mercredi 19 octobre 2011 - par Taverne

Vivre chez soi quand on est vieux et dépendant

Vivre chez soi ne va pas de soi... 90% des nonagénaires et la moitié des 6000 centenaires français vivent toujours à leur domicile mais ils encourent des risques importants de chute, faute d’adaptation de leur logement. Plus de 6 000 personnes âgées décèdent chaque année des suites d’une chute à leur domicile. Selon le groupe Ciliopée qui est à l’origine du plan « vivre chez soi » dessiné en 2010, il est pourtant possible d’effectuer les adaptations les plus courantes pour un coût d’environ 3200 euros.

Benoît Apparu, ministre du logement, évalue lui à 30% les plus de 65 ans qui habitent dans des logements non adaptés à leur situation de vie. Face au défi du vieillissement et de la perte d'autonomie, la politique de maintien à domicile se déploie mais certaines mesures ne sont pas de bon aloi. Ainsi en est-il des déductions fiscales pour les aides à domicile dont ne profitent pas les personnes âgées non imposables dépendantes d'aides extérieures.

Services à domicile : pour les gens aisés, pas pour les gens âgés

Si depuis 1991, les ménages peuvent déduire de leurs impôts la moitié des dépenses consacrées aux services à domicile, cette mesure laissait à l'écart les personnes âgées non imposables. Les 10 % de ménages les plus aisés profiteront alors à plein de cette aubaine. Alors, à partir de 2008, la mesure a été transformée en crédit d'impôt afin de l'étendre aux foyers qui ne paient l'impôt sur le revenu. En effet, la moitié des sommes dépensées sera reversée aux ménages employeurs, qu’ils s’acquittent de l’impôt sur le revenu ou non. Seulement voilà, l'INSEE fait observer que "cet avantage ne concerne que les ménages actifs, c’est-à-dire dont le ou les membres adultes sont en emploi, ou demandeurs d’emploi depuis au moins trois mois. Les retraités ne pourront pas bénéficier de cette mesure d'extension alors même qu’ils représentent près de 80 % des ménages utilisateurs non imposables." (rapport pdf sur le site de l'Insee, page 158) Pour en bénéficier, il faut que tous les adultes du foyer soient actifs ! Cette aberration est contreproductive et nuit à la politique de maintien à domicile des personnes âgées.

La réforme du maintien à domicile suspendue

Les choses paraissent suspendues. Pourtant, en 2010, Nora Berra, alors secrétaire d'État chargée des Aînés, avait présenté les 18 propositions des six groupes de travail de la mission "Vivre chez soi". Ce programme visait l'amélioration du cadre de vie des personnes âgées et comportait 8 mesures, faciliter l'accès aux technologies et aux services facilitant le maintien à domicile, en encourageant le développement d'une offre adaptée, modernisation des services à la personne. Tout semble bloqué en attendant l'annonce par le chef de l'Etat du démarrage de la réforme sur la dépendance. Annonce qui ne viendra sans doute pas avant l'élection présidentielle de 2012.

En attendant, Roselyne Bachelot a plus ou moins calmé les départements et associations en lâchant 50 millions pour l'aide à domicile pour 2012. Ce qui est d'ores et déjà jugé insuffisant.

La question de l’habitat dans les débats sur la dépendance

Les débats sur cette question avaient pourtant bien commencé. Et puis, l'Etat a laissé tomber la réforme de la dépendance. Reportée aux calendes grecques... Tant pis pour les familles ! Tant pis pour les asociations du secteur dont certaines sont en grandes difficultés voire en liquidation judiciaire (comme dans le Finistère) !

Quelles étaient les pistes dessinées ? Les groupes de réflexion sur la dépendance prônaient « l'obligation pour les communes et les intercommunalités de prendre en compte le vieillissement dans les documents locaux d'urbanisme » et le nécessaire développement d'habitats adaptés ou adaptables à la perte d'autonomie. Ainsi que l’accès à «  une large gamme de modes de vie à domicile  », par le développement de « formules intermédiaires  » entre tout-domicile et établissement. Les députés et les experts en étaient au stade du brouillon et s'opposaient sur les solutions mais un consensus était trouvé sur les viagers HLM, qui auraient permis aux organismes d’acquérir des logements (dont une partie proche des centres-villes) et de les récupérer au décès des occupants, après que ceux-ci auront bénéficié de leur vivant de travaux de réaménagement financés par les bailleurs publics, ainsi que d’un complément de revenu liée à la vente en viager. La proposition est soumise au gouvernement par Muriel Boulmier en juin 2010. Depuis, rien.

Tout cela n'a plus cours. Aujourd'hui, la seule obsession de l'UMP est de rassurer les marchés, d'éviter la perte du "triple A" et le krach bancaire. Les vieux attendront.

Dernière minute  : Le CAS (centre d'analyse stratégique) vient de publier, ce 18 octobre, un rapport : "L'adaptation du parc de logements au vieillissement et à la dépendance".



