Commentaire de fishlord
sur Calimerkozy, victime volontaire et consentante


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fishlord (---.---.98.26) 26 septembre 2006 17:23

Je voudrais rebondir sur un certaine nombre de commentaires exprimés jusqu’ici.

A propos de mon post-analyse un peu plus haut, j’ai lu :

(IP:xxx.x12.49.50)

«  »Très très bon commentaire. mais vous partez du principes que les gens auront un vote raisonné et pas passionné.«  »

C’est gentil mais il me faut donc préciser que je ne pars pas de ce principe. Ce principe est le mien, certes, j’aurai un vote raisonné. Je n’ai pas pour autant voulu annoncer la défaite de Nicolas Sarkozy par la force du raisonnement ; nous savons très bien quels sont les ficelles de ce monsieur, son activité débordante et sa capacité, supposée, de marquer des points dans l’opinion publique. Je dis bien supposée, et pas pour me voiler la face : tous ici, quand cela nous chante, nous nous faisons les pourfendeurs de sondages qui « n’avaient pas prévu que.... » ou qui « n’avaient pas vu venir » ; par conséquent, se prévaloir ou s’effrayer de la bonne tenue de Sarkozy dans les sondages, sept mois avant l’événement, n’est pas cohérent. Vouloir avoir une analyse qui ait un peu de valeur implique de n’accorder que très peu de confiance aux sondages, qu’ils fassent peur ou qu’ils rassurent. Cela est d’autant plus pertinent quand on pense à la collusion des instituts de sondage avec l’élite médiatique copine de Sarkozy. On le fait beau, c’est sûr. Tout le monde se réjouit ou en a peur, c’et sûr. Mais en aucun cas, le résultat des sondages actuels qui sont comme d’habitude mal ficelés, mal conçus et très grossièrement simplificateurs ne peut arriver à donner le plus pâle reflet des résultats du vote futur ni des intentions de vote. On vote rarement pour un candidat en fonction d’une et d’une seule position de ce même candidat, encore moins si les autres positions de ce candidat ne nous enchantent pas. Or, tous les sondages ne sont envisagés que d’un seul point de vue.

Les raisons que j’expose, de façon assez « rationelle » j’en conviens, ne sont pas à mon sens le reflet de ce que les gens pourraient penser rationellement. Ces raisons décrivent des problématiques qui peuvent surgir, des axes de critique qui peuvent être formulées conte lui par d’autres candidats, voire même des raisons pas forcément conscientes, qui pourraient faire « tourner » la mayonnaise Sarkozy. Bref, ce sont des tendances qui n’expliquent pas le vote individuel éventuellement « passionnel », mais s’attachent plutôt à imaginer des tendances générales qui pourraient affecter tous les votes. Une hypothèse d’un reflet statistique en somme. Il n’empêche. Sarkozy a encore toutes ses chances et le vote médiatico-passionel en faveur de Sarkozy peut bien avoir lieu, tout le monde le sait, l’espère ou le craint.

Je voudrais aussi répondre aux défenseurs, acharnés, de Sarkozy. Acharnés, car visiblement, aucune critique ne semble pouvoir être entendue chez ces gens-là. Est-ce de la Sarkolâtrie, dans une bonne tradition d’obéissance au grand chef illuminé de sa vertu de grand chef ? Est-ce de l’anti-bolchévisme qui aurait oublié que ces communistes-là sont morts depuis longtemps, ont toujours détesté les socialistes et n’existent plus que dans les fantasmes de ceux qui les évoquent, qui ont visiblement besoin d’une psychothérapie de choc ?

Bref, je voudrais revenir sur les commentaires suivants :

pl (IP:xxx.x14.49.64)

«  »Comment peut on encore pleurnicher sur des socialistes qui ont conduit ce pays à la ruine et peut e^tre un jour à la guerre civile. Mais le pays continuait de s’endetter d’1 milliard de Francs par jour.«  »

par UMP (IP:xxx.x75.37.71) «  »C’est vrai, par contre, sur les complesance, voir les poignés de main entre le PSF et l’extréme gauche (PCF, les Verts, LO, FO) ont ne vous entend pas. Pouriez vous gueuler plus fort que vous être contre toute alliance avec ces bouchers responsables de la morts de 110 millions de personnes, SVP ?«  »

La débilité de ces commentaires laissent sans voix.

Au premier, il faudrait expliquer que le pays chéri de Sarkozy, les Etats-Unis, continue à dominer le monde avec la dette la plus colossale que le monde entier ait jamais connu, tout en s’arrangeant pour la faire financer en partie par les autres. Ce qui prouvé irréfutablement que la question de la dette abordée du seul point de vue de son montant est insensée. Bien évidemment, il n’est pas « sage » de s’endetter, dit le bon sens. Mais c’est le fondement même du capitalisme partout dans le monde : tous les pays ou presque, sont endettés les uns envers les autres ; alors l’idéologie de la peur, faut arrêter. D’autant qu’en matière de creusement de déficit, les gouvernement Balladur et Raffarin ont fait bien aussi fort que le PS de 1981.

