vendredi 9 décembre 2005 - par Argoul

Ô vieillesse ennemie !

La démographie, tendance lourde des sociétés, donne peut-être le fin mot des changements à l’oeuvre en notre douce France. Elle permet de mieux cerner l’évolution cyclique des valeurs.

Photosfamilles La génération du baby-boom (1945-1965) est arrivée à la jeunesse dès 1965 et jusqu’en 1985. Ce furent des années dynamiques et optimistes dans tout le monde occidental. Les années de boom économique et de réformes morales. 1962 : Vatican II, 1963 : la marche pour les droits civiques des Noirs américains, 1968 : la libération des moeurs et le Printemps de Prague, 1969 : le premier homme sur la lune, 1971 : la création de Médecins sans Frontières, 1973 : le premier micro-ordinateur, 1974 : le droit au divorce, à l’avortement, la majorité à 18 ans en France, 1981 : la gauche au pouvoir, et la confrontation de l’utopie à la réalité.

Dmographie_franaise_projection_2050

Les prémisses du basculement mental de l’optimisme aux tendances dépressives datent de la maturation de cette jeunesse, autour des années 1985 et après. Les déclencheurs en ont sans doute été la découverte du SIDA en 1983, de la vache folle et du trou dans la couche d’ozone en 1985. Cette déprime a peut-être culminé avec les grandes grèves de 1995, mais nous n’en sommes pas sortis en France, tant le président Chirac a le don de lénifier tout tragique, de sa voix inimitable.

Les années 2000 d’après bulle technologique, hyper-terrorisme, guerre américaine en Irak et refus d’Europe, ressemblent de plus en plus aux années 1930. L’histoire ne se répète jamais, mais elle bégaie - car les êtres humains restent, au fond, les mêmes. L’après Krach de 1929 conduisit au dirigisme et à l’autoritarisme, du New Deal économico-social aux États-Unis (version soft), à l’élection du chancelier Hitler dans une Allemagne ravagée par la défaite (version hard), avec les versions « molles » du pétainisme et du franquisme. Cela s’est effectué dans un contexte de perte des repères traditionnels, les révolutions, soviétique puis chinoise, les découvertes scientifiques qui changent les mentalités (1929 : l’univers en expansion, 1931 : découverte de l’anti-matière), et la littérature qui fait écho à ces désarrois (1930 : L’homme sans qualité de Musil, 1932 : Voyage au bout de la nuit de Céline, 1933 : La condition humaine de Malraux). Famille_nombreuse

C’est en 1901 que le nombre de naissances a été le plus élevé en France métropolitaine, 920 000. Il baisse ensuite jusque dans les années trente, la saignée de la guerre de 1914 faisant de la France d’entre-deux guerres un « pays de vieux » : le recensement de 1946 montre qu’elle comptait moins d’habitants que lors du recensement de 1936 ! L’avancée en âge des générations très nombreuses du baby-boom, nées entre 1945 et 1965, rend le vieillissement pérenne. En 2030, une personne sur trois aura 60 ans ou plus, contre une sur cinq en 2000. De 20,6 % de la population totale en 2000, la catégorie passerait à 31,2 % en 2030 sous l’hypothèse de fécondité de 1,8 enfant par femme. Ce vieillissement sera inégalement réparti sur le territoire, les métropoles régionales restant plus jeunes que les « déserts » peu urbanisés. La part des habitants de 60 ans ou plus variera de 23 % en Île-de-France à 47 % dans le Cantal.

