Commentaire de ddacoudre
sur Faillite de l'Etat : filons la métaphore


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ddacoudre ddacoudre 29 septembre 2007 01:18

Bonjour JP.

Sans être un spécialiste il y a parfois le bon sens qui s’exprime comme tu le fait quand l’on a pas le cerveau englué dans les dogmes.

Souvent les psychiatre disent que nous ne savons pas ce qui est la norme, hormis que les pratiques majoritaires s’imposent aux autres jusqu’à ce que ces autres puissent devenir un fait majoritaire.

Pourquoi pas faire la comparaison entre l’entreprise et l’état.

Sauf l’entreprise dépend du code du commerce et l’État de la constitution française.

Sauf que l’entreprise est contenue dans l’État et non l’inverse.

Sauf que l’entreprise est une organisation totalitaire et notre État une démocratie.

Sauf que l’entreprise à pour but une production, l’État celui d’organiser la sociabilité humaine.

Sauf que l’entreprise vise à enrichir ses propriétaires, l’état doit veiller et organiser s’il le faut la subsistance des citoyens qui le compose.

Sauf que l’entreprise rend un bilan, l’état les comptes de la nation, (si l’on veut faire une comparaison il faut faire des équivalences)

Sauf que l’entreprise en liquidation licencie son personnel, et je ne crois pas les citoyens assez cons pour se mettre à la porte de l’Etat qu’ils composent, ils iraient où ?

Il y a une chose qui est passé inaperçu aux yeux des français et même des commentateurs politiques qui ne font la plupart que dans les ragots, c’est le changement d’acronymes du CNPF en MEDEF. Ainsi le CNPF (acronyme) est devenu MEDEF. Le Conseil du Patronat français, terminologie dans laquelle s’affirme le poids de l’autorité de celui qui commande dans son seul intérêt (image péjorative du profit), a opté pour une image plus fluide et moderne : Le Mouvement des Entreprises de France. Cette idée de mouvement signifie : nous sommes agissants, nous faisons vivre les entreprises qui vous emploient (sous-entendu ses dirigeants), les entreprises agissent (sous-entendu la structure collective), mais elle signifie également beaucoup plus que cela. En effet, la captation par l’entreprise du mot mouvement a une connotation sociologiquement importante, celle d’entreprise collective visant à établir un nouvel ordre de vie. Cette idée veut dire aussi, nous sommes cela. Cette vision de l’entreprise beaucoup plus dynamique dilue, dans l’intérêt collectif de l’entreprise qu’affirment les caractéristiques de la Société Anonyme, la notion de profit personnel. Ainsi, à partir du sigle CNPF, qui est le reflet d’une organisation corporatiste, défendant ses intérêts particuliers, nous passons au sigle MEDEF qui affiche une volonté de développer son ordre de vie. Dans cette logique des candidats du MEDEF se présenteront un jour au suffrage universel. Je reconnais qu’ils ont trouvé leurs hommes.

je te joins ci-dessous un article qui va dans ton sens et qu’agora n’a pas juger bon de diffuser.

Le premier ministre ou un lapsus révélateur.

A vouloir n’élire que de grands argentiers ils finiront par réduire la France et les français à une ligne comptable. Et comme elle est donné déficitaire il va nous falloir procéder à l’élection d’un liquidateur (démocratie oblige), voire trouver un tribunal des comptes publics au dessus du peuple pour mettre l’état français en vente, où ?

Car pour trouver un acheteur cela est possible surtout au franc symbolique. Au moins nous aurions bien une entreprise France, le parlement deviendrait le comité d’entreprise, le gouvernement CHSCT , le président le délégué syndical et le sénat fera office de délégués du personnel .

Aussi, je comprendrais mal que l’on vienne dire au nom de l’entreprise, que les hommes n’ont pas le droit de développer une autre source de richesse en dehors d’elle. Néanmoins, je comprends que les détenteurs du pouvoir économique disent qu’ils n’entendent pas le partager, car « l’entreprise » est aussi une arme, une arme de conquêtes.

