jeudi 25 septembre 2008 - par Illel Kieser ’l Baz

L’élaboration des normes psychiatriques

La suprématie américaine n’est pas seulement militaire ou économique. Dans le domaine des mœurs, là où se définissent les normes, insidieusement des réseaux financiers très puissants tentent avec succès d’imposer leur conception de l’ordre et de la vertu. Définir ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est déviant et ce qui est normal n’est plus du ressort d’une entité transcendante, ce sont des acteurs bien plus intéressés qui le décrètent...

La crise que traverse le système monétaire international est largement due à l’hégémonie mondiale du modèle américain prôné par les libéraux intégristes et belliqueux. L’Amérique du Nord est la première puissance mondiale militaire et financière du monde et, en tant que telle, elle exerce une très grande fascination sur les élites des autres nations. Ainsi son influence morale est tout aussi puissante que sa domination militaire. Dans le domaine des sciences la suprématie américaine ne fait pas non plus de doute, même si cela est moins net. Il est cependant un domaine où la Pax americana exerce une influence pernicieuse sur les vies quotidiennes des peuples européens. Il s’agit de la psychiatrie.

En quoi sommes-nous concernés et comment ?

Nos sociétés ne vivent plus selon des lois « naturelles » qui orchestreraient nos vies selon des règles de bon sens ou selon des principes coutumiers ou transcendants. Au cours de leur histoire, les peuples se sont donné les moyens d’édicter des principes fondamentaux, d’où sont découlés des principes moraux et, par suite, des lois. Ces principes délimitent des normes comportementales plus ou moins souples, des sortes de frontières à l’intérieur desquelles les êtres humains, hommes et femmes, enfants et vieillards se reconnaissent comme semblables et œuvrant pour un bien commun. Probablement très tôt dans l’histoire de l’évolution de l’humanité il fallut des gardiens du respect de ces lois, se différenciant peut à peu des autres pouvoirs, c’est à cela que servent aujourd’hui les différents services de polices qui sont chargés de surveiller et de punir (Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1975) les différentes formes de criminalité. Très tôt, et probablement dès l’aube de l’humanité, des interdits fondamentaux furent posés pour garantir la survie du groupe et la préservation de l’espèce. (Tu ne tueras pas, Tu ne voleras pas le bien d’autrui, ...) Les codes civils se sont affinés au cours des temps, établissant des degrés dans le crime ou les délits. Ces codes établirent dans le même temps des normes dont les caractéristiques nous imprègnent encore sans que nous le percevions vraiment. C’est un effet de groupe et sa persistance au cours des temps fonde ce que nous nommons culture. Ainsi les différents éléments qui composent un groupe épousent des comportements statistiquement semblables. Cela veut dire aussi que certains éléments finissent par échapper à cette norme.

Les crimes et délits ne sont pas les seuls « déviances » - par rapport à une norme préalablement définie - que nos systèmes de vie doivent affronter. (Dans tout groupe humain, il existe une part incompressible de « déviance » et c’est probablement une loi incontournable.) La folie telle que nous pensons la connaître définit une forme singulière d’altération du comportement et cette façon de la concevoir fut très tardivement élaborée. Dans les sociétés anciennes, ceux que nous repérons comme fous étaient intégrés au groupe à la mesure de leur déviance. Nombre de sociétés contemporaines continuent de fonctionner encore sur ce mode, mais leur nombre tend à diminuer au fur et à mesure que l’urbanisation se renforce. Dans ces sociétés-là la folie n’existe pas, il s’agit d’autre chose que la communauté des vivants assume et compense selon une loi que nous avons perdue de vue, l’identité entre les êtres, ce que le vocabulaire moderne nomme solidarité. (Notons en passant que cette identité porteuse de cohésion est instinctive, viscérale, les singes et d’autres animaux grégaires la pratiquent)
La cohésion du groupe est plus puissante que la faiblesse de l’un de ses éléments, c’est pourquoi, ce lien perdure tant que la cohésion du groupe n’est pas menacée.

La mémoire de l’Histoire conserve cependant, pour la plupart des sociétés qui nous ont laissé des traces, des cas de folie que rien ne pouvait contenir. Les mythes nous rapportent qu’il s’agissait là d’une affaire de dieux, voulant dire par là que cela échappait au contrôle humain et que l’on n’y pouvait rien, hors la mort ou le bannissement.
Pour ce qui concerne cette société prétendument de « racine chrétienne », tout le monde a entendu parler des cas de possession et de la manière dont le clergé la traitait. Tous les cas de possession que les archives de l’Histoire nous dévoilent ne sont pas des cas pathologiques et c’est ainsi que l’histoire récente - moins de 5 siècles - de nos sociétés urbaines révèlent que folie et anormalité mènent une étrange danse à deux.

1492, les Croisades ont passé, Isabelle la Catholique expulse les juifs d’Espagne, Christophe Colomb découvre l’Amérique. L’ennemi n’est plus le Maure infâme mais un être du dedans. Désormais, peu ou prou, notre monde actuel est né. Catholiques français et espagnols vont livrer une bataille acharnée contre les protestants anglais et hollandais pour la conquête de nouvelles terres. Ce sont ces derniers qui imposeront à la planète leur système du monde. La folie n’existe pas encore mais on sait déjà que ce monde qui vient repose sur des pogroms dont l’essence mêle religion et intéressement financier. Cette tendance autodestructrice se prolongera par l’action meurtrière de l’Inquisition qui sera la première instance du monde « occidental » à établir des normes comportementales, morales et psychologiques - le religieux étant une part du psychologique au sens moderne.

Au dehors du monde, donc, il y aura des êtres sauvages, méritant tout juste de voir leur âme sauvée par une assimilation cannibale, au-dedans, la folie, religieuse, d’abord, rationnelle ensuite apparaît peu à peu. Le rationalisme achèvera cette réforme des mœurs et comportements.

Si l’on prononce le vocable anormal, une chaîne d’associations mentales s’organise et nous fait penser à une anormalité physique, une déformation corporelle ou mentale, à des comportements extraordinaires - parce que nous ne les repérons pas comme semblables aux nôtres - ou bien à des fantaisies de comportements et d’attitudes dont certaines sont effrayantes. On nomme habituellement folie ces fantaisies.

Que l’on fasse référence à une entité divine ou à une règle scientifique, donc incontournable et absolue, c’est d’une norme qu’il s’agit et celle-ci est définie comme nécessaire à la vie sociale. Pour le déviant, cela ne change rien. Que les modalités de sanction évoluent au gré de l’effort de civilisation ne change rien non plus. De l’exécution à la mise au ban c’est le même effort que déploie un groupe pour écarter ceux qui, selon ses règles, perturbent l’ordre des choses.

Que le scientifique sache que sa vérité est provisoire ne change rien car ce sont les politiques qui appliquent les règles qui découlent toujours d’une vision du monde.

Que le prélat doute de la bonté universelle de son Dieu ne change pas plus puisqu’il faut bien que les brebis égarées rejoignent le troupeau ou périssent. 

Folie et ordre social

La définition de la folie, plus largement, de toute déviance, découle, dans nos sociétés, d’un artifice qui conduit à l’éviction du champ social de toute « défiance oppositionnelle » (Il s’agit d’une nouvelle maladie mentale et j’y reviendrai plus loin)

Ajoutons que toute perturbation de l’ordre d’une société est d’autant plus mal ressenti par ses membres que les idéaux qui présidaient à la création de celle-ci déclinent et s’évanouissent. Les historiens, selon l’idéologie qui les anime, pourront nous présenter cela sous l’angle économique, moral ou religieux mais, anthropologiquement parlant, il s’agit d’une seule et même chose, une mutation en marche.

Autre corollaire : la défiance à l’égard de la déviance est d’autant plus appliquée, assidue et rigoureuse que celle-ci se mêle à un élan créateur. Le déclin d’une masse donnée des valeurs fondatrices d’une culture s’accompagne d’un égal surgissement de nouvelles formes de vie, de nouvelles représentations du monde mais leur relative fraîcheur les présente sous forme chaotique que l’ordre déclinant ne peut que rejeter. 

Plus un ordre déclinant se sent menacé plus il a tendance à multiplier les règles normatives, excluant ainsi toute entrave à son fonctionnement. Ainsi s’élargissent les définitions de la déviance. Aux formes « organiques » de la folie - celle que l’espèce humaine doit accepter d’elle-même depuis la nuit des temps et qui est plus ou moins tolérée selon les moments - se mêlent des embryons d’une mutation qui n’est pas reconnu comme telle. Cela conduit à l’éviction du champ social de tout ce qui est « étrange » et les modalités d’éviction évoluent selon les codes du moment mais elles cherchent toujours à s’appliquer toujours avec le maximum d’efficacité.

(On comprend que la folie ordinaire n’est pas seule concernée, sont gênants tous les sujets qui entravent la marche du monde... y compris cette classe nouvelle nommée « les handicapés », mais aussi les « irréguliers ». L’ordre déclinant les voit comme objets, nos comme sujets.) 

Venons-en donc aux définitions contemporaines de la folie par la psychiatrie contemporaine. Nous verrons combien les propos ci-dessus ne sont ni outranciers ni exagérés.

 

Définition contemporaine de la folie

L’APA (American Psychiatrical association) détient le pouvoir de définir les termes et les critères en fonction desquels se fait la distinction entre le normal et le pathologique en termes de santé mentale. Elle produit à intervalle réguliers le DSM - Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. Ce catalogue de définitions et de descriptions cliniques est diffusé dans le monde entier, tout acte psychiatrique qui se veut « moderne » y souscrit d’une manière ou d’une autre.
La première édition (DSM-I) est publiée en 1952, et diagnostique 60 pathologies différentes. La deuxième édition (DSM-II) est publiée en 1968, et recense 145 pathologies psychiques.
La troisième édition (DSM-III) est publiée en 1980 et dénombre 230 pathologies.
Cette édition avait pour but de faciliter une approche rationalisée des essais thérapeutiques afin de valider les nombreuses molécules nouvelles que les laboratoires avaient mis sur le marché depuis le début des années 1970. Le DSM-IIII crée également des catégories de populations porteuses de pathologies, apparemment définies sur la base de critères cliniques.
Outre cet assujettissement aux productions des grands groupes pharmaceutiques, il ne faut pas négliger un autre fait symptomatique qui devrait nous éclairer sur l’impact ethnique - moral - de toute définition de la folie. Jusqu’en 1974, l’homosexualité était classée comme un désordre mental. DSM-II.
La quatrième édition (DSM-IV) est publiée en 1994 et reconnaît 410 troubles psychiatriques. La version actuellement utilisée est une révision mineure de ce texte, le DSM-IV-TR, publiée en 2000. Cette édition prolonge et approfondit le travail entamé avec le DSM-III.
La cinquième édition est en cours de production depuis 1999, sa parution prévue pour 2011. Les 13 groupes de travail ont été définis et créés en 2007.