10 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 19 octobre 2011 09:36

    Les propos d’Alain Minc se demandant s’il est nécessaire que la collectivité
    s’offre le luxe de soigner les plus vieux alors que ça coûte cher sont propres au
    « sarkozysme » et à ses représentants. Les débats, même les plus odieux, pour
    favoriser l’enrichissement à outrance de certains sont lancé sur la place
    publique : « La collectivité nationale doit-elle payer les soins à de vieilles
    personnes qui ne travaillent plus, ne produisent plus, et dont l’espérance de vie
    est réduite ? ». LIre :
    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/05/les-vieux-coutent-trop-chers/


    • Taverne Taverne 23 octobre 2011 11:13

      En disant cela, Alain Minc devait songer à son propre cas où il pourrait être à son tour relié à un goutte-à goutte dérisoire et coûteux. Il devrait exister des mandats d’euthanasie future comme il existe des mandats de protection future pour les personnes qui prévoient à l’avance leur tutelle sachant qu’elles perdront la tête et ne pourront plus gérer leurs affaires. Ce sont elles alors qui choisissent à l’avance leur tuteur. De même le mandat d’euthanasie future désignerait le collège de médecins appelé à décider et les cas de figure justifiant pour son propre cas la mort assistée (afin qu’un contrôle a priori puisse s’exercer).


  • foufouille foufouille 19 octobre 2011 11:57

    3200 ca fait cher et peu realiste ou de plain pied
    tu oublies par contre les admr qui permettent une aide menagere pas cher mais peu qualifie


    • Taverne Taverne 19 octobre 2011 12:27

    • Taverne Taverne 23 octobre 2011 11:18

      3200 euros, cela peut paraître cher mais il faut comprendre que ce type de dépenses est déjà chiffré dans le coût de la future réforme de la dépendance. Par ailleurs, les frais d’hospitalisation et de rééducation pour des vieux montent très vite du fait que leurs os mettent un temps long à se ressouder. Enfin, la prévention est aussi une amélioration des conditions de vie, peut éviter l’hébergement en maison de retraite...


  • Taverne Taverne 19 octobre 2011 15:30

    Flash actu.

    En mission parlementaire sur la réforme des aides à domicile, la députée des
    Ardennes, Bérengère Poletti, a interrogé Roselyne Bachelot sur la mise en place d’un futur fonds doté de 50 millions d’euros pour soutenir les services d’aide à domicile.

    Réponse de la Ministre :

    « Madame la députée, avec Marie-Anne Montchamp, nous avons parfaitement diagnostiqué la volonté forte de nos concitoyens de rester chez eux le plus longtemps possible, même quand ils sont en grande perte d’autonomie. Pour cela, vous avez raison, il nous faut des services d’aide à domicile particulièrement performants.

    Certains services traversent de réelles difficultés. C’est la raison pour laquelle je vous ai confié une mission à la fois de diagnostic et de proposition, et je vous remercie pour la qualité du travail que vous avez fourni.

    Le diagnostic, c’est, d’une part, l’insuffisante tarification de certains conseils généraux pour rémunérer ces services à domicile et, d’autre part, la charge trop importante des frais de gestion de certains services. Nous allons donc nous attaquer à ces deux difficultés majeures.

    Dans le cadre du projet de loi de finances, je vais proposer, par amendement, la création d’un fonds d’urgence de 50 millions d’euros. Il ne s’agit pas d’un recyclage d’argent déjà destiné au PLFSS mais véritablement d’argent frais pour ce secteur, et je remercie le Premier ministre d’avoir rendu cet arbitrage. L’argent sera délégué très rapidement aux agences régionales de santé, et nous travaillerons avec les conseils généraux pour accompagner les services dans leurs restructurations.

    Nous travaillons également avec le président de l’Assemblée des départements de France, Claudy Lebreton, pour établir un cahier des charges en vue de lancer un certain nombre d’expérimentations dans les départements qui l’acceptent et mener une véritable réforme de la tarification. Je compte, madame la députée, sur les propositions que vous allez nous faire et dont je vous remercie. » (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).


  • roblin 19 octobre 2011 15:55

    Moi, je sais que ces « aides » ne sont que des conneries, les institutions étatiques n’en font que le minimum pour prétendre qu’elles se soucient des personnes handicapées, mais je connais un handicapé moteur (partie droite paralysé suite lésions cérébrale) qui vit depuis son accident dans un appartement dans la maison de mes grands parents dans laquelle je vit maintenant, et bien il demandait une douche à la place d’une baignoire, cela couterait quelques milliers d’euros, mais en plus ils disait qu’apparemment on devait payer une partie des travaux et qu’on devait s’engager à y louer un handicapé même si la personne handicapé mourrait, on devait relouer à un handicapé, donc non seulement on devrait payer de notre poche pour que l’état puisse ensuite se vanter d’adapter les logements aux handicapés mais en plus transformer le logement en centre pour handicapés, avec tous les problèmes que ça pose (tous les jours visite de l’infirmière, aide à domicile, plus les personnes venant l’aider, pour une maison individuelle, ça fait beaucoup de traffic et de tranquilité perdue), de plus comme c’est une impasse la route est à un seul sens et les nouveaux voisins n’ont rien trouvé de mieux que de se garer en face ce qui pose souvent des difficultés pour entrer, les véhicules de secours ont un accès difficile voir impossible, et tout ça avec le soutient du maire et des gendarmes qui disent que si je continue de me plaindre qu’ils bouchent notre entrée en se garant sur la route (ils ont chacuns 3 voiture, dont deux camionnettes et deux vans, deux voisins sont en face de chez nous) alors qu’en plus un handicapé moteur y vit (ce qui pose problème aux aides à domiciles et infirmières comme cela a déjà été rapporté), ils vont porter plainte contre nous pour diffamation, voilà ce que c’est que la commune d’hérimoncourt (doubs, 25310).

