mardi 28 février 2012 - par MilleFeuille

Max et Maurice jouent toujours des tours, mais ne se font pas prendre

Pas de perspectives pour une mère étrangère avec un petit enfant en Allemagne, mais plutôt un casse tête angoissant - sur le résultat possible des audiences de justice réglant le divorce et donc aussi les questions de garde d’enfant, - sur les conséquences de dialogues de sourd avec les avocats, avec les interlocuteurs du domaine de la petite enfance, le tout baigné d’un humour noir, qu’on croirait tiré de la BD de 1865 Max et Maurice, deux gamins insupportables par Wilhelm Busch.

Guilde de fousLa référence me vient tout naturellement, car j’ai été stupéfaite de voir que des parents, souvent des pères, trouvaient approprié de lire ce livre à des enfants de 3 ans ou moins. Pourtant les deux enfants se font sévèrement punir de leurs tours, le plus souvent à coup de bâtons et finissent même en farine.

Cessez, petits garnements,
Sinon gare aux châtiments !
Comment peut-on, malandrins,
Eventrer des sacs de grain ?

Mais il comprend le mystère
Lorsqu’il voit les deux compères.
Furieux, il les fourre, en vrac
Tête en avant, dans le sac,

Puis, portant les prisonniers,
S’en va trouver le meunier :
« Meunier, dit-il, tiens, mon pote,
Mouds-moi ça, et que ça saute ! »

Voici donc les galopins
Dans la trémie du moulin !
Et le monstre sanguinaire
D’avaler les pauvres hères !

Il les triture, il les foule
Et les réduit en semoule !
Mais le malheur des pendards
Fait le bonheur des canards ! 

(traduction éditions reclam)

 

C’est à se demander si cette éducation par la peur est voulue, pour en faire des adultes obéissants, qui auront intégré le message et garderont cette peur enfouie ?

Quand je vois les costumes de carnaval, où dominent les masques effrayants, qui surgissent en hiver entre le 11 novembre et le 20 février pour que finalement les guildes de « fous », malgré tout très organisées viennent défiler / déferler les lundi et mardi gras dans les rues, on retrouve cette volonté de faire peur, même s’il s’agit soi-disant de faire peur à l’hiver. Au final une poupée de paille est brûlée pour expier les crimes commis par tous pendant cette période. Cette « 5ème saison » qui autorise les « fous » à sortir une fois par an permet peut-être de tenir une population sinon très respectueuse des règles le reste de l’année. Mais attention aux transgressions dans ces populations, quand la réflexion est minée par des mensonges et que la peur domine, raison et délire peuvent alterner, jusqu’à accepter des faits de discrimination aberrants.

Comme dans les garderies, où le personnel éducatif fait du zèle avec les enfants binationaux de couples mixtes divorcés. L’encadrement rigide et les critiques, les mises à l’écart du parent étranger vont saboter le processus d’identification au parent pourtant vital pour que les enfants en bas âge puisse se construire.

Pourtant le père allemand n’est pas tellement épargné non plus, mais plus conciliant, il se satisfait de son rôle de méchant et victime à la fois, qui ne s’est pas laissé faire par sa mauvaise femme. Comme il travaille beaucoup, il est absent et l’enfant n’est pas sécurisé non plus de ce côté-là. Le but est probablement de faire de la garderie l’endroit le plus stable, même s’il n’est pas très chaleureux.

Dans un document scientifique sur les modèles familiaux européens et en particulier la famille souche autoritaire à l’allemande rédigé par un médecin on trouve la citation suivante du psychanalyste Claude Halmos : « priver un enfant de son origine est aussi grave sur le plan psychique que le serait, sur le plan physique, l’autorisation donnée de prélever un morceau de son corps, car les humains ont de leurs racines un besoin vital ».

Mais apparemment cette façon d’accaparer l’enfant et de le couper de ses origines, ne vise pas à faire des personnes actives et inventives, mais plutôt des gens obéissants, trop empêtrés dans leurs conflits intérieurs pour s’intéresser à ce qui se passe autour d’eux.

Difficile d’espérer un peu de compréhension de l’entourage, soit des mensonges et calomnies, viennent renforcer le sentiment, qu’il faut punir le parent étranger, qui s’avise de vouloir menacer la collectivité allemande en perturbant un ordre considéré comme établi et font écran à l’émergence d’une solution, soit la majorité sans enfants ne peut comprendre les préoccupations de parents aimants et encore moins les vrais besoins des enfants et reste sourde à toute demande d’aide.

Il reste à espérer, que les pays indirectement lésés par l’accaparation des enfants binationaux et du patrimoine des parents ne laisseront pas perdurer ces situations.

 

Sources :

Processus d’identification, voir Bernard Stiegler

Travail de recherche sur les modèles familiaux européens et l’assimilation forcée des enfants rédigé par un médecin




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