mardi 7 février 2012 - par Michel Tarrier

Radicalement vôtre, ou l’écologie « bien profonde »…

Parlons de l’écologisme radical, absolu, dit deep ecology pour faire encore plus peur, ou écologie profonde pour faire plouf ! On y retrouve les biocentristes, dits aussi écocentristes, tous animalistes et antispécistes. Les affinités sont grandes avec les végétariens et les véganistes, ainsi qu’avec certains décroissants et les dénatalistes. Les combattants antinucléaires, antivivisection, antichasse, antifourrure, anticorrida, antigavage, les dissipés de ALF (Animal Liberation Front) et de ELF (Environmental Life Force) militent plus ou moins de concert. Même s’il n’y en a pas une et un sur mille, les écoféministes ne sont jamais loin. Pour ma part, j’assimile cette grande famille insurrectionnelle à celle de l’écologisme urgentiste.

Arne Naess, Aldo Leopold et John Baird Callicot furent les principaux penseurs et initiateurs de la deep ecology. Le mouvement a toujours été particulièrement actif aux États-Unis et en Allemagne. L’idéologie s’appuie sur le fait que la disparition de la vie sauvage entraînera celle de la vie humaine, que la Nature doit donc être défendue pour elle-même, et pas seulement sur un concept anthropocentriste. L’animal fou (l’humain) ayant installé un rapport de force, une loi de la jungle au détriment des autres espèces, du milieu et des ressources, il doit donc être contré dans son entreprise destructrice. En vertu de ce qu’on sait de l’évidence des interdépendances mais aussi de la position amorphe de l’humanité à l’égard de ce problème qui contribue pourtant à son autodestruction, l’écologie radicale semble être dans le droit chemin. Certaines de ses actions, initialement réactives et subversives, finissent par être entendues et sont souvent reprises par l’écologie molle. Une organisation comme Greenpeace, ou mieux la Sea Shepherd Conservation Society de l’écopirate Paul Watson (transfuge de Greenpeace), fonctionnent plus ou moins dans cet esprit et sur un mode guerrier. Certains voient dans ce type d’écologisme révolutionnaire, comme dans l’attitude radicale des antinucléaires, des antivivisectionnistes ou des anticorridas, une simple et pure opposition à l’Occident, un fondamentalisme écolo illustré de méthodes fortes, voire un antihumanisme au grand écart (reprise d’idées romantiques d’une pureté perdue et/ou totalitarisme vert de l’extrême gauche). C’est une lisibilité inversée des intentions déclarées de l’écologie virulente.

Ce qu’il advient, c’est que des initiatives étiquetées écoterroristes (il ne faut pas grand-chose pour être terroriste dans l’empire frileux du politiquement correct…) perturbent la vie pantouflarde, la catalepsie généralisée, la consommation tranquille de la cité endormie. Le citoyen moyen préfère qu’on lui joue du pipeau autiste et du violon tautologique, se laissant confortablement bercer par les sempiternels effets d’annonces et recettes de bonne maman des écologistes timorés parce qu’électoralistes. L’illusoire plait parce qu’il ne réveille pas et, généralement, nous souffrons tous d’un somnambulisme écologique qui fait le bonheur des agresseurs de la biosphère. Nous n’avons d’ouïe que pour les spéculations vides et les promesses fallacieuses. Il faut lire Ecology, community and lifestyle (traduit en anglais en 1989) du philosophe Arne Naess. Ce n’est évidemment pas la tasse de thé de nos gentils écolos français, ni de nos scientifiques réductionnistes, et c’est encore moins du goût de notre classe politique, frappée d’un incurable analphabétisme écologique. Par leur recours à la vérité vraie, et non pas à la sacro-sainte vérité rêvée par ceux qui habitent l’anthropie et que l’anthropie habite, biocentrisme, écocentrisme, altermondialisme et autres tendances radicales n’ont pas l’heur de plaire aux citoyens pépères. La décroissance économique et celle démographique (le dénatalisme) sont tout aussi des idéologies déroutantes pour le commun des mortels. L’apologie du végétalisme est une contrainte qui va à contre-culture chez les anthropocentristes, tous abonnés au régime zoophage quasi quotidien. L’éloge de la lenteur ou de l’autarcie va à contre-courant avec les canons arrivistes.

