Commentaire de Manuel Atreide
sur Le peuple, seul contre-pouvoir légitime


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Manuel Atreide Manuel Atreide 28 janvier 2008 11:29

@ l’auteur ...

Excellent sujet que le rôle des contre-pouvoirs dans une démocratie. Votre propos est certes juste mais je pense qu’il lui manque la complexité miroir de la complexité de nos démocraties actuelles. Le temps est bien loin où les citoyens d’Athènes, inventeur de ce concept extraordinaire d’un peuple qui n’a aucun maitre, devisaient de tout en place publique, prenaient les décisions ensembles, jugaient, faisaient les lois.

Nous avons des états regroupant des millions de personnes. Séparées par des centaines, voire des milliers de kilometres parfois. La démocratie représentative est une voie permettant d’instaurer le pouvoir du peuple malgré ces obstacles de nombre et de distance. D’où les partis politiques structurés, d’où les représentants élus dont la voix est celle du peuple.

Les contre-pouvoirs sont nécessaires afin de représenter la diversité même de ce peuple dont nous parlons. Un système de représentation proportionnel n’est pas selon moi la négation de la démocratie, il est un bon mode de création d’un contre-pouvoir. Mais, pour en éviter les défauts que vous énoncez fort bien, le tout est moins de l’interdire que de le mettre en place là ou il pourra jouer son rôle de voix de la diversité sans pour autant paralyser l’action publique. J’ai peut être mal lu, mais je crois que votre critique sur son existence tomberait si on trouvait le moyen de le faire exister dans une organisation institutionnelle réfléchie.

Par exemple, de nombreuses voix s’élèvent désormais pour faire du sénat le lieu d’expression de cette représentation proportionnelle. Là ou la chambre basse resterait majoritaire, supportant le gouvernement, votant les lois, permettant à la Res Publica d’être efficace, la chambre haute, par la diversité des courants représentés, serait la voix du peuple dans sa diversité. Elle n’aurait pas le dernier mot, mais elle permettrait sans doute de mieux jauger un texte qui doit s’appliquer à toutes et tous après sa promulgation.

Enfin, vous oubliez - à mon avis - cet autre contre-pouvoir que représente la presse. Dans ce monde vaste et si divers, il est obligatoire d’être informé pour se faire un jugement, une opinion, à la base du vote. Sans presse libre, sans information libre, point de démocratie.

Cela dit, je partage quand même vos conclusions. En dernier ressort, le peuple lui même est le contre-pouvoir ultime. Ne serait-ce que parce que c’est de lui que découle toute légitimité. Lui seul la détient en propre. Les autres pouvoirs ne l’ont que par délégation. Délégation qui peut leur être retirée. Cela ne les rend pour autant pas illégitimes, dans la limite du mandat que le peuple leur a donné.

Notre démocratie actuelle est complexe. Difficile est la tâche de l’analyser, de la comprendre, de la faire vivre et évoluer. Là où je vous rejoins, c’est dans l’affirmation que tout cela nous incombe à toutes et tous. Car, cette démocratie, en fin de compte, c’est nous.

Manuel Atréide


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