lundi 24 novembre 2014 - par Laurent Herblay

Régions : non au charcutage néolibéral du territoire !

Il y a quelques jours, le parlement a voté la réorganisation de la carte des régions, qui passeront de 22 à 13. Même si je pense qu’elles devraient s’effacer devant les départements, ce redécoupage, qui ressemble à une réorganisation d’entreprise, démontre à nouveau la faillite du pouvoir en place.

Réorganisation néolibérale
 
Tout, dans ce charcutage de nos territoires, ressemble au pire de notre époque. D’abord, ce raisonnement effarant qui consiste à vouloir faire des économies, totalement négligeables par rapport au montant total de la dépense publique, au mépris de l’organisation du pays, qui ne pèse pas lourd face aux injonctions de baisse des déficits ! Mais bien évidemment, cette réorganisation est d’une cohérence limitée, qui révèle le poids des lobbys. Comment justifier le maintien de la Corse, non intégrée dans la région PACA, ou même de la Bretagne, alors que le Languedoc-Roussillon et la Lorraine sont fondus dans le Midi-Pyrénées ou un ensemble avec l’Alsace et la Champagne-Ardennes.
 
Le territoire national est victime d’une réorganisation qui ressemble furieusement aux réorganisations des multinationales, qui effacent les Etats-nations historiques pour créer des organisations trans-nationales. Encore plus stupéfiant, on parle désormais d’une possibilité pour les départements de quitter les régions auxquelles ils sont affectés  : la volonté du moment prime sur les cadres qui permettent d’organiser la vie collective, qui ressemble de plus en plus à une jungle où il y a tous les jours moins de cadre qu’il faudrait respecter, si ce n’est la loi du marché et de l’argent.
 
Hollande fait ce que Sarkozy n’avait pas osé faire

Encore une fois, François Hollande, qui avait annoncé cette réforme en janvier, fait ce que Nicolas Sarkozy avait hésité à faire et n’avait pas osé, dans un brouillage complet des lignes politiques, qui, sur certains sujets, ne semblent plus avoir aucun sens. Depuis quelques mois, le Parti Socialiste s’est lancé dans une effarante course à droite que pas grand chose ne semble arrêter, comme on le voit avec les nombreux projets portés par Emmanuel Macron. Ceci démontre une nouvelle fois qu’il n’y a plus la moindre boussole idéologique, ni même la moindre réflexion au sein de la majorité.

Malheureusement, cette réforme surfe sur un air du temps néolibéral qui ne favorise pas l’émergence d’une opposition forte à ces projets délirants. Il y a donc fort à parier que la carte de notre beau pays souffrira de ce charcutage dans les prochains mois.



22 réactions


  • Diogène diogène 24 novembre 2014 15:52

    C’est pas fait !


    Les Alsaciens sont excités et ça pourrait bien devenir contagieux !

    A part ça, avec ou sans le redécoupage, le processus de destruction des services publics (transports en premier) au nom de la proximité a commencé depuis belle lurette. Ce n’est pas le développement des régions qui est l’objectif, mais l’affaiblissement de l’état au profit du privé.

    • Mmarvinbear Mmarvinbear 24 novembre 2014 17:57

      Chaque manifestation de contestation ne réunit que quelques centaines d’excités. Inutile de vous faire des illusions.


    • Wirsher 14 décembre 2014 20:00

      Ce nombre augmente, chiffré par la police comme par les organisateurs.
      Par contre on cherche très largement à les faire passer pour des gens d’extreme droite, contre toute réalité.


  • amiaplacidus amiaplacidus 24 novembre 2014 16:46

    Je trouve merveilleux, la décentralisation décrétée d’en haut, par des énarques déconnectés de toute réalité.

    Et après, on s’étonne que la France aille mal. Ce n’est absolument pas une question de couleur politique (près tout, PS et UMP sont deux partis de droite), mais bien plutôt une question de mentalité : seuls les « experts » du centre sont capables de dire ce qui est le bien des masses.

    Une décentralisation, ne se décrète pas, elle doit être le fait de la base locale. Regardes les pays qui dans le monde tirent le mieux leur épingle du jeu : tous pratiquent une décentralisation effective.

