jeudi 17 septembre 2009 - par Stéphane GUINOT

Pourquoi la semaine de quatre jours n’est-elle pas souhaitable à l’école ?

Depuis la rentrée 2008, toute les écoles élémentaires et maternelles de France ont adopté la semaine de quatre jours, mesure à laquelle l’opinion publique est très favorable. En 2002, l’Inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN) publiait pourtant un rapport très critique vis à vis de ce type d’organisation (http://media.education.gouv.fr/file/05/3/6053.pdf). En 2009, un nouveau rapport de l’IGEN est sorti. Selon les deux inspecteurs auteurs du rapport, Philippe Claus et Odile Roze « les conséquences du resserrement du temps scolaire se font sentir sur la fatigue des élèves et des enseignants ». Reprenons point par point, les éléments qui nous permettent d’affirmer que la semaine de quatre jours est inadaptée et néfaste pour les apprentissages des élèves à l’école primaire.

 Moins d’heures passées en classe...

Avec la semaine de quatre jours (24 heures d’enseignement par semaine au lieu de 26) les élèves perdent sur toute leur scolarité primaire près de 650 heures (2 heure x 36 semaines x 9 années = 648 heures), ce qui correspond à 25 semaines d’école en moins (l’équivalent de 70 % d’une année scolaire !!!). Les élèves de l’école primaire passent 140 jours par an à l’école en France alors que la moyenne européenne est de 185 jours.

... + des programmes de plus en plus chargés

Malgré cette diminution du temps scolaire, les programmes n’ont pas été allégés. Bien au contraire, ils ont été alourdis. L’histoire de l’art a fait son apparition dans les programmes 2008 et les notions difficiles sont à « acquérir » de plus en plus tôt.

= des journées plus denses, des élèves fatigués et des programmes « survolés »

De ces observations qui relèvent du bon sens, il en ressort que les journées de classe sont de plus en plus denses. Ceci n’est pas sans incidence sur la fatigue des élèves qui ont de plus en plus de mal à rester attentif, à se concentrer et à assimiler les notions vues en classe. Dans les autres pays européens, les temps scolaire est réparti sur plus de jours, ce qui permet d’alléger la journée de classe. Les élèves sont alors plus disponibles pour les apprentissages.

De plus, pour « boucler » les programmes, les enseignants sont obligés de faire un tri et de « survoler » certains points du programme ou même certaines matières. Je pense notamment aux matières artistiques, à l’histoire et à la géographie, qui permettent, lorsqu ’elles peuvent être enseignées dans de bonnes conditions, de développer la créativité ainsi qu’un esprit d’analyse critique.

Une réforme qui accroît les inégalités

« Lors d’évaluations en lecture, là où on observait un élève en difficulté l’année dernière, on en observe dix aujourd’hui. », commente un enseignant en poste dans une banlieue « sensible » de l’agglomération dijonnaise. « Maintenant, les élèves ne lisent plus, le mercredi, le samedi et le dimanche. C’est surtout vrai, pour les élèves des zones sensibles qui ont un contexte socio-économique et socio-culturel particulier. », poursuit-il. En effet, dans les milieux aisés, les enfants ont souvent la possibilité de participer à des activités culturelles et sportives lorsqu’ils ne sont pas en classe. Dans les milieux défavorisés, les enfants n’ont pas cette chance. Ils apprennent alors la passivité, devant leur écran de télé vision, en ingurgitant des programmes abrutissants qui les calment le week-end et les excitent pour le reste de la semaine.

Plus d’informations sur mon blog : http://ecole-education.over-blog.com
 

Stéphane Guinot



8 réactions


  • blitz 17 septembre 2009 12:57

    Si la semaine des 4 jours pose des problèmes, c’est parce qu’on n’a pas remis en cause la durée des vacances d’été, beaucoup trop longue !! A qui cela poserait-il problème de les raccourcir ? je vous laisse chercher...


    • stéphane GUINOT 17 septembre 2009 18:44

      Tout à fait d’accord. Pour réorganiser le temps scolaire sur la semaine et sur la journée, il est indspensable de le repenser sur l’année !!! en s’imprégnant des recommandations faites par François Testu. Par contre, votre sous-entendu laisse penser qu’un raccourcissement des vacances d’été poserait problème aux enseignants. Peut-être que c’est le cas pour certains. Personnellement, je pense que les enseignants gagneraient à avoir des journées de classe plus courtes, même si cela implique un raccoucissement des vacances d’été. Une réorganisation sur l’année poserait surtout problème au lobby du tourisme.

      http://ecole-education.over-blog.com

      Stéphane Guinot


    • blitz 18 septembre 2009 09:50

      En fait, mon sous-entendu visait bien entendu en première ligne les enseignants (et je doute sincèrement qu’ils seraient pour un racourcissement de leurs vacances estivales) mais aussi les professionnels du tourisme (eh oui, le « crime » leur profite aussi largement).


  • Marc Bruxman 17 septembre 2009 18:52

    Nawak depuis quand les journées sont denses à l’école ? Faut arrêter, on s’enmerde comme des rats morts la bas comme l’a si bien dit un des ministres. Si les élèves n’apprennent pas vite c’est qu’en majorité ils se font chier.

    Les enfants Français ne sont pas plus bête que les enfants Chinois et pourtant la bas l’école a conservée un certain niveau.


  • stéphane GUINOT 17 septembre 2009 19:13

    Mais bien sûr...


  • stéphane GUINOT 17 septembre 2009 20:01

    Ce que vous n’avez pas compris, c’est que je ne parle pas au nom d’un syndicat. Je parle en mon nom propre. Le SNUipp-FSU n’a pas réussi à empêcher cette réforme car deux autres syndicats ont signé le relevé de conclusions concernant le réinvestissement des heures libérées par la suppression du samedi matin (que le SNUIpp-FSU a refusé de signer).

    Je ne suis pas certain que les collègues soient d’accord pour remettre en cause la semaine de quatre jours. Mais je n’écris pas cet article au nom de mes collègues ou d’un syndicat, mais en mon nom propre.

    Il s’agit bel et bien d’un problème syndical puisque ce problème touche aux conditions de travail des enseignants. De plus, certains syndicats se mobilisent « pour une école qui fait grandir », pour une école qui forme des citoyens capables de réfléchir, pour une école qui ne laisse pas sur le carreau la moitié des élèves (l’école que le gouvernement actuel tente de créer).

    Stéphane Guinot

    http://ecole-education.over-blog.com


    • stéphane GUINOT 18 septembre 2009 10:37

      Toutes mes excuses, le lien au site du SNUipp existe bien. Je l’avais inséré lorsque j’avais publié un communiqué du syndicat. Mais je n’arrive pas à le supprimer (car effectivement, il n’a rien à faire là). Merci de bien vouloir m’aider.


  • stéphane GUINOT 18 septembre 2009 10:22

    Le lien que j’ai mis ne renvoie pas au site internet d’un syndicat mais à mon blog personnel sur lequel j’écris en mon nom propre !!! Il peut m’arriver de donner sur mon blog des info émanant des syndicats. Dans ce cas, je le précise.

    Stéphane.


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