Commentaire de Roland Verhille
sur Crise des « subprimes » et pêcheurs en eaux troubles


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Roland Verhille Roland Verhille 28 mars 2008 11:28

À gdm,

Merci pour cette réplique fouillée et sérieuse. Elle permet de dissiper les malentendus.

J’ai parlé de monnaie, pas de valeur. La valeur, vous l’avez dit, c’est une abstraction, personne n’a jamais réussi à en fournir une définition qui se soit imposée.

La perte de valeur visant une abstraction est elle-même une abstraction. Après une perte de ce genre de valeur faisant suite à une création de cette valeur, il n’y a pas plus perte de monnaie qu’il n’y en a eu de créée. Cette création existe quand un crédit a été consenti en échange de la garantie de cette valeur. Là, il y a création de monnaie sans le fondement d’une quelconque création. C’est la cause de la crise financière actuelle. Quand l’emprunteur ne rembourse pas son crédit, il a bien « gagné » le montant de monnaie non remboursé, celui là même que le prêteur a perdu. La somme des deux est nulle, il reste toujours en circulation cette monnaie créée sans fondement.

Quand j’ai parlé de mécanisme de création monétaire irresponsable, je visais cette création de monnaie par le moyen de crédits bancaires qui n’étaient pas garantis par la capacité de l’emprunteur à créer au moyen de cette monnaie une activité créant sa capacité de remboursement. Je visais les crédits bancaires garantis par la capacité de l’emprunteur à spéculer avec succès sur au moins le maintien du cours de ce qu’il achète au moyen de la monnaie empruntée. C’est un crédit garanti par du vent, et chez des professionnels autorisés par les états à créer de la monnaie, c’est irresponsable.

Sur le dopage, je n’ai pas dit qu’il était le fait de ceux que vous désignez par le terme d’ « investisseur ». J’ai dit qu’il était le fait des banques centrales poussées dans ce sens par les politiciens en déversant des marées de monnaie excédant les besoins des véritables investisseurs (à ne pas confondre avec les spéculateurs).

Prévoir l’avenir de la « valeur » des biens économiques est ni moins ni plus difficile que de prévoir ce à quoi s’intéresse madame Soleil. Mais il est effectivement risqué de prévoir le succès d’une entreprise de production de biens et services, c’est un métier. Les Banques y sont défaillantes, en exploitant surtout la loi des grands nombres plutôt qu’une analyse technique solide de la viabilité d’une entreprise ou de la capacité de remboursement de l’emprunteur.

Artificiel chez moi, ça veut dire créé de manière non naturelle, par intervention arbitraire de l’humain. Une croissance économique gonflée au moyen d’une distribution de monnaie artificiellement créée, sans qu’elle soit la contrepartie de biens existants ou créés avec son aide (les investissements productifs), est une croissance artificielle. Elle l’est tellement qu’elle devient vite fictive suite à l’inflation qu’elle provoque inéluctablement. En fin de compte, cette croissance n’est pas une réalité permanente, elle n’est qu’une illusion. C’est cela que j’appelle « dopage ».

Vous n’aimez pas ma distinction entre investisseurs et spéculateurs, ou vous ne la comprenez pas bien. Je ne vois pas comment un spéculateur pourrait « créer » quelque chose en se limitant à acheter quelque chose revendu en l’état un peu plus tard pour encaisser une différence de cours. Il y a seulement de la monnaie qui voyage entre les uns et les autres, sans avoir été investie dans un processus de création de biens et services.

Sur l’abaissement par le FED des taux d’intérêts, vous le justifiez seulement par une affirmation non démontrée.

La réduction des crédits entraîne réduction de l’activité économique seulement lorsque le financement des investissements productifs n’est plus assuré. La réduction des crédits excédant ces financements ne fait que réduire l’intensité des activités spéculatives.

Mais si, il y a une masse monétaire optimale. Elle n’est pas définie par l’ampleur de la demande de crédit. Des crédits ne coûtant rien parce que leur taux d’intérêts est égal ou inférieur au taux d’inflation sont sollicités par tout le monde, sans limite. S’il n’y a pas de masse monétaire optimale, alors pas besoin de Banques centrales et de régulation bancaire, l’imprimeur de billets de banque suffit.

Voilà, on se comprend mieux maintenant ?

 


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