    Alors les beaux discours des aides pour les handicapés...


  •  C BARRATIER C BARRATIER 19 octobre 2011 20:05

    Le gouvernement n’a pas plus tenu cette promesse que les autres, ils n’ont même pas honte. Pour ne plus les soigner la FRANCE a inventé le concept de « dépendance » : A 60 ans, une maladie invalidante n’est plus une maladie, mais un état de dépendance....les aides s’en vont...

    Voir "dépendance, concept générateur d’inégalités

    http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=70

    Bien sûr ça rapporte à des exploiteurs de malades
    « Dépendance, profits privés pour qui ? »

    http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=185

    Des proches de l’Elysée bien sûr !


  • vinvin 20 octobre 2011 02:33

    (@L’ auteur).



    Merci infiniment pour votre article qui concerne tout le monde, (ou qui le concernera un jour)...

    Votre article pourrait faire le sujet d’ un long débat, mais je me contenterais de dire le principal en résumé.

    D’ abord nos gouvernements sont des cons, car d’ un coté on interdit l’ euthanasie, et d’ un autre coté on refuse de soigner et prendre en charge les personnes âgées. ( Faudrait quand-meme savoir si on s’ enc*le ou si on prend le train) !...

    Et puis la plupart des gens ont déjà peur de la vieillesse, de la maladie, de la souffrance, et de la mort. Alors si en plus nous devons avoir a présent peur également de la solitude, et de la « non assistance a personne en danger », où va t’-on ?...

    Nous allons finir par penser que les jeunes qui se tues en voiture a la sorties des boites de nuit ne savent pas la chance qu’ ils ont, si on ne s’ occupe plus des personnes âgées, handicapées et malades ! Par-ce que cela doit être atroce d’ être vieux, malade et dépendant, alors que nous sommes abandonné, et que plus personne ne vient nous voir et ne pense a nous, et abandonné de tous.

    ( A lire : SOLITUDE, et LA DIFFICULTÉ DE VIVRE, de FRANÇOISE DOLTO. Ainsi que LES NOUVELLES SOLITUDES de MARIE FRANCE HIRIGOYEN. L’ AMOUR LA SOLITUDE d’ ANDRÉ COMTE-SPONVILLE. Et pour Finir DE L’ INCONVÉNIENT D’ ETRE NE, de EMILE MICHEL CIORAN) .

    Sinon il y a aussi le problème qu’ il y a de plus en plus de gens célibataire ou divorcés, (Avant les gens se mariaient pour le meilleur et pour le pire, mais de nos jours, dès que l’ un des conjoints « rote » ou pète" de travers, et c’ est le divorce assuré). Et puis bien sur il y a malheureusement ce qu’ il y a toujours eu : Les veuves, et les veufs, et ceux qui ne sont jamais mariés par-ce qu’ handicapés, ou moches.

    Ce qui est certain c’ est que l’ on doit se sentir très dévalorisé lorsque l’ on devient dépendant d’ une tierce personne pour se laver et aller au chiotte, donc malgré que je soit terrorisé par la mort, que j’ adore la vie, et que j’ aime voir mon jardin, la nature les oiseaux, les animaux de toutes sortes, l’ art, la culture, etc, etc... je préfère partir avant de devenir impotent.



    Bien cordialement.





    VINVIN.

  • politzer politzer 24 octobre 2011 08:03

    bjr


    Ce mepris pour la vie humaine des gens modestes n est pas specifique du sarkozisme, c est une caracteristique des societes de classes et vise essentiellement les opprimes pas les classes bourgeoises qui ont les moyens d entretenir leurs seniors.Ce n est pas le « socialiste » sic Attali lui aussi qui avait evoque l inutilite des pauvres ages et leur cout social ? Toute cette plebe des politiciens qui ne pensent qu a la defense de leurs interets de classe et de caste doit etre balayee par les masses si elles veulent prendre leur destin en main et ne pas se laisser pauperiser et entrainer dans les futures guerres de l otan . En premier lieu leurs enfants ! Reagissez , exigez la sortie de l UE, le retour au Franc et la sortie de l otan ! Votez Gerin pour manifester votre opposition a ce systeme en putrefaction !

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