jeudi 18 février 2016 - par Automates Intelligents (JP Baquiast)

A la poursuite des ondes gravitationnelles

Au delà des questions scientifiques multiples abordées par cet excellent livre, nous voudrions ici revenir sur un sujet qu'il évoque, mais sur lequel il n'insiste peut-être pas assez.

A la poursuite des ondes gravitationnelles

Pierre Binétruy

Dunod (Quai des sciences)

3 juin 2015

 

Présentation Jean-Paul Baquiast
17/02/2016

 

Voir nos articles

* Ondes gravitationnelles et cosmologie quantique http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2016/166/ligo.htm


* Ligo. Choisir entre la science et les bombes
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2016/166/edito3.htm

Sur l'auteur, voir page sur Paris Centre Cosmologie Physique
http://pariscosmo.in2p3.fr/fr/content/pierre-bin%C3%A9truy

Pierre Bénétruy est Directeur du PCCP, Directeur du Fonds de Dotation « Physique de l’Univers »

Il est professeur à l'Université Paris Diderot et a été directeur du laboratoire AstroParticule et Cosmologie ( APC ) à Paris depuis sa création en 2006 jusqu'en 2013. Après un doctorat au CERN , il a commencé sa carrière au LAPP à Annecy avant de rejoindre l'Université Paris 11 en tant que professeur en 1990 puis l'Université Paris Diderot en 2003 pour créer l’APC.

Ses principaux intérêts ont évolué de la physique des hautes énergies , notamment la supersymétrie , à la cosmologie et la gravitation, plus précisément l’interface entre l’étude de l'Univers primordial et les théories des interactions fondamentales . Ses intérêts actuels incluent les modèles d'inflation , l'énergie sombre et les fonds cosmologiques d'ondes gravitationnelles . Il est fortement impliqué dans la mission eLISA sur les ondes gravitationnelles , ainsi que membre du consortium Euclid.

Pierre Binétruy a été directeur du groupement de recherche européen " Supersymétrie " (1997-2004) , président du Fundamental Physics Advisory Group (2008-2010) et du Fundamental Physics Roadmap Committee (2009-2010) de l'ESA. Il est actuellement membre de l’European Space Science Committee, du Comité de Programme Scientifique (SPC) du Laboratoire National SLAC ( Stanford , Etats-Unis ) et du comité d'évaluation international (CVI ) de l'INFN .

 

 

Le livre comporte 9 chapitres, entre lesquels sont intercalés ce que l'auteur nomme des focus, lui permettant de prendre un peu de recul sur le sujet traité.
En résumant beaucoup, les thèmes en sont


- La théorie de la gravitation, depuis ses origines avec Galilée, puis Newton et Einstein avec le concept d'espace temps.


- La relativité générale et ses applications à l'expansion de l'univers et au Big bang


- L'observation actuelle du cosmos, astres, galaxies, matière sombre, depuiis l'époque di te la recombinaison ayant permis à la lumière de s distinguer de la matière.


- Les deux infinis, le vide quantique et le cosmos, avec l'antimatière et les hypothèses de la gravité quantique.


- Les premiers instants de l'univers, Big bang, inflation, recombinaison et la formation d'anitropopies, c'est-à-dire l'apparition de structures différentes, poussières, galaxies, détectées par les observations micro-ondes du fonds cosmologique ; les dern,ires données en datea étant apportées par l'observatoire satellitaire européen Planck.


- L'énergie sombre et le vide quantique, qu'il est préférable comme le recommande l'auteur de nommer état fondamental, caractérisée par les fluctuations du vide, donnant naissance en permanence à des particules et anti-particules. Les plus nombreuses s'annihilent elles-mêmes, mais certaines peuvent donner naissance à de nouveaux univers.


- Les trous noirs, depuis les plus petits jusqu'aux trous noirs géant au centre des galaxies. L'auteur insiste sur le fait que ces trous noirs sont aussi riches et créateurs que les astres de matière et de lumière. Ils définissent un cosmos jusqu'ici peu soupconné, dont l'étude par les ondes gravitationneles sera aussi riche que celle permise par l'astronomie optique et radio.