Au second, il faudrait conseiller de s’acheter un cerveau qui puisse gérer ses données sur la base de ce qui se passe en 2006. Effrayant de penser qu’on pourrait confier l’avenir de ce pays à des gens dont le compteur est bloqué sur la guerre froide. Quelle modernité ! Mais ils veulent la « rupture » de quoi ? Du pacte de Varsovie ? Pour te rejoindre un instant sur ton degré de réflexion, je pourrais te dire que de nombreuses entreprises américaines ont collaboré avec les Nazis, puis je rendrai Sarkozy, qui soutient la politique extérieure américaine, responsable des massacres au Viêt-Nam ou en Irak, et du génocide indien, tiens.

Bon, j’arrête là ma bouffée de stigmatisation, revenons-en à 2006.

Arguments plus intéressants :

(IP:xxx.x75.37.71)

«  »Bien sur, on va encore dire que c’est de la provocation que d’organiser un référundum sur l’immigration, mais pourquoi le Peuple ne trancherait-il pas définitivement cette question ? Je ne vois pas le probléme, et même, cela semble normal que le Peuple décide dans une démocratie.«  »

Voilà effectivement un argument piège, dans lequel toute la gauche se sent mal à l’aise, soyons honnêtes. Je voudrais quand même argumenter pour discuter de l’attitude Sarkozienne à ce sujet, qui semble devenir son principal cheval de bataille.

Récemment les suisses, à la surprise générale des médias ont voté pour un durcissement des conditions de l’immigration ; que cela nous réconforte ou que cela nous semble « poujadiste », la seule solution, à mon humble avis, est effectivement de faire plus amplement participer, par voie référendaire, le peuple sur la question. Le peuple peut « se tromper », si vous en avez peur, mais l’esprit de la démocratie auquel je suis attaché, est bien là : Accepter de consulter le peuple et accepter d’appliquer sa décision, même si les élites éclairées, les autres, vous, moi, pensons qu’il a tort. Il faut accepter une décision populaire, même si on croît qu’elle est erronée, quitte à ce que la question puisse être de nouveau débattue une ou deux mandatures plus tard à la lumière de l’évolution des sociétés. Cette acceptation comprendrait l’immense avantage d’être un point d’appui, sur lequel une politique volontariste pourrait se développer, et surtout, découlerait d’une procédure qui permettrait à tous, et même aux opposants, d’accepter cette décision, en prenant acte que la nation toute entière s’est prononcée, et non pas seulement ses représentants, aux motivations très contestées. Nous avons besoin de plus de démocratie, pour trancher les questions épineuses et avancer.

Cela dit, je vois tout de même une très grande difficulté, même avec de plus amples débats démocratiques au niveau français, intrinsèquement liés au fonctionnement de l’Europe.

L’immigration est l’exemple le plus flagrant du nouveau type de démagogie qui affecte les démocraties européennes aujourd’hui. Pour résumer, nombre de politiciens-démagogues européens, afin de se faire élire, promettent d’employer de radicales mesures pour résoudre un problème. Mais, de fait, il ne peuvent pas faire quoi que ce soit, car les états sont progressivement dépossédés de ces « domaines de compétence », au profit d’une Europe au fonctionnement ahurissant, où il faut être d’accord à l’unanimité, à 25 pour modifier quoi que ce soit. Par conséquent, on se fait élire, sciemment, sur des promesse que l’on ne peut tenir, on fait semblant d’essayer de convaincre les 24 autres, rien ne change, et on incrimine parfois l’Europe, à tort et à raison, comme bouc émissaire. Chirac a inauguré ces promesses non tenables avec l’idée de la baisse de la TVA pour la restauration.

L’immigration constitue le paroxysme de ce paradoxe. (j’ai pas fait exprès !).

C’est simple à comprendre : chaque état « improvise » sa politique d’immigration. Or, à l’intérieur de l’espace Schengen, les contrôles fixes aux douanes n’existent plus et tout est fait pour accélérer les migrations. Donc, chaque état est totalement impuissant à réguler réellement les flux, tant il est vrai que les migrants ont 25 possibilités différentes d’entrer et des centaines de filières européennes qui profitent de cette « marchandisation du clandestin », qui peuvent être fonction de la rigueur ou de la politique plus accueillante de l’état en question.