 

Psychiatrie et complexe pharmaco-industriel

Le Dr Steven Sharfstein, ancien président de l’APA, face aux critiques qui lui étaient adressées, se justifiait ainsi en 2003 : « Pour survivre, nous devons aller là où se trouve l’argent ».
Rien de plus clair !

Les psychiatres sont les médecins les plus soutenus financièrement par l’industrie pharmaceutique. Lisa Cosgrove et Sheldon Krimsky, dans une étude parue en 2006, précisent : sur 170 experts ayant contribué au DSM IV, 56% avaient des liens financiers avec une ou plusieurs firmes pharmaceutiques. Quant aux experts des groupes de travail consacrés aux « troubles de l’humeur » et aux « troubles psychotiques », ils étaient tous dans une position avérée de conflits d’intérêts. La psychiatrie, en dehors des narcoses - électrochocs - est très consommatrice de molécules. D’autre part, les psychotropes et les antipsychotiques, prescrits pour traiter les troubles de l’humeur - troubles bipolaires, par exemple - et les psychoses - schizophrénie pour la plus connue, sont très coûteux. Ils sont aussi prescrits sur de longues périodes. Aux USA, le groupe des antidépresseurs génère 20,3 milliards de dollars de profit, celui des antipsychotiques 14,4 milliards (chiffres établis en 2004 et en très nette augmentation depuis).

(Sources : Psychiatry & Pharma, the unholy alliance
Financial Ties between DSM-IV Panel Members and the Pharmaceutical Industry)

Science et idéologie

Un exemple particulièrement frappant du mélange entre science, idéologie et morale nous est donné par le groupe DSM V, The Sexual and Gender Identity Disorders dirigé par Kenneth J. Zucker. Ce groupe est donc chargé de définir les pathologies sexuelles et les désordres de l’identité sexuelle.

Peggy Cohen-Kettenis est la Présidente du sous-groupe GID (Gender Identity Disorder). C’est une professionnelle engagée, respectueuse et empathique, sa nomination est probablement due à la très forte mobilisation de toutes les associations américaines qui défendent les personnes « atypiques » - qui ne reconnaissent pas dans le genre qui leur est assigné par leur identité de naissance.

Ray Blanchard préside le sous-groupe Paraphilias - « paraphilie ».

Enfin, R. Taylor Segraves dirige le sous-groupe Sexual Dysfunctions.
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les positions de Ray Blanchard et Ken Zucker connus pour des prises en charge dites « de conversion ». (Ce terme n’éveille-t-il pas de sinistres souvenirs surgis de l’Histoire du monde chrétien ?)
Lors de mes années d’étude, nos professeurs nous apprenaient que dans le cas des « troubles homosexuels » il importait de parvenir à « convertir » ces « malades » à une sexualité normale.
Ray Blanchard est aussi connu pour ses liens avec les milieux qui se sont opposés à la réforme du DSM II lequel définissait l’homosexualité comme une déviance psychique. Il fallut 10 années de combat pour qu’aboutisse enfin la dépsychiatrisation de l’homosexualité. Ce médecin est également réputé pour ses prises de position en faveur des théories eugénistes. Il est à l’origine d’une très puissante campagne d’influence qui prône la castration chimique, voire les condamnations à mort pour les récidivistes pédocriminels.
Kenneth J. Zucker et Ray Blanchard ne sont pas si exceptionnels qu’il y paraît. S’ils occupent une telle place dans le paysage de la psychiatrie américaine, donc mondiale, c’est bien parce que quelque chose se meut dans les bas-fonds de nos cultures qu’on croyait avoir banni à jamais avec le procès de Nuremberg. Et Hannah Arendt soulignait fort justement, à l’occasion du procès de Eichmann, (capturé à Buenos Aires en mai 1960 par les services secrets israéliens, et jugé à Jérusalem en avril 1961) que loin de l’abolir il consacrait la « banalisation du mal ».
Les valeurs morales des religions du Livre définissent la finalité de la sexualité comme uniquement destinée à la procréation. On devine donc ce qu’implique le retour du dogmatisme religieux dans les démocraties. Et cela ne s’arrête pas à la sexualité...

Las de poursuivre les homosexuels de leur volonté de « conversion », les chantres de la pureté se trouvent désormais un ennemi intérieur dont l’éradication totale et radicale rendra à notre société sa pureté perdue. Je désigne les pédocriminels, pire, les récidivistes - mais ne le sont-ils pas tous ? - qu’il s’agira de jeter en pâture à la vindicte populaire dans un acte de pur exorcisme selon les rituels les plus archaïques et les plus sauvages. (Signalement officiels des pédocriminels libérés dans le quartier où ils habitent, par exemple)
Oui, il y a bien un lien entre la volonté de combattre l’axe du Mal - le monde musulman, qui s’en cache maintenant ? - et l’éradication de la pédocriminalité. Cela va plus loin encore, réprimer sévèrement la pédocriminalité ne serait qu’une instrumentalisation habile.
Un ennemi dehors, un ennemi dedans ; les Croisades d’un côté, l’Inquisition de l’autre !
Non, ce n’est plus de la science, c’est du sacré au sens le plus maléfique qui soit et nous nous trouvons les plus vives argumentations pour penser, dire ou écrire que ce n’est pas vrai, que cela ne peut pas exister ainsi !

Références pour ce chapitre
Genèse du DSM - Wikipedia (anglais)
(La version française de Wikipedia ne rend compte que d’une réalité édulcorée du DSM)

Tansadvocate
Bird of Paradox
Organisation Internationale des Intersexués
Marie-Noëlle Baechler


Lorsque l’enfant paraît

Dans un essai sur la banalisation de la transgression du tabou de l’inceste, j’ai souligné, en fin d’ouvrage, combien il pouvait exister de relations entre la pédocriminalité et la banalisation d’une industrie de prédation. Je veux dire que notre civilisation a perdu contact avec ses aspects les plus humains pour ne devenir qu’une société de prédation que la Loi du Marché révèle sans que nul ne le conteste désormais, transformant chaque sujet en autant de robots fabricants qu’ils se trouve d’individus dans les nations.
Il ne s’agit pas d’une perversion seulement économique, ses racines sont bien plus profondes, elles se situent là où nous-mêmes, à chaque étage de notre vie posons un bandeau sur la vérité qui s’étale chaque jour.
Certes, « il eut été réconfortant de croire qu’Eichmann était un monstre » écrit Hannah Arendt. Pourtant, tant d’autres lui ressemblaient « ni pervers, ni sadiques ». Ces gens étaient « effroyablement normaux ». Ils ne savaient pas !
Ce formidable problème nous demeure posé aujourd’hui. Dire que les déviants « paraphiles » et pédocriminels sont des monstres nous arrange car nous trouvons dans cette monstruosité la justification de notre déni. (Je ne dis pas irresponsabilité mais déni car il ne s’agit pas d’apprécier cela à l’aune de la notion si présente de faute, donc de repentance que savent si bien instrumentaliser certains orateurs)

Cette banalisation qui serpente dans nos cultures à sa manière ophidienne suppose qu’un système rigide et coercitif ait, au préalable, tué l’être social, et aussi « l’animal politique » en tout homme, en toute femme dont il ne conserve alors que l’aspect biologique, objet inerte et sans âme livré au décryptage d’une science qui se veut absolue dans ses décrets. Mais cette propension à l’absolu ou à l’universel n’est-elle pas également incluse dans le projet du libéralisme économique ? N’y a-t-il pas dans l’idéologie du Marché, promu au rang de maître du monde, une volonté d’absolu qui transformerait l’être humain en une mécanique de production et broierait chaque individu sous productif ou celui qui serait susceptible de porter un autre projet forcément contraire à l’ordre gisant ?
Et c’est ainsi que l’enfant paraît...
Que les victimes d’inceste ou de pédocriminels ne se méprennent pas, je ne défends ni les pédocriminels ni une quelconque dépénalisation. Ceux qui me connaissent savent à quel camp j’appartiens. Je suis pour une pénalisation dissuasive des actes pédocriminels mais je défends avec vigueur le principe fondamental de nos sociétés, celui d’une justice sereine, à l’abri de toute forme de sensationnalisme.

À une barbarie, n’opposons pas une autre barbarie quand bien même cette dernière reposerait-elle sur un « consensus », faussement. La haine qui tenaille la victime du pédocriminel est normale et juste durant un temps, elle soutiendra sa colère et son besoin de recouvrer une dignité bafouée. Mais c’est à la société toute entière de supporter la charge de la reconnaissance de la souffrance et de la blessure. C’est ce processus qui inclut la « mise en accusation » du prédateur, que la société globale doit conduire car lui seul est porteur de rédemption et de réparation pour la victime. Je sais assez, pour avoir soutenu de nombreuses victimes, que la haine perpétue le lien pervers que le prédateur a instauré avec sa victime. Invoquer la vengeance, faire du prédateur un monstre incurable, c’est, paradoxalement, agir dans le sens de ce grand manipulateur - Myriam Badaoui, actrice centrale de l’affaire d’Outreau en est un parfait exemple - en se débarrassant à bon compte d’un déni collectif. La victime ne peut soutenir longtemps ce lien au-delà de l’agression première. Et là il y a des solutions juridiques et éducatives, des protocoles cliniques, des actions préventives à mener. Surveiller et punir ne suffit pas, surtout quand cela se fait dans l’aveuglement des passions. Prendre en charge la victime dans son besoin profond d’être humain est la première urgence. La commisération n’est pas un soin !