Pyramide_des_ges_compare_france_2000_203

Même si avoir 60 ans aujourd’hui, c’est être sans doute mentalement "plus jeune" que dans les années 1930, je crains qu’avec ce vieillissement dans tous les pays développés (en France moins qu’en Allemagne, mais plus qu’aux États-Unis), une propension au conservatisme de plus en plus « réactionnaire » ne se fasse jour - à droite comme à gauche - poussant lentement vers un « fascisme volontaire ». On le voit en Allemagne avec la sortie du chancelier Schöder ; on le voit aux États-Unis avec la réélection sécuritaire de George W. Busch, malgré ses mensonges d’État. C’est une période de "réaction" (terme non polémique, désignant la réponse à un stimulus, par extension la volonté politique de revenir à un état antérieur considéré comme meilleur). Elle pourrait s’amplifier, et serait imposée non par un leader particulièrement charismatique, ni par des circonstances exceptionnelles, mais, après une lente immersion dans la confusion des choses et des êtres de ces derniers vingt ans, par un sursaut réflexe (où la réflexion aurait peu de part). Jacques Attali évoque un social-nationalisme qui naît, dans L’Express du 24 mai 2005. La France y est particulièrement sensible, ayant l’amertume d’être ex-grand pays jusqu’à la fin des années de Gaulle. Elle voudrait que le monde l’écoute comme avant, mais si la Révolution de 1789 a eu un tel retentissement dans le monde, c’est aussi parce que la France, à cette date et depuis Louis XIV, était le pays le plus peuplé de l’Europe, Russie incluse ! Ce n’est pas sa population d’aujourd’hui qui lui permettra de faire flamboyer ses idées ni son « modèle »... Allori_suzanne_et_les_vieillards_1

Suzanne et les vieillards, Allori :

Paris nous offre par exemple, en ses expositions d’automne, de l’incertain ou du nostalgique. L’incertain, c’est « La Mélancolie, génie et folie » au Grand Palais, « Dada ou la subversion de l’art dans les années 20 » à Beaubourg, « Girodet, un classique subversif » au Louvre, le « Procès de Nuremberg » au Mémorial de la Shoah. Des problèmes, des doutes, des interrogations. La nostalgie d’un âge d’or, c’est « Jules Verne » au CNAM, « Boire et manger quand Paris était Lutèce » à la Crypte Notre-Dame, « La Science quand elle était arabe » à l’IMA, « L’art russe fin XIXe » à Orsay. Références obsolètes, ou sables mouvants d’une raison qui vacille, tel est l’air du temps. Autre signes des temps - très significatifs ! - les seules expositions tournées vers l’avenir viennent des pays anglo-saxons, avec « Star Wars » venue des États-Unis à la Cité des sciences, ou le « Festin des dinosaures, paléontologie animée », venue de Londres au Palais de la découverte. Qui se rend compte de ce décalage d’optimisme ?

Dmographie_europenne_2000_2050

Le retour d’autorité « désiré » par les Français soulagerait l’angoisse, aiderait à sortir du cocooning maternant d’un État mou et irresponsable, au profit d’une figure de Père qui délimite les valeurs, les siennes, pas celles du temps, qui tranche et dise ce qu’il veut. Dans ce cas, « droite » et « gauche » se recomposeraient différemment, le réflexe pavlovien des étiquettes laissant la place au ralliement qui rassure. Le charisme reprendrait ses droits sur la compétence, le olitique sur le technicien, les liens féodaux sur les liens d’intérêts. La droite suscite plus d’individus de ce type que la gauche, en général. Qu’en sera-t-il, dans les années à venir ?

Vieuxdelavieille



13 réactions


  • Christian (---.---.34.224) 9 décembre 2005 10:26

    Bravo pour cet article tout à fait passionnant, et lucide. Cependant, lorsque vous écrivez : « Même si avoir 60 ans aujourd’hui c’est être sans doute mentalement »plus jeune« que dans les années 30, je crains qu’avec ce vieillissement dans tous les pays développés (en France moins qu’en Allemagne mais plus qu’aux Etats-Unis), une propension au conservatisme de plus en plus « réactionnaire » ne se fasse jour - à droite comme à gauche - poussant lentement vers un « fascisme volontaire » cela signifie donc que vous supposez que les »jeunes" d’aujourd’hui (je pense aux 30/40 ans en particulier) vireraient radicalement à droite. Je suis moins pessimiste, et je pense que les Français ne changent pas de tendance politique forte simplement parce qu’ils vieillissent et commencent à avoir peur pour leur sécurité... Je crois aussi qu’il peut se passer quelque chose de totalement imprévu (une nouvelle révolution technologique, un progrès scientifique inespéré,...) qui peut contrebalancer les courbes prévisionnelles.


