Commentaire de Thomas
sur A propos du discours du Pape à Ratisbonne


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Thomas (---.---.5.167) 24 septembre 2006 17:31

Oui votre article est excellent. Moi aussi, ce qui me choque vraiment, philosophiquement dans le raisonnement du pape, c’est ceci :

"La déshellénisation émerge d’abord en relation avec les postulats de la Réforme du XVIe siècle. Les réformateurs se trouvaient confrontés à la tradition des écoles théologiques, à une systématisation de la foi conditionnée totalement par la philosophie, confrontés, par conséquent, à une détermination de la foi de l’extérieur, par un mode de pensée qui ne venait pas d’elle. (...) Le sola Scriptura - les écritures seulement - , au contraire, recherche la forme pure et primordiale de la foi, telle qu’elle est présente à l’origine dans la Parole biblique. La métaphysique apparaît comme un présupposé dérivant d’une autre source, dont il convient de libérer la foi pour qu’elle puisse redevenir totalement elle-même. En affirmant qu’il avait dû écarter le savoir pour faire place à la foi, Kant a agi dans le cadre de ce programme avec une radicalité que les réformateurs n’auraient pu prévoir. Ce faisant, il a ancré la foi exclusivement dans la raison pratique, lui déniant l’accès à la totalité du réel."

Bref Benoît, XVI comme son ami Jean-Paul II arrête la philosophie à Saint-Thomas, en maintenant la thèse grecque que le cosmos et le divin sont d’essence rationnelle, et donc que la raison humaine peut amener à une véritable connaissance (un vrai savoir) sur Dieu. Alors si c’est cette rationalité médiévale qui assure une supériorité du catholicisme sur le protestantisme et l’islam, je reste très peu convaincu. Et s’il pense qu’un dialogue est possible avec les incroyants à partir de Saint-Thomas je crois qu’il se trompe tout aussi profondément. Un tel dialogue ne peut à mon sens partir que de Kant : nous ne ’savons’ pas si Dieu existe, mais nous pouvons le croire, ou ne pas le croire. Cela est pour moi une position d’humilité comme point de départ d’un dialogue possible.


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