mercredi 14 juillet 2010 - par Akwa

A quelle vitesse roulent nos trains ?

Tout le monde sait à quelle vitesse roulent les voitures, que l’on conduise ou non. 50, 90, 130 km/h. Mais pour les trains, il en va tout autrement. L’intérêt qu’on leur porte est quasiment nul. Ils font tellement partie du paysage, qu’on en ignore presque tout.

Tout part d’une expérience faite dans le Corail de 17h50 Paris – Chartres.

Les voitures Corail datent des années 70, mais bien rénovées à l’intérieur, elles sont particulièrement confortables et performantes (bien davantage que le matériel bling-bling qu’on trouve maintenant sur les réseaux régionaux).
Une locomotive BB9200, avec son style typique et ses pantographes en losanges, accusant 40 ans d’âge, tirait la rame.
Vu comme ça, l’ensemble n’est pas spécialement brillant .

En voiture compartiment, j’ai placé un GPS TomTom contre la baie vitrée, à la vue des autres passagers.
Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir, après avoir quitté Versailles, que notre train roulait à 160 km/h. On eut dit qu’ils découvraient qu’on pouvait rouler plus vite qu’ils ne vont dans leur voiture…


En effet, la perception que l’on a généralement de nos trains est assez dégradée. L’aviation, par exemple, conserve une certaine aura, une impression de haute technologie, de danger un peu aussi. Pour le train rien de tout ça : il est ramené au rang de la robinetterie d’un lavabo, dont on se sert quand on a besoin, rien de plus.
Il est vrai, surtout pour les utilisateurs des transports d’île de France, que nos trains ne présentent pas toujours un aspect flatteur.

Depuis les années 1970, et la large diffusion de l’automobile, le train, en dehors du TGV, est devenu un moyen de transport perçu comme féodal, vieillot, lent et peu performant. Les grèves du personnel SNCF n’arrangeant rien.
Si bien qu’aujourd’hui, sorti de l’automobile, point de salut. Certains allant jusqu’à être persuadé qu’on va plus vite en voiture qu’en train.

Le TGV est un cas un peu à part, bien médiatisé, et donc assez connu. Il est le seul, de tous les types de trains, à profiter d’une image plutôt bonne.
Paradoxalement, et contrairement aux trains conventionnels qu’on rabaisse, on aurait tendance à exagérer les vitesses et performances du TGV.


Pour en revenir aux trains conventionnels, ils roulent généralement assez vite. Plus vite qu’on ne le croit en tout cas.
Depuis 1960 maintenant, les trains Grande-Ligne, sur les gros axes, circulent couramment à 160 ou 200 km/h. Le Capitole, Paris-Toulouse, a généralisé les hautes vitesses commerciales à la fin des années 60.
Il ne faut pas se fier à l’aspect : la BB9200 de mon train Paris-Chartes, avec son aspect vieillot, roule plus vite que les TER de dernière génération X73500, bleus, polis et carrossés, ou que les grosses BB27300 bleues et blanches toutes neuves qui tirent les transiliens.


Grossièrement, la vitesse des trains, selon leur type, suit cette règle :
 - Les trains dits « de banlieue », transiliens, RER, roulent généralement à 140 km/h maximum. La vitesse est malheureusement fréquemment inférieure, en raison du trafic et de l’état des voies.
 - Les TER roulent, sauf rares exceptions, à 160 km/h maximum, sur les gros axes qui partent en étoile de Paris. Plus l’axe est petit (peu fréquenté), plus il est tortueux, moins les vitesses sont élevées : on trouve des 140, 120 ou 100 km/h.
 - Les trains grande ligne (les appellations commerciales changent tout le temps à la SNCF, maintenant ça s’appelle VFE ou Teoz) roulent à 200 km/h sur les axes le permettant (longues lignes droites, sur terrain plat sans passages à niveau, comme Etampes – Vierzon).
 - Enfin, les TGV, roulent à 270, 300 ou 320 km/h sur les lignes à grande vitesse aménagées pour eux, à 220 sur les lignes conventionnelles aménagées, et aux mêmes vitesses que les trains grande ligne sur le reste du réseau.

On le constate : le plus miteux des RER roule plus vite que la vitesse maximale autorisée sur Autoroute.
Les TER roulent nettement au dessus des vitesses atteignables par la voiture. Les Grandes Lignes et TGV ont des vitesses qui seraient excessivement dangereuses en voiture.


Souvent, malheureusement, c’est l’état des voies qui fait barrage aux vitesses. Contrairement à la voiture, où la vitesse est limitée pour des raisons de sécurité, c’est plutôt des problèmes d’aménagement et de contraintes sur la voie qui bornent ainsi les vitesses sur rail.

Parmi les obstacles aux vitesses élevées, sur les lignes, il faut noter :
 - Le partage de la voie avec du trafic lent (transilien, fret)
 - La présence de passages à niveaux (160 km/h max)
 - La disposition de la signalisation et des secteurs, pour empêcher les trains de trop se rapprocher.
 - La (non) résistance de la voie (et des ouvrages d’arts) aux contraintes des hautes vitesses.
 
 
Pour résumer, la vitesse des trains est globalement élevée, mais est limitée :
 - Par la vitesse maximale de la locomotive (quand il y en a une)
 - Par la vitesse maximale admise par les wagons
 - Par la vitesse maximale de la voie.
L’élément le plus faible imposant la vitesse maximale.


