mardi 26 décembre 2006 - par Le Hérisson

Mettez du bois dans la cheminée

Noël, c’est l’époque de la bûche de pâtisserie. Il s’agit en fait d’une tradition très ancienne, qui remonte aux Gaulois : on mettait une bûche dans la cheminée au solstice d’hiver pour annoncer l’arrivée du soleil. J’ai évoqué ici même il y a quelque temps le décès d’une amie, Geneviève, conseillère conjugale. Son conseil favori aux couples en difficulté était également le suivant : « Mettez du bois dans la cheminée. »

« Mettre du bois dans la cheminée » a une première signification assez évidente. Il s’agit, dans un couple, de toujours varier les plaisirs, d’être attentif l’un à l’autre, de parvenir à ce que la relation soit en perpétuel recommencement. Quelqu’un disait : « Il n’y a pas d’amour, mais que des témoignages d’amour. » L’objectif n’est pas si clair. Pour tous les spécialistes en sexologie, l’amour « passion », c’est-à-dire le sentiment d’amour quand on découvre le partenaire, dure, environ, deux à trois ans. Ensuite, s’installe facilement la routine, une sexualité répétitive, puis manquant peu à peu de désir, l’absence de besoin de séduction pour chacun des partenaires...

Quand l’enfant paraît

En général, la construction d’un couple se concrétise par la naissance d’enfant. Or, pour de nombreux hommes, la naissance d’un enfant, même si elle est une grande source de bonheur, s’accompagne d’une perte du désir pour leur épouse. Pour les psychologues, l’explication vient du fait qu’une épouse devenue mère renvoie forcément à la mère originelle, celle qui donna la naissance. D’ailleurs, les coïncidences n’arrangent pas les choses : statistiquement, le délai moyen pour qu’un couple constitué donne naissance à un enfant est d’environ de trois ans, c’est-à-dire que l’enfant paraît au moment même où la passion du couple s’estompe. Donc, autant d’obstacles au désir. Je me suis souvent aperçu que jadis, c’était souvent la femme, première levée, qui prenait en charge le feu de la cheminée. Ce devrait être toujours le cas aujourd’hui : quand une femme vient d’être mère, elle est la mieux placée pour « mettre du bois dans la cheminée », c’est-à-dire pour faire sentir à son compagnon qu’elle reste une femme désirable, que l’amour de son enfant ne remplace pas l’amour pour son conjoint. Pour la plupart des couples, les naissances coïncident en effet avec une perte de désir, souvent de l’homme. Ce n’est pas que l’amour a disparu, c’est que l’amour se trouve être, paradoxalement, bousculé par le passé quand l’avenir se forme, quand un enfant paraît.

« Pour le meilleur et pour le pire »

La phrase rituelle prononcée lors de chaque mariage n’est pas qu’une formule. Quand, dans un couple, tout va pour le mieux, que ce soit sur le plan social ou sur celui de la relation, il est aisé de « mettre du bois dans la cheminée. » Les choses se compliquent quand les choses vont mal. L’un des conjoints qui subit un accident de la vie, chômage, maladie, etc., et c’est le couple qui en souffre. Parfois, souvent même, en pareil cas, celui qui est resté indemne renvoie la faute sur l’autre, le malade, le chômeur, etc. Or, dans la plupart des cas, le conjoint partage les difficultés de l’autre, les ressent presque aussi intensément que l’autre, en souffre. Par exemple, dans le cas où l’un des deux souffre d’une dépression, le conjoint, dans un premier temps, va « sauver les meubles », de manière à ce que le minimum vital familial survive. Ensuite, dans un deuxième temps, si l’autre parvient à résoudre sa difficulté, le conjoint risque de souffrir à son tour d’une dépression « retard ». Même chose quand l’un des deux est victime d’une maladie longue, telle que le cancer par exemple. Si l’autre guérit ou, pire, décède, celui qui l’a accompagné au plus près se trouvera comme dépossédé d’un combat, d’une raison de vivre.

La cheminée d’espoir

Mais accompagner son conjoint, son compagnon ou sa compagne, dans ses difficultés, cela aussi « met du bois dans la cheminée ». Malgré toutes les souffrances, la dépression ou le vague à l’âme, il s’agit de preuves d’amour. Cela dit, en période difficile, les couples ne se le disent pas, car ils sont perdus, et on peut le comprendre, et chacun a tendance à s’isoler. Face à la maladie, beaucoup ont des stratégies de fuite et d’isolement. En réalité, c’est la parole qui compte.

« Mettre du bois dans la cheminée », c’est apporter des témoignages positifs quand tout va bien dans un couple. Dans un tel contexte, c’est plutôt facile, même si c’est très agréable. Mais « mettre du bois dans la cheminée » fortifie aussi, et peut-être plus, un couple quand l’un des deux va mal, quand l’autre partage. Cependant pour que l’amour persiste, la condition est qu’ils parviennent tous deux à en parler et à se comprendre au-delà des accidents de la vie.



7 réactions


  • Le furtif (---.---.145.82) 26 décembre 2006 10:47

    « L’amour , celui qui fait bat’le coeur, qui fait acheter des fleurs...ça dure deux ans... »

    Ainsi parlait le prof d’hisroire(ils l’étaient tous)

    • dans le déclin de l’empire américain.

    Celui dont maitresse étudiante était masseuse en free lance...

    Bonne année Hérisson

    Le furtif


  • Briseur d’idoles (---.---.162.129) 26 décembre 2006 13:09

    Belle cheminée veux-tu tirer sur ma bûche ?


  • le porc-epic (---.---.194.142) 26 décembre 2006 19:27

    sujet fumant à l’époque du tout électrique... Il serait peut être temps d’hiberner cher hérisson, à moins que tu ne sois victime du syndrome des ours polaires qui n’y connaissent rien en cheminée.


  • hytrin (---.---.178.193) 9 mars 2007 10:27

  • Tramadol (---.---.178.200) 15 mars 2007 18:50

    By Tramadol


  • Tramadol (---.---.178.200) 17 mars 2007 14:14

    By Tramadol


  • Kiro 22 septembre 2013 12:02

    Merci porc-épic pour ce moment de franche rigolade ! Challenge : peux-tu vanner avec le mot 

    Cheminée bio éthanol ?

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