Plus loin que la tolérance à l’égard de la transgression d’un tabou fondateur, nos sociétés d’ordre et de pureté s’en prennent elle-même à l’enfant.

La pression du complexe pharmaco-industriel sur l’élaboration du DSM est telle que même la terminologie psychiatrique est influencée, voire induite par les producteurs de nouvelles molécules.

Ainsi le « trouble de défiance oppositionnelle avec provocation » est apparu pour caractériser une famille de signes affectant principalement enfants et adolescents turbulents, revendicatifs ou hyperactifs...

Le petit frère du DSM, le DSM IV, cas cliniques, présente le cas de Kevin « un joyeux garçon de 9 ans qui est en deuxième année de cours élémentaire ; il est amené à la consultation externe car son instituteur, dans l’école privée qu’il fréquente, a appelé plusieurs fois sa mère pour lui signaler la dégradation de sa conduite en classe. » [...] (Allen Frances et Ruth Ross, 2000, p. 8) Il convient ici de souligner la précocité du processus de psychiatrisation, d’une part, le signalement par le pédagogue d’autre part.

 

Cette convergence est largement encouragée actuellement au point de favoriser la prescription extrêmement précoce de molécules jusque là réservées aux seuls adultes. Les pédagogues sont également de plus en plus formés à faire des évaluations « préventives ».

Suivant point par point le programme américain de signalement précoce, le fichier Edvige modifié depuis peu maintient le signalement des enfants de 13 ans dans la plus grande indifférence. Sous sa forme première il comportait le signalement des préférences sexuelles et des maladies. Cela doit être mis en parallèle avec les tendances contemporaines de la psychiatrie et la volonté d’une sécurité maximum, acquise non par la prévention mais par la mise au ban. Un président de la République soutient fermement que l’agitation de certains enfants, que la pédocriminalité, trouvent leurs sources dans des dispositions génétiques, ce qui implique le signalement le plus précoce qui soit de ces tendances malsaines. D’où le fichage précoces des « déviants », dès l’école primaire donc. Le fichier Base Élèves, expérimenté dès 2004 dans la plus grande indifférence, préconisait que « Les écoles, les collèges, les lycées et les établissements d’enseignement supérieur (...) participent à la prévention de la délinquance" » 

Le Ministre, Xavier Darcos, est revenu sur certains éléments de ce texte dont il dit lui-même qu’il enfreint les règles de l’école de Jules Ferry et qu’il est « profondément liberticide » mais les décrets portant modification ne sont pas parus, si bien que certains recteurs sanctionnent encore les pédagogues qui ne remplissent par leurs fiches.

Ces dispositions, même si, parfois les dirigeants paraissent reculer, appartiennent à un arsenal dont nous trouvons le modèle aux USA et nous ne pouvons pas prétendre que cela s’arrêtera à l’entrée du port de Brest. « Pas nous, non sûrement pas nous... »

Et, plus tard, « Nous ne savions pas ! » Cela fait 50 ans que le DSM est en place !

 

 

À l’attention des rédacteurs et des modérateurs d’Agoravox

Sous le titre Projet de civilisation : imposture et illusion, j’ai proposé de publier sur cette plateforme une série d’articles dans lesquels j’invitais les lecteurs à revenir sur des termes dont nous pensons tous connaître le contenu sans véritablement nous donner les moyens de savoir de quel tiroir de l’histoire ils ont surgi. Or, la question que l’on peut se poser, avant d’entamer un débat sur des notions aussi essentielles que civilisation, culture, identité, démocratie, laïcité, politique, etc. est de se rappeler les conditions fondamentales qui permettent aux sociétés de vivre, s’étendre et durer pour devenir, au regard des siècles, des civilisations. Et comment elles finirent par prendre les formes que nous leur connaissons.

I - Ordre et barbarie

II - Alliance avec la nature, le projet social de l’Islam

Les articles qui suivent ont été proposés à la publication mais refusés au prétexte qu’ils « manquaient d’arguments ». Ne sachant pas trop ce que cela veut dire, même si j’ai pu lire certains commentaires de Carlo Revelli en réponse à des auteurs qui demandaient des explications, je laisse les choses en suspens. Les règles de publication de Agoravox sont ce qu’elles sont même si elles privent le lecteur du témoignage de l’observateur des sociétés humaines que je suis. Mon seul argument étant de rapporter ce que j’ai vu d’us et de coutumes à travers le monde depuis 40 ans, aidé par ma formation scientifique. Je n’ai pas d’autres argument ni personne à citer que moi-même. (C’est pourquoi d’ailleurs, je plaçais toujours ces articles dans la rubrique Tribune libre)

III - Variations sur Culture et Civilisation
Revu et réaménagé à partir d’une conférence – Culture et identité – donnée au Premier congrès maghrébin de psychologie, Hammamet - 1984. Qui sera suivi, ici ou ailleurs, d’un développement sur Identité et Nation.

 

IV - Le messianisme, nouvel instrument politique
Comment, partant du registre émotionnel, la gestion des affaires des nations dérive vers un archaïsme très dangereux : le messianisme. Lequel s’appuie sur la peur qui n’est pas une émotion provoquée comme d’aucuns s’appliquent à le dire – elle existe en soi quand certaines conditions grégaires sont réunies – mais orientée et manipulée à des fins plus ou moins opaques mais toujours explosives.

Dans cette même série, Adieu Égalité, Fraternité, proposé en janvier 2008 a été refusé « avec un problème de droits d’auteurs ». (?) Je mets au défi une quelconque cellule de veille informative de trouver quelque part un seul mot, une seule phrase de ce texte qui ne serait pas de moi.

Aux lecteurs

Le lecteur qui voudrait suivre le fil de cette discussion pourra trouver ces articles sur la plateforme suivante : Hommes et faits et revenir ici afin de poursuivre la discussion.

Certains commentateurs se sont étonnés de ce qui pourrait apparaître comme un regard constamment critique et se sont faits porteurs de demandes de solutions concrètes. Comme je l’ai dit plus haut, je me fais l’écho de ce que j’observe, suivant en cela la tradition antique des « théoriciens », ces rapporteurs qui sillonnaient le monde pour en rapporter les nouvelles à Athènes. Ils sont les ancêtres de nos journalistes actuels. Dans l’état actuel des affaires du monde, non je n’ai de solutions concrètes à proposer que pour les affaires de ma petite commune ou bien dans mon exercice de psychologue clinicien. (C’est tout petit !)

Pour le reste, je partage, j’écris, j’écoute, je réponds aux commentaires, le reste suivra mais il ne dépend sûrement pas de moi seul. Les solutions sont au bout du vote, dans l’urne. C’est ainsi que je comprends l’acte citoyen, selon mes moyens et mes pôles de compétence.

Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas ici de poser une revendication quelconque qui dévoilerait la blessure d’un ego frustré. Je respecte et honore l’initiative participative d’Agoravox et depuis des années, notamment en tant qu’éditeur, j’ai fait miens ces objectifs qui viseraient à contourner le clivage, voire la fracture, que l’on voudrait entretenir entre certaines élites intellectuelles sensées maitriser tous les savoirs et une plèbe ignorante et suiviste. Je ne manque pas de moyens d’être lu ; publier sur Agoravox a un sens politique que bien de mes collègues ignorent en se confinant dans des réseaux intimistes. Livrer mon témoignage, c’est accepter qu’il soit passé au filtre de la critique, livré à la sagacité de chacun, c’est aussi entendre ce qui pourrait me faire défaut. Le lectorat d’Agoravox n’est pas le comité des rédacteurs, il le dépasse, l’incitant ainsi à autant de rigueur que de modestie.

Ces propos, en annexe de cet article sur les normes psychiatriques, ne sont pas loin du sujet. En effet, les normes, ce sont aussi des modes et les productions de la pensée suivent, sans le savoir, des courants qui, parfois, les détournent de leur fin première : une invitation à penser et à pousser la curiosité dans les limbes de la norme. Les « maladies » mentales telles le « trouble de défiance oppositionnelle » censé être une nouvelle épidémie affectant les enfants et les adolescents turbulents affectent peut-être déjà des adultes malpensant...

À chacun de méditer sur ce que ce "trouble mental" peut révéler de puissance créatrice que nos sociétés refusent à leurs enfants.



42 réactions


  • jako 25 septembre 2008 14:04

    C’est long mais c’est bon, passionant article merci à vous.


  • ZEN ZEN 25 septembre 2008 14:30

    Merci pour cet article très riche et ses prolongements méthodologiques et citoyens
    Je salue votre démarche à la fois modeste et courageuse
    Il aurait peut-être fallu le découper en plusieurs articles...
    De la réflexion pour quelques jours.

    "Je mets au défi une quelconque cellule de veille informative de trouver quelque part un seul mot, une seule phrase de ce texte qui ne serait pas de moi."
    Les décisions de la rédaction sont parfois insondables...


    • Illel Kieser ’l Baz 25 septembre 2008 15:25

      @zen,

      bonjour et merci de vos encouragements...
      Vous dites : "Il aurait peut-être fallu le découper en plusieurs articles"
      En effet, j’y avais pensé mais c’était courir deux fois le même risque. smiley

      Je profite de ce commentaire pour signaler un article intéressant sur le même sujet :
      Normes psychiatrique en vue
      http://www.cifpr.fr/+Noo-æpsychiatrique-en-vue+
      par Roland Gori - également paru dans Le Monde
      Cordialement


    • jako 25 septembre 2008 15:43

      Bonjour auteur. J’ai survolé votre site ( je suis encore au travail) mais il y a des articles très interessants , je vais squatter dès que je serais en vacances. Merci de vos initiatives dans ces domaines très importants et si peu "publiés" .


  • Avatar 25 septembre 2008 15:47

    A l’auteur,

    Article tout simplement magnifique !

    Merci .

    Et merci d’avoir montré la réalité des liens politiques et commerciaux à propos du DSM...