Si bien que, c’est une décision politique qui intervient toujours, sauf qu’aujourd’hui les hommes politiques ne jurent que par l’entreprise d’où la démonstration du premier ministre.

L’entreprise n’emploiera du personnel que si elle y trouve un intérêt, et c’est bien qu’elle fonctionne ainsi ; l’entreprise n’a pas pour finalité de donner du travail, mais de produire des biens et des services. C’est aux hommes à se trouver une autre source de revenu ou modifier le système monétaire. C’est à eux de s’interroger sur leur devenir, pas à l’entreprise. Encore faudrait-il que dans leurs majorité ils connaissent les mécanismes de l’économie qu’ils génèrent consciemment ou de fait, et ne pas prendre des relatives pour des valeurs absolues ou réelles. Sauf ce n’est pas cela que pensent les français. Les Français attendent de l’Entreprise, considération, restauration de liens sociaux par la convivialité et qu’elle invente des solutions aux problèmes contemporains (enquête CCA 1999).

L’organisation économique ne peut qualifier ce que nous sommes, elle n’est qu’un moyen de parvenir à la réalisation, à la production, et à la satisfaction de nos besoins et désirs humains. Mais c’est l’activité économique qui génère les aptitudes nécessaires à la production d’un produit et autres services. Ces aptitudes deviendront des métiers et des filières professionnelles que l’école enseignera, mais elle n’a pas pour rôle d’être le pourvoyeur d’esclaves du monde du travail, ni d’enseigner cette tarte à la crème qu’est l’esprit d’entreprise.

A se répéter que seul le privé est performant, faisons l’effort d’imaginer une telle situation. Nous en arriverions rapidement, à considérer les vicissitudes de l’existence comme des charges à bannir, et ceux qui les subissent avec, c’est à dire rejeter tout ce qui fait de nous des humains fragiles, mortels, et non pas des androïdes parfaitement huilés qui conviendraient mieux pour une rentabilité maximale. Dans l’économie nous en sommes arrivés, à considérer toutes interventions de l’État citoyen comme parasitaire, et considérer la revendication collective comme inopportune, parce qu’elle contrarie notre quotidien discipliné. Dans cet ordre d’idée, celle de gérer la société comme une entreprise est souvent avancée. C’est sous une certaine forme la reconnaissance de l’aptitude des dirigeants d’entreprises. Pourquoi pas ? Mais les inaptes, les incompétent, les licenciés, les « en trop », nous les rejetterions à la mer ? Un jour j’ai osé dire dans une réunion qui m’excédait, si nous irions jusqu’à créer des fours crématoires pour ces « en trop », le silence de mort qui s’en suivit fut éloquent. Certes en disant cela, seulement pour dire qu’il y a des limites à la comptabilisation de l’existence, je voulais signifier au travers de cet épisode dramatique que son enseignement doit dépasser le seul cadre dans lequel il s’est exercé ; et que notre aptitude à écarter ce qui nous paraît hostile au fonctionnement d’une organisation systémique, peut nous entraîner vers des choix de solutions radicales. En effet, dans l’organisation économique nous avons besoin de repères et d’ordres de grandeur, mais quelles que soient les constructions abstraites que nous bâtiront pour cela, elles ne peuvent tenir lieu de finalité, car elles ne seront jamais une finalité.

C’est en cela que la comparaison du premier ministre est une énorme bêtise qui en dit long et qui entraîne de ce fait le président dans son sillage car il disait deux jours plutôt tout ce qui les unissaient. Mais pour le président nous le savions il l’avait déclaré au MEDEF

Je crois que nous oublions toujours que l’homme culturel que nous avons développé n’est pas une espèce démocratique, sur ce que nous connaissons de son histoire. L’exigence de vivre en commun n’emporte pas la démocratie de fait, même dans une démocratie. En conséquence de quoi, il est peu probable que ses organisations le seront, même si elles en portent le nom.