- Les ondes gravitationnelles ou ondes de courbure de l'espace temps dues au big bang (ondes primordialles) ou à des masses en déplacement ou en interaction. Ces ondes se déplacent elles-aussi la vitesse de la lumière




- Les observatoires actuels permettant une étude de plus en plus précises d'ondes gravitationnelles de plus en plus anciennes. Les principaux de ces instruments sont les interféromètres. L'interféromètre américain Ligo vient d'entrer dans l'actualité mondiale. Il sera sans doute suivi de près par l'interféromètre européen Virgo, en attendant le grand interféromètre satellitaire prévu par l'ESA, dit eLISA.


- L'avenir du temps et de l'espace tels qui pourra être imaginé dans la suite de ces recherches.
 

Un index très complet, auquel il convient de se reférer pour préciser les thèmes évoqués, termine le livre.

On voir par cet examen rapide des tètes de chapitre, que la cosmologie faisant pratiquement intervenir tous les domaines de la physique, qu'elle soit macroscopique ou microscopique (quantique) , l'auteur a utilement décidé de débuter son livre par un résumé de l'évolution de cette science. Il s'agit de thèmes très souvent évoqués, tant dans les publications scientifiques que dans les ouvrages grand public. Nous y avons nous-mêmes sur ce site consacré un certain nombre d'articles. Mais ils ont fait l'objet de nombreuses approximations voire de détournement.

Souvent aussi, dans les publications destinées à des lecteurs généralistes, ils sont présentés de façon insuffisamment pédagogique. Ceci en fait, selon le terme de Churchill appliqué à l'ex URSS, des rebus enveloppés de mystères. Certains passages du livre exigent un minimum de culture scientifique, mais le lecteur ne disposant pas de celle-ci peut sans mal sauter les passages difficiles.

Au delà des préliminaires historiques, l'auteur se concentre sur les points qui vont et feront de plus en plus l'objet de recherches intensives. Nous avons insisté ci-dessus sur l'importance qu'il donne aux trous noirs. Ces astres, car il s'agit de véritables astres nous mettent théoriquement en leur coeur au contact d'un univers profondément différent de celui perçu par l'homme depuis l'origine des civilisations.

On les identifiera et étudiera de plus en plus car, en principe, ils émettent des ondes gravitationnelles d'une amplitude suffisante (l'amplitude de ces ondes est beaucoup plus faible que celle des ondes radio ou lumineuses) pour qu'elles soient détectables par des instruments bien plus sensible que ceux dont nous disposons en astronomie optique et radio, les interféromètres. dont la construction est projetée dans les 20 prochaines années.

Un mérite (entre autres) de ce livre, dont les compétences scientifiques de l'auteur sont impressionnantes, est de nous expliquer l'importance de la recherche des ondes gravitationnelles et de nous communiquer l'enthousiasme de ceux qui s'y adonnent. La détection des ondes gravitationnelles constitue un moyen complètement nouveau d'exploration de l'espace lointain qui devrait considérablement faire évoluer la connaissance de l'univers, de la physique en général et plus généralement de la philosophie et la politique de la science.

Commentaire

Au delà des questions scientifiques multiples abordées par l'auteur, nous voudrions ici revenir sur un sujet qu'il évoque, mais sur lequel il n'insiste peut-être pas assez. Il s'agit du rôle que les Européens pourraient jouer pour prendre une place dominante dans la course aux nouveaux savoirs qui découleront de l'amélioration notamment des interféromètres permettant d'étudier la nouvelle gravité.

L'Europe, par l'intermédiaire de l'ESA (Agence spatiale européenne) a développé un projet d'interféromètre spatial, intitulé eLISA qui une fois en service révolutionnera sans doute la façon dont nous percevons le cosmos. Il jouera probablement en astronomie gravitationnelle le même rôle qu'à joué la lunette de Galilée en astronomie optique, qui fut aux origines du Siècle des Lumières.

Pierre Binétruy, dans ce livre comme dans ses exposés ultérieurs, a eu le mérite de donner suffisamment de précision sur ce projet pour que l'on puisse au niveau politique et géopolitique commencer à en apercevoir la portée. Mais il fait plus. Il regrette que faute de financements adéquats, eLisa déjà citée n'entrera en service que dans les années 2030-2040 au mieux. Le temps que la communauté scientifique puisse en étudier convenablement les résultats, il faudra ajouter au moins une décennie.