  • Nicolas Aubert (---.---.104.89) 9 décembre 2005 11:16

    Merci pour cet article très intérressant ! Moi qui n’est « que » 25 ans, j’aimerais ajouter un complement. Cette génération du baby-boom a toujours vécu sous les codes de la guerre froide. Ainsi l’Amérique, dans leur ésprit, est toujours la voie à suivre. Aujourd’hui, la nouvelle génération, celle qui a eu 20 ans en l’an 2000 relativise la vérité américaine, parce que non conditionnée par l’opposition EST/OUEST. L’amérique, si elle n’est pas notre énnemie, n’est pas non plus un modèle viable. Capitalisme et communisme sont pour nous des doctrines tout aussi dangereuses pour l’humanité si aucun contre pouvoir ne vient les réguler. Le communisme est mort de cette intransigence, l’ultra-capitalisme né de la mort de son opposant de toujours, ne pourra que connaitre la même fin ! Pour comprendre ça, je crois qu il faut avoir un certain recul vis à vis des USA, recul d’autant plus difficile à prendre quand on a vécu sous la protéction de l’oncle Sam pendant 40 ans ! Pourtant, la doctrine néo-libéral américaine est un danger pour l’humanité entière, parce qu’elle ne prend pas en compte les enjeux du 21ème siècle, notament le developpement durable. Tout simplement parce que vouloir mettre en oeuvre une politique visant à ce que chaque pays du monde connaisse une croissance de 4% par an est une absurdité ! Pourquoi ? Parce que l’ensemble ou doit se mettre en place cette croissance infinie ( la planète Terre ), n’est pas extensible et ne peut croitre de 4% chaque année. Un jour, proche, nous serons trop « gros » pour notre propre planète, mais les USA qui ne cherchent rien d’autre que de devenir toujours plus gros s’en moquent ! Les baby boomers élevés au sein de l’amérique aussi, au mépris des génération futures ( à commencer par leurs propres enfants ! )


  • argoul (---.---.18.97) 9 décembre 2005 11:48

    Je suis ébahi par la qualité des deux commentaires qui viennent d’être faits. Le premier est optimiste, les trentenaires ne vireraient pas « à droite », entendu dans le sens du conservatisme. Mais je crois cependant que c’est justement « la droite » en France qui se met en mouvement, plus la gauche. Je le regrette, c’est ainsi. Une « néo-droite » (qui se met en place aussi en Italie, Espagne, Allemagne, Etats-Unis évidemment, Anglettre et c’est plus nouveau) va probablement toucher la France. Donc le triomphe possible d’un conservatisme renouvelé. Le second commentaire, sur le recul des générations nouvelles envers les Etats-Unis après la fin de la guerre froide, est très juste ! Les USA sont moins le rêve de « la liberté » de moeurs, d’entreprise, de niveau de vie) et deviennent plutôt une certaine impasse de la croissance à l’occidentale depuis deux siècles. C’est vrai. Mais attention de ne pas assimilier « capitalisme » à « communisme », comme deux idéologies. Ces deux voies de la guerre froide étaient TOUTES deux en faveur de la « maîtrise et possession de la nature », de la croissance prédatrice, de l’industrialisation dévoreuse de matières, etc. Mais si le communisme est bien une idéologie (vision du monde, de l’histoire et de l’homme), le capitalisme n’en est PAS une. Le capitalisme est un OUTIL d’efficacité de l’économie. Laissé à lui-même par les « ultra » libéraux (idéologie des pétroliers texans), il s’impose à la société en marchandisant tout, mais ce n’est qu’une conséquence de la démission des hommes Politiques, pas une « vision scientifique » ni une vision humaniste ou transcendante du destin humain. Ce pourquoi « le capitalisme-outil » s’accorde parfaitement avec les religions établies (voir M. Bush) et même avec le communisme dogmatique chinois ! Parce qu’il est un outil, pas une vision du monde. En revanche, le « libéralisme » en est une. Issu de Montaigne et des intellectuels du 18ème, ayant abouti à la Révolution française comme américaine, le libéralisme comme vision humaniste s’est arrêté en Europe avec la montée de la « vision scientifique » marxiste qui a dévalorisé tout ce qui est humanisme comme politiquement naïf. Seuls les Radicaux ont résisté un moment, avant de se fondre dans un socialisme intello dont on voit la noyade en France aujourd’hui. Si le libéralisme s’est politiquement repris ailleurs en Europe sous la forme de social-démocratie (allemande, suisse) , de travaillisme (anglais, suédois) ou de néo-conservatisme (italien, espagnol), il reste le Diable pour les Français trop exclusivement nourris aux mamelles « scientifiques » du matérialisme dialectique qui sévit encore de Strauss Khan à Laguillier... Je vous renvoie à mon article sur Agoravox « Le capitalisme n’est pas un modèle de société » http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=4014 et « Chine, un capitalisme communiste » http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=4222 ou encore « Expliquer les logiques du capitalisme » http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=3754


  • (---.---.162.15) 9 décembre 2005 14:10

    Décidemment, je ne suis pas d’accord avec vous, Argoul... Je vois dans vos propos une suite de lieux communs projetant des situations passées dans un futur qui reposera sur d’autres bases...