Aborder, juste avant la pénurie, le thème d’une légitime dictature verte, d’une société coercitive, plus contraignante et n’obéissant qu’aux lois d’une Nature qui a toujours raison, va contre le désir démocratique de la transgression. Surfer sur ces philosophies, c’est donc jouer les esprits chagrin, les pisse-vinaigre et ne pas faire recette. Si nous sommes dans les temps, ce qui est moins que probable, la sauvegarde de notre planète passe pourtant par une remise en cause profonde du système et une révolution intellectuelle des habitants privilégiés des pays nantis. Le plus urgent n’est rien d’autre que le renoncement au productivisme et, par conséquent, la réduction drastique des sphères d’influence laissées au capitalisme. Après la dictature du prolétariat puis celle du capitalisme, une dictature verte pourrait poindre le bout de son nez, si possible avant que l’écoterrorisme ne vienne remettre la pendule Terre à l’heure de notre futur. Un jour viendra peut-être où nous reconnaîtrons que la société est aussi une réalité naturelle et où nous inscrirons la sociobiologie dans les livres d’apprentissage du petit singe humain. Notre vision du monde est illusoire, c’est pourquoi nous cherchons à diaboliser l’écologisme radical avec force préjugés. L’écologie profonde dérange l’inertie et le ronron de ceux qui confondent la protection de Gaïa avec le département jardinage de chez Leroy-Merlin. Si vous croyez que l’on va arrêter le massacre perpétré par les baleiniers ou l’appropriation des semenciers en les caressant dans le sens du poil ! Il est de toute première nécessité que l’écologisme soit urgentiste !

Un écologisme néo-probabiliste serait la tendance qui, compte tenu du bilan objectif, prédit non pas la fin du monde mais les risques d’une vie invivable, voire de l’effondrement de notre civilisation par délitement des ressources. Notre humanité irresponsable laisserait derrière elle une planète en état de désolation. C’est à ce titre que les écologistes radicaux sont, outre des activistes de terrain, mais aussi organisateurs de manifestations, des lanceurs d’alerte, des signataires de pétitions. Avec l’âme écoconsciente et idéaliste, avec le désir de ne rien lâcher et de dénoncer sans se lasser, l’écologiste radical fait intrinsèquement partie du mouvement des Indignés.



26 réactions


    • Politeia 7 février 2012 12:26

      « la pédagogie, le sens de la mesure et l’ouverture aux autres seront toujours plus efficace que n’importe quel extrémisme.... »

      Pour que cela fonctionne il faut que les deux interlocuteurs soient en phase. Que les deux soient ouverts et soient prêts à apprendre de l’autre. Bizarrement, quand vous évoquez des sujets comme l’écologie vous avez plus de chance de tomber sur un mur que sur une porte ouverte.

      Et puis, honnêtement, je ne pense pas que se soit un problème de compréhension. Plus un problème d’acceptation, pas facile d’accepter de renoncer à une part de ces richesses pour le bien de notre monde.


    • Aldous Aldous 7 février 2012 12:40

      pas facile d’accepter de renoncer à une part de ces richesses

      Belle imposture que de faire croire aux gens qui vivent avec un salaire et payent un loyer qu’ils sont riches.

      Riche de quoi ? De dette souveraine et privée ?

      De billets papier sans équivalence or ?

      D’illusions ?

      Les riches ne sont pas « nous ».


    • Politeia 7 février 2012 15:45

      Aldous, vous vivez en occident ? Si oui alors désolé de vous l’apprendre mais même un smicard est un riche et vie au dessus de ce que notre planète peux supporter. Mais la vérité va vite vous rattrapez, sauf découverte technologique majeur et/ou génocide planétaire, dans 50 ans max le smicard devra faire avec 2 ou 3 fois moins qu’aujourd’hui.

      Soit on accepte et on s’y prépare. Soit ça va être un sacré coup de latte dans la gueule d’un bon paquet de monde.


    • Aldous Aldous 7 février 2012 17:48

      Même un smicard est un riche et vie au dessus de ce que notre planète peux supporter.

      Calcul inexact car vous comparez les revenus sans tenir compte du coût de la vie.

      La question n’est pas de savoir si le salaire du pauvre français est 10 ou 20 fois supérieur à celui du pauvre népalais. Ça c’est l’approche comptable..

      Un pauvre qui n’a pas de quoi se payer un toit en France est aussi mouillé par la pluie qu’un pauvre qui n’a pas de quoi se payer un toit au Népal et si tous les deux achètent un kilo de riz, ils ne le payeront pas le même prix. Pourtant il a le même impact environnemental et rassasie de façon similaires ici et la bas.

