La France big brother ou la domestication des individus !
Laurent Obertone est de retour avec son nouvel opus "La France big brother" aux éditions Ring. Autant prévenir tout de suite le (futur) lecteur : n'attendez aucune révélation fracassante dans cet ouvrage ! Il n'est nullement question de théorie du complot, de judéo-sionisme, de maçonnerie ou de quelconques reptiliens qui tireraient les ficelles depuis la nuit des temps.
Il s'agit en fait, et c'est en cela que le livre est intéressant, d'une véritable réflexion sur la société, les médias et, plus généralement sur la démocratie et sur l' Homme avec un grand 'H'. Il serait bien sûr fortement exagéré de prétendre qu'Obertone est un génie de la littérature mais son style est percutant et vise souvent en plein dans le mille. Sa vision teintée de darwinisme est contestable (voire par moment choquante) mais elle doit faire partie du débat
1 - L’avènement de "Monsieur Moyen"
Monsien Moyen, c’est moi, c’est vous, c’est nous tous. C’est à dire cet homme moderne englué dans son matérialisme et ses petits tracas de la vie quotidienne, incapable de s’extraire de la masse. Bref, un candidat idéal à la domestication. Le livre commence ainsi, au-travers d’une lettre que Big Brother, cette entité mystérieuse, adresse directement à Monsieur Moyen :
"Qui je suis ? Celui qui te parle, tout le temps, tous les jours. Tu ne subis et n’entends que Moi. Je suis tes médias, tes écrans, tes publicitaires, tes politiciens, tes références, ta mode et ton identité, ton travail et ton savoir, tes loisirs et tes jeux, tes désirs et tes peurs. Tu crois penser, tu crois décider, tu crois choisir ? Rien de ce que tu fais ne t’appartient. Et tu n’appartiens qu’à Moi. Je conditionne tout. Je contrôle tout. Je t’ai tout appris. C’est Moi qui t’ai dressé. Je suis ton maître. Je suis Big Brother. Je vais t’expliquer ce qui va advenir de toi et des tiens. Je vais te dire toute la vérité et nous allons faire éclater ton cerveau... Te rends-tu compte, je l’espère, que tes fiers ancêtres jouaient leur vie tous les jours ? As-tu une idée de ce qu’ils penseraient de toi, s’ils te voyaient, avec tes cafés, tes clopes, ton clavier, ton acharnement stérile, ton événementiel, tes petites tâches idiotes, ta vie sans risque, sans enjeu, sans conséquence ? Et de la lâcheté que je t’ai enseignée, que penseraient-ils, dis-moi ? Te rends-tu compte que dans ta lignée, des hommes ont tué pour que toi, misérable cloporte raseur de murs, aies le droit de vivre ?. Crois-tu que tu es quelqu’un parce que tu vas hurler au stade ? Parce que tu joues au soldat virtuel ? Pour toi, liker, c’est militer ? Voilà bien toute la virilité que je daigne t’accorder, mon pauvre petit Monsieur Moyen. As-tu vu ce que j’ai fait de toi ?... Toi et tes freres humains présentez toutes les caractéristiques de la domestication."
2- L’objectif de la société moderne : en finir avec la Nature
Dès le début de l’ouvrage, Obertone, via "Big Brother", énonce ce qui lui paraît être la cause racine de cette dépendance à l’égard de cette société : la perte de toute forme "d’instinct Naturel" :
"L’instinct est écrit dans un programme génétique qu’on nomme ADN. Pour simplifier, ce programme, c’est le mode d’emploi de chaque être vivant. Il compte des dizaines de milliers de paragraphes, que nous appelons les gènes. L’ADN fait des copies de lui-même en permanence. Et comme dans toutes les copies, il arrive qu’une erreur se produise. On appelle ça une mutation...Pour l’animal domestique, la mutation peut être favorable ou défavorable : ça ne changera rien à l’avenir de ses descendants, puisque l’instinct maternel ne leur sert plus à rien (l’éleveur s’occupe de tout). Et comme les animaux domestiques n’ont pas de prédateur, leurs mutations défavorables ne seront pas éliminées. Leur espèce va les accumuler, et perdre au fil des générations son instinct maternel, et tous les autres. Le mode d’emploi va devenir illisible et les individus en seront complètement dégluingués... Comme les autres animaux domestiques, comme les rats de laboratoire, l’homme a interrompu le développement de ses organes locomoteurs. En 30000 ans, il a subi un accroissement de ses tissus mous et une importante atrophie morphologique, musculaire, osseuse et cérébrale. Tu crois que François Hollande aurait eu une chance, face à un tigre à dents de sabre du paléolithique supérieur ? Cro-Magnon, dont tu es le résidu, a survécu aux impitoyables glaciations. Crois-moi, à son époque, la sélection naturelle et l’instinct maternel, ça voulait dire quelque chose...Ta société a annihilé la sélection naturelle. Elle a domestiqué l’Homme. Elle a détraqué ses instincts. tu me suis ? C’est ça la genèse de ta domestication. Vous êtes tous des dégénérés."