    D’abord vous mélangez la générations des années 50/67 avec celle des années 68/81 (quand elles ont eu 20 ans). Je crois qu’elles sont profondément différentes, l’une a été marquée par le culte du progrès, l’autre par celui de la remise en question de ce progrès, notamment la montée de l’écologie. Cette génération là est bien plus moderne que vous ne le croyez, plus moderne même que celle des années 82/95 quand on a oublié les crises pétrolières (celle-là, vous avez raison, a donné lieu à une « droite renouvellée »)...

    Contrairement à vous, je pense que les générations âgées peuvent être une grande chance pour notre pays, à condition de ne pas vouloir les marginaliser, à condition de vouloir les faire participer, de les prendre en considération.

    Un discours comme le votre va dans le mauvais sens et il serait dommage qu’il se généralise. Nous ne sommes plus à une époque où la croissance doit être un moteur, au contraire il nous faut apprendre à moins consommer et cela remet en cause les vieux schémas sur lesquels vous vous appuyez.

    Am.


  • argoul (---.---.18.97) 9 décembre 2005 14:50

    « je pense que les générations âgées peuvent être une grande chance pour notre pays, à condition de ne pas vouloir les marginaliser, à condition de vouloir les faire participer, de les prendre en considération. » - vous savez, moi je ne demande qu’à vous croire car je suis dans l’une de ces gérétaions que vous citez. Mais entre la croyance et le constat, il n’y a pas photo. S’il faut toujours espérer, n’oublions pas « qu’à terme nous serons tous morts »(Keynes). J’aimerais donc bien que ceux qui ont en charge ce pays s’y mettent - tout simplement - avant que je sois trop vieux... A ce que je vois chaque jour, ça n’en prend pas le chemin. Quant à faire participer une « certaine » génération âgée, le chef lui-même (JC) devrait donner l’exemple, ne croyez-vous pas ? M. Blair, auprès de lui, malgré tous les défauts qu’on lui reconnaît (surtout après 10 ans de règne comme l’autre), apparait « incomparablement » plus jeune ie. plus dynamique, rempli de projets, cherchant à convaincre, allant parfois contre son opinion... Même chez les Conservateurs, ça rajeunit en Angleterre. Non, ce pays n’est pas « mon modèle », je vous vois venir. Mais je trouve qu’on s’endort, en France et qu’on aime ça - ou est-ce la vision d’un « inconfortable précaire » ? Vision que ne saurait partager les 41% de la population au travail qui ne l’est pas ? La critique est aisée mais quelles sont vos idées sur ce sujet ?


  • hugo (---.---.141.126) 9 décembre 2005 16:04

    Votre texte comporte une erreur statistique : le baby boom ne s’est pas terminé en 1965, mais en 1973/1974.

    Par ailleurs, étant donné l’âge moyen de la population française (autour de 40 ans), on peut déduire que la majorité des Français de 2005 n’a pas connu les « trente glorieuses », ou les a vécu seulement pendant une petite partie de l’enfance. On n’aura donc pas besoin d’attendre une génération pour se rendre compte des changements de mentalité en France. Ces changements sont à l’œuvre silencieusement.

    Je vous prends un exemple concret : le mien ! Je suis né en 1965. Je suis donc entré dans l’âge adulte vers 1985, dans une société française qui n’avait plus rien à voir avec celle qu’avaient connu mes parents dans leur jeunesse :

    - fin du plein emploi
    - allongement des études
    - ouverture des frontières
    - effondrement des empires
    - fin des mythes politiques
    - disparition de la religion
    - fin du modèle familial traditionnel
    - divorce
    - sida
    - ...

    A quelques années d’intervalle, des gens arrivés à l’âge adulte en 1975 ou en 1985 ont appris la vie dans des mondes différents. Dans des sociétés différentes. Des générations qui n’ont pas le même rapport au monde en 2005. Je crois donc qu’il y a une fracture générationnelle gigantesque en France. Elle concerne les gens nés avant 1955 et ceux nés après 1955 (pas 1965 !).

