lundi 23 octobre 2006 - par Forest Ent

Oligopoly, le jeu que vous ne verrez pas sur TF1

Visite d’un système ni étatique, ni libéral.

Tous vos amis avaient un GSM. Ils trouvaient cela très pratique. Il vous en fallait un. Vous avez visité toutes les boutiques de téléphonie et comparé les prix. Vous vous êtes noyé dans la jungle des forfaits "illimités le lundi soir à partir de la 3e minute". Finalement vous avez choisi la bonne offre promotionnelle, celle qui vous convient, en consommateur avisé et au meilleur prix.

Alors lisez cet avis du Conseil de la concurrence du 1/12/2005  :

« Le Conseil a sanctionné les trois opérateurs mobiles, Orange France, SFR et Bouygues Télécom pour avoir mis en œuvre deux types de pratiques d’entente ayant restreint le jeu de la concurrence sur le marché. Le montant total des sanctions prononcées est de 534 millions d’euros. »

Vous avez perdu votre temps. A quelques broutilles près, tous les opérateurs sont au même prix. Cette jungle tarifaire était virtuelle, créée par des services marketing, simplement pour entretenir le brouillard.

Bienvenue à Oligopolis.

Un oligopole est une situation de fausse concurrence dans laquelle un petit nombre d’acteurs, par le biais d’ententes, se comporte comme un monopole. Il est illégal de s’entendre sur les prix, car c’est une "concurrence faussée". L’article L420-6 du Code du commerce prévoit de "un à quatre ans" d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros pour « le fait, pour toute personne physique, de prendre frauduleusement une part personnelle et déterminante dans la conception, l’organisation ou la mise en oeuvre de pratiques anticoncurrentielles  ». Mais il n’y a pas de poursuites pénales tous les jours.

Selon Le nouvel observateur du 24/8/2005 : « Lors d’un comité exécutif réunissant en octobre 2002 les dirigeants d’Orange, en présence de l’actuel ministre des Finances Thierry Breton qui venait de prendre les rênes de France Télécom, un "Yalta des parts de marché" aurait été évoqué.  » La condamnation ci-dessus fait suite à une plainte d’UFC-Que choisir de février 2002. Elle est actuellement jugée en appel. L’avocat général a demandé la confirmation de la condamnation, mais n’a pas parlé de transmettre au Parquet pour poursuites pénales. La décision sera rendue le 12 décembre.

Pour évaluer le résultat de cette entente, on peut constater que SFR (groupe Vivendi) a déclaré en 2005 (selon le rapport annuel de Vivendi) un résultat brut de 2,4 milliards d’euros, dont 1 milliard d’amortissements (incluant celui de l’achat discutable de licences 3G), pour un chiffre d’affaires de 8,7 milliards, soit une marge brute supérieure à 16%. La téléphonie représente les deux tiers du résultat du groupe Vivendi. Sa part d’amende de 220 millions a fait baisser en 2005 son résultat d’un seul point (selon le même rapport). Cette amende n’a pas saigné Bouygues, Vivendi et France Telecom. Il ne m’a pas frappé, en tant que consommateur, qu’elle les ait incités à baisser significativement leurs prix (le mien n’a pas bougé depuis trois ans). Ils se répandent depuis en dénégations. Les dirigeants de SFR ont invité leurs clients à venir les rencontrer dans leurs boutiques le 11 décembre, pour leur expliquer qu’ils n’ont pas à demander de remboursement. Je suppose que c’est pour garantir la sérénité de la Cour.

Vous avez compris les règles du jeu Oligopoly : votre GSM est une vache à lait que quelques cow-boys ont réussi à parquer au corral.

Pour souscrire un abonnement d’eau potable, vous n’aurez pas à faire les boutiques, car il n’y qu’un distributeur là où vous habitez. Il a obtenu une concession de la municipalité, ou du syndicat d’agglomération, et a dû négocier durement les tarifs face à une concurrence acharnée. Il y a en effet, depuis plus d’un siècle, deux sociétés privées qui se partagent ces concessions : la Compagnie générale des eaux et la Compagnie lyonnaise des eaux. La première s’est appelée Vivendi, puis Veolia après un schisme. La seconde s’appelle maintenant Suez. Bouygues a tenté de jouer au petit troisième comme en téléphonie, avec la société SAUR, mais vient de la revendre au fonds PAI Partners, dont un des principaux investisseurs est Bruxelles-Lambert, premier actionnaire de Suez.

Ceci a été décrit comme un oligopole par la DGCCRF, qui n’a quand même pas été jusqu’à imposer des sanctions. Pour montrer que cette concurrence acharnée n’a pas empêché ces compagnies de prospérer, je ne vais pas citer les innombrables fois où la presse a estimé qu’elles contribuaient significativement à l’épanouissement de notre vie politique, ce serait trop long. Je demanderai simplement avec quels revenus la Compagnie générale des eaux a racheté SFR, Universal, VU Games, Canal+, c’est-à-dire l’ensemble actuel Vivendi qui capitalise 30 milliards de dollars et n’appartient pas aux abonnés de Veolia et Suez.

A l’issue de la fusion Suez-GDF et de la privatisation de EDF, nous aurons un duopole contrôlant 90% du marché. Quand EDF sera rachetée par Veolia, on aura recréé pour l’électricité et le gaz la situation des concessions d’eau.

Il y a beaucoup de sociétés de bâtiment, mais les travaux publics réalisés pour des collectivités territoriales sont un club plus fermé. L’affaire des lycées d’Ile-de-France portait, selon la presse, sur une centaine de millions d’euros de pots-de-vin entre 1988 et 1997, dans le cadre d’un système de corruption et ententes entre la majorité des entreprises de BTP et partis politiques, relativement à des marchés publics de construction. Des responsables locaux des entreprises, dont Bouygues, ont été condamnés pénalement (pour une fois). Côté politiques, on a remarqué la condamnation de Michel Roussin, ancien ministre et vice-président du Medef, qui a fait appel, et de Guy Drut, ancien ministre qui vient d’être amnistié par Jacques Chirac, maire et conseiller de Paris de 1989 à 1995, évoqué dans l’affaire mais protégé par l’immunité présidentielle. Le jugement du Tribunal correctionnel de Paris du 26/10/2005, qui contient quelques centaines de pages, n’est malheureusement pas en ligne. On se consolera avec cet avis du Conseil de la concurrence du 22/3/2006, concernant l’affaire Drapo :

«  Dans le prolongement d’une procédure pénale, dirigée contre plusieurs personnes physiques, ouverte en 1994, et qui s’est terminée par un non-lieu en novembre 2002 en raison de la prescription de l’action publique, le Conseil de la concurrence s’est auto-saisi [...] Le partage des marchés a fonctionné sur une longue période et reposait sur un système particulièrement élaboré de répartition [...] Les sanctions pécuniaires les plus importantes se répartissent de la façon suivante : sociétés Bouygues, Vinci... »

L’affaire pénale a été prescrite au bout de huit ans d’instruction inachevée. Pourtant, le Conseil de la concurrence a tranché en quatre ans une affaire qui datait de huit ans. Nicolas Sarkozy a raison : notre justice est laxiste et inefficace.

Il y a six ans, le Conseil de la concurrence a infligé aux banques 150 millions d’euros d’amendes pour ententes sur les prêts immobiliers (décision du 19 septembre 2000). Depuis, le marché s’est encore concentré, et malgré le foisonnement de marques, il ne reste en France que cinq réseaux de banque de détail :

- BNP / Paribas

- Caisses d’épargne / Banque populaire

- Crédit agricole / Crédit lyonnais

- Crédit mutuel / CIC

- Société générale / Crédit du Nord

et la concentration n’est pas finie. Pas la peine de faire les boutiques, vous aurez le même prix partout.

Télécommunications, eau, énergie, travaux publics, services financiers... On peut faire la même analyse dans beaucoup d’autres secteurs. La DGCCRF et le Conseil de la concurrence ont peu de pouvoirs. Leurs sanctions effacent rarement les bénéfices pris. Les affaires n’aboutissent presque jamais au pénal.