      Jusqu’à preuve du contraire les monnaies sont des choses artificielles à la valeur arbitraire, il est dont illogique de comparer le salaire de deux habitants de la terre.


    • Old Dan 8 février 2012 05:20

      M. Terrier
      Je ne suis pas loin de vous approuver :
      Dans l’hémisphère sud (où j’habite depuis 40 ans) on en est plus au stade de la « prise de conscience ». On ne s’interroge plus sur le changt climatique, la désertification ou d’hypothétiques lubies philosophiques. On est dedans depuis 12 ans (Incendies, cyclones, remontées salines, niveau de la mer,...)

      L’urbanisation, la mondialisation et la consommation sauvage (récente = Chine) ont très vite aggravé des problèmes, autrefois mineurs ou passagers...
      Et de gré ou de force, il a fallut s’y mettre !

      Les propos que vous tenez aujourd’hui, je les entendais déjà ici il y a 25 ans... Et maintenant, on y est : Il n’y a plus de droite ou de gauche, les sociétés changent très vite et les modes de vie aussi. C’est beaucoup la débrouille, l’entr’aide ou l’émigration forcée. En 10 ans, c’est un changement de Culture comme vous ne pouvez pas encore l’imaginer en Europe, bla bla...

      Quand je vais en France, je repense toujours à la grenouille d’Al Gore dans l’eau tiède...


    • Politeia 9 février 2012 12:05

      A Aldous,

      Qu’elle démonstration ! Le népalais à une voiture ? C’est quoi son logement ? Béton et métal comme chez nous ? Son alimentation est aussi diversifiée que la notre ? Il a une retraite ? Il a une sécu ? Il a une justice ? Un système éducatif ?

      Je peux vous assurer qu’un Français, si il n’y avait pas d’énergie fossile, il lui faudrait quelques dizaines d’esclaves qui bossent 24/24 7/7 pour maintenir son niveau de vie.


    • foufouille foufouille 9 février 2012 12:13

      elle est ou ta cantine a 20c, comme en chine ?


  • bernard29 bernard29 7 février 2012 12:16

    «  l’écologiste radical fait intrinsèquement partie du mouvement des Indignés. »

    tout ça pour ça ??


  • Aldous Aldous 7 février 2012 12:33

    Article un peu trop boursouflé de paraboles, d’adverbes incongrus et d’amalgames pour qu’on puisse suivre le fil de la réflexion de l’auteur... s’il existe.

    Ce règlement de compte entre factions ecolo a me fait penser aux activistes maoïstes radicaux de 68 qui jetaient l’anathème sur ceux qu’ils qualifiaient de sociaux-traitres lors de procès en doctrinologie maxiste-lénifiante.

    Certains ont fini Commissaires Européens, sans doute pour services rendus.

    Pour en venir au propos lui même, il part du principe que citoyen est un crétin lobotomisé pour qui les principes de décroissance économique et la dénatalité seraient des idéologies déroutantes.

    D’abord ce ne sont pas des idéologies.

    Ensuite, le citoyens les pratique déjà de façon active au niveau individuel du moins en Europe où le taux de fécondité des population autochtone est partout inférieur au seuil de renouvellement et où les revenus par habitant ont sans cesse baissé depuis 1970.

    Ce sont les politiques qui n’ont que le mot « croissance » à la bouche et qui nous ont vendu depuis des années une politique nataliste et migratoire pour offrir des bras à l’industrie et des profits à deux chiffres à la finance.

    Vous ne faites donc que culpabiliser les gens qui n’ont aucune prise sur les choix de société que vous critiquez.

    Si vous voulez la décroissance il faut interdire le productivisme kleenex, interdire l’obsolescence programmée, limiter les effets de mode et la publicité, généraliser la garanti décennale par le constructeur aux produits manufacturés, généraliser les emballages à consigne et même la consigne sur tout les biens pour obliger les constructeurs à déconstruire.

    Taper sur le consommateur ne l’empêchera pas d’acheter des bouteilles plastiques si le produit dont il a besoin est dans une bouteille plastique.

    Bref quand on se trompe si bien d’ennemi c’est sans doute signe que l’ennemi n’est pas celui qu’on dit.


  • Michel Tarrier Michel Tarrier 7 février 2012 12:59

    À tous les complaisants qui s’inscriront en faux contre cet article, qui s’élèveront contre l’écologie radicale, me traiteront encore et encore de tous les noms les plus offensants et suggéreront, en réponse à la logique de mort du capitalisme, une écologie courtisane et molle du ventre, je leur souhaite d’être un jour mazouté ou de devenir « légume » sous l’effet des biocides.