    Or, les gens nés après 1955 constituent déjà les 2/3 de la population française. On est donc déjà dans le renouvellement des mentalités, même si cela ne transparaît pas encore dans les sphères de pouvoir (politique, affaires, médias, culture, syndicats...).

    Les personnes actuellement « en place » sont en effet toutes nées avant 1955. Elles sont de plus en plus décalées par rapport au pays réel. C’est une spécificité bien française. Ces gens cultivent artificiellement le petit monde de leur jeunesse. Mais la société va basculer d’un coup, en quelques années, peut-être en quelques mois. Il suffit d’attendre.


    • argoul (---.---.18.97) 13 décembre 2005 10:40

      Certains (l’Insee) prolongent ce baby « boom » jusqu’en 1974. A mon avis, il ne faut pas confondre les chiffres « bruts » et les tendances. Un « boom » est un engouement psychologique, une envie sociale de faire des bébés. Cela s’est arrêté en 1968 en France, il suffit de regarder la pyramide des âges dans l’article. Le rebond n’a été que feu de paille, baroud d’honneur (dû aux conséquences de mai-juin 68 alors que l’avortement restait interdit ?). La société a basculé, de patriarcale traditionnelle, elle est devenue « libérée », le féminisme et les gays se sont imposés, cassant les vieux schémas ; l’avortement est devenu légal, puis remboursé, ce qui a écrété les naissances au profit du « confort », diminué le nombre des engagements par mariage et éloigné l’âge d’avoir le premier bébé. Entre-temps, le premier choc pétrolier de fin 1973 a précipité une crise économique, la fin des Trente glorieuses cassant l’optimisme social ambiant. Mais ces quelques années ne sont qu’une querelle d’experts, le petit bout de la lorgnette. les tendances, elles, restent bien là. Car en 2030, une personne sur trois aura 60 ans ou plus, contre une sur cinq en 2000. De 20,6 % de la population totale en 2000, la catégorie passerait à 31,2 % en 2030. D’autre part, dire que les changements de mentalité accompagnent les changements de génération est un truisme. vous me pardonnerez, mais c’est ce qui s’est TOUJOURS produit dans l’histoire humaine. Ce que j’analyse, ce n’est pas ce phénomène biologique mais la particularité française de bloquer le processus naturel. Nulle part ailleurs qu’en URSS un pays développé ne conserve autant au pouvoir ses Géronte (tiens ! un terme qui vient de Molière, époque de l’Etat-c’est-moi du Monarque triomphant !...) Si le conservatisme envahit lentement tout les pays développés (et à mon avis pour raison démographiques de vieillissement des populations), c’est quand même en France que cela prend des proportions inédites - d’où ma crainte d’un néo-pétainisme dans ce pays particulier qui est le nôtre. Comme dans les années 30 où une France vieillie a laissé faire en se réfugiant dans le conservatisme le plus exacerbé, se laissant piétiner par le voisin, ne s’occupant que de ses petites affaires de délation et de marché noir. Il n’y a pas eu beaucoup de Jean Moulin. S’il faut attendre l’usure biologique des dirigeants, nous ne sommes plus en « démocratie » mais en gérontocratie à la Brejnev ! Est-ce que cela ne commence pas à expliquer une partie des problèmes français d’aujourd’hui ?


  • (---.---.162.15) 9 décembre 2005 16:05

    Mes idées sur le sujet ? D’abord il faudrait cerner le sujet, ensuite pas plus que vous (à vous lire, du moins) je n’ai d’idées bien précises. J’ai seulement expliqué en quoi je pense que vos constats sont faussés, ce qui fait que vos conclusions ne m’apparaissent pas crédibles.

    Je ne crois pas en particulier que l’on s’endorme. Le rejet de la Constitution européenne est pour moi un exemple intéressant de ce que la future génération de vieux peut faire, refuser d’enfermer l’avenir dans un carcan anti-démocratique. Refuser de se laisser endormir.

    Vous appliquez le modèle des vieux d’aujourd’hui et d’hier à ceux de demain. Je crois que la fracture de génération intervenue dans les années 68/73 amènera une nouvelle vieillesse et elle se dessine déjà, Je me souviens qu’il y a 20 ans la population âgée était très réactionnaire, elle l’est encore mais dans des proportions plus faibles, elle a beaucoup évolué...