Autrement dit la vision révolutionnaire du cosmos gravitationnel et plus généralement du cosmos qui pourra en découler devra attendre la mi 2100 pour être diffusée. Les citoyens qui ont atteint la cinquantaine n'en entendront jamais parler.

Ce dont aurait besoin l'ESA pour gagner de précieuses années sur ce délai serait de disposer dans la prochaine décennie de quelques milliards supplémentaires, milliards que son budget, étroitement contingenté par les Etats membres, ne lui fournira pas.

Or si l'on considère, comme le livre nous invite à le faire, que la nouvelle vision du cosmos découlant de l'étude des ondes gravitationnelles aura d'immenses conséquences, non seulement en physique mais dans le domaine des applications pratiques, telles qu'étudiées aujourd'hui notamment par la physique quantique, l'argument de la majorité des décideurs politiques selon lequel les dépenses évoquées seraient plus utiles dans le domaine de l'amélioration de la vie des individus que dans d'abstraites recherches cosmologiques, ne tient pas.

Il fait preuve en fait d'une effrayante ignorance, non seulement dans le domaine scientifique, mais en géopolitique. Cette ignorance, si elle ne disparait pas rapidement, ne permettra pas aux sociétés scientifiques de faire valoir leurs atouts au regard de tous les obscurantismes et guerres de religions qui semblent en train aujourd'hui de mener le monde à sa perte.

Ceci concerne en premier lieu l'avenir de l'Europe. Tout laisse penser actuellement que sa soumission librement consenties aux autres grandes puissances, notamment à l'Amérique de Wall Street et du Pentagone, la fasse rapidement disparaître des radars, malgré ses potentialités industrielles et scientifiques.

Or dans le domaine qui est au coeur de ce livre, le spatial, l'astronomie classique, l'astronomie gravitationnelle, elle avait toujours su, notamment d'une part grâce à ses universités, grâce d'autre part à l'ESA, se conserver un rôle majeur. Ceci est en train dedépéri sous la pression d'intérêts financiers et économiques principalement non-européens. Alors que les européens, en développant et protégeant convenablement leurs ressources propres, pourraient rapidement dégager des plus-values permettant de financer leurs sciences, ils laissent des acteurs financiers et politiques extérieurs leur imposer leur avenir.

Concernant plus particulièrement l'astronomie gravitationnelle, dont ce livre montre l'importance non seulement scientifique mais économique, l'Europe est en train de laisser perdre la position qu'elle avait su se ménager, face à une science américaine dotée d'infiniment plus de moyens. Il ne s'agirait pas de refuser la nécessaire coopération internationale indispensable dans ces domaines - lorsque le secret militaire ne l'interdit pas - mais de continuer à y jouer un rôle moteur. Espérons que ce livre sera lu par d'actuels ou futurs responsables politiques et électeurs européens, pour qu'ils en fassent une de leur priorités.

Mais cet espoir a toutes les chances d'être déçu, vu à la façon dont disparaît l'intérêt que les classes politiques européennes pouvaient sur le mode gaullien, éprouver précédemment pour les sciences.



23 réactions


  • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 18 février 2016 15:41

    En passant, et sans vouloir nous prononcer sur l’ouvrage que vous présentez, nous sommes très surpris de constater l’obstination de la part de certains scientifiques et de la plupart des médias à attribuer sans raison valable à Albert Einstein la prédiction des ondes gravitationnelles. Voir nos articles :
     

    Ondes gravitationnelles, Poincaré, LIGO, CNRS... (I)

     

    http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2016/02/09/ondes-gravitationnelles-poincare-ligo-cnrs-i-51407.html

     
    Ondes gravitationnelles, Poincaré, LIGO, CNRS... (II)

     

    http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2016/02/18/ondes-gravitationnelles-poincare-ligo-cnrs-ii-51433.html

     

    Il est également erroné de prétendre que dans son article du 5 juin 1905 formulant la relativité restreinte et la prédiction des ondes gravitationnelles :

     

    http://www.academie-sciences.fr/pdf/dossiers/Poincare/Poincare_pdf/Poincare_CR1905.pdf

     

    Poincaré n’aurait pas prévu les ondes gravitationnelles quadrupolaires que LIGO et VIRGO tentent actuellement de détecter.