    Par exemple, les länder allemand ont des compétences législatives, un parlement, un gouvernement, etc. Bien loin du semblant de décentralisation uniquement administrative française.

    Et ne parlons pas des cantons suisses, chaque canton a sa propre constitution !


    • titi titi 24 novembre 2014 17:39

      « Par exemple, les länder allemand ont des compétences législatives, un parlement, un gouvernement, etc. Bien loin du semblant de décentralisation uniquement administrative française. »

      Les landers allemands sont basés sur les principautés et les électorats du Saint Empire Romain.
      Les cantons suisses sont eux aussi une résurgence du Moyen Age (sans aucun sens péjoratif : je me vois mal critiquer un système qui fonctionne)

      En gros : ce sont les provinces de l’ancien régime.
      Qui ont pu perdurer justement parce que le système en place était fédéral et qu’il n’y pas eu de « révolution » mettant tout à bas.

      En France nous sortons de 200 ans de jacobinisme. Regardez les routes, les trains : tout converge vers Paris.

      La régionalisation elle est a réinventer. Et certainement pas sur les bases des provinces de l’ancien régime.


  • titi titi 24 novembre 2014 17:01

    Faut arrêter le délire avec le découpage des régions.

    On parle d’un découpage administratif : les alsaciennes ne vont pas d’un seul coup ne plus pouvoir porter leur coiffe... la choucroute ne sera pas coupée avec de l’andouillette de Troyes.

    Il existe déjà des « régions culturelles » qui ne correspondent à aucune région administrative. Si on prend le Berry, qui a son folklore bien à lui, et noyé dans la région Centre et à cheval sur deux départements. Et pourtant on y danse toujours la « danse à Bartomio »

    La Datar a quant à elle fait un découpage encore plus expéditif basé sur les bassins de vie... la vraie vie !!! Celle de 2014 pas celle de l’ancien régime, ni celle de Robespierre.

    Maintenant j’attends avec impatience la fin des 36 000 communes.


    • Fergus Fergus 24 novembre 2014 18:56

      Bonsoir, Titi

      Entièrement d’accord avec vous. J’ai eu déjà plusieurs fois l’occasion d’écrire que le découpage initial du territoire en régions administratives avait donné lieu, lui aussi, à des critiques avant d’être totalement entériné par les Français en quelques années seulement. Et que dire de la création des départements sous Napoléon ? Là aussi, des critiques avaient fusé, et elles nous feraient aujourd’hui bien sourire.


    • Fergus Fergus 24 novembre 2014 18:59

      Ah ! J’avais oublié : je suis moi aussi pour la suppression d’environ 25000 communes, ce qui pourrait se faire en obligeant à fusionner avec leurs voisines celles qui comptent moins de 1000 habitants. Peut-être alors cesserait-on d’être la risée de l’Europe pour notre mitage territorial en communes parfois si petites qu’il est quasiment impossible d’y former un conseil municipal, oui alors en inscrivant des grabataires !


  • Spartacus Lequidam Spartacus 24 novembre 2014 17:29
    Mais non le découpage n’est pas libéral, il est SOCIALISTE.

    Du bien bon interventionnisme Keynésien socialiste. Comme les idéos souverainistes.


    Mais ou vont ils chercher du libéralisme là dedans ? Un peu cons les souverainistes.
     

    • armand 24 novembre 2014 18:24

      je ne sais pas si le traité de lisboan est socialiste, mais ton maitre l’a imposé et dedans ya aussi cela


    • Fergus Fergus 24 novembre 2014 19:01

      Bonsoir, Spartacus.

      Ni libéral, en effet (où l’auteur est-il allé chercher cela ?), ni socialiste, mais maladroitement pragmatique.


  • raymond 24 novembre 2014 19:12

    faudrait arrêter avec cela , je suis d’accord, ce découpage date de l’époque napoleon, on est dans un monde 2.0


  • soi même 24 novembre 2014 20:25

    je vois que l’île de France est épargné par se redécoupage, serrait ’il exclue des détectives Européennes ?

    Quand à pensé que l’on a les moyens de s’opposa et bien non, car cela fait long temps que c"était dans les cartons et personnes où en tout cas peut de personnes nous ons avertie. Et si aujourd’hui celas produit, c’est que aujourd’hui on découvre l’ampleur de la corruption politique en France et franchement ils hésiterons pas matés les foules si y a des mécontents !