    Cela ne veut surtout pas dire que je veux que les vieux travaillent (au sens rémunéré) plus longtemps, au contraire ! Je pense qu’ils doivent savoir s’effacer et laisser le travail aux jeunes. Pour moi le recul de l’âge de la retraite n’a de sens que si le chômage est contenu dans des proportions raisonnables.

    Mes « idées sur le sujet » ne peuvent donc être que contrastées, elles se positionnent en soutien à la population active et aussi en alerte pour aider à aller vers de meilleures directions.

    Am.


  • Philippe Schutt (---.---.93.175) 9 décembre 2005 22:52

    pour moi aussi, plutôt qu’un problème d’âge, je crois que nous arrivons à la fin d’un type de société. En particulier une société de consommation effrénée et de transport bon marché. Désormais il faudra intégrer l’utilité négative de la pollution et de la raréfaction des resources. l’intégration de ces couts à la source baissera considérablement le cout du travail par rapport aux autres facteurs de production, ce qui introduira une pause dans la mondialisation (transport cher) et réduira le chomage (réparer plutôt que jeter). Actuellement, nos politiques courrent toujours après des croissances illusoires calculées sur des chiffres erronés. anecdotiquement, si 50% des gens polluaient et 50% nettoyaient, le PIB additionnerait les valeurs au lieu de soustraire la première. Je suis convaincu que l’écologie est une des solutions les plus efficaces pour resoudre nos problèmes, au contraire de la course à la natalité.


    • argoul (---.---.18.97) 13 décembre 2005 10:43

      Qui a parlé de « course à la natalité » ? Où ai-je écris ça ? Mon propos est d’analyser les conséquences mentales, donc politiques, d’un vieillissement inscrit déjà dans les générations à venir. Pour le reste, je laisse aux malthusiens et autres le soin de défendre leurs propos.


  • le serpenseur (---.---.212.81) 18 décembre 2005 19:00

    Les démographes estiment que le nombre de naissances par femme diminue sur la planète,y compris en Afrique et en Inde.Alors il faut s’attendre à un viellissement mondial accéléré car les jeunes femmes du 21ème siècle ne désire plus élever une ribambelle de mômes.L’ère de l’enfant unique ,comme en chine,se développe très rapidement .La socièté devra s’adapter à cette nouvelle donne surtout si l’on vit de plus en plus vieux grâce aux progrès médicaux et aux découvertes scientifiques pour supprimer les maladies de la vieillesse.L’être humain peut vivre beaucoup plus que 100 ans en moyenne .La conquête spatiale oblige les états et les populations à mutualiser leurs moyens,leurs connaissances pour cette nouvelle aventure humaine qui donne des applications techniques et médicales dans la vie de tous les jours des citoyens du monde .Le règne du capitalisme ne peut accompagner cette logique imparable .Il est donc condamner par l’histoire.L’autre socièté est déjà à l’oeuvre pour se mettre en place et le remplacer par une socièté sans classes et sans castes.L’autogestion,utopie des années 60,est devenu une réalité du futur proche.Car les gouvernements ne contrôlent plus rien si ce n’est la répression par la soldatesque ;cette répression d’ailleurs est le plus souvent un échec(ex:Irak,Tchètchènie,Al quaida,côte d’ivoire,colombie etc ...Les vieux qui gouvernent sont dépassés par les évènements qui se succèdent parce qu’ils se meuvent dans des systèmes politiques conçus après la 2ème guerre mondiale au cours de la guerre froide .Les vieux qui ont mis en place ces systèmes disparaissent progressivement et les nouvelles générations seront sans nulle doute obligés de changer tout ça le plus rapidement pôssible .Donc restons jeunes et révolutionnaires pour une autogestion moderne et efficace avec le gouvernement des choses avec des êtres humains attentifs à chacun et à tous .