L’Union européenne n’a pas non plus d’effet là-dessus. Le trio de la téléphonie ne contrevient pas à ses directives. Elle n’a pas par elle-même la capacité de détecter des ententes. Elle prétend empêcher la constitution de situations dominantes, mais le monopole de Windows ne l’empêche pas de dormir. Windows Media Player est toujours inclus dans toutes les versions de Windows vendues.

Pour sortir de cet oligopolisme sirupeux, il faut que l’opinion prenne cause. L’opinion est exprimée par les médias. C’est qui, les médias ? Bouygues, Vivendi... Tiens, les mêmes.



55 réactions


  • alberto (---.---.209.183) 23 octobre 2006 13:21

    Bravo pour votre article !

    Et comme vous l’écrivez :« Télécoms, eaux, énergie, travaux publiques, services financiers, on peut faire la même analyse dans beaucoup de secteurs... » : mais alors, m’interroge-je il y aurait des mafias pour se partager les marchés ?

    Et encore, vous n’abordez pas l’aspect concussionnaire (le mot est-il trop fort ?) des relations entre le(s) pouvoir(s) et ces compagnies quasi-monopolistiques !

    Le regard et les directives de Bruxelles pourront-ils desserrer ce carcan hexagonal ?


  • Avatea Avatea 23 octobre 2006 13:47

    prochain secteur : l’internet. Orange (45% marché) Neuf-cegetel (+AOL racheté = 20%) Free (20%) voilà, ça fait 85% à eux 3...

    Et ça devient de plus en plus comme ça... Un politique, de toute façon, ça s’achete, alors à quoi bon s’enquiquiner avec les lois.


    • Seb (---.---.117.119) 23 octobre 2006 14:52

      Heu, 29.90 euros par mois ?


    • (---.---.56.131) 23 octobre 2006 15:37

      Oui là on n’est pas d’accord, les fournisseurs d’accès à internet ne pratiquent pas vraiment les mêmes tarifs... Ce n’est pas Free avec sa licence WiMax qui va aller s’entendre avec Orange, qui facture sa connection deux fois plus cher, et qui laisse un abonnement téléphonique à payer en plus...


    • Zerth (---.---.15.192) 23 octobre 2006 18:25

      Ce qui est sûr par contre c’est que SFR, filiale de Vivendi vient de racheter pour quelques euros TELE 2. Si ca c’est pas beau....

      Et un rapprochement est en train de s’effectuer avec neuf telecom via la filiale cegetel.


  • (---.---.37.70) 23 octobre 2006 13:55

    « Pour sortir de cet oligopolisme sirupeux, il faut que l’opinion prenne cause. »

    Je ne vois pas du tout ce que l’opinion à avoir la dedans.

    En fait, c’est l’Etat qui est responsable de cette situation, car c’est lui qui à infligé un impôt démentiel, les fameuses licence, aux opérateur, et donc brisé net la concurence.

    Par ailleur Bouygue veut se retirer du marché, car le mobile ne lui rapporte pas.


    • medarc (---.---.64.135) 23 octobre 2006 14:07

      impossible ,grace à sa division « telecom » bouygues peut obtenir des licenses pour des communications internes dans certaines de ses filiales « sensibles » (désamiantage,recyclage ...) !


    • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 14:09

      75-37 tu vois pas du tout ?

      La Justice est très Clément(e), l’Etat est complice. Thierry Breton est juste ministre de l’Econmie (impliqué dans plusieurs affaires et devrait depuis longtemps croupir en prison comme il le mérite. Perso, il me doit 127 euros du temps où j’étais sur Wanadoo)

      Tu vois toujours pas ?


    • tchoutchou (---.---.146.11) 23 octobre 2006 21:38

      Tout s’explique !!!!!!!!!!!!!!


  • Johan Johan 23 octobre 2006 14:17

    A Forest Ent,

    Moi qui suis calé en théorie économique mais moins en pratique, je suis ravi de vos articles qui permettent de mettre des noms sur des comportements et de comprendre le pourquoi et le comment de certaines de mes propres constatations. Bref : encore un article enorme.

    Je suis diplômé en Droit de la consommation et de la concurrence. Et en effet, les comportements que vous soulignez m’ont fait froid dans le dos ces deux dernières années d’étude (et mon mémoire sur la DADVSI n’a rien facilité).

    La concurrence est supposée faire baisser les coûts et augmenter la qualité des produits. Mais c’est partir de l’hypothèse que le client est roi, qu’il n’y a pas d’entente, ni d’abus de position dominante. L’Etat qui est censé nous en garantir depuis la transposition des articles 81 et 82 du traité, et même, depuis le règlement 1/2003, chargé de gérer les affaires à l’échelle communautaire, n’assume pas son rôle. Pire, il a plutôt tendance à amplifier le problème. Pour un cartel attrappé, combien de marchés truqués ?

    La situation de monopole, comme celle d’oligopole, n’est pas intrinsèquement négative (même si le monopoleur ou l’oligopoleur est plus tenté d’exploiter son filon). En réalité ça dépend de l’attitude des concurrents.

    Par exemple, il peut y avoir seulement deux concurrents, et ceux ci peuvent soi s’entendre, soi se mener une guerre sans merci. Ils peuvent même exploiter leur position un temps, afin de ne pas s’épuiser en offres promotionnelles et réserver une part importante de leur gains en R et D, ce qui finit par bénéficier au consommateur.

    Rien n’est donc si évident. Par ailleurs la concurrence internationale entre elle aussi en compte. La régulation permet de protéger le consommateur national, mais une firme peut aussi faire un dumping en vendant plus cher chez elle qu’à l’étranger, pour s’implanter durablement (la Corée du Sud à raisonné comme cela, et le lobby USA*Engage milite en ce sens aux USA).

    Cet été j’ai justement travaillé sur un projet européen sur les effets de la concentration. Elle n’est pas forcément néfaste.

    Mais soyons honnêtes : la concentration est en France scandaleuse et nuit au marché (distorsion de concurrence) et à la démocratie (médias, corruption).

    J’aurais plutôt tendance à appeler à sanctionner durement les personnes reconnues coupables :

    Peines de prison.

    Impossibilité d’exercer une fonction publique, je pense à M. Breton et au « falsificateur » de sang M. Fabius).

    A imposer une peine complémentaire limitant les dividendes distribuables aux actionnaires pendant une période de deux ans (et qui irait jusqu’à 100% des dividendes, histoire de faire payer les amendes aux actionnaires et pas aux consommateurs qui vont voir leur facture augmenter, ou au moins, ne pas baisser)

    Ouvrir une class action, pour favoriser l’accès à la justice de tous (alors que les petits préjudices sont aujourd’hui totalement exclus).

    Processus de recherche des preuves plus efficace (procédure de Discovery à l’américiane).

    Un European Bureau of Investigation, à l’image du FBI américain.

    Faire reconnaître explicitement (jurisprudence ou loi) la possibilité de demander réparation d’un dommage créé par un comportement interdit (il y a eu un gros débat entre mes camarades de promo à ce propos).

    Former des coalitions de petits actionnaires pour renvoyer les responsables et contrôler plus finement la gestion (il y a récemment eu une affaire avec les télécoms italiens)

    Faciliter l’accès au marché pour le rendre plus concurrentiel (que les banques se remettent à prêter... aux concurrents de leurs patrons ? Au risque de flinguer leur entente ? Euh...)

    La concurrence devrait redevenir l’impossibilité de s’abstraire des règles du Marché.

    PS : Il me semble qu’il y a une version de Windows sans WMPlayer. Microsoft a été repris sur son omission de donner les moyens aux logiciels concurrents de dialoguer avec Windows. Cependant, la taxe Windows (fourniture systématique de Windows pour la vente de tout ordinateur « prémonté ») s’étend jusqu’à WMPlayer et aurait depuis longtemps du alerter le Conseil de la concurrence et la Commission européenne.

    Car la Commission a une compétence en ce qui concerne la répression des ententes. Mais seulement si elles sont succeptibles d’affecter le commerce communautaire (même si l’abus se déroule sur le territoire d’un seul un seul Etat).

    http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l26102.htm

    (A 81 du traité)

    Allez, pour finir. Imaginons une entente. Un nouveau concurrent a t il intérêt à faire une offre vraiment meilleure ou juste suffisamment pour être préféré aux autres ? 20% de rabais suffisent largement.