Pour illustrer, je vais employer l’image de la « vanne », que je n’aime pas beaucoup, car les enjeux de l’immigration ne se résument pas à cela : on va avoir besoin des immigrés, c’est sûr, et il faut les accueillir dans les meilleures conditions possibles. Néanmoins : le contrôle de la vanne ne peut plus se faire qu’au niveau européen. Là-dessus, notre Sarkozy, ne fait en fait que gesticuler et écoper avec son petit seau, tout en puisant dans le bassin français, sans réfléchir, la vanne toujours ouverte. Et il s’en sert comme un argument électoral. En expulsant de façon totalement arbitraire des pauvres gens afin d’avoir son chiffre. Ah, quel homme de la situation !

Ce n’est pas réfuter le problème que de dire que ce que Sarkozy fait, ça ne sert pas à grand chose, même s’il parle d’un problème réel et épineux.

Une autre critique sur Sarkozy, à laquelle les sarkozistes ont répondu comme un seul homme une fois la jusification officielle dévoilée, est celle de son langage de provocation :

par Dafrey (IP:xxx.x1.119.77) le 26 septembre 2006 à 00H36

«  »Non, la « méthode Sarko », c’est tout simplement de dire au peuple ce qu’il a envie d’entendre, en utilisant les mots que les gens utilisent eux-mêmes depuis des années. « Racaille », « justice qui laisse sortir les délinquants fraîchement arrêtés » ?«  »

Nous avons dans cette phrase, un exemple typique de la notion de « populisme ». Je voudrais débarrasser de cette notion, a priori, toute connotation positive ou négative. Quelque chose peut-être « populiste », et donc faire appel à un point de vue populaire, ou un langage populaire, sans être forcément, sur le fond, une mauvaise idée. Avec Sarkozy, nous avons le populisme de l’insulte. Il faut dire qu’il est coutumier du fait car il avait déjà insulté Henri Emmanuelli à l’Assemblée Nationale. Il a un bel exemple en Italie avec son ami Berlusconi qui avait traité les électeurs de gauche de « couillons ». Ce qui est édifiant, c’est qu’il n’y a absolument aucune circonstance politique dans aucun pays qui ait pu prouver que le fait de stigmatiser ou d’insulter autrui ait abouti à quelque chose de positif. Jamais. En fait, cela a toujours le même résultat : envenimer les choses, foutre la pagaille quoi (si j’étais un politique, je contrôlerais mon langage.... Cela finit aussi par avoir comme conséquence que les adorateurs de l’être suprême, se mettent eux aussi à utiliser ce langage, comme ci-dessus, pour traiter les juges de « racaille », malgré leur méconnaissance abyssale du fonctionnement et des difficultés financières de l’institution judiciaire (un organisme européen à chiffré que la France a, pratiquement le même budget par habitant que la Moldavie, pour la justice). Un tel niveau de mépris pour les institutions républicaines, pourrait presque s’assimiler à de la haute trahison. Voilà comment se forment les futures légions de la « Croix de feu » ou de l’ « Action française ». Haine des boucs émissaires et adoration du chef. D’autant que bien entendu, quand ça l’arrange, Nicolas Sarkozy aime bien prôner l’exemplarité. Il sait bien que l’attitude des hommes politiques a forcément une valeur d’exemple. Enfin, l’idée que Sarkozy « dise au peuple ce qu’il a envie d’entendre » c’est d’abord, un argument typique et classique du fascisme, même s’il est fondamentalement faux. Le peuple aurait aussi envie d’entendre que les parlementaires vont revenir sur leur augmentation d’indemnités de 70 % , ou entendre parler d’harmonisation sociale européenne d’interdiction des OGM, mais ça, bizarrement, ça sortira pas. L’idée même qu’un homme politique dise au peuple « ce qu’il a envie d’entendre », est fondamentalement contraire au dogme (mais nous ne sommes pas à un paradoxe près !) de l’homme politique prônant les réformes courageuses, voire impopulaires mais nécessaires.