A partir de cette perte de l’instinct naturel jugé indispensable à la survie, "Monsieur Moyen" devient ainsi la proie parfaite de Big Brother :
"Tu es parfait. Il te va comme un gant ce monde décrit par Henri Miller, ce monde fait pour des monomaniaques obsédés par l’idée de progrès, mais d’un faux progrès qui pue, ce monde encombré d’objets inutiles qu’on t’a appris à considérer comme utiles, pour mieux t’exploiter et te dégrader. Ton "pouvoir d’achat" révèle ta médiocrité domestique. Ceux que l’INSEE appelle des ’pauvres’ ont des droits, des revenus, un toit, un chauffage, la nourriture, la médecine, des loisirs, des véhicules, des téléphones, une télévision, un ordinateur. On leur interdit de travailler trop et on paye leur chômage...Tu es un porc qui s’habille en Prada. John Stuart Mill pensait que peu d’êtres humains accepteraient d’être réduits au statut de vil animal contre la promesse d’une vie entière vouée au plaisir bestial. Il disait, pour sa part, préférer sa condition d’être humain insatisfait à celle de porc comblé. Il se sentirait bien seul aujourd’hui. L’idéal du porc, consommer et se vautrer sans penser, est devenu ton rêve, Monsieur Moyen... C’est pour ça que tu votes socialiste. Parce que tu as renoncé à l’insatisfaction motrice, pour sombrer dans l’inerte abondance. Je n’avais plus qu’à surenchérir, c’était presque trop facile. Oui Monsieur Moyen, je te donnerai tout, je ne m’intéresserai qu’à toi, tu auras tes réjouissances, ma protection, moins de responsabilités, de quoi tout acheter. Je pronerai l’égalité pour satisfaire ton envie... Mon enfant, tu es l’être de l’inconséquence. Ce que tu veux n’est pas bon pour toi. Par exemple, tu ne supportes pas l’idée de souffrance. Tu as donc mandaté d’autres enfants, tes élus et tes gouvernants pour qu’ils suppriment tout échec, toute contrainte, toute guerre, toute douleur... La souffrance n’est pourtant pas une anomalie. Elle t’est utile. Elle est un guide, une garantie d’évoluer. Le loup est programmé pour vivre dans la nature, pour s’en nourrir, pour éprouver du plaisir à la contempler, mais aussi pour en essuyer la douleur et la cruauté et c’est à ce prix seul qu’il sauvera sa peau."
3- "Je suis l’expression de la volonté générale"
Après avoir consacré les chapîtres aux médias, aux politiciens, au féminisme et, en un mot, à tous les agents de Big Brother, la question qui se pose est donc de savoir : qui est Big Brother ?
" Tu es en train de te le demander à l’instant. Tu penses le savoir ? Suis-je seulement le Parti ? Suis-je un club ? Une poignée de génies ? Suis-je un homme ? Suis-je un dessein intelligent ? Existe-t-il un plan ?Alors qui ? ...Toi, le Français, l’Européen, tu n’as que des ennemis. Ces Musulmans, Américains, Juifs, Chinois et Russes font ce que toi et les tiens devriez faire ; ils défendent leurs intérêts et n’ont pas la niaiserie de croire que tout le monde s’aime.Le meilleur moyen de porter préjudice à une nation est d’y financer des agents de subversion. Les banlieues, les instruments de nuisance culturelle, médias, associations antiracistes et communautaristes... Ingérence, propagande multiculturaliste, accélération du déclin par la promotion de l’égalitarisme, le tout au nom des intérêts américains, c’est à dire de la perpétuation d’une soumission marchande et culturelle des pays satellites...Ne cherche pas, tu ne trouveras pas de protocole, d’organisation, de charte, de pacte avec les forces du mal, de manuel de destruction des nations blanches pour les nuls. Pas d’Illuminati, juste des illuminés. Tous ces gens ne font que suivre leurs intérêts contingents. La finance, la politique ? Elles sont des conséquences. Marchands et politiciens s’adaptent à tes compulsions, à tes angoisses, trouvent des moyens de les duper et de les taxer. tu les enrichis et les reconduits. Tous gagnent, en te gavant ou en me servant. Il existe un désir de complot. Une volonté que ce chaos soit entièrement pensé et organisé par une intelligence diabolique. Tu aimes tellement la sécurité des solutions définitives, il est très frustrant de ne pas avoir d’ennemi identifiable. Je ne suis pas assez démagogue pour faire comme tout le monde et t’en inventer un. Tu doutes à présent de mon existence, pas vrai ? ’La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’exite pas’, écrivait Baudelaire. J’existe bel et bien. Alors qui suis-je ?
’Je suis l’expression de la volonté générale’. Je suis le produit de ton âme. Si Big Brother est un monstre, tu es ce monstre. Oh je ne suis pas virtuel, non. Je ne suis pas une fable ; ni une allégorie, ni une parabole. Je suis tout ce que tu as désiré. Le problème, c’est toi et toi seul. Il est dur de l’admettre : ’Quand la vérité met le poignard à la gorge, il faut baiser sa main blanche, quoique tachée de notre sang’. tu devrais suivre ce conseil d’Aubigné. Vas-tu enfin te regarder en face ? Si le parti devait récompenser le vrai et au bout du compte le seul coupable, sans qui rien n’aurait été possible, ce serait à toi, Monsieur Moyen, qu’il remettrait sa plus belle médaille...
Sais-tu quel est le dernier message à te transmettre : ’Cesse d’être foule et sois un homme’ "
Tags : Livres - Littérature Société Démocratie Médias
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