     

    Cordialement

     

    Le Collectif Indépendance des Chercheurs

    http://science21.blogs.courrierinternational.com/
    https://blogs.mediapart.fr/scientia


    • Automates Intelligents (JP Baquiast) 18 février 2016 17:50

      @Indépendance des Chercheurs
      Vous avez raison. Merci des liens. Mais le livre ne mentionne Einstein qu’épisodiquement. Le sujet est ailleurs


    • La mouche du coche La mouche du coche 18 février 2016 18:05

      Après la discussion sur l’oignon, les athées se disputent maintenant sur les trous noirs. il ne faut plus dire « discuter du sexe des anges » mais « discuter des ondes gravitationnelles » Est-ce qu’ils croient vraiment à ce qu’ils racontent et si oui comment font-ils ? smiley


    • La mouche du coche La mouche du coche 18 février 2016 18:14

      L’intérêt de l’angiologie par rapport à la physique quantique est que la première était plus sympa, plus poétique, moins ridicule que cette conversation sur des formules mathématiques. Nous sommes bien à tout niveau dans une période dégénérée.


    • La mouche du coche La mouche du coche 18 février 2016 18:21

      Pardon « l’angélologie » L’étude des anges


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 février 2016 10:51

      @Indépendance des Chercheurs

      Bonjour, vous n’êtes pas sérieux, Monsieur Gonzalez-Mestre Il ne peut pas y avoir d’ondes gravitationnelles chez Poincaré puisque ces ondes sont prévues par la RG Vous confondez la propagation sous forme d’onde de l’interaction gravitationnelle imaginée par Poincaré sur le principe de l’onde EM avec l’onde gravitationnelle qui résulte d’une déformation décrite par les champs de tenseurs


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 20 février 2016 23:22

      @Bernard Dugué

      Franchement, Monsieur Dugué, vous n’êtes pas physicien et vous parlez d’un sujet que vous ne comprenez pas. Le caractère quadrupolaire des ondes gravitationnelles était déjà prévisible de manière triviale du temps de Poincaré à partir de la loi de la gravitation de Newton. Aucun besoin de la relativité générale pour cela, du simple fait que les dipôles gravitationnels ne peuvent pas émettre des ondes à cause des lois de conservation.

      Poincaré, qui avait travaillé sur des questions autrement plus complexes à propos de l’électromagnétisme, ne pouvait pas ignorer une telle banalité. La prédiction des ondes gravitationnelles, y compris quadrupolaires, lui appartient.

      En passant, nous sommes un collectif qui a présenté des candidats aux élections du CNRS.
       


    • Shawford 20 février 2016 23:26

      @Indépendance des Chercheurs

      Œrsted mi corazon where are you ? smiley


    • Shawford 20 février 2016 23:35

      @Shawford

      Ballentines Coca pour rabibocher les frères Gallagher, tu notes toujours Jean Fab ?


    • popov 21 février 2016 08:09

       @Indépendance des Chercheurs et Dugué

      Loin de moi l’idée de négliger l’immense contribution de Poincaré dans le domaine de la relativité restreinte. Il l’a formulée avant Einstein dans un article qu’on peut trouver ici.

      Dans cet article il reprend l’idée de Lorentz qu’il ne peut y avoir d’interaction instantanée entre deux objets A et B. La force que ressent A au temps t du fait de la présence de B doit être calculée en tenant compte de la position de B non pas au temps t mais au temps t diminué du temps qu’il a fallu à la force pour être transmise, en supposant que cette transmission se fait à la vitesse de la lumière. Il étend cette idée de l’impossibilité d’action a distance à la gravité.

      C’est tout, il ne parle pas d’ondes gravitationnelles.


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 08:34

      @popov

      Poincaré écrit notamment, dans son article du 5 juin 1905 :

      Quand nous parlerons donc de la position ou de la vitesse du corps attirant, il s’agira de cette position ou de cette vitesse à l’instant où l’onde gravifique est partie de ce corps ; quand nous parlerons de la position ou de la vitesse du corps attiré, il s’agira de cette position ou de cette vitesse à l’instant où ce corps attiré a été atteint par l’onde gravifique émanée de l’autre corps ; il est clair que le premier instant est antérieur au second.

      (fin de l’extrait)

      Il parle donc bien d’ondes gravitationnelles, et le principe qu’il définit s’applique à toutes sortes d’ondes, la lumière étant une onde électromagnétique. Une onde, lumière comprise, est émise par un corps et absorbée par un autre. La prédiction de Poincaré pour la gravitation comprend donc ce que de nos jours on appelle des ondes gravitationnelles.