Au fond, beaucoup de choses sentent le toc, chez Sarkozy. Son incroyable effronterie qui consiste à incriminer le monde entier alors qu’il aux commandes de la République, ministre d’Etat, libre de dire, de faire ce qu’il veut et d’empiéter sur le domaine des autres ministres depuis cinq ans, et intégralement responsable d’un bilan qu’il s’emploie à maquiller par tous les moyens, montre aux gens sensés son degré de tartufferie et d’incompétence. La suppression de la police de proximité, par idéologie (vous comprenez, c’était la gauche qui l’avait mise en place !) et ses conséquences désastreuses n’en sont qu’un exemple parmi d’autres. Son incompétence ? Si les sarkolâtres pouvaient ouvrir leurs oreilles et leur cerveau, ils comprendraient qu’un homme qui fait strictement le contraire de ce que toutes les associations de terrain, les syndicats de policiers et de magistrats, les psychologues, les sociologues, les historiens, les élus (maires), de tous les gens qui travaillent et qui connaissent le terrain, et qui n’écoute que son petit fan-club de politiques qui lui renvoient sa propre image, n’est pas un leader courageux qui dit des vérités dérangeantes : c’est surtout un homme infatué de lui-même et incapable, du fait même de son obsession égotique à avoir raison, en dépit de la réalité de tous les autres, de mener une politique cohérente. Je ne le crois capable d’aucune réforme vraiment majeure et utile, mise à part celles d’inféoder notre armée aux desiderata américains, de solder l’état, d’achever de fliquer la société et d’éjecter un peu de « racaille » de temps en temps, quand Laurence Parisot lui donnera du lest. Un politique dont je ne me rappelle plus le nom et proche de Sarkozy, a dit l’autre jour sur « France-Info », une phrase qui se voulait représentative des ambitions de Sarkozy, et dont le double-sens m’est apparu peu après, ce qui fait que je l’ai trouvée très appropriée, pour une autre raison. Il disait : « Nicolas Sarkozy va secouer la poussière de la France ». J’ai trouvé l’image excellente. C’est exactement ça. Il secoue la poussière. A part faire éternuer tout le monde, aucune utilité. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut pas compter sur lui pour bouger les meubles de la société française engoncée dans des institutions au fonctionnement si peu démocratique et dans le bonheur de la pensée économique libérale. Il risquerait une « rupture ». Voilà mes critiques, dures, envers Sarkozy. Et comme tous les autres lecteurs sensés d’Agoravox, je suis convaincu que les adorateurs de l’être suprême n’essaieront même pas de contrer mes arguments, cela ne leur semble pas accessible. La hargne semble être malheureusement leur seul langage. De plus, il est un « extrémiste », pris au sens où il n’hésite pas à utiliser un vocabulaire de provocation et à insinuer qu’il veut mettre en place des mesures radicales (avec sa pseudo-rupture), qui pourraient tout aussi bien s’avérer extrémistes. Dire qu’il a claqué le bec à le Pen, alors même qu’aujourd’hui il drague ouvertement son électorat, c’est bien reconnaître que ses prises de position sont totalement électoralistes et donc 100% versatiles (sauf sa fidélité à la pensée ultra-libérale).

Enfin, je voudrais tirer mon chapeau à Charles DG :

par CharlesDG (IP:xxx.x60.173.162)

«  »Quant aux problèmes liés à l’immigration, s’il est élu, il sera bien incapable d’apporter le moindre début de solution si ce n’est le versement de tributs aux pays comme le Sénégal qui se débarrasse chez nous de son excédent de population. Sioniste, atlantiste, agent du lobby qui n’existe pas, organisateur d’une pseudo-communauté musulmane qu’il souhaite à sa dévotion, partisan de la discrimination positive, sa politique conduira à la destruction de la France dont la situation n’est déjà pas brillante. Après son passage, tout ne sera plus que ruines et décombres.«  »

Charles DG et moi aurions autrefois été considérés comme des adversaires politiques. Peut-être est-ce encore vrai, mais voilà un adversaire que je respecte, dont je partage certainement nombre d’idées, et que je prends en beaucoup plus haute estime que tous les excités dépourvus d’arguments autres qu’insultants pour défendre leur chef. Finalement, les oppositions politiques d’antan ne sont peut-être plus aussi vraies aujourd’hui, bien qu’on veuille continuer de nous bercer de la fausse dualité gauche-droite. Le malheur des partis de gauche et la droite traditionnellement « au pouvoir », est d’avoir été conquis, dans les années 70-80 et 90, la droite avant la gauche, par la pensée libérale, nous dirons aujourd’hui ultra-libérale, qui n’a plus rien à voir avec la « philosophie du libéralisme », tout-à-fait intéressante. Ce n’était pas l’idée de laisser le fric tout régenter et de solder les états, bien au contraire. Les libéraux ont d’abord obtenu, volens nolens, comme résultat de leurs politiques, le désengagement, voire la délégitimation de toute intervention de l’état dans le domaine économique. Puis ils se sont laissé déborder par les lobbys, les thuriféraires du « laisser-aller », de la mondialisation heureuse, avec leurs fan-clubs de convertis, qui essaient aujourd’hui de transformer les états en instruments de contrôle des populations, et, devant le désastre social de leurs politiques, s’évertuent à monter les catégories, les ethnies, les unes contre les autres en usant du populisme le plus basique, voire outrancier, comme Sarkozy. Certains sont beaucoup plus « extrémistes » que d’autres. Mais au fond, ce sont des usurpateurs de l’opinion publique, à gauche comme à droite.

Fishlord.


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