    • argoul (---.---.18.97) 20 décembre 2005 11:41

      Si je comprends bien le dernier commentateur, 1/« la conquête spatiale oblige les états et les populations à mutualiser leurs moyens,leurs connaissances pour cette nouvelle aventure humaine qui donne des applications techniques et médicales dans la vie de tous les jours des citoyens du monde » 2/ Le règne du capitalisme ne peut accompagner cette logique imparable .Il est donc condamner par l’histoire. 3/ L’autre socièté est déjà à l’oeuvre pour se mettre en place et le remplacer par une socièté sans classes et sans castes. Cela fait à mon sens une utopie et deux affirmations de croyant. Que le mouvement des connaissances aboutisse à une progressive mondialisation, c’est ce que l’humanité vit dans l’histoire depuis l’âge des cavernes ; les connaissances ont apporté les empires dont le dernier sera (il faut l’espérer) un gouvernement mondial. Il apparaît cependant peu probable que notre génération, pas plus que la suivante, voit un tel gouvernement tant chaque politicien est accroché à son petit pouvoir et tant chaque micro-peuple est attaché à ses petites habitudes (langues régionales, souveraineté nationale, pas d’Europe, pas de négociation multilatérales style OMC, pas de... les commentaires en sont remplis !) Donc le 1/ reste une utopie. Le 2/ montre que vous ne savez que vaguement ce qu’est « le capitalisme », vous semblez le traduire par « égoïsme de nantis », point à la ligne. Or, ce qn’est qu’une conséquence possible de l’OUTIL économique qu’est « la recherche maximum de l’efficacité du capital investi » - qui est la définition économique de ce système que l’on appelle justement « capitalisme ». La conquête spatiale (la NASA le prouve) nécessité, en raison de ses coûts faramineux, une utilisation la plus rationnelle et la plus efficace possible de l’argent qui y est mis (dont je rappelle quand même qu’il est celui des citoyens américains). Quand feue l’URSS a tenté de suivre la course, elle a fait faillite. Et ce n’est qu’avec la prospérité économique que la Chine et l’Inde se mettent dans la course aux innovations (et au spatial^pour le prestige et avec quelques arrières pensées militaires...). Donc « le capitalisme » n’est pas condamné, loin de là : on n’a jamais trouvé un système économique aussi efficace. Votre 3/ est une affirmation pure et simple. Quelle « bible » avez-vous lue pour être ainsi certain du futur paradis terrestre à venir ? Sinon, par quel raisonnement avez-vous abouti à cette conclusion péremptoire ? Moi-même et nos lecteurs seraient heureux de lire un développement qui nous permette de comprendre et de vous suivre, parce qu’asséné comme ça, votre phrase est celle d’un croyant qui a eu la révélation, pas une conclusion logique que nous sommes capable de reconstituer. Pourriez-vous développer ?


  • (---.---.168.236) 20 décembre 2005 18:04

    Mon affirmation n’est pas dogmatique,ni péremptoire,elle est tout simplement scientifique.La conquête spatiale oblige à l’unité du monde et les pouvoirs en place ne pourront pas empêcher les nouvelles générations de vivre autrement que leurs pères.Toutes les découvertes sont mis au pot commun et bénéficieront à tout le monde comme Internet .Le Capitalisme,même s’il a joué un rôle important dans le développement économique au 19ème et 20ème siècle,ne peut plus aujourd’hui répondre aux aspirations du plus grand nombre des citoyens du monde.Pour moi l’autogestion se met en place progressivement grâce à l’économie solidaire avec comme objectif le développement social et culturel .Les PDG actuels seront sans nulle doute remplacés par des collectifs de salariés ou de citoyens à l’image de ce que réalisent les organisations non gouvernementales .L’argent n’est qu’un outil parmi d’autres pour bien irriguer les circuits des besoins sociaux et marchands.Les vieux ont du mal à imaginer d’autres systèmes dans lesquels ils n’ont pas vécu .Alors les Utopies que je développe ont une réalité que les petits et grands pouvoirs ne pourront pas endiguer:FMI,Banque Mondiale,OMC,ONU,Gouvernements de toutes sortes sont incapables de contrôler et diriger 6,5 milliards d’individus,même avec une soldatesque américaine très équipée( la science des armes a ses limites,on le voit en Irak).Je suis optimiste car la bonté,la générosité,le partage ,l’amitié et l’amour sont des qualités qui font parti de l’héritage commun de toute l’humanité malgré ses cultures diverses,ses territoires,ses langues.« Ô rage et désespoir,ô vieillesse ennemie »,c’est le cri d’un vieux devant la jeunesse qui n’écoute plus ses conseils soi-disant sages .La nouvelle socièté accouche toujours de l’ancienne.


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