mercredi 31 octobre 2018 - par
Voile intégral : quand l’ONU défend ce que l’Algérie interdit…
Parfois, la collision de deux actualités donne le vertige. Il y a un peu plus d’un mois, nous apprenions que l’Algérie interdisait le voile intégral à l’école, pour les élèves et les fonctionnaires. Et quelques semaines plus tard, un comité de l’ONU jugeait que la France violait la liberté de religion en prohibant le port du voile intégral dans l’espace public. Deux épisodes extrêmement révélateurs.
De l’oppression et des droits de la femme
Le premier papier de Marianne sur l’interdiction du voile intégral en Algérie est particulièrement instructif. Un rappel particulièrement cruel pour les communautaristes français, de Raphaël Enthoven à la gauche aux tendances indigénistes, qu’ils tiennent exactement les mêmes propos que islamo-conservateurs algériens… En effet, ces derniers évoquent une « atteinte à la liberté des filles voilées » pour critiquer la décision de la ministre de l’Education, Nouria Beghabrit, déjà attaquée par le président du Haut conseil islamiste pour avoir retiré une formule religieuse des manuels scolaires profanes. Les pseudo-défenseurs des libertés se rangent du côté des extrémistes religieux des pays arabes…
Le jugement du comité dit des droits de l’homme (en tout cas, pas de ceux de la femme) de l’ONU, bien détaillé et décrypté par Marianne, n’en devient que plus révoltant. D’abord, il faut noter qu’il s’agit d’un comité plus technique que politique, mais selon Hadrien Mathoux, il tend à privilégier l’oppression religieuse aux vrais droits de l’homme. Il affirme ainsi que « l’interdiction générale à caractère pénal que la loi française impose à ceux qui portent le niqab en public a porté atteinte de manière disproportionnée au droit (…) de librement manifester leur religion ». Encore une fois, les islamistes et leurs alliés prennent l’angle de la liberté pour refuser toute interdiction du port du voile intégral.
Mais même ce comité reconnaît qu’une partie de ses membres considèrent le voile intégral « comme une forme d’oppression contre les femmes » admettant que « le voile intégral a un caractère intrinsèquement oppressif et trouve son origine dans l’asservissement patriarcal des femmes qui vise à les empêcher de participer à la vie de la société au même titre que les hommes ». Mais pour eux, cela est moins important que laisser des formes de pratiques religieuses radicales pleinement s’exprimer, se retranchant dans une argumentation acrobatique sur « la stigmatisation des femmes de confession musulmane qui choisissent de porter le voile intégral, et plus largement tous les musulmans ».
Il n’est pas inintéressant de constater la dissidence d’un juriste tunisien du comité qui juge le voile intégral incompatible avec « l’ordre républicain, laïque et démocratique (de la France dont) l’égalité des hommes et des femmes fait partie des principes les plus fondamentaux ». Soit dit en passant, la décision de l’Algérie ou la dissidence du tunisien Yadh Ben Achour démontre une nouvelle fois que tous les musulmans ne sont pas des islamistes extrémistes, y compris au sud de la Méditeranée, contredisant les argumentaires des identitaires bornés pour qui même une goutte de sang arabe condamne ad vitam aeternam. Une nouvelle raison pour ne pas caricaturer ou généraliser comme certains.
En revanche, cela montre qu’il faut absolument défendre les principes républicains de la France et condamné toute complaisance vis-à-vis des islamistes extrémistes, qu’elle vienne des ultralibéraux communautaristes ou de la gauche relativiste. Le voile intégral n’a pas sa place dans notre pays, et on pourrait bien penser de même du voile non intégral.