Commentaire de Dominique Larchey-Wendling
sur 2008, année noire


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Dominique Larchey-Wendling 1er octobre 2007 23:47

Mon point de vue est le suivant : les USA sont un empire, un empire sur le déclin. Son ascension s’est fondé sur la production de pétrole. Les USA ont été le « swing-producer » du monde jusqu’à ce que leur propre production commence à décliner à partir de 1973. L’arrogance les a conduit à croire que leur suprématie était fondé sur leur intelligence et leur modèle économique alors qu’en réalité, elle était essentiellement fondée sur le contrôle du pétrole, moteur de l’économie du 20ième siècle. Leur richesse s’est constituée en vendant et en exploitant cette source d’énergie unique.

Perdant la maitrise de leurs importations de pétrole (production en déclin et consommation toujours croissante) et malgré l’avertissement du président Carter, ils ont choisi la voie de l’endettement et de la domination militaire pour maintenir leur suprématie.

Les empires doivent trouver le moyen de disparaitre, soit en interne (abandon de la volonté de dominer par le coeur de l’empire) ou alors en externe (par la ruine militaire et économique, conséquence de guerres visant la domination totale de leur environnement, en l’occurrence le monde pour les USA).

Il existe une part de l’Amérique que tendrait naturellement vers le replis sur soi et le renoncement aux ambitions démesurées de l’empire, démesurées au sens où elles impliquent d’énormes sacrifices comme le rejet de la République et de la démocratie. La voie du rejet de l’empire est un peu celle qu’à fini par choisir la Grande Bretagne quand elle s’est défaite de ses conquêtes ... mais ce choix n’était pas évident et a été contesté.

Mais il existe une autre part de l’Amérique qui revendique l’empire et ne saurait y renoncer car les classes sociales qui correspondent à ces aspirations dominent la société américaine et que le renoncement à l’empire signifierait aussi leur renoncement à la domination sociale dans leur propre société. Il y a bien-sûr les néocons mais il n’y a pas qu’eux. En dehors même des ultra-riches, la société US est très militarisée et l’armée fait vivre un nombre très important de familles. N’oubliez jamais le budget de la sécurité US (Pentagone, énergie, FBI, CIA ...) qui approche les 1000 milliards de dollars. Sans l’armée et ses guerres, c’est des millions d’emplois qui disparaissent.

Des éléments parmi cette faction impérialiste ont choisi de sciemment sacrifier 3000 concitoyens le 11 septembre pour pousser les USA sur le chemin irréversible de la domination militaire du monde. Ce nouveau « Pearl Harbor » a effrayé suffisamment les américains (et les Occidentaux) pour qu’ils ne réalisent pas que la « guerre contre la terreur » est en réalité une « guerre pour la domination impériale du monde. » Pourtant, pour qui sait lire, c’est écrit noir sur blanc dans la profession de foi du « projet pour un nouveau siècle américain » (PNAC).

Le peuple américain saura-t-il trouver les ressources pour reprendre le contrôle de la situation et décimer les rangs des impérialistes, je n’y crois pas mais ce n’est pas non plus complètement impossible. Il lui faudra en outre renoncer au mythe de l’« American Way of Life » en même temps.

Il choisira plutôt, à mon avis hélas, de trouver des bouc-émissaires extérieurs à son appauvrissement (endettement, crise du dollar, crise du pétrole) et abandonnera sa souveraineté avec le sourire au premier imbécile qui lui promettra la victoire dans la « longue guerre » contre le monde « non civilisé, » càd par définition, tout ce qui n’est pas américain.

Décrire les étapes est par contre délicat ... beaucoup d’évènements sont possibles. Cependant, l’intention d’agresser l’Iran de la part de la faction Cheney est évidente depuis 2002-03.

Si les européens sont assez stupides pour suivre les USA dans une telle voie, il ne faudra pas qu’ils s’étonnent quand les Russes leur couperont les vannes du gaz. La crise du gaz avec l’Ukraine était très clairement un avertissement de Poutine à l’égard des européens, et il a été compris comme tel, même si nos médias n’ont évidement produit aucune analyse en ce sens.


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