    Tiens, c’est justement la différence de prix entre les grandes surfaces et le discount...

    Bizarre...


    • Forest Ent Forest Ent 23 octobre 2006 18:36

      Je ne pense pas non plus que toutes les ententes soient néfastes, car j’ai vu des marchés sombrer parce que la concurrence réelle conduisait à brader la qualité jusqu’à ce que les clients n’en veulent plus. Alors autant clarifier la situation en leur donnant un statut.

      Pour ce qui est de Media Player, il existe en théorie une version sans, mais vous aurez du mal à la trouver en OEM. smiley


    • Johan Johan 23 octobre 2006 18:59

      A Forest ent,

      Sur les ententes il existe des réglements d’exemption par bloc : ex R et D ou distribution dans l’automobile, compagnies maritimes...

      Sinon, il y a aussi une exemption dans le paragraphe 3 :

      "Article 81 (ex-article 85)

      1. Sont incompatibles avec le marché commun et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre États membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché commun, et notamment ceux qui consistent à :

      a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction,

      b) limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement technique ou les investissements,

      c) répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement,

      d) appliquer, à l’égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales à des prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence,

      e) subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.

      2. Les accords ou décisions interdits en vertu du présent article sont nuls de plein droit.

      3. Toutefois, les dispositions du paragraphe 1 peuvent être déclarées inapplicables :

      - à tout accord ou catégorie d’accords entre entreprises,

      - à toute décision ou catégorie de décisions d’associations d’entreprises et

      - à toute pratique concertée ou catégorie de pratiques concertées

      qui contribuent à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, et sans :

      a) imposer aux entreprises intéressées des restrictions qui ne sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs,

      b) donner à des entreprises la possibilité, pour une partie substantielle des produits en cause, d’éliminer la concurrence."

      Mais ca ne marche pas pour les cartels (ententes secretes), tant pis pour Breton !


    • Jonas (---.---.150.3) 29 octobre 2006 15:55

      Bonjour,

      juste une remarque sur votre commentaire :

      « Faire reconnaître explicitement (jurisprudence ou loi) la possibilité de demander réparation d’un dommage créé par un comportement interdit (il y a eu un gros débat entre mes camarades de promo à ce propos). »

      Euh... en fait cela fait longtemps qu’il est admis explicitement par le jurisprudence et l’ensemble de la doctrine (voir n’importe quel ouvrage de droit des obligations... pour un exemple dans votre matière, la concurrence illégale - V° fasc. concu. d. Serra) que le manquement à une disposition normative est une faute au sens de 1382 C. Civ.

      Le problème n’est pas la reconnaissance d’une faute, mais la caractérisation d’un dommage. En fait, ce qu’il faudrait, c’est qu’il soit intéressant d’assigner pour 10 euros ! C’est pas pour demain...

      Alors, d’accord avec vous pour les class action.

      Cordialement

      Jonas


    • Johan Johan 2 novembre 2006 13:23

      Merci Jonas,

      Je connaissais le fondement sur l’art 1382 pour sanctionner la concurrence déloyale, pas pas les ententes ou les abus de position dominante.

      A bientôt.


    • Jonas (---.---.150.3) 3 novembre 2006 18:11

      Bonjour,

      En fait, 1382 sert à tout ! C’est mon article préféré :)

      Toute faute entraîne la responsabilité civile délictuelle de son auteur (encore une fois, un dommage est nécessaire, sinon, pas d’intérêt à agir) et tout manquement à une disposition normative est fautif (lorsque l’entente est prohibée, c’est une faute)...

      Pour continuer sur votre exemple, la bonne idée serait peut être de conseiller à TOUS les concurrents d’une entreprise qui commet une faute d’abus de position dominante ou d’entreprises condamnées pour ententes, de les assigner en concurrence déloyale par concurrence illégale...

      Cordialement

      jonas


  • Zenky (---.---.221.243) 23 octobre 2006 15:59

    Pourquoi les diregeants de ces entreprises ne reçoivent pas les peines de prison qui leur sont dues ? smiley

    On leur fait simplement payer des amandes qui sont plus rentables pour eux qu’une vraie concurence ! Si on mettait en prison ces personnes là, je pense qu’ils réfléchiraient un peu plus aux conséquences de ces ententes illégales !


    • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 16:10

      Entièrement d’accord.

      Sans parler des détournements d’argent publics et autres délits de nos « élus ». Je prends 1 million dans la caisse, je rembourse 50 mille de pénalités, je suis « condamné » à du sursis (ben oui c’est la 1ère fois que je suis vilain pas gentil !) et je recommence ... !!! Et je suis « réelu » !!! Là, on atteint le sommet du sommet du ... !!!!!! ???


    • Colza09 (---.---.58.176) 23 octobre 2006 17:42

      A ce propos et sans, bien entendu, vouloir faire du mauvais esprit, est-ce que nos hommes politiques, en plus de leurs portefeuilles de ministres, députés, etc... ne seraient pas aussi un peu administrateurs ou actionnaires de ces sociétés oligopolistiques ??

      Je me le demande !!


    • Forest Ent Forest Ent 23 octobre 2006 18:37

      Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur mon site.

      .


  • gem (---.---.117.249) 23 octobre 2006 16:11

    Comme Johan le signale bien, le sujet est plus complexe que ça.

    L’interdiction des ententes est un reliquat de l’ultra-libéralisme, celui de Le Chapelier sanctionannt les « coalitions » (en clair : les syndicats !). Forrest, ultra-libéral ? on aura tout vu...

    Les ententes augmentent les prix ? Mais par rapport à quoi ??? Par rapport à une situation idéale innaccessible !

    En pratique, il faut investir (payer et perdre du temps) pour rentrer sur un marché, et ça ne vaut le cout que si on peut y gagner significativement sa croute. Donc, les gens sur le marché peuvent majorer jusqu’à la limite à partir de laquelle ça deviendrait rentable pour quelqu’un d’extérieur de rentrer, majoré du prix du risque. Ce qui représente un bon 20-25%. C’est comme logique et c’est comme ça.

    Et tout le monde fait pareil, y compris les administrations (et oui !).

    Les dindons de la farce ? Non, ce ne sont pas les consommateurs. Se sont les producteurs sur un marché où le cout d’entrée est faible, qui ne peuvent pas bénéficier de cette rente.

    conclusion : cette article est à la fois fort juste sur le constat et completement vain. Il n’y a rien à y faire, même pas nationaliser.


    • Johan Johan 23 octobre 2006 17:20

      « L’interdiction des ententes est un reliquat de l’ultra-libéralisme, celui de Le Chapelier sanctionannt les »coalitions« (en clair : les syndicats !). »

      Ya de ça mais pas tout à fait. L’ordonnance sur la liberté des prix date de 86 en France. Pour avoir fait le tour des législations européennes, beaucoup ont simplement transposé les articles 81 et 82 du traité, et ce très récemment.

      Je dirais plutôt que ça vient du Sherman Act, et du Clayton act qui sont la base de la régulation marchande US :

      http://en.wikipedia.org/wiki/Sherman_Antitrust_Act

      http://en.wikipedia.org/wiki/Clayton_Act

      C’est entre autres sur le modèle de ce marché unique intégré que les règles de l’UE ont été conçues.

      « Les ententes augmentent les prix ? Mais par rapport à quoi ? ? ? Par rapport à une situation idéale innaccessible ! »

      Inaccessible, oui, comme le prix de monopole parfaitement optimisé. Reste qu’on gravite autour de ce dernier, au lieu de tendre vers une réduction des prix. Le marché ne s’impose pas avec la même force à tous, on dirait.

      Par contre pour les dindons de la farce... alors c’est pas les consommateurs qui se font voler, mais les entreprises qui ne peuvent pas elles aussi les voler ? Drôle de conception de l’économie, Gem.

      Enfin, si c’est pour dire : c’est comme ça on y peut rien, je te suis pas !