      Quant au caractère quadrupolaire des ondes gravitationnelles, c’est une conséquence générale de la différence de base entre gravitation et électromagnétisme, entre la masse et la charge électrique.


    • popov 21 février 2016 09:16

      @Indépendance des Chercheurs

      Oui, il y a le mot onde dans son texte. Mais il ne donne pas une équation d’ondes gravitationnelles.

      C’est peut-être une question de vocabulaire, mais ce à quoi il fait allusion ressemble plutôt à ce qu’on appellera plus tard un potentiel retardé.

      J’avoue que je n’ai jamais fait le calcul, mais est-ce qu’un potentiel newtonien retardé donne le même résultat qu’une onde gravitationnelle de la RG ? Cela me semble improbable.


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 10:59

      @popov

      Poincaré avait travaillé pendant des années sur l’électromagnétisme abordant des questions très complexes. Jusqu’à employer dès 1900 l’expression E=mc2 pour le champ électromagnétique dans un article :

      https://fr.wikisource.org/wiki/La_Th%C3%A9orie_de_Lorentz_et_le_principe_de_r%C3%A9action

      qu’Einstein, qui n’aimait point citer Poincaré ou Lorentz, sera obligé de citer en 1906 :

      http://wikilivres.ca/wiki/Das_Prinzip_von_der_Erhaltung_der_Schwerpunktsbew egung_und_die_Tr%C3%A4gheit_der_Energie

      En l’espèce, à propos des ondes gravitationnelles et du principe qu’il énonçait, il n’avait pas besoin de se « gargariser » avec des équations.

      Pour des équations, voir aussi son article de 270 pages introduisant la théorie du chaos :

       http://henripoincarepapers.univ-lorraine.fr/bibliohp/?a=on&art=Sur+le+probl%C3%A8me+des+trois+corps+et+les+%C3%A9quations+de+la+dynamique&action=go

      etc...


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 11:50

      @Shawford

      Précisément, Poincaré a joué un rôle essentiel dans le développement de la notion même d’électromagnétisme actualisant les travaux d’Oersted-Ampère, Maxwell... Son équation de 1900 E=mc2 (m= masse « inertielle ») pour le champ électromagnétique en dit long sur la portée de son travail.

      Mais Poincaré « dérangeait » le corporatisme de certains « physiciens de gauche » de son époque : « mathématicien qui se mêlait de Physique », cousin germain de Raymond Poincaré... Einstein, en revanche, était « de gauche » et un « vrai physicien », et ça baignait...

      C’est vrai que Raymond Poincaré avait de quoi susciter la colère des « physiciens de gauche » : ministre sous Sadi Carnot avec une étiquette de « centre-gauche », mais évoluant dans la pratique vers le « centre-droite », et vingt ans plus tard élu président de la République (1913-1920) avec le soutien de la « droite’ », etc... Mais Henri Poincaré, décédé d’un cancer en 1912, n’était pour rien dans les trafics politiques de son cousin germain.

      Quant aux « mathématiciens qui se mêlent de Physique », Einstein a bien été obligé à recourir à l’aide de mathématiciens pour élaborer la relativité générale que, normalement, Poincaré aurait pu développer si sa santé et ses activités multiples le lui avaient permis.


    • popov 21 février 2016 12:38

      @Indépendance des Chercheurs

      Il y a quelque chose qui cloche dans votre argument. Le passage de l’article du 5 juin 1905 que vous citez ne dit rien de plus que ceci : il faut tenir compte de la position retardée du corps attirant quand celui-ci se déplace. Il n’est pas question d’accélération ici et encore moins d’accélération du moment quadrupolaire. Le mouvement du corps attirant pourrait d’ailleurs être uniforme.

      Je repose ma question : est-ce que un potentiel newtonien retardé de la même forme que le potentiel coulombien retardé donne le même resultat que la RG dans tous les cas ?


    • popov 21 février 2016 14:07

      @Indépendance des Chercheurs

      En l’espèce, à propos des ondes gravitationnelles et du principe qu’il énonçait, il n’avait pas besoin de se « gargariser » avec des équations.

      Sans équations, il faut postuler que la vitesse de ces ondes est la même que celle de la lumière.