  • Michel Tarrier Michel Tarrier 7 février 2012 14:47

    Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire avait assimilé le Grenelle officiel à une négociation avec les pollueurs : « Est-ce qu’on demande aux pompiers de négocier avec les pyromanes pour leur demander d’allumer un peu moins de feu l’été prochain ? ».


  • Michel Tarrier Michel Tarrier 7 février 2012 14:50

    « Une bombe écologique à retardement est en route. »

    Stephen Byers


  • joletaxi 7 février 2012 15:01

    mmmmm encore un poulet du tarrer

    curieusement, le froid sans doute, il a fait court, sans que cela soit pour autant moins indigeste.

    Un jour, il va marcher sur l’eau, j’attends avec impatience la vidéo


  • Absolute 7 février 2012 15:31

    C’est bien beau de s’auto proclamer écologiste radical. Vous avez parcouru plus d’un million de kilomètres... A dos d’âne j’espère.


  • foufouille foufouille 7 février 2012 16:50

    faudrait deja montre le bon exemple


  • COVADONGA722 COVADONGA722 7 février 2012 16:57

    yep , aprés tout ce monsieur a le droit de trouver la présence de l’espece humaine sur terre
    superfétatoire et prédatrice , reste que son discour est définitivement disqualifié outre que ce monsieur n’a pas visité la planete ad pedibus il n’a pas manqué non plus de participer
    au « grouillement » humain en se reproduisant et in fine appelant à l’eradication de l’espece humaine j’attend toujours qu’il donne l’exemple !!!!! mais peut etre « surement »dans son esprit ceux en trop ce sont les autres !
    Asinus : ne varietur


  • Michel Tarrier Michel Tarrier 7 février 2012 17:56

    Pitoyable humanité anthropocentriste qui croit que la Nature a besoin de l’homme alors que c’est tout l’inverse. Votre humanisme aveugle aura votre peau avant que la planète ne soit exsangue. Pour qui vous prenez-vous, enflures ? Quand on fait gentil-gentil et qu’on surfe sans braquer et sur les bons sentiments, avec sapiens en éphigie, le vote est favorable (mon papier Les orphelins de Gaïa fut plussé un max, idem pour Les fossoyeurs de la planète à la une depuis hier). Mais quand la colère gronde durement et radicalement, comme ce jour, à propos des autres espèces (que nous), c’est l’anathème. Les gens détestent au plus haut point la Nature. Il est donc dans la nature humaine de détruire la nature. Ça me débecte grave.


  • foufouille foufouille 7 février 2012 18:24

    sur que quand il prend l’avion, il pollue pas


  • joletaxi 7 février 2012 19:09

    bref, il n’aime pas ses semblables,oups, il est très au dessus de la masse des crétins qui peuplent ce bas monde.

    le prophète a parlé, la foule le couvre de baisers....il est vraiment cintré grave


    • foufouille foufouille 7 février 2012 22:08

      il se prend pour dieu
      son avion ne pollue pas


    • Aldous Aldous 8 février 2012 10:31

      En psychiatrie on appelle ça un pervert narcissique.

      En philosophie du nihilisme.
      En religion de l’eschatologie.

      Mais Tarrier prétend avoir un engagement politique.

      Quand ça devient un discours politique on appelle ça le fascisme. Eco fascisme certes, mais fascisme tout de même.

  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 7 février 2012 22:58

    Le service public d’ Électricité, et dans une moindre mesure ses concurrents, souffrent de deux défauts majeurs :

    1) Une facturation le plus souvent basée sur des estimations exagérées, notamment juste après un déménagements, et l’exigence du règlement d’avance à la fois de l’abonnement et de cette estimation de consommation.

    2) Une facturation qui supporte plus de 40 % de taxes diverses.

    Tout ceci grève lourdement le budget des ménages les plus modestes, et explique pour une part la baisse de la consommation des ménages.

    Le choix est laissé aux consommateurs entre une facturation tous les deux mois avec l’obligation de supporter les surestimations entre les deux rélèves par an, et un prélèvement mensuel qui lui aussi surestime la consommation annuelle.

    Le paiement d’avance de l’abonnement et des consommations est particulièrement dur à supporter de la part des petits retraités qui eux perçoivent leur retraite en retard, les retraites du mois N étant versées le 10 du mois N + 1.

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