Commentaire de Philippe Vassé
sur Russie : retour vers le futur... ou vers le passé ?


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Philippe Vassé Philippe Vassé 2 juillet 2007 17:54

Wawa,

Votre commentaire recoupe en partie à son début ce que dit exactement l’article sur le pétrole et le gaz, sans oublier d’autres matières premières dont la demande chinoise et indienne font monter les prix mondiaux.

Poutine a quand même eu le « mérite » de ramener à l’Etat, justement, les secteurs « stratégiques-clés » qui étaient nécessaires à sa politique, notamment parce qu’il prévoyait l’évolution de la situation que l’expansion des économies chinoises et indiennes, alliée à la situation explosive au Proche et Moyen-Orient, produirait inévitablement. Les cours mondiaux ont monté, mais si l’Etat russe n’avait pas auparavant nationalisé Ioukos et Gazprom de facto, cette hausse n’aurait pas financé le redressement russe en cours, mais alimenté des groupes oligarchiques privées. Il faut ici remettre le faits dans leur ordre chronologique.

A l’évidence, l’économie russe actuelle ne s’appuie pas exclusivement sur le gaz et le pétrole- c’est là une vision dépassée depuis au moins 2003- mais sur un véritable rédémarrage industriel et minier, dont j’ai donné quelques exemples avec l’immense programme de réarmement qui a, entre autres objectifs, celui de fournir des emplois stables et des revenus pérennes tant aux chercheurs et scientifiques qu’à une classe ouvrière qui se reconstitue lentement. Et je n’ai fait qu’effleurer les chiffres des ventes d’armes russes en hausse très rapide.

Je partage votre sentiment sur la nécessité, pour les citoyens russes comme pour la stabilité du monde, d’avoir en Russie une démocratie avec ses forces politiques diverses, un débat public libre et des élections honnêtes. Mais, pour le moment, ce n’est pas vraiment le cas !

Sur le pétrole vénézuélien, tous les experts pétroliers sont d’accord et formels : c’est bien le meilleur du monde et celui qui est le plus rentable en termes d’usages divers ainsi que de facilités de raffinage.

Sur la Chine, je vous renvoie à ce que j’ai écrit récemment sur ce pays que je connais bien et dont je suis avec soin les évolutions de fond depuis près de 20 ans. Pour l’heure, les faits récents, comme les événements qui scandent la préparation du 17ème Congrès du Parti unique, ne montrent ni une stabilité sociale et économique, ni une stabilité de l’Etat, ce dont le discours récent du Président Hu au Comité Central élargi du Parti- 26 juin dernier- témoigne à sa façon.

D’ailleurs, on va pouvoir bientôt juger sur pièces la « force » et les capacités de l’Etat chinois dans l’application ou non sur le terrain du nouveau Code du Travail votée par l’Assemblée Nationale Populaire. Tous les observateurs savent que c’est sur la mise en oeuvre de ce texte que le régime va être jugé par la grande majorité des citoyens chinois qui subit depuis plus de 25 ans une dégradation rapide de son niveau de vie tandis que les couches dirigeantes- environ 10 à 12% de la population- se sont immensément enrichies.

C’est donc un dossier capital pour le régime, son parti unique et l’Etat chinois. Quant à l’unité nationale, alors qu’on approche pour 2007 des 500.000 « incidents sociaux » en moins de 6 mois, il semble qu’on en soit loin, très loin et qu’on s’en écarte de plus en plus.

Mais, il est vrai qu’en France, la Chine est si lontaine que l’on ne voit souvent que ce qui est présenté en gros plan par les autorités, puis relayées par les grands médias, et non la réalité....

Bien cordialement vôtre,


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