       ;)

      A la revoyure.


    • Forest Ent Forest Ent 23 octobre 2006 18:40

      Le titre « ni étatique ni libéral » était pour éviter une discussion sémantique.

      Je connaissais la théorie du « producteur marginal », mais elle ne suffit pas à expliquer les cas cités où l’on trouve des tickets d’entrée qui ne sont pas de nature économique.


    • gem (---.---.117.249) 24 octobre 2006 10:51

      J’insiste, ce ne sont pas les consommateurs qui trinquent. Ils ont toujours le choix de ne pas téléphoner, et s’il le font c’est parce que le plaisir ou le gain qu’ils y trouvent vaut plus que leur dépense. Personne ne les vole !

      Non, ceux qui trinquent ce sont bien les autres producteurs dans les autres secteurs d’activité où l’entente n’est pas possible. Dont les salariés de ces secteurs. Leur revenus sont significativement plus faible, et c’est ça qui les fait grogner.

      Quand j’ai dit qu’on ne pouvait rien faire, c’était en aval du système. Comme d’autres l’ont bien préciser, au pire pour eux les membres de l’oligopole en seront quitte pour augmenter encore leurs tarifs pour payer l’amende infligée et la prochaine... Par contre on peut agir en amont : tout ce qui réduit les coûts d’entrée sur le marché est bon pour réduire cette rente (si on est convaincu que vraiment, « ils » exagèrent). Par exemple, on peut découper le marché en tranches « horizontales » qu’on met sur le marché libre (par exemple : les rails/ les aéroports/ les fils, la signalisation et la régulation ferroviaire/le contrôle aérien/les normes internet, l’affretement et la vente de trains/avions/bande passante ), et assouplir au maximum les contrôles (qui ont un coût important) de façon à réduire la taille des entreprises qui peuvent entrer sur le marché et augmenter leur nombre, de façon aussi à bousculer le marché et inciter un des oligopoleur à casser l’entente, pour lancer une surenchère à la baisse. C’est ça, la fameuse et si mal nommée « dérégulation » Tatchéro-Reageannienne.

      Mais tout cela est de peu d’importance. Le niveau des prix est surtout une question de technique, parfois retardée par le marketing, souvent entravée par l’état, mais toujours progressante.


    • Johan Johan 24 octobre 2006 13:40

      A Gem,

      Ta logique est mauvaise : elle valide le monopole (et aurait plutôt tendance à valider le monopole d’Etat).

      En situation de monopole, il y a prix de monopole (donc optimisé pour le vendeur). Et le consommateur est tout aussi libre d’acheter ou de ne pas acheter.

      Le prix varie entre le prix de monopole et le prix en concurrence pure et parfaite. Dans les modèles économiques actuels, on se base sur le prix en concurrence pure et parfaite. Abherrant.


    • gem gem 26 octobre 2006 11:20

      @johan

      Ma logique vous choque sans doute, mais qu’elle soit mauvaise, non ; en tout cas vous ne le démontrez point. Pour la qualifier de mauvaise, vous avez besoin de faire appel à cette fiction absurde de la concurrence pure, parfaite en information totale : dans ce cas, si une logique est mauvaise, c’est la votre et non la mienne !

      Ma logique ne valide pas n’importe quel monopole, mais seulement le monopole obtenu sur un marché libre, qui laisse une concurence potentielle. Sur le plan théorique si vous avez fait de la théorie des jeux, vous devez savoir que la simple possibilité d’une chose à un effet similaire à réalisation effective ; parfois même supérieur. Sur le plan pratique, il est bien évident qu’un groupe qui a un monopole parce qu’elle le défend tous les jours sur le marché, en adoptant une position qui ne laisse pas assez de marge de profit à un concurrent éventuel, donc en assurant une qualité suffisante à un prix pas trop exagéré, n’est pas du tout dans la même situation qu’un monopole obtenu par la voie légale, qui a seulement à satisfaire les politiciens décideurs, et n’a nul besoin de se soucier d’innovations...

      Oui, une telle situation est optimisée du point de vue du producteur, et non du consommateur (et encore, à condition que le consomateur n’arrive pas à s’organiser). C’est pas plus idiot que le contraire ! C’est surtout beaucoup plus facile à organiser sur le plan légal, puisqu’il n’y a rien à faire. Enfin, vu la façon dont on calcule la VA et donc la TVA, c’est tout bénéfice pour la collectivité (même si la production n’est pas au maximum !) ; que demande le peuple ???


    • Johan Johan 26 octobre 2006 18:00

      A Gem,

      J’ai fait de la théorie des jeux. C’est la base de l’Ecole de Chicago qui se base précisément sur vos postulats à savoir qu’un monopoliste doit se comporter comme en situation de concurrence par peur des raideurs (entrants sur le marché qui risquent de rafler sa mise).

      La pratique invalide ceci : les coûts d’entrée ainsi que le coût d’opporunité vont dissuader d’entrer sur certains marchés où les prix sont fixés à un plafond artificellement hauts. En effet ils défend son monopole, mais il n’a pas à le défendre comme il le devrait. Pour preuve ? Qu’a fait explorer pour de défendre d’un concurrent Firefox qui lui est bien supérieur ? Pas grand chose. Il reste à 80% quand il devrait passer sous Fire fox.

      Il y a aussi une prime au premier entrant. La notoriété (acquise face aux premiers concurrents évincés mais obsolète avec le temps).

      Quand je fais appel à la Concurrence pure et parfaite, ce n’est pas pour faire un raisonnement par l’absurde, auquel cas tu aurais raison de te plaindre de mon argumentaire, mais pour poser les extrèmes théoriques d’une fourchette de prix.

      Pour clarifier mon propos sur la fourchette des prix, un exemple :

      Tu es dans un festival de musique. Pour s’assurer que personne ne lance d’eau sur la scène, on t’enlève tes bouteilles à l’entrée.

      Les bouteilles d’eau vont être vendues par le monopoleur à prix optimal pour lui, c’est à dire pour le profit maximal. Il va fixe un prix très haut pour ceux qui doivent boire ou mourir (première cause de mortalité en rave : déshydratation), puis voir si en baissant il a pas plus de clients etc... Il n’y a pas de concurrent.

      Par contre, s’il y a un concurrent, que les files d’attente sont similaires, comme les boissons vendues, les prix sont affichés clairement, et deux jumelles sont à la caisse. Celui qui fera la meilleure offre sur le prix raflera tout et ne laissera rien à l’autre. Donc les deux vont devoir baisser leurs prix jusqu’à ce qu’ils arrivent à la rentabilité normale espérée sur le marché (coût d’opportunité) plus la prise en compte des risques. Le tout au profit du consommateur. Ca c’est la CPP.

      En vrai, les offres sont diverses et amènent à une division du marché, mais comme il est facile de maintenir ses parts (plus que d’attaquer les parts d’un autre), les dominants profitent de la dépendance économique de leurs clients sans être assez punis en terme de perte de part de marché. On passe de l’éco théorique au marketing pratique.

      « Oui, une telle situation est optimisée du point de vue du producteur, et non du consommateur (et encore, à condition que le consomateur n’arrive pas à s’organiser). C’est pas plus idiot que le contraire ! »

      Au moins tu as le cran de le dire. Les chicagoïens défendent le contraire. Donc si je te suis l’économie doit au final servir les actionnaires, les entrepreneurs et pas le consommateur. Dans cette optique ta logique est juste, mais éthiquement c’est pas ça et les chicagoïens sont tort puisque leur postulat est que cela profite au consommateur.

      En effet le consommateur devrait s’organiser. Le peut t il toujours ? Et n’y a t il pas un déséquilibre intrinsèques (que l’on appelle asymétries d’information ?).

      « C’est surtout beaucoup plus facile à organiser sur le plan légal, puisqu’il n’y a rien à faire. Enfin, vu la façon dont on calcule la VA et donc la TVA, c’est tout bénéfice pour la collectivité (même si la production n’est pas au maximum !) ; que demande le peuple ? ? ? »

      D’accord sur le fait que l’équilibre est spontané. Pour les impôts, je suis pas sûr : l’argent est mieux géré par le conso que par l’Etat. Et puis c’est son bien, le forcer à payer plus cher (entente) c’est le voler, non ?

