mardi 15 décembre 2009 - par calach

Monsieur Mitterrand, levez-vous pour Loïc Sécher !

Lorsque Roman Polanski a été arrêté fin septembre par les autorités suisses à la demande de la justice américaine, notre ministre de la culture n’a pas hésité à prendre sa défense. Il s’agissait pourtant d’une affaire extérieure à la justice française et concernant des faits de viols avérés sur une mineure ! Ce réflexe de « classe » a été largement désapprouvé par l’opinion publique. Aujourd’hui, Monsieur le Ministre peut se rattraper en prenant la défense de Loïc Sécher. En aura-t-il le courage ?

Seize ans de prison sur une parole d’accusation
 
Loïc Sécher est emprisonné depuis plus de huit ans, condamné à seize ans de prison en première instance et en appel avec une somme globale de 350 000 euros à payer parce qu’une jeune fille de quatorze ans, « fragile psychologiquement » selon les experts, l’avait accusé de viol sur sa personne. L’état psychologique de la jeune fille avait probablement pesé très lourd dans la balance. Pourtant, Loïc Secher a toujours clamé son innocence y compris pendant les quarante huit heures de garde à vue.
 
Coup de théâtre
 
En 2008, la jeune fille, âgée de vingt-deux ans s’est rétractée en affirmant par écrit et oralement devant les plus hautes autorités judiciaires et à plusieurs reprises que Loïc Secher était "innocent et qu’elle ne support(ait) plus de le savoir en prison".
 
Par trois fois, Loïc Secher a demandé à la commission de révision des peines de la Cour de cassation la suspension de sa peine (Octobre 2008, mars 2009 et novembre 2009) en même temps qu’une saisine de la commission de la Cour de révision. Lors des deux premières demandes, la commission avait demandé un « supplément d’information » et refusé la remise en liberté ainsi que la saisine de la cour de révision.
 
Le doute commence à faire son chemin
 
Lundi 14 novembre 2009, la commission donne son feu vert à la demande de saisine de la Cour de révision. Les magistrats parisiens ont estimé que les premières dépositions de la victime étaient d’autant plus sujettes à caution que des vérifications effectuées par les enquêteurs ont montré qu’elle "pouvait parfois fabuler" et accuser à tort certaines personnes. Ainsi, il est attesté que la jeune fille avait déjà "inventé une agression".
 
mais ne profite pas immédiatement au condamné…
 
"De façon inattendue, il reste en prison" s’exclame son avocat, Maître Dupond-Moretti, car la commission en a décidé ainsi... Peu importe qu’il ait déjà accompli plus de huit années de prison, peut-être pour rien ! La commission craint en effet que "des pressions" soient exercées sur la jeune femme. "C’est abracadabrantesque !", a réagi l’avocat, déplorant qu’"en France, on rentre beaucoup plus facilement en prison que l’on n’en sort".
 
Monsieur Mitterand, on compte sur vous…
 
Voilà enfin, pour notre ministre de la culture, une occasion de retrouver un peu de crédibilité dans l’opinion publique. Il lui suffit de se rendre sur le perron de son ministère et de crier haut et fort sa révolte contre une aberration de la justice de son propre pays. Les magistrats parisiens (pas suisses ou américains) sont capables dans la même décision d’accorder la saisine de la Cour de révision et de laisser le demandeur en prison pour éviter « des pressions » sur la jeune femme. Monsieur Mitterrand, à vous de crier…
 


6 réactions


  • L.S.B 15 décembre 2009 10:53

    A la troisième tentative, LoÎc Sécher obtient enfin un minimum de reconnaissance... Espérons que la Cour de révision ne s’opposera pas à la révision. En attendant, C’est absolument inhumain de laisser un homme en prison alors qu’il y a beaucoup plus qu’un doute sur sa culpabilité. Le fait que la jeune fille écrive et déclare à plusieurs reprises qu’il n’est pas coupable est un véritable fait nouveau. Cela aurait dû entrainer la suspension de peine dpuis plus d’un an. C’est plus qu’abracadantesque. C’est, je pense, la justice de classe dans toute sa rigueur !


  • jltisserand 15 décembre 2009 12:13

    Bon c’est vrai mais de là à appeler Mitterrand ..... Sur ce coup là il n’y est pour rien. Sur le précedent il a pris une volée de bois vert et la leçon qui va avec.
    Comme il n’a pas démissionné il faudra attendre le prochain remaniement ministériel ....


  • solo 15 décembre 2009 12:49

    Je me demande toujours comment on peut condamner un homme à 16 ans de prison seulement sur des affirmations.
    Et aussi pourquoi, sur le bénéfice de la rétractation, cet homme reste malgré tout en prison.
    La cerise sur le gâteau, il n’est fait nulle part mention d’une quelconque mise en cause ou en examen de la supposée violée (ne parlons même pas de peine judiciaire...), alors qu’elle a sans doute détruit la vie d’un homme.
    Cela me révolte, et je trouve dangereux pour la société et la justice de laisser impuni ces fausses accusations.


    • calach calach 15 décembre 2009 16:11

      @ Solo,

      N’accablons pas la jeune fille qui a été elle même victime dans cette affaire et qui a fait preuve d’un courage extraordinaire en allant au devant des plus hautes autorités judiciaires pour faire surgir la vérité. Les vrais coupables, ce sont les enquêteurs et les experts qui ont enfoncé Loïc Sécher alors que les affirmations de la jeune fille étaient contradictoires et incertaines. Avec une enquête sérieuse, on aurait pu éviter ce calvaire à un innocent. Mais rappelez-vous l’avant Outreau : la dictature de l’émotion battait son plein et il était de bon ton de dire que l’enfant dit toujours la vérité pour exorciser tout le laxisme du passé en matière de défense des enfants victimes.

      Aujourd’hui, devant l’insistance, la volonté et le courage de cette jeune fille en grande souffrance, les magistrats sont obligés de reconnaître qu’ils se sont trompés et ont massacrés la vie d’un homme mais comme d’habitude, ils ne veulent pas le montrer et font semblant de craindre les pressions sur la jeune fille. Or, celle-ci n’a rien à craindre de Loïc Sécher qui a déjà reconnu qu’elle était victime du système comme lui.

      Si quelques ministres et quelques intellectuels courageux avaient autant de gouaille pour Loïc Sécher que pour Polanski (dont le cas ne concerne pas la justice française), peut-être pourrions-nous faire évoluer les mentalités des magistrats.

      Nous verrons qui haussera le ton pour cette décision abracadantesque....


    • solo 15 décembre 2009 23:53

      @ calach

      Tout à fait en accord avec ce que vous écrivez. Loin de moi l’idée de vouloir du mal à cette femme que je ne connais pas

      Mais le problème est en amont. La justice devrait décourager les fausses accusations par l’application de peine, ce qui n’est généralement pas le cas dans les affaires de viol et aussi de divorce. Le système suivrait et changerait, avec des acteurs sans doute plus attentifs et concernés, notamment les avocats.

      En ce qui concerne cette femme, une peine symbolique serait adaptée et sans doute bienvenue car il n’est pas exclu que cela l’aide à mieux vivre sa probable culpabilité.


  • Massaliote 15 décembre 2009 14:24

    Frédo soutient les siens. Si il était coupable, on l’aurait vu monter au créneau.


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