9 réactions


  • Strega 14 juillet 2010 13:48

    Ah ! La dernière fois que j’ai utilisé le train pour aller voir ma famille à Perpignan, en partant de Millau, voici les détails du trajet :

    Aller : Millau-Béziers-Perpignan, avec un bref changement à Béziers, 2h. En voiture, 2h30 / 3h.

    Retour : Millau- Toulouse. 2h d’arrêt à Toulouse. Toulouse-Rodez-Millau. Total : 12h !

    En gros je suis parti de Perpignan à 7h et arrivé chez moi vers 19h (20h même).

    Alors bon, j’aime bien les trains, mais faut pas exagérer. Et qu’on n’accuse pas le matériel, le train à l’aller était une vieille rouille, celui du retour un TER flambant neuf.

    Et bien plus fort encore.
    Voulez-vous aller à Lyon ?

    Millau-Montpellier : en car ! 2h15 pour 100km.
    Montpellier-Lyon : en TGV ! 1h45h pour 300km.

    Je sais que la théorie de la relativité stipule que le temps puisse s’écouler plus lentement à un endroit qu’à un autre, mais là c’est un peu too much d’être 4 fois plus lent.

    Bien entendu il y a eu l’habituel arrêt de 2h à Montpellier. Remarquez, au moins, on a le temps de trouver son quai.

    Alors oui, les trains vont vite, pas la Sncf.

    Il faudrait aussi qu’ils comprennent, en haut lieu, que desservir la ville de Millau en Aveyron, ça ne veut pas dire ne plus assurer le service, mais l’assurer, justement.


  • Halman Halman 14 juillet 2010 15:26

    Et bien ça alors on était pas au courant dit donc.

    On avait jamais, mais jamais remarqué tout ça,oh non.


  •  C BARRATIER C BARRATIER 14 juillet 2010 16:06

    Bien de remettre les pendules à l’heure. Il y a de quoi être assez fier de notre réseau ferré. Avec le souhait qu’il soit entretenu même à l’heure de la privatisation pour cause de profits d’actionnaires et non plus du grand public...
    Fabuleux : A ces vitesses, très peu d’accidents.


    • Croa Croa 14 juillet 2010 16:23

      Tout à fait C. !

      Il n’y a pas que la vitesse qui compte, savoir que l’on ne risque pas (ou si peu) l’accident c’est important aussi ! smiley

      En plus le confort fait que l’on peu ne pas perdre son temps en voyageant. On peut au moins lire !


  • Croa Croa 14 juillet 2010 16:37

    Note du Boïen :

    Rendons hommage aux cheminots ayant procédés aux essais de vitesse de 1955 à partir de Facture (à l’époque Facture n’était pas un quartier de Biganos mais un hameau séparé) sur la ligne droite des Landes de Gascogne. C’est gràce à leurs mesures et aussi, il faut le dire, aux risques qu’ils ont prit, que sont arrivé les hautes vitesses et qu’est né un jour le TGV !


  • perlseb 14 juillet 2010 19:40

    Il y a une chose dont vous n’avez pas parlé dans votre article pour la comparaison des trains, c’est l’accélération.

    L’accélération des RER A (MI2N avec 4 moteurs par rame) est, par exemple, bien meilleure que l’accélération d’un TGV. Et ce n’est pas étonnant : un RER, c’est fait pour s’arrêter et redémarrer continuellement sur des petites portions. On gagne donc beaucoup de temps avec des accélérations fortes et des freinages puissants. Tout le contraire des trains de grande ligne pour lesquelles la vitesse de pointe est bien plus déterminante pour le gain de temps que l’accélération.

    Cela explique sûrement le nombre important de rails cassés sur la ligne A quand les températures chutent fortement l’hiver.

    Quelques chiffres : la nouvelle automotrice aura par exemple une accélération de 0,84 m/s2 de 0 à 50 km/h, ce qui donne 21 secondes pour atteindre les 50 km/h (= 18 m/s), à comparer à la minute pour qu’un TGV atteinte cette vitesse (31 mph, ou miles per hour).


    • Akwa Akwa 14 juillet 2010 22:40

      Merci pour ces précisions très intéressantes.
      Il est vrai que j’aurais pu développer bien davantage l’article, mais partant du principe que « plus un article est court, mieux c’est » (je le tiens de mon père qui était journaliste), j’ai préféré simplifier et faire court.
      Initialement, j’avais ainsi abordé les différents types de trains, détaillé les lignes, etc. puis j’ai abandonné car l’article devenait trop long et trop détaillé.


  • Nomade 14 juillet 2010 22:22

    C’ est vous Morice ?


  • Waldgänger 14 juillet 2010 23:51

    Très bon article, qui a surtout le mérite de poser la bonne question, sur l’entretien du réseau des lignes de moyenne importance. Le choix de mettre des TGV là où ils ne fonctionnent pas de manière optimale laisse en effet à penser que une desserte des villes serait mieux assurée par un réseau de trains conventionnels aux voies modernisées qui permettent une vitesse maximale, avec aussi une rationalisation au niveau des arrêts. Le TGV se révèlerait ainsi dans de nombreux cas inutile et coûteux. 


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