      Le peulpe demande à ne pas être trompé sur la marchandise.

      En ce qui concerne le monopole légal, il peut avoir son intérêt si l’Etat veille au grain et si le citoyen veille sur l’Etat. Maintenant, tu as raison : le copinage est bien trop tentant pour le politicien.

      La libéralisation UK s’est bien réalisée : les non governemental offices ont tenu leur rôle comme il fallait : info, surveillance, contrôle qualité. La régulation étatique doit être minimale et très efficace.


    • gem gem 30 octobre 2006 11:40

      @Johan

      Je ne contredis pas les chicago-boys (ça serait d’aileurs bien prétentieux de ma part !). Je m’arrêtais à « maximisation de la valeur ajoutée = tout bénéfice pour la collectivité », eux vont plus loin. Le circuit financier et le fait que les producteurs sont aussi des consommateurs recycle les bénéfices (aussi scandaleux qu’ils puissent paraitre) en nouveaux investissements et en consommation qui, finalement, profitent aux consommateurs. Et ça n’est pas une vue de l’esprit déraisonnablement optimiste, c’est la réalité puisqu’on constate que le modèle « gros prix x petit volume » finit tôt ou tard par se faire marginaliser par le modèle « petit prix x gros volume », spontanément. On constate en outre que le régulateur, loin de favoriser cette évolution, s’y oppose en général de toutes ses forces, ce qui relativise la confiance qu’on peut lui accorder...

      L’idée que l’économie devrait favoriser un acteur (actionnaire, entrepreneur ou consommateur) est séduisante, certainement populaire, mais dangereuse. L’économie marche toujours toute seule, bien ou mal selon les conditions (telle que « ne pas être trompé sur la marchandise », ça c’est effectivement crucial pour un bon fonctionnement), et quand on prétend la diriger, au mieux elle compense (de façon pas toujours très acceptable, d’ailleurs) et repart sur sa pente naturelle, au pire elle souffre et se cache dans un marché noir (économie « informelle », « parallèle », bref : « illégale »). Si toutefois on cède à ce dangereux penchant, alors oui, il me semble clair qu’il vaut beaucoup mieux favoriser les éléments actifs du système (entrepreneurs et actionnaires) que les éléments passifs (consommateurs) : ce n’est pas en écrasant le prix d’un produit qu’on incite les producteurs à le fournir ; même si ça fait a priori plaisir au peuple, c’est en fait contraire à son intérêt.

      En outre, si on élargit le propos (car l’économie, même marchant toute seule, n’est pas une fin en soi !) il me semble que l’intérêt collectif c’est d’avoir une population productrice, active, plutôt qu’une population consommatrice, oisive. Par parenthèse, ce n’est pas le moindre des paradoxes des keynesiens français de promouvoir une politique de consommation par la distribution de rente d’état, alors que Keynes suggérait d’euthanasier les rentiers.


    • Johan Johan 31 octobre 2006 19:37

      A Gem,

      Je suis content que la discussion avance, on a pas mal tourné autour du pot tous les deux, j’espère que tu me liras et que tu me répondras.

      Déjà, sache que je ne suis pas Keynesien.

      Ensuite sur la place du consommateur :

      La régulation marchande fonctionne sur la logique de la prime au plus méritant. C’est nécessaire pour évincer les entrepreneurs qui n’en font qu’à leur tête (des produits qu’on ne veut pas et/ou trop chers). Le but, c’est maximiser l’allocation des biens rares.

      En fait, l’incidence c’est que les produits sont meilleurs et moins chers, comme tu dis : le produit grand nombre X petit prix remplace petit nombre X grand prix.

      Déjà, ce n’est pas toujours le cas : on parle des effets Giffen et Veblen : plus c’est cher plus ça se vend, ce qui explique que les industries de luxe performent ainsi.

      Ensuite, comment trier les entreprises sans laisser le dernier mot au consommateur ? C’est tout de même lui qui paie et qui choisit. Or les ententes et les abus de position dominante l’atteignent en priorité. Donc il doit être protégé des atteintes à la libre régulation marchande.

      Car si comme vous dites, l’activité doit être encouragée, les entrepreneurs et les entreprises sont aussi consommateurs (en réalité, ce ne sont pas les consommateurs ou les assos de consommateurs qui portent les recours mais les entreprises concurrentes (par exemple : Tetra Pack, Sun c/ Microsoft,...).

      Il faut encourager les entrepreneurs, mais hors de question que la prime aille au pire enfoiré.

      Le Droit de la Concurrence est là pour ça. Autrement, ce sont des mauvais entrepreneurs qui raflent la mise.


  • Jesrad 23 octobre 2006 16:27

    Pas étatique, j’en doute !

    Hashtable l’a déjà détaillé ici avec brio, l’entente sur les prix de la téléphonie mobile n’est rien d’autre qu’un impôt déguisé, voulu par l’Etat :

    On décide dans un premier temps que ce marché, fort juteux, utilisant des bandes de fréquences particulières, sera lourdement soumis à réglementations. Le respect de ces réglementations impose une infrastructure coûteuse, qui sera obligatoirement homologuée et taxée en conséquence. Le nombre de bandes de fréquences possibles étant restreint par la législation, on met en place un système d’enchères pour que seuls les plus offrants puissent accéder aux fréquences. Evidemment, le paiement des licences sera une autre forme de ponction, plus insidieuse encore qu’un simple impôt, car exclusivement versée par des entreprises privées. Ceux qui, indirectement, paieront ces surcoûts seront :
    - les consommateurs (l’entreprise refacturera au moins ses coûts lors de la vente des abonnements)
    - les actionnaires (qui toucheront, au moment où les entreprises auront fini de rembourser les dettes contractées en achetant la licence, moins de dividendes, sa marge étant plus faible)
    - les salariés de ces entreprises (leurs salaires augmentant moins vite pour absorber le coût immédiat de la dette créée)

    On imposera aussi que les entreprises autorisées à postuler aient un cahier des charges contraignant par exemple ces entreprises à couvrir une part importante de la population, pour, par exemple, des raisons de Service Public, ou n’importe quelle autre baliverne qui fera passer la pilule auprès des consommateurs finaux. Le nombre d’entreprises pouvant se permettre l’acquisition sera donc faible. Mettons, un triplet. A ce moment là, tout est en place pour que cet état réalise un très joli coup de cartes. On met rapidement en place une petite commission qui sera en charge d’observer le pâturage le marché et le nouvel écosystème qu’il aura mis en place.

    Cette autorité va, dans un premier temps, vaquer à des occupations légères et sans réelle importance. L’écosystème se met en place. Rapidement, comme les coûts sont importants, nos trois larrons s’entendent pour rentrer dans leurs frais le plus vite possible. Pour cela, ils décident, en bonne entente, de fixer les prix planchers qu’ils proposeront aux consommateurs (ou en créant des unités de temps insécables, etc).

    Mais, et c’est là que se situe tout le cynisme de l’état, nos trois lascars savent bien qu’un jour, si cette entente est découverte, ils se feront taper sur les doigts. La commission adhoc est là exactement pour ça, même si, pour le moment, elle fait de la broderie en gardant les moutons. De son côté, l’état sait pertinemment que nos trois lascars vont s’entendre. L’état le sait bien, car... dans nos trois rigolos, il y a un gros patapouf (nous l’appelerons , mettons, Lècheboule Télécom) qui, précisemment, lui est tout dévoué. En outre, pour assurer que le transfert d’informations se passe bien, celui qui collectera les amendes au Fisc sera ... l’ancien patron de Lècheboule, histoire que tout ceci reste entre amis.

    La situation, à ce point, est très intéressante : d’un côté, l’état, qui sait qu’il y a magouille. De l’autre, les magouilleurs, qui savent que l’état sait. Et, cerise sur le gateau, l’état sait que les magouilleurs savent qu’il sait.

    Vous me suivez ? Evidemment, nous sommes en plein délire hypothétique...

