous avions appris à lire. Et nous avions soif de savoir. La France était un mamelon de savoir, gorgé à la Pamela Anderson.
 
Faméliques, nous étions.
 
On vous doit une fière chandelle ! Des candélabres au complet… Sinon, nous serions demeurés des terriens, soudés aux petits coins de terre légués par le gouvernement du Québec lié à une religion qui faisait de nous des « enterrés » déjà morts. Pour un paradis étriqué…
 
On a retroussé nos cerveaux. Il faudrait maintenant retrousser nos âmes.
 
***
On a beau décrier cette « vieille » génération élevée à la culture française. Aujourd’hui, avec cette dissonance mondialiste, nos sommes aussi confus qu’un crapaud qui aurait avalé un éléphant. Pas repus ! Malades. Malades comme le sont tous les peuples de la Terre.
 
On a aimé des San-Antonio, les bandes dessinées françaises.
 
C’était la vraie vie : le temps de s’occuper de l’humour et celui des « grandes questions ».
 
La France, on l’a dans le sang. Du moins, comme vous, dans les terres non violées par la mondialisation.
 
***
 
Je viens de jeter un œil sur la carte… Mes ancêtres venaient de Vendeuvre-du-Pitou… Ou pas loin…
On a la poésie de villes et des villages :
Celles-sur-Belle
Nieul-le-Dolant
Sucé-sur-Erdre
Carquefou
Issoire
La-Chaux-de-Fond,
Etc,
Un poème en soi.
Pas étonnant que les Français soient doués pour la poésie, ce langage de l’âme.
 
Comment vas-tu yau de poêle ?
 
Je pense –et je parle aux Français – que vous allez comme nous : quelqu’un vous a sucé le sein…
 
Vos dirigeants, comme les nôtres, ne parlent plus qu’un langage de chiffres, imbuvable, inconsistant, et froid… Nous mangeons tous de ces discours de cadavres. Les cadavres nous parlent. Ils ne seraient même pas capables de créer le nom d’un village à la couleur de ce que vous êtes.
 
Les -Saints-Atrophiés ?
 
Ce serait joli, si c’était vrai. Mais c’est pâle comme un vampire qui se serait fait sucer le sang par une sangsue silencieuse. Tiens ! Mon Corneille qui me revient ? Ou Racine ?
 
Peu importe….
 
La culture est devenue plate comme la Terre au 12e siècle.
 
Et nous croyons que le bonheur consiste à sauter d’une pile de monnaie stéroïdée jusqu’au paradis ?
 
Les pays « développés » sont maintenant des terres exsangues.
 
La belle et fluette culture du nombrilisme.
 
***
 
Nous, ici, nous essayons de bâtir un pays. Économiquement, oui. Mais là où nous râlons et étouffons, c’est que nous sommes des noyés sortis de l’eau, déjà bleutés – tous bleutés- acolores, dévibrés, insignifiants et, surtout, acidifiés et amers.
Au fond, au tréfonds, c’est qu’on nous cultive au vide.
 
Pas étonnant que nous sommes des corps flottants sur un océan de salauds salins qui nous mine notre chair et nous guident vers une mort certaine.
 
Il ne reste plus que la soudure d’une résistance face à ceux qui assèchent, jour après jour, jusqu’au désert…
 
Nous sommes déjà craquelés, fendillés, épluchés, écoeurés (sic).
 
On va comme vous : des tuyaux de poêle qui n’a qu’un bois mort pour nous chauffer.
 
Que vaut la vie si elle n’a pas le temps de s’attarder aux autres ?
 
Que vaut la vie si elle n’est qu’un chiffrier moribond avec en bouche des mots vides ?
 
On est ce qu’on mange !
 
Belle nourriture !


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