C’est pour cela que l’entreprise n’est pas une organisation démocratique non plus, et qu’il persiste une confusion entre liberté d’entreprendre, et celle d’exploiter son semblable, l’une n’entraînant pas obligatoirement l’autre, le tout dépend des règles que nous instituons.

La démocratie emporte de fait que les citoyens aient une connaissance avertie du fonctionnement de l’ensemble de ses relations socio-économiques.

Or, dans nos sociétés la plupart du temps ils n’en ont qu’une connaissance caricaturale qui se rapproche plus du slogan publicitaire, car il n’y a pas d’éducation générale en ce sens, de manière que, pour l’image, pourvu que le slogan du flacon qu’on leur vend soit beau, peu importe qu’à l’intérieur il y ait de la piquette.

De telle manière que tous nos républicains fiers de leur slogan, n’ont oublié qu’une chose c’est que la république a fondé ses bases sur l’éducation émancipatrice. Nous n’oublions pas de dire aussi que le mot « liberté » sous-entend un choix. Or en économie il n’y en a pas, puisqu’il n’y a qu’une seule source de richesse, la production de biens et de services.

Une richesse dont le détenteur fera un usage égoïste, ce qui permet de comprendre que les postulants à cette richesse se référent si souvent aux services de l’État citoyen comme régulateur ou au contrat pour se la répartir.

Un contrat qui n’a de valeur que s’il est en mesure d’opposer au pouvoir financier, un pouvoir de classe, parfois tout aussi égoïste, car le contrat de gré à gré dans le domaine des relations salariales n’est qu’une duperie, parce qu’il ne peut pas à lui tout seul être un contrepoids au pouvoir financier. C’est pour cela que le contrat collectif est le plus capable de prendre en compte des intérêts communs ou corporatistes, et fixer des seuils à partir desquels le contrat de gré à gré, acquiert une réelle valeur. En conséquence, le choix des instruments de mesure qui vont réguler les intérêts égoïstes de l’entreprise et des citoyens, et qui les édite, revêt tout son importance pour se répartir ou créer la richesse donnant à la société civile et à l’État citoyen « la liberté d’agir », faute de quoi leur insuffisance ou leur disparition est un danger pour la démocratie.

Cette insuffisance pousse les citoyens à la tendance actuelle à réclamer la suppression des impôts ou des prélèvements en direction de État, tout en lui réclamant des services, des aides, et des solutions aux phénomènes d’exclusions, cela en lui ayant restreint sa capacité d’action par le budget.

D’une certaine façon nous organisons l’impuissance de l’État et nous nous plaignons d’elle, sauf pour le tenant d’un néolibéralisme pour lequel ce choix est conscient.

Et c’est dans ce choix que nous sommes durablement installé et la confusion est-elle que le premier ministre compare allégrement l’ÉTAT et l’entreprise comme les citoyens confondent leur budget familial et les comptes de la nation.

Ainsi, des mots s’imposent dans d’autres domaines que ceux pour lesquels ils ont été élaborés.

Par exemple le mot santé qualifie aujourd’hui aussi bien la santé humaine que celle d’une entreprise, un schéma abstrait ou une construction structurelle.

Et ceci n’est pas insignifiant quand nous savons que le langage conditionne notre pensée. Que nous pouvons par lui nous tuer ou vivre, nous soigner ou nous rendre malade, prospérer ou dépérir. Nous risquons de ne plus distinguer ce qui est essentiel à ne pas exercer une distinction, et banaliser, étendre l’usage de certains mots comme celui aussi important que « vivre » pour désigner aussi bien la vie biologique que celle d’instruments inertes.

C’est ainsi que nous entendons aussi bien parler de morts d’entreprises, là où, il n’y a que des faillites. Et de faillite la ou il n’y a qu’un déficit car l’actif de l’Etat n’est pas évalué. C’est inquiétant de voir nos dirigeant duper en permanence les citoyens cela ne préjuge rien de bon.

Cordialement.


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