Commentaire de masterjuda
sur A propos du discours du Pape à Ratisbonne


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masterjuda (---.---.49.131) 22 septembre 2006 17:28

Sans avoir le temps de rédiger une réfutation intégrale et structurée de votre article, je me permets de vous faire part des points qui me semblent criticables dans votre argumentation :

1. Contrairement à ce que vous affirmez, toute connaissance, toute croyance est basée sur un jeu d’hypothèses la théologie tout comme la philosophie et les autres sciences ont leur point de départ dans des « hypothèses ». La théologie ne se distingue pas de la philosophie au motif qu’il faudrait une révélation « extra-lucide » pour la considérer. Que dire de la philosophie platonicienne, de son monde éternel des idées, opposé au monde matériel ? La philosophie n’a rien d’éternel ni d’universelle...

2. vous assimilez le raisonnement à une contrainte. Certes, et alors ? Ne vivons-nous pas dans un monde de contraintes, et pas seulement sociales comme le raisonnement ou la politesse, mais également nécessaires à la vie ? Le cultivateur qui se refuse à cultiver son champs n’aura rien à manger et il est donc contraint de labourer. Est-ce que ce genre de contrainte peut être mise sur le même plan que la violence, la torture et le meurtre que vous désignez sous le terme pudique de « contrainte physique » et peut être comparé à la « contrainte intellectuelle » du raisonnement ?

3. Vous énoncez que c’est l’expérience qui permet de valider la justesse du raisonnement. Je dois avouer qu’on a longtemps cru - en mathématiques par exemple - qu’une équation n’avait de solution que s’il l’on était capable de déterminer celle-ci. Une sorte de validation du raisonnement par l’expérience. Heureusement, cela fait longtemps que l’expérience n’est ni suffisante ni nécessaire à valider la justesse d’un raisonnement. La machine à mouvement perpétuel n’existe pas, et il n’est pas besoin de construire toutes les machines possibles pour l’établir...

4. Enfin votre conclusion sur les limites réciproques de la raison et de la foi sont erronées selon moi. D’abord LA science n’existe pas. Et c’est pour cette raison que la foi est rationnelle. Il y a DES sciences, qui étudient chacune un domaine particulier du monde, et dont la limite n’est pas la frontière avec la foi, mais la frontière du sujet qu’elles se sont proposées d’étudier. La foi peut se superposer sans complexe aux sciences car elle envisage le monde comme un tout sans le compartimenter, et donc sans contraintes de frontières.

5. D’autre part, ce n’est que lorsqu’elle fixe des frontières à son action, qu’elle se fixe des limites, que la foi entre en conflit avec les sciences. Si la foi se propose d’énoncer des vérités sur le mouvement des astres, alors elle entre clairement en conflit avec la science du mouvement des astres. Il n’y a pas de frontière entre la raison et la foi.


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