    En espérant que vos écrits ne fassent pas de vous un paria dans les colloques anglo-saxons.


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 07:53

      Bonjour Avatar et merci pour les encouragements...
      Vous dites : En espérant que vos écrits ne fassent pas de vous un paria dans les colloques anglo-saxons
      Hé bien, paradoxalement, c’est là que j’ai les meilleurs contacts et les meilleures oreilles. D’Europe, nous connaissons le bruit de fond conservateur de l’Amérique du Nord mais la possibilité d’expression est bien plus grande qu’ici.
      Par ailleurs, on y est de plus en plus inquiets de la médicalisations outrancière de la "santé mentale"...
      Bonne journée.


    • Avatar 26 septembre 2008 14:55

      Merci d’avoir rectifié mon a priori.

      Votre allusion à l’industrie pharmaceutique viserait-elle essentiellement les industries européennes , voire française (Ritaline, Prozac ...etc...) ?


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 16:51

      @Avatar,
      Non je vise principalement l’alliance silencieuse entre une industrie et ceux qui devraient, en toute indépendance, définir les bases symptomatiques de l’exercice clinique et les protocoles de soins. Le psychiatre a pour fonction première de soigner, or on lui demande désormais de surveiller. Maintenant, cela pourrait s’étendre aux personnels sociaux et pédagogiques.

      L’exercice psychiatrique devient alors l’instrument d’une volonté d’ordre. Cela est net aux USA et au Japon et cela gagne du terrain en Europe.
      On peut aussi observer une envahissante tendance qui consiste, en France, à la prescription de médicaments phytothérapeutiques pour des pseudo dépressions, des problèmes de sommeil, etc. On trouve ces médicaments assez facilement et sans prescription.
      L’industrie pharmaceutique s’appuie sur cette tendance que nous avons tous : faire disparaître une angoisse diffuse devant les formes inconnues de l’avenir qui nous attend. Ses agents sont multiples.

      Cette alliance est dangereuse partout où elle est sollicitée ou entretenue. Elle l’est dans de nombreux domaines qui touchent aux moeurs. Parfois ce sont des groupes industriels dont la fonction est de faire du profit, parfois ce sont des groupes de pression à caractère religieux. Ce que dénoncent - à juste titre - certains commentateurs ici-même.
      Cela a pour conséquence progressive de nous déssaisir de toute faculté de discernement, ajoutez à cela le silence assourdissant de nos intellectuels et il devient tentant d’écouter une prêche ici, de prendre un cachet décrit comme innocent par là...
      Les sociétés mettent longtemps à se transformer mais cela fait plus de 50 ans que c’est installé.


  • Kalki Kalki 25 septembre 2008 15:51

    Question bête :
    Quelle place donneriez vous à la psychologie dans votre société idéalisée ?
    En tant que :

    • Etre vivant.
    • Humain.
    • Personne ’socialisé’ (?)
    • Psychiatre.

    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 08:03

      @kalki
      question amusante, j’y réponds :
      être vivant, ce qui me rapproche des autres espèces animales, donc la psychologie ne m’est d’aucun secours, je fais d’abord confiance à l’instinct ;
      Humain, je réserve l’usage de la psychologie à une méditation intime dans mon cabinet, le matin tôt, après le café. Cela ne peut pas nuire ;
      Personne socialisée, donc "animal politique", là de même la psychologie ne m’est d’aucun recours. Cette discipline c’est la taupe des sciences humaines, elle ignore le politique sauf quand il lui tombre dessus ;
      Psychiatre, je ne suis pas psychiatre, tout juste diplômé de psychopathologie, j’ai produit en 1973 un pamphlet contre la sectorisation qui dénonçait la fliquiatrisation de la société... j’ai été viré du HP dans lequel j’exerçais !
      Cela vous va-t-il ?


    • Kalki Kalki 26 septembre 2008 17:21

      Cela me va parfaitement et je vous remercis pour cette réponse.

      Quand on est fasse à un quelqu’un de cultivé comme vous, le mieu que l’on puisse faire pour le remercier c’est le flatter d’une bonne question.

      Vu votre expertise et votre clareté je pense que cette question sur votre point de vue ( et votre intention) était tres opportune.

      "OU mettre la psychologie dans notre société, et jusqu’ou ? Jusqu’a quel instrumentalisation // et systemisation."
      "Doit on soigner le mal, les maux ? Ou doit on soigner les causes des maux ? OU doit on faire en sorte de donner les meilleurs condition pour que ces maux n’apparraissent pas (au niveau de la société et de toute les composantes d’une vie)"

      Merci aussi pour tout ces articles.


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 18:27

      c’est le flatter d’une bonne question smiley


  • foufouille foufouille 25 septembre 2008 17:00

    soyons fiers d’etre anormal
    je suis fier de ne pas avoir de barbe et de voir ds le noir .........


  • sery 25 septembre 2008 18:24

    bis !bis !
    mais moins long et en français...


  • Cristophe Cristophe 25 septembre 2008 19:14

    Article fort intéressant et joliment troussé. Dommage que le domaine de la reproduction n’ait pas été développé. C’est un territoire de chasse pour les liberticides, qui par ailleurs souvent mélangent liberté sexuelle et liberté reproductive. Lire "Donum Vitae" de Ratzinger pour voir jusqu’où l’ignorance peut mener.


    Par ailleurs, je penche plutôt pour une opposition des croyances fortement influencées par le religieux que pour une opposition entre puissances économiques. Sarkozy et Darcos ne se sont pas inspirés d’une théorie US pour ficher les élèves dans le plan de prévoyance de la délinquance dont Base-Elèves/Sconet était l’un des instruments, mais simplement du rapport Bénisti, sinistre revival pétainiste.


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 08:18

      @Christophe,
      Dommage que le domaine de la reproduction n’ait pas été développé.

      Article et étude prévue... ça en plus et nous avions un article imbuvable.

      C’est un territoire de chasse pour les liberticides, qui par ailleurs souvent mélangent liberté sexuelle et liberté reproductive. Lire "Donum Vitae" de Ratzinger pour voir jusqu’où l’ignorance peut mener.

      Il y a beaucoup de vrai dans ce que vous dites... La sexualité est ce lieu de la vie des personnes le plus instrumentalisé. Mais n’oubliez pas qu’il faut un moteur pour que les paroles aient une certaine efficacité. La peur en est ! Nous ne craignons plus les effets de la guerre, mais l’économie est le terrain des guerres nouvelles. Il faut entretenir la peur...

      Par ailleurs, je penche plutôt pour une opposition des croyances fortement influencées par le religieux que pour une opposition entre puissances économiques. Sarkozy et Darcos ne se sont pas inspirés d’une théorie US pour ficher les élèves

      Sarkozy est fasciné par les USA... il affiche un mépris étonnant pour la plèbe...
      Darcos et une conservateur catho qui grignote le terrain contre la laïcité. Il a lancé en douce un plan d’infiltration des banlieues par le privé catho. Il se venge des nombreuse années de frustration subies durant ses années de professeur.

       dans le plan de prévoyance de la délinquance dont Base-Elèves/Sconet était l’un des instruments, mais simplement du rapport Bénisti, sinistre revival pétainiste.
       
       Ok, sauf que les méthodes ont changé... on intrumentalise les inquiétude individuelle à tous niveaux : santé, éducation, socialisation, etc.
      Cela veut dire que ces dispositions liberticides paraissent légitimes...
      Cordialement
       


    • vin100 26 septembre 2008 10:55

      Pas lu le Livre de Ratzinger dont vous nous parlez.
      Mais c’a a quel gout de bouffer du Catho ?
      Bien sincèrement
      vincent


    • Cristophe Cristophe 26 septembre 2008 14:34

      J’attendrai avec impatience de lire votre prochain billet sur la production des normes en matière de reproduction humaine. Je tuerai le temps en relisant l’Empire du ventre de Marcela Iacub et Interdits d’enfants de S. & D. Mennesson.


    • Cristophe Cristophe 26 septembre 2008 14:51

      "Donum Vitae" texte écrit en 1987 par le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi (anciennement appelée Inquisition), un dénommé Ratzinger. Ce texte doit se trouver facilement sur internet. En cas de difficultés, le prosélytisme catholique de nos députés, sans doute dans une anticipation de la laïcité positive, a débouché sur son intégration comme la plus longue contribution du "rapport sur les sciences de la vie et des droits de l’homme : Bouleversement sans contrôle où législation à la française ?", rapport publié en 1992 et disponible par exemple sur le site du Sénat. Rapport au titre éloquant qui nous ramène au sujet de ce billet.

      Quant à bouffer du catho, l’image est belle, mais rejeter l’intrusion dans la République d’un dogme émis par une autorité décalée de toute réalité sur le sujet, ce n’est pas attaquer obligatoirement ses affiliés. La situation serait plutôt inverse, c’est cette autorité qui bouffe mes libertés individuelles reproductives au nom de croyances qui relèvent de la sphère privée.


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 08:32

      Bonjour Philippe Renève
       commençons par
      Je regrette amèrement l’attitude navrante de la modération d’Agoravox qui refuse certains de vos articles ; croyez bien que je les soutiendrai si vous les proposez à nouveau.

      Merci d’avance pour ce soutien... Si nous voyons les choses avec une certaine distance, le problème n’est pas le passage au sabre de tel ou tel article, c’est l’absence de transparence... De mon côté je vote pour les articles qui apportent quelque chose d’original et qui sont bien écrits.
      Il y a des contradictions entre ce qui est annoncé à l’origine du projet et ce qui est pratiqué : pas de réponse au mails, veille informative incomplète, incohérence dans le choix des articles ainsi on laisse passer des articles publirédactionnels, des articles qui sont une injure à l’orthographe tout en n’exprimant que des préjugés sans fondement, etc.
      Site du journalisme citoyen cela veut dire qu’il faudrait un lieu de discussion, régulé certes. Alors qu’en tant qu’auteur on a l’impression de se trouver devant un robot géré par un stagiaire. Ainsi cet article a été classé dans la rubrique Santé or il n’a rien à y voir...
      Je ne veux pas faire de mon cas le centre d’un débat mais, au contraire élargir la discussion à l’outil lui-même. Mais cela dépend de la volonté de la direction de publication qui est seule responsable juridiquement.