    Au bout d’un moment, l’état, pour diverses raisons (mettons un problème de trésorerie, cela lui arrive parfois), décide de jouer pour voir : il fait rentrer la commission en jeu. Finie la broderie, on tape sur les doigts : on inflige une lourde amende aux trois comiques. Qui l’ont provisionné depuis un moment, les petits malins. En ponctionnant les consommateurs.

    A ce petit jeu, les trois compères et l’état sont gagnants.

    L’état car il montre qu’il joue un rôle en cassant une entente qu’il a tout fait pour créer et laisser développer. De surcroît, il va toucher des ronds, et cela fait plaisir au contribuable un peu béat devant les sommes à plus de 5 chiffres.

    Les trois compères car, une fois l’entente révélée, et le scandale de polichinelle passé, ils pourront rejouer - un peu - avec leurs tarifs et faire entrer de nouveaux gogos clients dans leurs abonnés.

    Mais...

    Qui, finalement, paye ces amendes ?

    C’est le consommateur, les actionnaires, et les contribuables (les gogos payeurs du début, à nouveau). Le plus drôle, c’est que certains sont des consommateurs, actionnaires et contribuables tout à la fois. Et ils paieront donc 3 fois.

    Comme en plus, pour une grosse partie de l’amende infligée, ce sera à Lècheboule Télécom de payer et que ce dernier appartient à l’état, celui-ci va donc se payer une amende ! On peut ici compter sur l’efficacité légendaire de la tuyauterie administrative pour qu’aucune petite goutte ne soit perdue dans l’histoire.

    Formidable, non ?


    • Forest Ent Forest Ent 23 octobre 2006 18:45

      A mon avis, il y a eu une manip genre « il faut sauver les soldats France Telecom et Vivendi » qui ont perdu toutes leurs plumes ... en achetant par exemple des licences UMTS en Angleterre et Allemagne. Le bilan global est un transfert de l’abonné français vers le contribuable anglais.

      Ca a pu être conduit par l’état sans être pour autant « étatique ». Vivendi était privée à l’époque.

      Je ne suis toujours pas d’accord pour opposer public/privé. Plutôt efficace/inefficace ou bien honnête/habile.


    • Jesrad 23 octobre 2006 23:09

      Je n’ai aucun problème avec les entreprises publiques, quand elles sont tenues correctement, un peu comme en Finlande : en compétition avec le privé, avec une gestion indépendante de l’état.


  • yann Riché (---.---.183.159) 23 octobre 2006 17:58

    Et oui comme quoi capitalisme et libéralisme ne font pas toujours bon ménage...

    Une solution (déjà utilisée un temps pour les grandes surfaces) est d’instaurer une taxe sur les situations de monopoles et de réutiliser l’argent pour développer des solutions alternatives cf mon blog et l’article ci joint sur la création d’une taxe dite « Microsoft »...

    « http://france2007.blogspot.com/2006/01/pour-la-cration-dune-taxe-microsoft.html#links »


    • Johan Johan 23 octobre 2006 18:08

      A Yann R.,

      C’est pas mal ton idée. M’est d’avis qu’un prix excessif devrait être automatiquement constitutif d’une atteinte à la concurrence, sans qu’il n’y ait besoin d’un autre preuve. Le tout entraînant une amende.

      Cependant, il faut bien différencier plusieurs préjudices :

      L’atteinte au marché (captation de clientèle)

      L’atteinte au portefeuille des clients

      L’atteinte au portefeuille de la concurrence.

      De même que si tu casses la figure à quelqu’un, il y a amende plus réparation, il devrait y avoir amende plus réparation des victimes.

      Par conséquent, il faut donner un meilleur accès à la justice (class actions). Ca devrait être relativement dissuasif.

      Sur l’idée d’affecter l’amende en R et D, c’est pas mal.


  • Loindelà (---.---.59.160) 23 octobre 2006 18:33

    D’un point de vue économique, un oligopole ou les firmes s’entendent entre elles se comporte comme un monopole. Autrement dit, dans le pire des cas, l’oligopole se comportera comme un bon France Telecom de la bonne époque, avec des appels pour les Etats-Unis à 1 ou 2 Euro la minute, vous vous souvenez ? Certes, un oligopole a besoin d’être réglementé pour éviter les abus (et ils existent, c’est sur) mais c’est quand même mieux qu’un monopole. D’autres part, certaines industries ont des coûts d’entrée tellement élevés (infrastructures, recherche, taxes...) que seules de grandes entreprises peuvent se le permettent, et donc seul un oligopole est possible.

    L’oligopole n’est pas un mauvais système en soi, à condition qu’il soit réglementé pour éviter les abus. Il est certainement mieux pour le consommateur qu’un monopole, c’est sur.


    • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 19:34

      Qu’est ce qu’il raconte Loindelà ?

      L’oligopole c’est un monopole à plusieurs. Point barre. Du grec « oligos » : petit, peu nombreux.


  • Loindelà (---.---.134.82) 23 octobre 2006 20:31

    Je connais mes bases en économie, mais pas vous apparemment. Dire qu’un « oligopole c’est un monopole à plusieurs », n’a pas de sens puisque « mono » veut par définition dire une seule entreprise. S’il y a plusieurs entreprises, aussi dominantes soient-elles, il y a concurrence et donc elles ne se comportent pas comme dans un pur monopole (les prix baissent). Elles ne se comporteraient comme un monopole que si elles s’entendaient, ce qui peut arriver mais est illégal et devrait être puni en conséquence.


    • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 20:59

      Bon, Loindelà, puisque tu insistes au ras des paquerettes, j’envoie l’artillerie lourde :

      Une situation d’oligopole se rencontre lorsque sur un marché il y a un nombre très faible d’offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients). On parle aussi de situation de marché oligopolistique.

      Il s’agit d’une situation de marché imparfait : dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, les offreurs sont indépendants, alors que dans le cas d’un oligopole le profit de chaque producteur dépend de l’attitude des autres offreurs.

      Lorsque les rendements sont constants ou croissants, les producteurs sont naturellement incités à grossir afin de réaliser des économies d’échelle, ce qui tend à la concentration, et l’équilibre d’un tel système est une situation de monopole où il ne reste plus qu’un producteur. Néanmoins, dans le but de protéger le consommateur des abus, les institutions politiques s’opposent à la constitution de monopoles. Ces marchés tendent alors désormais naturellement vers un équilibre oligopolistique.

      Une fois cet équilibre atteint, les producteurs peuvent se livrer une concurrence féroce (cas d’Intel et AMD sur le marché des microprocesseurs), mais peuvent aussi s’entendre de manière plus ou moins formelle et constituer un cartel. De même qu’elles interdisent l’abus de position dominante, les institutions politiques s’opposent aux ententes abusives. Par exemple en France, il existe trois sociétés (offreurs) qui proposent des services de téléphonie mobile à des millions de demandeurs (clients). La concurrence devenant quasi-inexistante entre les opérateurs, l’État français est intervenu afin d’obliger les offreurs à réviser le coût des SMS (Short Message Service) qui étaient facturés six à huit fois leur prix de revient.

      Le cas d’oligopole le plus simple est un duopole, où il y a deux producteurs.

      C’est qui le prof que tu as ou que tu avais en sciences Eco ?


    • Loindelà (---.---.134.82) 23 octobre 2006 21:38

      TB, je suis d’accord avec tout ce que vous venez de dire (et vous ne m’apprenez rien d’ailleur). C’est marrant comme vous emballez mais vous répétez exactement ce que je viens de dire (en version longue).

      Je disais qu’un monopole et un oligopole ne fonctionnent pas de la même manière. Vous dites : « ...alors que dans le cas d’un oligopole le profit de chaque producteur dépend de l’attitude des autres offreurs », ce qui revient à la même chose. Dans un oligopole, une firme ne peut pas ignorer les concurrents, ce qui est une différence considérable avec un monopole. Dans un monopole, le seul producteur peut fixer les prix de telle manière à obtenir un profit maximum sans se soucier de la concurrence, c’est une différence énorme. Il y a une branche entière de l’économie qui étudie les réactions des entreprises en position d’oligopole en fonction de la position des autres concurrent (game theory, vous connaissez ?), c’est donc qu’il doit y avoir des différences non ?