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 14:30

      @popov

      Que vient faire cette question ?

      La situation est beaucoup plus simple. Laissant de côté la Mécanique Quantique, dans laquelle la lumière reste de toute façon une onde, la mécanique dite « classique » doit être la limite de la relativité pour les très faibles vitesses. Si le corps censé émettre le rayonnement se déplace à une vitesse très inférieure à celle de la lumière dans le repère considéré, et si sa structure interne ne présente pas des propriétés différentes, il est possible d’appliquer la loi de la gravitation de Newton au calcul de ses moments dipolaires gravitationnels. On trouve alors des quantités conservées, ce qui fait obstacle à l’émission d’ondes gravitationnelles dipolaires et que le passage à la relativité n’est pas censé modifier vraimenr.

      Cette situation, que Poincaré n’ignorait certainement pas, ayant travaillé sur des questions autrement plus complexes notamment dans le domaine de l’électromagnétisme, imposait déjà à l’époque sur le plan expérimental la recherche des ondes gravitationnelles quadrupolaires. Le problème étant celui des moyens et des techniques. Poincaré n’avait aucune raison de faire un long exposé à ce sujet, dès lors que sa prédiction des ondes gravitationnelles était générale et comprenait les ondes quadrupolaires.

      Mais depuis 1905, la « mode » perdure de ne pas citer Poincaré sur des sujets de Physique, à commencer par la relativité restreinte.
       


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 14:40

      @popov

      Dans la relativité restreinte que Poincaré venait de formuler dans son article du 5 juin 1905, la vitesse de la lumière n’est pas propre à l’électromagnétisme. Il s’agit d’un paramètre universel de la géométrie de l’espace-temps. Tous les objets physiques, ondes diverses... doivent respecter cette vitesse critique.

      En même temps, un objet sans masse, pour avoir une énergie quelconque, doit se déplacer à cette vitesse critique. C’est le cas de la lumière.

      La prédiction de Poincaré à propos des ondes gravitationnelles était donc de simple bon sens.


    • popov 21 février 2016 14:58

      @Indépendance des Chercheurs

      Les deux derniers paragraphes de l’article laissent entendre qu’il avait en effet une idée derrière la tête.

      Dommage qu’il ne l’ait pas développée un peu plus.


    • Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 21 février 2016 15:41

      @Shawford

      Pour compléter notre précédente réponse, si Einstein est souvent cité pour des échanges plus ou moins « déistes », Poincaré a dû se faire un certain nombre d’ennemis par des prises de position comme celle-ci que l’on trouve dans ses Dernières pensées :

      http://henri-poincare.ahp-numerique.fr/items/show/220 (page 138)

      "Les dogmes des religions révélées ne sont pas les seuls à craindre. L’empreinte que le catholicisme a imprimée sur l’âme occidentale a été si profonde que bien des esprits à peine affranchis ont eu la nostalgie de la servitude et se sont efforcés de reconstituer des Eglises ; c’est ainsi que certaines écoles positivistes ne sont qu’un catholicisme sans Dieu. Auguste Comte lui-même rêvait de discipliner les âmes et certains de ses disciples, exagérant la pensée du maître, deviendraient bien vite des ennemis de la science s’ils étaient les plus forts."

      (fin de citation)


  • Francis, agnotologue JL 19 février 2016 11:11

    Sans prendre parti dans la polémique soulevée par Bernard Dugué ci-dessus, je trouve opportun de poser la question : de quelles ondes parle-t-on ici ? Quelles ondes les chercheurs du LIGO ont-ils détectées ? Sont-ce les ondes de Poincarré, ou bien celles qui sont décrites par les champs de tenseurs ? J’ai ma petite idée bien sûr, et c’est ce que j’ai exposé succinctement dans mon billet de la semaine dernière : 

    Des ondes gravitationnelles ? non, un tsunami

  • popov 21 février 2016 13:16

    Pour la petite histoire, je viens de tomber sur cet article.

    Ce n’est qu’un article de presse. Il faut donc le prendre avec un grin de sel.


    • Francis, agnotologue JL 21 février 2016 13:53

      @popov,

       
       article intéressant, je lis : ’’Only something dramatic could emit a signal strong enough to provide a chance to detect them’’

      C’est bien ce que je disais dans mon billet au sujet duquel nous avons déjà commenté échangé.

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