      Sur le fond, je réponds dans un autre post.
      À suivre...


    • ZEN ZEN 26 septembre 2008 08:44

      "on a l’impression de se trouver devant un robot géré par un stagiaire"

      Cruel, mais vrai..
      Carlo, si tu nous lis...


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 09:07
      @Philippe Renève
       
       Deux réflexions. Tout d’abord, il est très étonnant de voir, à propos des "pédophiles", qu’en deux ou trois décennies seulement, on soit passés d’une tolérance amusée envers le pépé qui tripotait les petites filles dans la cour à une répulsion très forte - je ne dis pas qu’elle est injustifiée - pour des délinquants abhorrés. Quel est le cheminement d’idées et médiatique qui a changé aussi vite "l’opinion publique" et pourquoi ?
       
       Tolérance amusée, sûrement pas ! De ce que j’ai pu voir durant mes années de terrain, on serait plutôt du côté du tabou et de l’intelligence morale sidérée, scotchée au plafond. Il y a 30 ans, nos victimes avaient entre 6 et 12 ans, elles ont maintenant la quarantaine et elles parlent. Elles parlent aussi pour leur mère sœur ou leur tante... Et ça fait comme chœur au puissant écho.
      L’environnement a changé, nous avons un peu bougé et l’action des femmes militantes a produit quelques effets. La femme, je l’entends tous les jours, sait que le règne de la domination du mâle n’est pas achevé mais qu’elle ont gagné le droit à la parole. Ce faisant elles découvrent que le respect légitime que l’on doit à la personne est de plus en plus bafoué. Femme et enfants en sont les victimes mais pas seulement, il y a l’étranger, celui qui dérange par ses mœurs étranges, celui qui menace (c’est un fantasme) l’ordre établi. Il serait dangereux d’isoler le problème de la pédocriminalité du contexte socio économique du moment.
       L’enfant est porteur de créativité, il est le futur et il est toujours symboliquement, celui qui perturbe l’ordre. Pourquoi ? Parce que la capacité d’invention est, en soi, une sédition. L’enfant doit donc marcher droit pour la gloire du Marché !
       
      Quant à chasse au pédophile, elle demeure très parcellaire. C’est plutôt de la gesticulation et une instrumentalisation outrancière pour soulever le cœur de la plèbe et détourner les yeux des vrais problèmes. Remarquez combien cette rumeur nous fait réagir côté "surveiller et punir". Les victimes sont laissées sur le carreau. Aucun moyen n’est mis en place pour assumer toutes ces déclarations. Sitôt éteints les grands cris indignés, les appels à la vengeance, on retourne sur le terrain avec des moyens dignes d’une république bananière. Vous seriez étonné de constater la pauvreté des moyens mis à la disposition des juges et des acteurs sociaux.
      Il y aura toujours un pédophile en balade tant qu’il y a aura d’autres problèmes délicats (Je ne dis pas plus importants) à traiter : pauvreté, discrimination, xénophobie, paupérisation sociale, etc.
       
       
      Ensuite, cette tendance à "dépister" les enfants "susceptibles" d’être délinquants
      En effet, de plus en plus d’enseignants du primaire se permettent de poser des signalements « psychologiques ». C’est une tendance de fond. Edvige n’est qu’un aspect du problème.
       
      (comme le dit joliment le décret Edvige, qui n’est pas resté "dans la plus grande indifférence" comme vous l’écrivez)
       
      J’évoquais la disposition qui concerne le fichage des enfants à partir de 13 ans qui est restée dans le texte. C’est gravissime et passé inaperçu dans le landerneau politique. C’est une faille dans laquelle les Darcos, Hortefeux et autres s’engouffreront pour une politique de plus en plus coercitive.
       
      , dès la maternelle ? Est-ce une volonté de diffusion de thèses génétiques comme celle du président actuel, ou pour "faire propre" en bas pour mieux masquer la saleté en haut ?
       
      Il y a un peu de cela, on sait que toute société puritaine fonctionne sur les tabous, les opacités et l’impunité des élites. Mais on sait aussi que cette perte des valeurs qui fondent la vie sociales génère une peur ineffable, volontiers explosive. Fabriquer du bouc émissaire, organiser des chasses aux sorcières est un artifice. La psychiatrie, l’organisation de la "santé mentale" est un outil au service de cette volonté d’ordre.

      Ces réponses sont parcellaires, certes mais c’est aussi à chacun d’apporter ses réflexions car nos mutations actuelles surviennent sur le vide sidérant d’intellectuels, de penseurs, de philosophes. Nos sociétés n’ont plus de tête.

  • vincent p 25 septembre 2008 20:43

    Les hommes ne vous trouvent sages que lorsqu’on partage ou qu’on approuve leur folie.
    Alphonse Karr

    Le parti est la folie de beaucoup au bénéfice de quelques-uns.
    Alexandre Pope

    D’âge en âge on ne fait que changer de folie. ( voir notre monde moderne )

    C’est d’une grande folie que de vouloir être sage tout seul.
    François de la Rochefoucauld

    C’est l’amour des richesses, du pouvoir, de l’argent qui cause tant la folie du monde.
    Théognis de Mégare

    Quelle folie du politicien que de vouloir tout régler soi même.
    Anonyme

    Le monde appelle fous ceux qui ne sont pas fous de la folie commune.
    Madame roland

    Je sais calculer le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des foules.
    Isaac Newton

    Folie ne rime pas toujours avec déraison, mais foudroyante lucidité.
    Réjean ducharme.

    La folie du politique est hélas rarement dénoncé chez les gens de parti.
    Anonyme

    Les livres ont conduit plus d’un au savoir et plus d’un à la folie. 
    Plutarque

    La folie est le prix à payer pour le temps passé à être trop lucide.
    Elliot Perlman

    Un psychiatre est un individu qui va aux Folies-Bergère et qui regarde le public.
    Mervyn Stockwood

    Les fous passent, la folie reste.
    sébastien Brant

    Quand un homme est fou d’une femme, il n’y a qu’elle qui le puisse guérir de sa folie.
    Proverbe chinois

    Fréquenter les partis, si vous voulez voir davantage de fous se faire applaudir en société.
    Anonyme

    Quelle folie que de vouloir entendre soir après soir les mêmes nouvelles.
    Anonyme




  • Bobby Bobby 25 septembre 2008 21:13

    Bon article... un peu longuet ! un vote positif ! bien que je n’en partage pas entièrement l’analyse.

    Questions fort pertinantes de Philippe Renève !

    La tendance nette à l’imposition d’une pensée unique originaire des états-unis nous mène droit dans un monde hyper médicalisé, contrôlé, meccaniste....lobotomisé ! Tout le contraire du mouvement anti-psychiatrique d’il y a quelques années !

    Que va-t-on donc de cacher derrière tous ces boucs-émissaires ? l’étonnant Trust des lobbies du médicament ?





    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 09:29
      @Philippe Renève et Bobby
      Concerne le deuxième post : [...]les promoteurs de la vertu ne peuvent être que vertueux[...]
      Oui, nous sommes placés devant une formidable mutation de société sur laquelle nous sommes conduits à penser de manière morcelée, si nous n’y prenons pas garde. Le problème est d’abord aux racines du monde, à reprendre des questions simples : qui sommes-nous, quel sens peut avoir la société pour nous ? Que veut dire vivre ensemble, quel part de moi suis-je disposé à partager avec mes semblables ?
      L’ordre, la vertu et la pureté vont ensemble. Je suis d’accord avec vous et à leur service il y a l’ordre militaire, l’ordre financier et l’ordre mental.
      Pour l’instant seule la technique - mais pas la science - et la morale semblent répondre à ces questions. La technique, c’est la mécanicisation du monde, la transformation de l’être en un objet déshumanisé.
      La science, les scientifiques demeurent très discrets. Je ne parle pas des "experts".

  • ZEN ZEN 25 septembre 2008 21:31

    Texte un peu long , oui, qui décourage les néophytes
    L’essentiel risque d’être perdu de vue

    Pour recentrer le débat :


    Psychiatrie : des experts trop liés à l’industrie

    Conflits-d-interets-en-psychiatrie :
    " Qu’on veuille ou non le reconnaître, l’APA (Association Américaine de Psychiatrie) tient les rênes de la psychiatrie mondiale parce que c’est elle qui a le pouvoir de définir les termes, de poser « les principes de vision et de division » (Bourdieu) en fonction desquels se fait la distinction / division entre le normal et le pathologique en termes de santé mentale. C’est un immense pouvoir que de définir la "normalité" et de décider de ce qui est ou non un trouble psychique qui entrera dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), édité et révisé par l’APA. Pouvoir d’abord idéologique. Et puisque nous vivons dans une idéologie néolibérale triomphante selon laquelle rien ne doit s’opposer à la maximisation des profits, force est de constater que ce pouvoir est entre les mains des marchands des diverses multinationales.

    Nous parlions dans cette note du fait que les psychiatres sont les médecins les plus financés par l’industrie pharmaceutique. Les conflits d’intérêts n’ont pas contourné le DSM, loin de là, ce qui a valu beaucoup de critiques à l’APA. La vague de protestations recommence, puisqu’un communiqué de presse de l’organisation a rendu publics début mai les noms des 28 psychiatres superviseurs et des 120 membres des groupes de travail chargés de préparer la 5ème édition du DSM, à paraître en 2012. Comme avant, 16 des 28 superviseurs ont de très forts liens financiers avec l’industrie pharmaceutique pour diverses activités promotionnelles."





    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 09:35

      @Léon,
      il y a quelque chose d’intéressant dans la question mais j’aimerais que vous précisiez votre pensée.
      D’emblée première réponse mais sûrement incomplète : il y a une relation d’identité entre inventivité et sédition, entre sédition et révolte, entre colère et violence, entre volonté de mutation et terrorisme mais la question est très délicate, la réponse se joue dans la nuance.
      Disons que la volonté do’rdre impose la multiplication des règles et des lois, cette mulitilication induit une crispation de la société et une stérilisation de ses capacités d’invention et d’auto renouvellement qui sont refoulées dans les limbes du champ social.

