samedi 30 janvier 2016 - par
Les migrants, invités bienvenus du Medef, d’UBS et de The Economist
L’année 2015 restera sans doute l’année des attentats et des migrants. L’envolée du nombre de migrants arrivant sur le continent européen a provoqué un début de démantèlement de l’espace Schengen et une forte évolution de l’opinion publique. Le patronat est devenu leur premier avocat.
Des soutiens extrêmement révélateurs
Voilà qui devrait tout de même faire réfléchir certaines belles âmes. En quelques mois, la fine fleur des élites globalisées a pris la parole pour défendre l’arrivée des migrants sur le continent européen. En septembre, le patron du Medef, Pierre Gattaz soutenait que « les migrants sont un atout pour la France ». En décembre, The Economist a publié plusieurs papiers pour les défendre soutenant que « les entreprises pourraient en profiter, et les réfugiés s’intégrer plus rapidement », puis que les « pays d’Europe de l’Est peuvent ne pas aimer les migrants, mais qu’ils en ont davantage besoin que les autres pays de l’UE », et enfin que « s’ils ont une utilité, les visas imposent un poids trop important aux voyageurs et aux pays de visite ». En janvier, c’est la banque UBS qui a défendu « un doublement du nombre de réfugiés par rapport à 2015 (en Europe) pour atteindre la croissance de la population active des Etats-Unis ».
Cette ligne pose un double problème. D’abord, le discours de The Economist, qui évoque les besoins des pays européens, est une globalisation artificielle. D’ailleurs, la bible des élites globalisées évoquent surtout les besoins de l’Allemagne et des pays nordiques : en quoi des pays comme l’Espagne, la Grèce, l’Italie ou la France, avec plus de 20, ou plus de 10% de chômeurs pourraient avoir besoin de travailleurs de plus ? Et la situation démographique de l’Allemagne, dont la population décline, n’a rien à voir avec la nôtre, où elle progresse sensiblement. Bref, la moyenne n’a pas de sens dans une europe tellement diverse d’un point de vue démographique ou de l’emploi. Et même dans les pays où cela pourrait avoir un sens, les citoyens ont aussi le droit de choisir un avenir comparable à celui du Japon.
Mais surtout, ce que révèlent toutes ces prises de position, c’est que les migrants servent surtout les intérêts des grandes entreprises, qui souhaitent leur arrivée. De manière impressionnante, certaines, comme UBS, n’hésitent plus à expliquer que cela mettra une pression à la baisse sur les salaires, révélant, pour ceux qui refusaient encore de le voir, l’agenda antisocial de l’accueil de migrants ou d’immigrés, qui renforce la main d’un patronat, qui a intérêt à ce que le marché du travail ne soit pas trop équilibré pour pouvoir pousser ses intérêts. Voilà qui devrait faire réfléchir certaines belles âmes qui se pensent sincèrement de gauche, mais qui ne comprennent pas qu’elles défendent un agenda antisocial, et, de manière indirecte, le maintien d’un chômage de masse et une baisse du pouvoir d’achat.
La prise de parole unanime du patronat en faveur de l’accueil des migrants en Europe n’est en aucun cas philantropique. Il est surtout intéressé, car il permet de maintenir un déséquilibre du marché du travail qui est favorable aux grandes entreprises à leurs intérêts.