Commentaire de LordFFM
sur Ma Wii et moi


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LordFFM 12 décembre 2007 09:10

Si on résume un peu ce qui se dit :
- La Wii est une console pour les gosses et les femmes
- La PS3 est plus sérieuse parce qu’il y a du sang et des tripes...
- Il existe des joueurs « hardcore » et des joueurs « occasionnels »

Je pense que ces quelques assertions sont toutes fausses.

Tout d’abord, étant joueur depuis de nombreuses années (et pas seulement de jeux vidéos, aussi jeux de rôle papier, jeux de stratégie, jeux de cartes...), je sais qu’il n’existe pas de limite clairement tranchée entre « casual gamer » et « hardcore gamer ».

Ni le matériel, ni la fréquence de jeu, ni le type de jeu joué ne permet de savoir à quel type de joueur on a à faire. Des adultes de 40 ans ont des PCs surpuissants pour jouer aux Sims. Les ados préfèrent la PS3. Ma compagne qui n’est pas une grande joueuse joue à Guild Wars et à Bioshock mais n’aime pas la Wii. Un ami « hardcore gamer » possède 2 PCs et une XBOX 360. Pour ma part, j’ai 2 PCs et une bonne vieille GameCube (et une gameboy advance SP).

je pense qu’il faut plutôt revenir sur la notion de « public de jeux vidéos ». Il existe clairement deux catégories : le grand public et la niche.

Le grand public, pour les jeux vidéos, a été créé de toute pièce par Sony avec la première Playstation : une console simple, robuste et hyper-médiatisée. Ses performances étaient plus que médiocre face à la concurrence, mais les fonds investis par Sony en ont fait un succès retentissant. N’importe qui pouvait gouter au jeux vidéos sans culpabilité (il y a du sang donc on est pas un gamin...) et sans effort (pas besoin de chercher très loin dans la complexité).

Avant, il n’existait qu’un marché de niche. Ce dernier s’étendait des joueurs qui voyaient les jeux vidéos comme des jouets (consoles pour enfants, PCs pour geeks, jeux occasionnels pour machines de bureau...). Mais il ne s’agissait pas réelement d’un média ou d’un loisir à part entière en dehors de cette sphère.

Aujourd’hui nous assistons à une fusion entre ces deux univers. A cet égrad, la Wii est une réussite complète. Elle reprend la stratégie de la première playstation : faire découvrir le jeux vidéos à ceux qui ne le connaissent pas ou ne s’y interessent pas. Pourquoi tenter de battre les autres sur leur terrain ? Sony et Microsoft se partagent très bien le monde des jeux-vidéos des post-ados, autant viser un autre public.

Finalement, la Wii s’adresse à un peu tout le monde (contrairement à la PS3 ou à la XBox360). :
- Le gros joueur qui découvre une autre façon de jouer : il a l’expérience necessaire pour se moquer des graphismes et il a probablement un PC qui explose PS3 et XBox360 réunies d’un point de vue purement technique.
- Le néophite complet : la Wii semble simple et son faible cout motive le néophite à franchir le pas.
- Le joueur occasionnel : la Wii est amusante et lui permet de jouer a son rythme (1 heure de ci de là) sans avoir à casser son PEL.

Par contre, la génération playstation est probablement celle qui a le plus de mal à y trouver son compte... et c’est normal. Que ce soit l’enfant de 10 ans ou celui qui joue à un jeux vidéos comme il regarde un DVD ou un match de foot, il trouvera bien plus d’intérêt dans la PS3 ou la XBox360. Il n’a ni les moyens (ou l’envie) d’investir dans un PC à 2 000 euros, tout en souhaitant faire « comme les grands » (avoir le soit-disant top de la technologie).

Faut il offrir (ou s’offrir) la Wii pour Noël ? Ca dépend... Si on souhaite une console sur laquelle on va passer des nuits-blanches : mauvaise idée. Si on souhaite le top de la technologie et le multimedia rigolol interactif : mauvais choix. Si on veut s’offrir un jouet amusant au potentiel gigantesque : acheter une Wii. Si on a dejà largement de quoi jouer et qu’on souhaite « changer un peu » : acheter une Wii.

La plupart des gens qui analysent le marché des jeux-vidéos ont une vision binaire (casual / hardcore), mais elle ne s’applique pas ici (pas plus que dans les jeux online). La seule manière de comprendre le succès de la bebête de Nintendo est de passer par une approche qualitative (quel genre de joueur êtes vous) plutôt que quantitative (combien jouez vous).


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