      Mais elles s’y agglutinent avec cette aprt incompressible du crime dans les sociétés, d’où confusion très facile à récupérer dans un débat politique.
      Oui, l’analyse de Bourdieu est toujours d’actualité, il faut tenter de la compléter et de l’étendre...


  • vincent p 25 septembre 2008 22:28
    Serment d’Hippocrate

    « Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivant :

    Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement . Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. »

    « Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne de nouveau poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l’opération de la taille.

    Dans quelque maison que je rentre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves.

    Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. »
     

    Serment de l’ordre français des médecins de 1996 « Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

    Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. ( on pourrait aussi rajouter ou omettre autre chose pour mieux faire de l’argent, pour les divers marchands de sommeil de ce monde )

    Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leur convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

    J’informerai les patients des décisions envisagées, de leur raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

    Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. ( si seulement c’était toujours le cas )

    Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

    Je ferai d’abord tout pour soulager les souffrances ( et le psychisme de l’homme qui s’en occupe la marchande de poisson pourri ? ). Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

    Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

    J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

    Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »


    • vincent p 25 septembre 2008 22:32

      Quelle belle médecine que celle du libéralisme marchand ou très conditionnelle de nos jours ?


  • Lartiste Lartiste 25 septembre 2008 23:45

    ""Ces gens étaient « effroyablement normaux ». Ils ne savaient pas !""

    Très bon article, vous comblez le silence que l’on croise en tant que patient dans les cabinets médicaux, où le soigne le mal et les maux...

    Vous replacez la Lettre, là où elle doit être : Devant, merci.

    Dans les sociétés industrielles, "l’amélioration" de la santé au quotidien tant physique que mental associée au bien être et à la performance, est un combat permanent, malheureusement "souvent" (toujours) mené "seul".


  • timiota 26 septembre 2008 00:44

    Je n’ai eu que le temps de parcourir en diagonal.

    Le DSM IV reflète sans doute des tendances mercantiles et de mise en tutelle chimique de cerveau disponible. A fouiller certes..
    (d’ailleurs personne n’a écrit le mot "ritaline" jusque là, tiens, n’est-ce pas un cas d’école intéressant ?).

    Mais, en positif pour le DSM IV , s’agissant des troubles autistiques et TED (troubles envahissant du dvlpment) associés, les psychanalistes français ont fais bien des dégats (Bettelheim : l’autisme, c’est la faute à la mère) alors que avec le pragmatisme anglo-saxon, le DSM IV a permis de faire la part des choses. Au Canada, c’est aussi beaucoup mieux qu’en France, on ne cherche pas à faire faire des thérapies d’inspration psychanalitiques dans les cas de TED et d’autisme, on fait des apprentissages plus appropriés, qui ne sont pas la panacée, mais évite la tentative de la camisole chimique (le film de Sandrine Bonnaire...).

    Tout cela necessiterait davantage de témoignage et de fouiller la question. Sur les forums spécialisés, les pro et anti psychanalise s’engueulent joyeusement. Je dois avouer que la lecture du petit livre de Pommier sur la genèse des premières "analyses" freudienne me ferait dire qu’on n’est surement pas très loin de la pseudo science (on ne peut pas démontrer que c’est faux...)




  • Üriniglirimirnäglü Üriniglirimirnäglü 26 septembre 2008 02:46

    oui, c’est du pur plaisir que de vous suivre dans vos déroulements.

    pour ceux qui trouvent vos textes trop long, juste une astuce : faites comme moi, lancez la lecture électronique et profitez en pour repasser !

    quel dommage que vos propos clairs et instructifs ne nourrissent pas plus les programmes et les vocations de politiciens éclairés, dont nous avons plus que jamais besoin.

    d’autant plus dommage que les forces contre lesquelles il convient de s’opposer sont désormais d’une puissance terrible, ayant eu tout le loisir de se développer depuis les années 60.

    La pièce de théatre fleuve "par dessus bord" écrite par un cadre sup à cette époque prouve, j’imagine (à ce que j’en ai entendu dire), que toutes les intentions et les outils étaient déjà en place à cette époque pour nous transformer en robots vivants.

    Vous avez raison votre démarche de diffusion de votre pensée est politique et fondamentale, l’ouverture aux autres sur la base du principe d’identité (pour moi : 1 humain = 1 humain) est indispensable, à quoi bon demeurer en société sinon ?

    A lire et à relire, à méditer, à transcrire en actes.


  • TimeLord Wetz25 26 septembre 2008 03:58

    Très bel article abordant des thèmes fort interressant !
    Merci beaucoup pour m’avoir permis nombres de réflexions constructives ! En espérant de nouveau vous lire !


  • vin100 26 septembre 2008 10:35

    Bravo pour l’article.
    Vous dénoncez les déviances et la main mise du business sur une standardisation intéressée des comportements mais votre vision bien que plus généreuse est pourtant la même que celle du monde que vous rejetez.
    Votre vision, comme celle du "monde moderne", ou "le religieux est une part du psychologique au sens moderne" contient en elle même cette impasse et les risques soigneusement cachés sur lesquel vous nous éclairez. 
    Je ne suis pas pour un retour du dogmatisme religieux mais méconnaitre et réduire le religieux a ce folklore historique dangereux dont on l’affuble relève d’un facile postulat Positiviste qui est la doxa actuelle.
    Mais cela ne tient pas la route et n’explique pas les crises actuelles.

    Je vais émettre moi aussi des postulat pour mieux me faire comprendre sachant que toutes les démonstrations ne ne convertiront jamais celui dont les yeux sont fermés.
    Tout d’abord en reprenant votre juste observation :
    " Les valeurs morales de la religion du Livre définissent la finalité de la sexualité comme uniquement destinée a la procréation."

    Oui les Religions sont en effet des sortes de Conservatoire des Civilisations passées.
    Mais pas uniquement.
    Elle vivent, irriguent et nourrissent aussi.
    Les valeurs morales dont vous parlez étaient celles des sémites et de ces peuples nomades ou la préservation du groupe passait par une culture "spermitique".
    En gros pour faire plus clair, il fallait protéger le sperme familial (groupe,tribu, peuple) d’ou les positionnements incompréhensibles aujourd’hui en ce qui concerne l’homosexualité, le mariage, le divorce, les enfants, etc...
    Il en est resté quelque chose d’anachronique comme il nous reste a nous aussi un cerveau reptilien.
    Nous vivons avec même s’il nous cause quelques fois des problèmes, c’ est une part de nous.
    Précision, le Livre ne s’arrete pas à Moise et il contient aussi des Livres diamétralement opposés, mais cela est une autre histoire.

    Quand les Assyriens, puis les Romains ont envahi Israêl et déporté son peuple il s’est passé ce qui se passe aujourd’hui au Tibet.
    Le monde moderne raisonnait comme aujourd’hui.
    On leur apportait le confort, la Liberté, la fin d’une Théocratie, les investissements économiques ( à l’époque les Via Romana mais pas encore le Train), la croissance économique et le business.

    Eux ne l’ont pas vu comme cela.
    Bizarre !
    Cela s’appelle résistance morale et spirituelle.
    Et cela dure depuis plusieurs millénaires et jamais les puissants de ce monde n’ont réussi à anéantir ce petit peuple anachronique.
    Si le religieux n’était qu’une rubrique du Psychologique il y a longtemps que le Monde aurait trouvé les arguments et atouts pour convertir ces irréductibles hommes qui essayent de mettre Dieu, premier dans leur vie.
    Le mot judéo chrétien qui s’entend souvent de façon négative ( et je le comprends quand on voit tout les dogmatiques et les folkloriques détendeur de la Vérité) est aussi la source de valeurs plus que jamais révolutionnaires dont nos mondes sont nourrit et ont besoin a savoir le rôle et la dimension de la Personne.
    Je dis Personne et non Individu qui en est une restriction psychologique et politique.

    LA psychologie dont vous nous parlez est elle aussi dangereuse car réductrice.
    Les risques dont vous nous parlez sont les fruits de ses propres postulats, ne mélangeons pas tout même s’il est vrai que d’autres essayent en effet d’en faire volontairement une mayonnaise qui apparement se vend trés bien.


    • Illel Kieser ’l Baz 26 septembre 2008 11:00
      @vin100
      J’ai placé le mot psychologie dans la fonction recherche et n’ai pas trouvé une seule fois ce terme dans mon article, sauf pour la référence au congrès maghrébin de psychologie.
      Je ne fais jamais référence à la psychologie dans mes articles et conférences. Je tiens la psychologie moderne pour archaïque, individualiste, étrangère au collectif, au politique, donc, et au sacré.
      Je me place quasi-exclusivement au plan anthropologique, plus large, plus historique et, surtout, plus apte à nous faire pressentir la dimension sociale de la personne.
      Je ne vois pas où vous allez sauf à penser qu’il vous fallait ce support pour votre argumentation qui, à la relire, ne manque pas d’intérêt.
      Mais je vous serais reconnaissant de bien vouloir centrer votre argumentation sur notre sujet qui est de mettre en coupe le normal et le pathologique selon des normes d’un autre âge. Celle des dogmes antiques et ce afin de servir des desseins obscurs.
      Bien à vous



  • Icare 26 septembre 2008 12:13

    Bonjour,

    Avant toute chose , je n’ai pas lu en intégralité ce billet, pas le temps pour le moment.

    Mais ce sujet m’a intéressé pendant un bon moment, j’apporte donc ma petite pierre à l’édifice.

    Il faut savoir que la plupart des vidéos sur le web dénonçant la psychiatrie sont financés par la scientologie. Entre eux, la guerre est déclarée et la scientologie fait tout pour dénoncer les abus de la psychiatrie.

    Je ne tiens pas particulièrement dans mon coeur la scientologie, mais pour ce cas précis, j’avoue être de leur côté.

    D’après mes lectures (un bon paquet d’heures en fait), Freud était en fait un mégalomane qui n’a pas hésité à tromper le monde entier avec ses expériences pseudo scientifique dont il trafiquait les résultats pour obtenir ce à quoi il voulait.

