Commentaire de GIL
sur Quel avenir pour le dette de la France ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

GIL (---.---.91.163) 30 août 2006 16:02

Si l’on cherche à rapprocher « éthologie » et « économie » ce que les bons économistes devraient toujours faire, on constatera que le processus de la « dette », propre au sociétés, comporte, comme toutes les formes de relations d’échange interpersonnel (langage, affection, sexe, commerce) deux termes, en l’occurrence : un créditeur, qui emprunte et un créancier, qui prête.

La trop fameuse « dette publique » ne fait pas exception : l’Etat et les collectivités publiques ont emprunté. Suivant les estimations, les chiffres varient : entre 1800 et 2000 milliards d’euros, sur des durées plus ou moins longues. A travers elles, c’est chaque citoyen qui se voit affubler, dès sa naissance, d’une obligation de remboursement, estimée entre 12000 et 15000 euros.

Si l’on s’en tient à ce point de vue, c’est môche, très môche car, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne, la dette, c’est une preuve, au mieux, d’insouciance, au pire, de dépravation. Bref, derrière le discours libéral du XXIe siècle transpire la bonne vieille morale du XIXe siècle : haro sur les vilains créditeurs, pour l’essentiel des salauds de pauvres qui surchargent la collectivité avec leurs dépenses sociales pharaoniques.

Sauf qu’il y a aussi l’autre volet, en l’occurence le point de vue des créanciers. Car, pour financer les salauds de pauvres, il a bien fallu trouver des prêteurs bienveillants, les créanciers qui ont mis la main à la poche pour financer la fameuse dette publique. Pourquoi l’ont-ils fait si c’est si mal ? Par philantropie ? Sûrement pas ! Par souci du bien public et de l’intérêt général, alors ? Soyons sérieux ! S’ils ont mis au pot, c’est bien sûr, par « intérêt » ! Un intérêt, au propre et au figuré, que leur ont recommandé les banques, les compagnies d’assurance et les autres opérateurs financiers pour leur fourguer des placements juteux.

C’est vrai que, dans le contexte actuel, pour le bon père de famille, la dette publique de la France, quoi qu’on pense de l’usage des deniers publics, reste plus attractive que celle de l’Argentine, du Burkina-Faso ou de la Birmanie. A fortiori quand le placement proposé par l’opérateur (OPCVM, assurance-vie) ne laisse rien transparaître de la destination finale des fonds collectés : la dette publique française.

En comme, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne ont répugne à placer ses éconocroques à la bourse en préférant plutôt les placements de bons pères de famille, les fonds abondent. Tout le monde en veut de cette vilaine dette-là. Finalement, dans la finance mondialisée, ce sera toujours plus facile de faire payer les salauds de pauvres pour qui on a prêté.

Résultats : tous les citoyens, c’est sûr et certain, naissent avec une dette de 12000 et 15000 euros euros, c’est selon. Mais, certains d’entre eux naissent aussi avec les créances qui correspondent à cette part de la dette publique. L’un du montant de l’assurance-vie qu’il a souscrite, l’autre du placement dérivé qu’il a hérité.

Aussi, chaque fois qu’un technocrate, un économiste de cour ou un politicien vous fait remarquer que vous êtes endetté, demandez-vous si vous n’êtes pas aussi un peu créancier ou, si vous n’avez aucun placement de ce genre, qui, dans l’assistance pourra, un jour ou l’autre, vous réclamer son dû.


Voir ce commentaire dans son contexte