mardi 4 novembre 2014 - par PETINOS

Non, je ne renonce pas !

Par Charalambos Petinos

« …c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites … pour que l’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir. »

Montesquieu, De l’esprit des lois.

 

Les dernières consultations électorales en Europe ont présenté le même leitmotiv : l’abstention et/ou la montée de l’extrémisme. En France les deux ont été vrais. Ailleurs en Europe, les mouvements extrémistes, racistes et xénophobes ont obtenu des résultats exceptionnels ; ces mouvements se targuent par ailleurs d’être les seuls capables d’écouter et surtout de comprendre, les populations et leurs préoccupations.

Dans l’esprit de nombreuses personnes, l’abstention massive pourrait devenir salutaire dans la mesure où elle obligerait les politiques à réagir. Une frange importante de la population considère, en effet, avoir été abandonnée par les politiques dont les actions paraissent ne répondre qu’à leurs propres intérêts ou aux intérêts de leur milieu, bref, une élite éloignée des préoccupations du peuple, coupée des réalités, une nouvelle noblesse en somme, dédaignant le petit peuple. La démocratie de type occidental montre ici ses limites : à notre sens, elle est en train d’atteindre le stade final de son évolution, à savoir le pouvoir entre les mains d’une oligarchie fermée, fière de ses avantages et de son pouvoir et surtout enfermée dans ses bunkers idéologiques élitistes.

Néanmoins, la prise de conscience n’est pas chose aisée, car les populations, préoccupées par les difficultés rencontrées dans la vie de tous les jours, difficultés causées par la structure socio-économique et la nature du régime, n’ont pas ou pensent ne pas avoir le loisir d’y réfléchir.

De plus, au lieu de questionner cet état de fait et de le mettre fondamentalement en cause, nous nous perdons dans des conjectures et discussions – certes importantes, mais de seconde zone – telles que l’abstention et les causes de celle-ci. Car, même avec des élections où la participation diminue constamment jusqu’à devenir minoritaire, dans ce système de gouvernance, il y aura toujours des élus qui reproduiront des élus, qui nommeront des hauts fonctionnaires, ainsi de suite. Cela renforce d’autant plus le désintérêt des gens à l’égard de la res publica, favorisant l’individualisme triomphant. C’est probablement ce que l’élite cherche à réaliser et à maintenir. En renforcement de cette situation menant au désintérêt et à la démission populaire, vient actuellement l’absence de clarté et surtout de différence idéologique entre les camps politiques dominants.

Seule l’éducation et la culture peuvent constituer une issue possible et crédible, car elles mèneraient à la prise de conscience des citoyens. C’est également la seule voie susceptible de faire avancer l’humanité vers le progrès. Cela a été affirmé à maintes reprises et cela demeure, à notre sens, vrai.

Nonobstant, la prise de conscience collective et surtout l’action collective, tendent-elles à devenir utopiques et impossibles à atteindre, tant la sous-culture nourrie à la télé-réalité bon marché et l’abandon de l’éducation et de l’enseignement sont devenus la règle et le mode de vie. D’autant plus que le système en place vit et grandit se nourrissant de cette sous-culture. Les « élites » quant à elles, peuvent continuer à monopoliser le pouvoir, étant pratiquement les seules à être en mesure de se former dans les meilleures écoles et universités ; l’enseignement public ne jouant plus le rôle (ou très rarement) d’ascenseur social qui fut le sien il y a quelques décennies encore. Le risque de montée de l’extrémisme, de l’intolérance, du rejet de l’autre et de l’abus de pouvoir vient de cette démission collective.



1 réactions


  • lsga lsga 5 novembre 2014 13:05

    Vous oubliez qu’en ce moment, sur cette planète, il ne se passe pas 3 mois sans qu’une nouvelle insurrection éclate quelque part. 


    Il n’y a que les Européens qui retournent à leurs vieux démons nationalistes et fascistes.

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