    J’ai lu un jour une lettre de Freud (désolé je ne retrouve plus le lien) où il expliquait qu’il était content d’avoir brûlé toutes ses lettres de correspondance de jeunesse afin de rendre la tâche difficile aux historiens. Il jubilait de savoir à l’avance les erreurs d’interprétations des historiens.

    Pour finir, je ne saurais que trop vous conseiller de lire les liens suivants : Charlatan et charlatanisme, le test de Rorschach

    Misère de la psychanalyse

    Pseudo science : la psychanalyse

    Un grand merci à Karl Popper d’avoir permis de découvrir le poteau rose.

    Jacques Lacan : « Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué... Du point de vue éthique, c’est intenable, notre profession... Il s’agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu’il a raté son coup. C’est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s’en foutra de la psychanalyse. » Source : Critique de la psychanalyse

    Lire aussi « le livre noir de la psychanalyse » et les « Mensonges freudiens » de Jacques BENESTEAU


  • vin100 26 septembre 2008 12:33

    Ha !
    Et les Dogmes "modernes" qui sont une réduction Positiviste, une segmentation mécaniste dont vous n’échappez pas.
    C’est la moulinette , le hachoir reflexif contemporain "la mise en coupe" les termes parlent d’eux même.
    Quand aux desseins obscurs ils suivent hier comme aujourd’hui le même orgueil et la même complexité obscure qui font depuis toujours la personnalité humaine.
    Mais il est plus facile, de penser interpréter le passé, cela flatte l’égo nous donne depuis la nuit des temps l’impression rassurante de comprendre un peu ce qui nous dépasse.


  • Naja Naja 27 septembre 2008 12:56

    Bonjour, 

    En commentaire à ce très riche article, je voudrais revenir sur le parallèle fait entre l’inquisition et l’éradication de la pédocriminalité. Je ne remets pas en question les similitudes exposées ni leur pertinence mais j’entends insister sur les différences.
    Entre autres en complément de la réponse apportée plus haut par l’auteur à une remarque de Philippe Renève. Je cite  : "Tout d’abord, il est très étonnant de voir, à propos des "pédophiles", qu’en deux ou trois décennies seulement, on soit passés d’une tolérance amusée envers le pépé qui tripotait les petites filles dans la cour à une répulsion très forte - je ne dis pas qu’elle est injustifiée - pour des délinquants abhorrés. Quel est le cheminement d’idées et médiatique qui a changé aussi vite "l’opinion publique" et pourquoi ?"

    A l’auteur  : j’ai bien lu que vous annonciez clairement de quel côté vous vous placiez. Votre position démontre que l’on peut tout à fait condamner avec fermeté les actes pédocriminels sans pour autant se transformer en inquisiteur barbare et/ou liberticide. Merci pour cela.
    J’espère que le paragraphe ci-dessous s’avèrera inutile aux lecteurs de votre article et des commentaires qui s’en suivent. Dans le doute, je me permets d’enfoncer certaines portes ouvertes. Ce à la lumière d’autres discussions et lectures... principalement votre ouvrage sur l’inceste. J’espère ne pas trop planer en le faisant.

    ---

    L’anormalité de la pédocriminalité et celle de l’hérésie -ou hétérodoxie- se distinguent par leur nature. L’acte pédocriminel manifeste en soi une abomination qui est absente de la seule affirmation d’une non conformité à l’ordre établi. Non que les guerres de religions n’aient pas conduit à des atrocités, mais le simple fait de ne pas épouser la doctrine catholique n’est pas en soi une monstruosité. Violer des enfants si.
    Je précise que je distingue ici clairement les fantasmes pédophiles des passages à l’acte. Si je qualifie l’acte de monstrueux (au sens d’innomable/indigne), je n’estime pas que le fantasme le soit. Et je ne considère pas pour autant ces criminels comme des monstres. Je les connais assez pour savoir combien ils nous ressemblent. Et je les sais aussi trop nombreux et trop bien intégrés à nos sociétés pour ne pas penser que les désigner ainsi serait une absurdité. Voilà donc des hommes qui, de fait, ne sont pas des monstres et qui pourtant commettent des actes que les autres hommes jugent monstrueux... il y a là un paradoxe sur lequel nous devrons bien finir par nous pencher. Et ce n’est effectivement pas en minimisant ces crimes ou en banalisant ce mal que nous pourrions le résoudre.
    Les menaces que représentent ces deux déviances ne sont pas non plus du même ordre. Quand l’hérésie met en péril des dogmes religieux et la morale qui en découle, quand l’étrangeté ou la "folie" éprouvent le bien-fondé de nos normes... la pédocriminalité s’attaque à l’humanité en transgressant les tabous fondateurs de toute civilisation. Dois-je préciser que que cela ne saurait justifier la moindre barbarie à l’égard de ces criminels ? (Voilà qui est fait).

    A ne pas garder à l’esprit ces distinctions, on peut être amené à penser que la condamnation morale de la pédocriminalité n’est qu’une question relative. Relative aux bonnes moeurs d’une époque. On pourra alors considérer que ces dernières ne sont pas meilleures ou pires que ne l’est toute doctrine. Si bien que la morale qui conduit à réprouver ces actes n’aurait pas plus de valeur ou de sens que n’en avait celle prônée par les extrémistes catholiques du temps de l’inquisition.
    Un point de vue qui au fond revient à affirmer que les idéaux démocratiques sont dogmatiques. Il est vrai que quand on voit ce qui se commet au nom de la démocratie, il est tentant de réfuter d’un bloc la valeur de ses principes. Sauf qu’on peut commettre tout au nom de n’importe quoi, ou plutôt n’importe quoi au nom de ce qui nous sied.
    A l’extrême de cette position relativiste, certains estimeront alors que condamner moralement la pédocriminalité s’apparente à une énième forme de prêche qui ne peut résulter qu’en oppression. Raisonnement pervers qui peut aller loin, pour peu qu’il s’adjoigne au déni. C’est ainsi que j’ai parfois lu que le signalement des pédocriminels avérés rappelait tristement les actes de délation sous le régime de Vichy. (Si si, je l’ai lu, et pas qu’une fois). Ca fait froid dans le dos...

    ---

    Enfin, comme indiqué dans l’article, l’effroi et le dégoût suscités par la pédocriminalité comportent d’autres dimensions, au delà de la seule peur de l’inconnu. L’ampleur du phénomène et le silence qui l’entoure révèlent une profonde perte de sens de nos valeurs simplement humaines. Et cela nous renvoie à des questions pour le moins effrayantes. Retour au paradoxe souligné plus haut  :
    Devons-nous intégrer à notre image de l’Homme cette part d’ignominie ou l’en exclure ? En tant que représentant de l’Humanité, porterions-nous tous en nous une potentielle "monstruosité" ? Comment s’en protéger (de soi-même et pour les autres) ? Nécessairement par des actes de pur exorcisme ? N’avons-nous pas la responsabilité d’assumer ce sombre pendant de notre humanité ? Il est plus rassurant de répondre "Oui, mais moi, je ne suis ni pédophile ni criminel, ça ne me concerne donc pas !". Oui, et ? Eux ne seraient pas des hommes alors ?
    De vertigineuses interrogations qui facilitent d’autant l’instrumentalisation de nos peurs. Précisément parce que la mise en oeuvre de solutions purement répressives permettent de les éluder. C’est aussi cet escamotage qui rend la coercition si pernicieuse. 

    C’est sur ces rassurantes considérations que je vous laisse...

     


    • Illel Kieser ’l Baz 27 septembre 2008 21:39
      @naja
      Premier élément de réponse :
      L’acte pédocriminel manifeste en soi une abomination [...] mais le simple fait de ne pas épouser la doctrine catholique n’est pas en soi une monstruosité.
      Vous avez parfaitement raison d’évoquer cette comparaison inappropriée, mais pas tant que cela...
      Lisez cela : « Parmi ces gens-là, vagabonds et Égyptiens (Les Roms à l’époque), la fainéantise fait son étude pour entrer dans les yvrogneries, paillardises, jeux blasphèmes, querelles et séditions... Les roues et les potences sont souvent chargées de ces monstres qui, refusant d’obéir au précepte divin de travailler pour gagner leur vie à la sueur de leur front, tombent dans des pauvretés honteuses et de là commettent des larcins, des sacrilèges et des meurtres épouvantables. »Y. M. Bercé, histoire des croquants, I, p.251.
      C’est en 1659, un prévôt général d’Italie s’exprime ainsi.
      Déjà au XVe siècle, les bohémiens, égyptiens ou tsiganes, accueillaient en leurs rangs toute la « jeunesse libertine » selon S . Munster, initiateur d’une croisade. Mais cette catégorie fantasmatique réunit en son sein tous les déclassés des guerres et du marasme économique des XVe et début du XVIe.
      « La misère n’est plus prise dans une dialectique de l’humiliation et de la gloire, mais dans un certain rapport du désordre à l’ordre qui l’enferme dans la culpabilité... Elle est une faute contre la bonne marche de l’État. » pour M. Foucault (Histoire de la folie), le cas des pauvres est indissociable de celui des fous. On y ajoutera « les libertins, et tous ceux qui se situent en dehors des règles, qui ne connaissent ni raison ni religion. » (Delumeau, La peur en Occident)
      Il existe une loi facilement observable au plan social : tous les déclassés s’amalgament dans l’ombre de la société et ils y sont contaminés par la lie de la société. Je ne veux pas dire qu’ils y perdent leur conscience morale, mais la rumeur, le consensus social, les mythes du moment ne retiennent d’eux qu’une proximité avec l’ombre et le mal.
      Si vous observez ce qui se passe actuellement en Europe, tous ces faits apparemment dissociés : fichage ADN des Roms en Italie, restrictions des droits des étrangers au point de les priver de certains droits fondamentaux, fichage des mineurs... liste des criminels installés dans chaque quartier (G.B.), etc., présentent des liens inquiétants ; si nous rapprochons cela d’une volonté de plus en plus manifeste des gouvernements de garder la société en ordre nous ne pouvons manquer de risquer le rapprochement avec la période des XVe et XVIe siècle.
      Notez également combien la notion de travail comme malaxeur social est importante. C’est une constante que l’on retrouvera aux cours de toutes les périodes troubles de chaque civilisation. Le « croquant » ou le pauvre, même s’ils tiennent leur indigence du marasme social sont des « monstres ». Dans le cas des « sorcières » ce n’est pas tant la fidélité au dogme chrétien qui était en cause c’est le fait même d’être femme. La femme, le féminin et leurs attributs sont aussi régulièrement jetés en pâture aux incantations et aux injonctions des semeurs d’ordre.
      Le marasme actuel est bien plus profond qu’un simple effondrement financier ou qu’un dévoiement généralisé du politique. La seule métaphore qui me vienne est celle de la catastrophe climatique qui s’annonce.
      Ainsi quand vous dites : « mais le simple fait de ne pas épouser la doctrine catholique n’est pas en soi une monstruosité. » peut tenir lieu de conduite : la claire distinction entre le Bien et le Mal. Mais, vous demanderai-je, comment opérer cette distinction quand elle est abolie par un matraquage lancinant, pernicieux et obstiné qui, depuis plus de 50 ans nous a fait perdre de vue les limites mêmes de ce qui est tolérable ou pas pour l’Homme en société ?
      Bonsoir Naja,


    • Naja Naja 28 septembre 2008 16:56

      @ l’auteur,

      Bonjour et merci pour votre réponse.