      Je suis d’accord quand vous dites que sans régulation, un oligopole va se concentrer et tendre à devenir un monopole, mais c’est bien pour cela qu’il y a régulation (même si je concède, la régulation a des limites en cas d’entente tacite). Je persiste en disant qu’un oligopole régulé, c’est un moindre mal pour les consommateurs (par rapport à un monopole) : plus d’offres et prix moins élevés. Rappelez vous le passage à la concurrence dans les télécoms : le nombre d’offres a explosé et le prix ont été réduits par un facteur de 10.


    • T.B. (---.---.21.162) 23 octobre 2006 23:22

      Oui, bon c’est la notion d’équilibre évolutivement stable introduit par Smith dans son essai sur La théorie des jeux et l’évolution de la lutte (Game Theory and the Evolution of Fighting). C’est de la proba en vue de maximiser le résultat. Vous prenez 3 cafétiers d’un petit village perdu mais attractif, s’ils ne sont pas idiots et veulent se faire un peu plus d’oseille, ils s’entendent pour faire payer le café ou le pastaga, tous au même prix, le plus haut possible acceptable par les consommateurs de passage. Pas besoin de connaître Blaise Pascal et son intuition de l’analyse combinatoire pour arriver à ce résultat « oligopolistique ».

      Un oligopole régulé est un non-sens. S’il y a régulation il n’y a plus oligopole : il y a concurrence. En France, d’ailleurs, nous avons l’ART : l’Autorité de Régulation des Télécommunications (désormais internautiques), qui fait très mal son travail et ne joue pas son rôle de gendarme. En réalité le prix des SMS, et autres tarifications, peut encore baisser sans nuire au profit des opérateurs. D’où l’intérêt de cet article.

      De toutes façons, ce n’est pas qu’on chipote car il est nécessaire de connaître la définition et le sens exacts de chaque terme pour avancer, nous sommes d’accord sur le fond. Il faut casser les monopoles.


    • Loindelà (---.---.59.160) 24 octobre 2006 00:43

      On est d’accord finalement.


    • Loindelà (---.---.59.160) 24 octobre 2006 03:21

      Ah, j’oubliais :

      Vous dites : « S’il y a régulation il n’y a plus oligopole : il y a concurrence », ce qui est faux. Un oligopole n’implique pas que les concurrents vont coopérer ou s’entendre. Un oligopole peut parfaitement être « non-cooperative » ou concurrentiel si vous voulez. C’est d’ailleurs le but de la théorie des jeux, d’étudier toutes les combinaisons possibles. Le duopole Boeing-Airbus prouve bien que les concurrents ne sont pas forcés de s’entendre.


    • Paldeolien (---.---.3.199) 26 octobre 2006 00:07

      @ Loindelà

      Je pense que tu vas beaucoup mieux comprendre les effets de l’oligopolie lorsque le pétrole va devenir cher.

      Tu verras que finalement, celui qui trinque c’est toujours le consommateur. Et puis, n’oublions pas que la France est bien endettée, que l’état ré-emprunte pour rembourser sa dette. Au final, l’effet Argentine va souffler sur l’hexagone. Les créanciers sont à l’affut, ils le savent bien.

      Cela fait plus de 20 ans que la France est livrée en patûre à toutes ces pratiques commerciales abusives.

      Nul besoin d’être économiste, il suffit de regarder la réalité en face et ce qui se passe dans l’automobile, exemple bidon, on supprime la chaîne de distribution (en acier) qui doit durer la vie du moteur par une courroie, dérivé pétrochimique d’ailleurs...Qui s’use...Encore plus qu’une courroie en cuir, et qui se répare pas, mouhahaha, quel progrès !!! Bilan de l’opération, le consommateur se voit infliger une réparation régulière et systématique, le remplaçement de la courroie, sous peine de casser le moteur... Une manne nette pour les constructeurs automobile...et les pétroliers... Tout est fait partout dans tout les secteurs pour complexifier déqualifier afin d’engendrer des frais de fonctionnement.

      Les constructeurs automobiles font leurs plus gros chiffres d’affaires en vendant de la pièce détachée. hu ! C’est de l’argent confisqué facilement, puisque ce sont pas eux qui fabriquent les pièces, mais des Taiwanais ou des Chinois, ou autre... Ils achètent très très bas, revendent très très cher, margent au prix fort, puisqu’ils ont presque l’exclusivité sur les pièces qu’ils vendent, bien souvent, ils auront demandé a leurs sous-traitants des produits complètement dérivé des standards et normes, ceci afin d’estamper de leurs serres de rapaces leurs méfaits pour mieux obliger le consommateur a porter la main sur la carte bleu, payante elle aussi d’ailleurs... En cela ils sont donc déja fautif, ils vendent un savoir universel, je prends comme exemple un alternateur, invention agée de, oulalala, depuis que l’éléctricité existe... Au nom de quel droit les constructeurs peuvent marger sur des produits qu’ils n’ont pas inventé ? acheté à très bas prix, là ou les gens vivent dans la misère, et revendent ils très cher dans des pays ou la misère est moindre mais encore et récurante...Des produits qu’ils ne fabriquent pas, des produits qu’ils vont vendre à des Européens, mais qui n’auront jamais fait travailler des Européens. Cela est une lourde faille dans l’economie. Des profits bien trop faciles, qui ne profitent absolument pas aux gens qui fabriquent, et c’est pitoyable. Si la mondialisation vise à réduire la misère, alors il devrait y a voir une loi du marché internationale imposant aux commerciaux et au monde du commerce un coûts minimum d’achat garantissant un revenu minimum pour les salariés qui fabriquent ; les alternateurs par exemple. En outre, la marge possible et réalisable sur un matériel qu’on ne fabrique pas au sein de son entreprise mais que l’on achète pour revendre devrait elle aussi être réglementée et plafonnée. Finalement, ces gens sont des pilleurs, des lâches, sournois, ils veulent tout, les gens qui ont ces pratiques commerciales... Sauf que, à force de tirer sur la ficelle, elle casse. Effet Argentine. Le consommateur ne pourra plus consommer, se retrouvera avec des produits déqualifiés, ne pourra pas réinvestir dans un matériel aux normes et réparables, selon les standards internationaux. Et la boucle sera bouclée, retour à la case misère... A ça viendra se greffer les problemes climatiques. Je doute que l’economie puisse apporter des solutions techniques viables, encore moins le marketing, les oligopoliste, n’y comptons pas, les rats quittent le navire.

      Alors, la France de demain, vous en pensez quoi ? Et l’oligopolie, dans une ploutocratie, c’est profitable, vous en ête sur ?


    • Loindelà (---.---.59.160) 28 octobre 2006 04:40

      Merci de votre commentaire, je suis assez d’accord avec certains de vos arguments, en particulier sur le fait que le consommateur est souvent lésé. Pour revenir à notre discussion sur l’oligopole, je crois que les firmes ont d’autant plus la tentation de s’entendre quand le produit est standardisé. Par exemple, un litre d’essence, c’est le même quelque soit le producteur, et donc la tentation de s’entendre est très élevée. C’est le cas en Californie du sud ou j’ai habité pendant 3 ans et dans l’Idaho ou j’habite maintenant : les prix de l’essence sont anormalement élevés à cause d’une entente tacite entre les grandes compagnies pétrolières. En revanche, dans le cas de Airbus et Boeing, la concurrence est exacerbée en particulier grâce à une offre diversifiée de la part de ces deux constructeurs. Pour les télécoms, la concurrence a grandement amélioré l’offre et les consommateurs en sont les grands gagnants.

      En revanche, je suis sceptique sur vos exemples dans l’industrie automobile. Vous dites que les constructeurs volent les consommateurs : comment expliquer alors que les constructeurs soient pour beaucoup en position précaire financièrement ? A part Toyota, peu de constructeurs font de profits faramineux, rien à voir avec les entreprises pétrolières. Vous suggérez que les constructeurs complexifient les systèmes ou les rendent rétrogrades exprès pour faire plus de profits : je ne le crois pas. Les marques sont tellement en difficulté qu’elles ne peuvent se permette de jouer à ce jeu. Au contraire, elles investissent des milliards dans la recherche et dans l’amélioration de la qualité. Autre chose : les grandes marques automobile achètent encore assez peu en Chine et en Asie à cause de problèmes de qualité mais c’est en train de changer : Ford vient d’annoncer qu’ils vont doubler leurs achats de pièces en Chine, mais sachant que Ford perd 5 milliards de dollars par trimestre, ça se comprends.