    Regardez la mafit contre le mariage pour tous et comment ils ont été impressionner par cette manifestation , cela n’a rien changer sur le fond, donc ce n’est visiblement pas avec des mafits que cela va être réglé, il faut prévoir autre chose !


    • titi titi 24 novembre 2014 22:33

      En fait dans le découpage de la Datar paru dans l’Express, l’Ile de France recouvre pratiquement tout le bassin parisien et est donc beaucoup plus étendue que l’actuelle.

      Ce qui n’est pas déconnant, dans la mesure où Orléans, Amiens, Le Creusot, font désormais partie de la banlieue.


  • eric 24 novembre 2014 22:10

    De toute façon, notre futur président, Sarkozy, s’est engagé à revenir sur cette stupidité socialiste. Donc, on peut dors et déjà dire que cette réforme est nulle et non avenue. Sinon d’accord avec Spartakus, pour voir du libéralisme la dedans, il faut être assez inculte pour confondre tous ce qui à droite de bezancenot avec une idéologie libérale....


  • dithercarmar dithercarmar 25 novembre 2014 04:20

    Le français est une race mutagène que passe de veau à mouton bêlant. Pour mieux le tondre.


  • ETTORE ETTORE 25 novembre 2014 09:15

    et voilà la bataille qui commence pour les capitales administratives !


    économies vous avez dit ?
    J’y cois, moi, aux doublons en tout genre
    les politiques sont comme les virus ils mutent rapidement pour adapter leur portefeuille.

    • Plus robert que Redford 25 novembre 2014 11:32

      Je confirme !

      Ex conseiller municipal, j’ai vu ma commune intégrée aux forceps dans une intercommunalité que l’on nous avait « vendue » au démarrage comme une vraie entité efficace par ses économies d’échelle...

      Résultat : un millefeuille administratif obèse avec une entité supplémentaire censée chapeauter les conseils municipaux des 9 communes réunies, avec à la clé :

       Un personnel supplémentaire dédié

       Un bâtiment ad hoc pour héberger tout ce joli monde

       Des réunions à n’en plus finir où sont repris tous les problèmes déjà évoqués dans les conseils municipaux locaux...

      Où est l’économie ??? 


    • Antenor Antenor 25 novembre 2014 12:13

      C’est sûr qu’avec 9 communes, vous risquez d’attendre longtemps pour les économies d’échelle. Votre communauté de communes fait-elle elle-même partie d’un pays ?


    • robert 25 novembre 2014 12:20

      exactement Robert, ici en Belgique c’est la cata avec cela, les communes sont immenses et bien sûr seul le centre vit et bénéficie des rayons du soleil et du miel, en en plus ici en Belgique cela pouvait sembler logique puisque toutes les villes/communes se touchent ou presque , en France il y a déja des cocom mais cela donne que pour obtenir un papier il faut disposer d’un véhicule et vous vous adressez à une personne qui ne vous connait pas.


  • Robert GIL Robert GIL 25 novembre 2014 10:46

    Cette atomisation du pays va renforcer le communautarisme que beaucoup de bien pensants hypocrites critiquent et diviser la population comme cela s’est produit en Yougoslavie et se voit de plus en plus en Belgique-Espagne-Grande-Bretagne . La crise du capitalisme à l’œuvre renforce le régionalisme par le délitement de L’Etat central de plus en plus incapable de remplir ses missions d’égalité de tous les citoyens . Cela est voulu par les élites du capital pour détruire au plus vite la Sécurité Sociale avec ses 600 milliards de budget . La crise au nom de l’endettement accélère ces processus de plus en plus vite car le profit n’attend pas , le marché capitaliste est un ogre insatiable surtout quand il est malade comme aujourd’hui .
    .
    voir :
    LES RÉGIONS-ÉTATS VONT SUCCÉDER A LA FRANCE


    • Antenor Antenor 25 novembre 2014 12:18

      Pour le moment les régions sont surtout de grosses coquille vides. Tôt ou tard, on va de toute façon assister à un clash entre régions et métropoles pour l’attribution des compétences départementales.


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