      « Vous avez parfaitement raison d’évoquer cette comparaison inappropriée, mais pas tant que cela... »
      Alorss... comment dire ?
      En annonçant « Je ne remets pas en question les similitudes exposées ni leur pertinence mais j’entends insister sur les différences » , je ne me fendais pas d’une creuse formule de politesse introductive, je le pense vraiment ! L’un n’empêche pas l’autre.
      Je ne trouve pas la comparaison inappropriée. L’inverse en fait. Je la trouve tellement à propos que je crains qu’elle n’en fasse oublier ce qui diffère entre les deux phénomènes. A savoir les distinctions relatives au seul jugement moral porté sur la pédocriminalité, en regard de celui porté sur la non conformité à l’ordre. Même si vous indiquez clairement ce qu’il en est pour vous. J’insiste maladroitement sur moral pour dire que mes remarques se cantonnaient à dessein au champ "théorique" du jugement personnel de chacun. Elles ignorent effectivement les mécanismes sociaux accompagnant et motivant une condamnation qui dans les faits, prend la forme d’une diabolisation destinée à légitimer une purification aux relans barbares et archaïques. Car c’est bien là que résident les similitudes que vous analysez fort justement et auxquelles je n’ai rien à ajouter. De sorte que mes propos ne concernent que l’éventuel rapprochement entre pédocriminel et hérétique, induit par la comparaison des réactions collectives face à ceux-ci.
      A la première lecture, ce parallèle m’a rappelé d’autres comparaisons moins judicieuses, avec le maccarthysme par exemple. J’ai noté que quelque chose me dérangeait dans ces dernières à chaque fois que je les lisais. (Au delà du fait que j’ai tendance à m’y sentir personnellement accusée d’infâmante délation). En réfléchissant à votre article, j’en suis venue à la conclusion que c’est parce qu’elles comportent souvent une part substantielle de ce que je désigne plus haut par "position relativiste". Ce qui en l’occurence n’est pas le cas ici.

      C’était sans doute former un préjugé négatif sur le lecteur que d’envisager qu’il puisse être aussi pommé ou perplexe que j’ai pu l’être devant ces comparaisons, et a priori moins enclin à s’interroger sur la pédophilie. Dans le doute, j’ai jugé bon d’enfoncer le clou... pour moi-même aussi.

      J’aurais pu préciser tout cela avant. A vrai dire, j’avais écrit un blabla de ce genre. Mais j’ai trouvé lourd de poster un commentaire dont la moitié aurait été une justification de lui-même. J’ai préféré prendre le risque de me retrouver à en pondre un second dont la moitié serait la justification du précédent smiley


      « Si vous observez ce qui se passe actuellement en Europe, tous ces faits apparemment dissociés : fichage ADN des Roms en Italie, restrictions des droits des étrangers au point de les priver de certains droits fondamentaux, fichage des mineurs... liste des criminels installés dans chaque quartier (G.B.), etc., présentent des liens inquiétants ; si nous rapprochons cela d’une volonté de plus en plus manifeste des gouvernements de garder la société en ordre nous ne pouvons manquer de risquer le rapprochement avec la période des XVe et XVIe siècle »
      Complètement.


      « Le marasme actuel est bien plus profond qu’un simple effondrement financier ou qu’un dévoiement généralisé du politique. La seule métaphore qui me vienne est celle de la catastrophe climatique qui s’annonce. »

      A nouveau d’accord.
      Une remarque en passant  : je ne suis pas sûre de savoir ce qui me fait le plus flipper du marasme actuel ou du changement climatique qui s’annonce. Je serais tentée de dire le premier. Le deuxième m’effare en tant qu’expression de l’extrémité à laquelle notre arrogance nous a rendu en tant qu’espèce... jusque dans une écologie qui prétend devoir sauver la planète en ignorant l’anthropocentrisme de sa position. Probablement que la question du plus grave n’a pas d’importance, si tant est qu’elle ait un sens. D’autant que ce serait ignorer les liens entre les deux. Les changements climatiques étant des facteurs aggravant d’inégalités sociales, instabilités politiques et conflits géopolitiques.
      C’est un autre problème.


      « Mais, vous demanderai-je, comment opérer cette distinction quand elle est abolie par un matraquage lancinant, pernicieux et obstiné qui, depuis plus de 50 ans nous a fait perdre de vue les limites mêmes de ce qui est tolérable ou pas pour l’Homme en société ? »
      Je vous répondrai en vous citant :
      "Le problème est d’abord aux racines du monde, à reprendre des questions simples : qui sommes-nous, quel sens peut avoir la société pour nous ? Que veut dire vivre ensemble, quel part de moi suis-je disposé à partager avec mes semblables ?"
      Mais, vous demanderai-je alors à mon tour, comment en venir à ces questions enterrées par un matraquage qui les dit résolues en présentant notre "civilisation" comme l’émanation de cette réussite ?

      Quelque part je pense aussi  : et si moi Naja -française aisée, bobo et étudiante attardée- j’en viens à faire cette distinction (ou du moins à chercher à la faire), c’est qu’elle ne doit pas être si abolie que ça !
      Hum... aurais-je omis quelque élément en rapport avec la question du Mal dans mon auto-portrait caricatural ?
      C’est alors que mon double cynique me souffle une autre réponse à votre question  :
      Ce n’est qu’en endurant le franchissement de ces limites pour soi-même que l’on est ensuite contraint d’opérer de telles distinctions. Il n’y a donc plus qu’à attendre que la situation devienne si infernale qu’elle retombe -enfin- sur la gueule des classes jusque là relativement protégées par ledit matraquage. Quand tout un chacun aura bouffé de l’intolérable à en crever, reposer les limites de l’acceptable deviendra une nécessité dans l’esprit des survivants. Mais pour combien de temps ? (Comme un air de déjà vu dans cette vision d’horreur "offerte" à l’occident...)
      En modérant mon cynisme, ça donne  :
      Au mieux, la distinction pourra s’opérer quand les privilégiés du progrès -nous- finiront par refuser ensemble les extrémités inhumaines auxquelles ils seraient amenés à participer (ou qu’ils devront cautionner) pour rester à l’abri. Au pire, nous ne nous poserons les questions fondamentales qui s’imposent qu’une fois rendus dans le chaos de la violence d’un conflit mondial.

      Dire que je suis inquiète pour le futur proche de notre monde est un euphémisme. Et je ne sais pas comment en parler sans donner le sentiment que mon discours relève d’une prophétie apocalyptique... dont il importe de se garder, compte tenu de tous les dangers qu’une telle vision comporte en tant qu’instrument de terreur.
      J’ai envisagé d’aller me réfugier sur Mars, ou plutôt Vénus tant qu’à choisir une autre planète. Mais comme je n’ai trouvé personne pour m’y accompagner, je me suis dit que je m’y sentirais bien seule.

      Bon dimanche,
      Naja


       


  • Francis, agnotologue JL 17 janvier 2009 10:29

    Bonjour Illel Kieser,

    Pourquoi je dis que la médecine officielle craint tant les médecines parallèles.

    Cette réflexion m’est venue quand j’ai évoqué le principe d’équivalence en substance. Ce principe est une décision politique édictée par la FDA sous couverts de scientificité. Ce principe qui n’a aucune valeur scientifique est à la base de nombreuses propositions émanant de la FDA et de réglementations américaines, adoptées par le reste du monde libéral, notamment pour récuser toutes études qui relèveraient du principe de précaution concernant l’alimentation.

    La non remise en cause de ce principe, par la recherche médicale officielle, est garantie par le cloisonnement des domaines de connaissances et de compétences imposé de fait par les Five Bigs et le contrôle des recherches par les règlementations évoquées ci-dessus.

    La médecine est hiérarchisée : à mesure que le savoir est pointu le domaine se restreint. Le syndrome est au centre de la recherche, je devrais dire : le symptôme. Les médecines parallèles au contraires mettent l’homme au centre de leur recherches et sont globalisantes. Ces médecines parallèles n’ont pas de tabous vis à vis du principe d’équivalence en substance ni d’aucun autre, et ne sont pas sous la carcan des Five Bigs.

    C’est pourquoi les médecines parallèles sont en position de force vis à vis d’une spécialité que je qualifierai de spécialité mise sous tutelle, immature. C’est pourquoi elles sont l’ennemi à abattre. Je ne prône pas les médecines parallèles, je n’y ai aucun engagement. Je dénonce seulement l’alternative peste ou choléra imposée aux citoyens.

    Ps. Je reviendrai lire cet article, votre article dès que je pourrai.

    five Bigs : Big Pharma, Big Chema, Big Biotechna, Big Agribiz, Big Medica.


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