      En revanche, vous avez raison pour les pièces détachées qui sont parfois vendues très chères par certains constructeurs, mais il serait ridicule de croire que les constructeurs automobiles fabriquent des voitures défectueuses simplement pour faire du profit sur l’après-vente, les conséquences sur leur réputation seraient désastreuses. Ils essayent de construire les meilleures voitures possible, et si elles cassent, là effectivement ils peuvent en tirer profits (pas toutes les marques tout de même).


    • Loindelà (---.---.59.160) 28 octobre 2006 04:50

      @ Paldeolien

      J’oubliais : c’est quoi le rapport entre oligopole et la dette de la France ou celle de l’Argentine ?


  • Tristan Valmour (---.---.200.66) 23 octobre 2006 22:14

    A Forest Ent,

    Un immense bravo à votre article. Ne pensez-vous pas que la création d’une association de consommateurs dont la vocation serait de produire ses propres produits et services pourrait résoudre bien des problèmes ? On pourrait ainsi s’affranchir de toute cette mascarade. Après tout, le pouvoir devrait revenir au consommateur, or celui-ci est prisonnier des producteurs et agences de marketing.

    Bref, consommer en fonction de normes qui respectent les producteurs, les consommateurs et la Terre, en faisant abstraction d’une quête irraisonnée du profit.


  • caramico (---.---.227.100) 23 octobre 2006 23:28

    Qu’est-ce que je dois emm..... le monde sans télé et sans portable.

    faites comme moi.


    • Paldeolien (---.---.3.199) 26 octobre 2006 00:20

      Je penses pas du tout que tu les emmerdes.

      Je suis dans la même situation, sauf que les gens, je les désintoxique, ils s’emmerdent pas.

      Lorsque tu rebondis sur l’actualité, ayant internet, tu interpelles, car tu as une information d’avance... Ce qui fait de toi une personne interessante.

      C’est bête mais, lorsque l’on est curieux, que l’on a internet, et bien, on a plus besoin de télé, ni de portable, et on réapprend à communiquer.

      Mon voisinage et moi-même avons de très bons rapports sans langue de bois. Il y a un véritable cohésion, on retrouve l’esprit Français, l’esprit de la liberté, l’esprit lumière. Pas de peur qui plane. De l’ambition, des projets...Des idées, des envies. Rien de ce qui est prémaché à la TV, rien de ces vies préprogrammées et du citoyens TF1...

      Concretement, le téléphone portable et la télé sont deux poisons mentaux.


  • ZEN zen 24 octobre 2006 09:02

    Trés bon article. A déclarer d’utilité publique !


  • anto (---.---.178.10) 24 octobre 2006 10:13

    article intéressant. C’est important de le rappeler. Je me souviens de cet article du nouvel obs. On peut faire le rapprochement avec la collusion, aujourd’hui inextricable, qui existe au sein de l’OPEP, oligopole déviant par excellence.


  • (---.---.104.190) 24 octobre 2006 11:11

    Petite precision a propos des banques : Les rapprochements que vous citez sont vrais mais, mis a part pour BNP/Paribas, ces rapprochements ne concernent pas les reseaux de banque de détail mais les activites de banque de marches.

    Je vous l’accorde je suis pointilleuse ;) mais tout a son importance !


    • Forest Ent Forest Ent 24 octobre 2006 12:30

      Le Crédit Lyonnais, appartenant au Crédit Agricole, a t il les moyens de mener une politique tarifaire vraiment indépendante ?


  • Rage Rage 24 octobre 2006 11:30

    Cet article est une bombe.

    Il s’agit typiquement du genre d’article totalement « politiquement incorrect » et terriblement réaliste qu’une presse libre SE DEVRAIT de produire.

    Forest Ent, votre article un l’un des meilleurs de l’année.

    L’oligopoly est en marche depuis le moment où la république a failli, à partir du moment où ses défenseurs ont eu plus à gagner des copinages que de l’éthique et du respect qu’imposait un titre au sommet de l’état.

    Mais cela n’est pas nouveau, des compagnies de chemin de fer en passant par les compagnies des eaux et les banques, ces jeux de copinages sont aussi vieilles que le capitalisme « créatif » qui croit encore dans une libre concurrence sans entente... (Adam Smith avait tord, la concurrence parfaite ne peut se faire que si les choix se font par répartition équitable (cf un homme d’exception) sinon tout le monde y perd, la libre concurrence étant donc un postulat erronné).

    L’entente est le 2nd degré du capitalisme, la réaction humaine évidente qui se passe une fois concurrence vécue : mieux vaut s’allier et se partager le gateau plutôt que prendre le risque de crever au 1er tueur venu ! Voilà exactement la CAUSE et le POURQUOI le libéralisme ne peut être viable : Sous prétexte de concurrence, il y aura toujours entente entre les plus puissants pour asseoir leur pouvoir et leur puissance, faisant des forts toujours plus forts et puissants : la fameuse courbe de l’exponentielle en somme.

    En vous lisant, force est de constater que vous avez, tout comme moi, bien compris que sous les mêmes excès se cachent toujours les mêmes pratiques et surtout les mêmes noms : Bouygues (l’oligarque suprême), Vivendi (ex-Messier), Vinci (Zacharias), Crédit Lyonnais (no comment), Eiffage et consors... Et toujours les mêmes noms d’hommes : Jacques Chirac pour la couverture du lot, T.Breton pour le vol des actionnaires de Thomson, la privatisation de France Télécom ou le cadeau des autoroutes, Francis Mer pour les charités à Usinor-Sacilor devenu Arcelor et maintenant Mittal Steel, Assassins en col blancs dignes de Keneth Lay ou Jeffrey Skilling mais sans les 24 ans de prison (Messier, Forgeard, Zacharias, ex-pdg de carrefour etc...)

    Enfin, pour se donner bonne conscience, la monopolisation des médias, l’hégémonie de la parole, le contrôle des voies de pensée. De TF1 Bouygues en passant par France Télévision à la solde de Chirac, n’y a t’il pas là toujours les mêmes aux mêmes lieux, aux mêmes postes.

    Big BrotherS are watching you.

    N’y a t’il pas dans cette société quelquechose de malsain, quelquechose d’anormal, quelquechose qui ne tourne pas rond ?

    Est-il normal que certains s’enrichissent sur l’eau, l’électricité, le gaz, le béton, le téléphone... de la masse alors que ces derniers la méprise comme jamais ?

    Peut-être que les auteurs du film V pour Vendetta l’ont compris et qu’ils n’ont pas tord...


    • Forest Ent Forest Ent 24 octobre 2006 16:21

      Noir, c’est le mot qui me vient immédiatement. Sur le thème glacial de « 1984 », « V pour Vendetta » était une bande dessinée extraordinaire, âpre et désespérée. Un chef d’oeuvre. Le film n’en est qu’une hollywoodisation navrante. Quoiqu’il y a quand même pire dans la rubrique « comment massacrer au cinéma une excellente bande dessinée » : « l’enquête corse ».

      Merci beaucoup de votre appréciation sur cet article.

      Comme au 19ème siècle, il faut constater que le rôle central est tenu par les établissements financiers. Martin Bouygues, et encore beaucoup moins Arnaud Lagardère, ne sont majoritaires chez eux. Ce n’est pas pour rien que l’on surnomme Claude Bébéar « le parrain ». Le pouvoir dans ces entreprises est tenu par des bancassureurs, en notre nom et avec nos sous.


  • (---.---.233.139) 26 octobre 2006 03:38

    SUPER ARTICLE


  • Souplounite (---.---.94.16) 17 mars 2007 18:43

    Fondamental, clair, limpide, précis, admirable. Bravo.


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