Commentaire de Le Hérisson
sur Comment les socialistes ont fourvoyé la démocratie


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Le Hérisson Le Hérisson 21 mai 2008 19:56

En réponse à XA :

Mea culpa. En effet, le président de la République est privé du droit de dissoudre pendant un an uniquement quand l’assemblée qu’il veut dissoudre est elle-même issue d’une dissolution.

Ainsi donc, en théorie, on pourrait admettre :

- élections législatives en mars 2007

- élections présidentielles en mai 2007

- éventualité d’une dissolution succèdant aux présidentielles...

Oui mais voilà. Il faudrait, d’une part, que le président élu soit différent de l’assemblée nationale élue quelques semaines auparavant, ce qui semble hautement improbable. Ensuite, il faudrait que ce président élu décide d’une dissolution d’une assemblée toute récente, ce qui est des plus risquées car susceptible d’amener une grave crise politique.

Mais au delà de ces hypothèses d’école, mon article avait pour but de montrer que l’inversion du calendrier était symptomatique d’un régime qui se présidentialise à en devenir monarchique, à un point qui dépasse toutes les autres démocraties. Le calendrier n’est qu’une illustration : nous voyons chaque jour que l’ensemble de la classe politique "ne pense plus qu’à ça", c’est à dire à la nouvelle échéance présidentielle qui se profile et que le rôle et l’élection des députés ne valent plus un pet de nonne.

Par conséquent, l’un des élements du débat devrait être devons nous continuer à attribuer cette importance disproportionnée au président de la République ou, au contraire, permettre que l’assemblée nationale soit réévaluée, qu’elle puisse disposer d’un véritable controle sur la présidence et, accessoirement, qu’elle soit un peu plus imaginative pour sortir notre société de ses blocages. Ce débat là, les socialistes, s’ils étaient conformes à leur tradition parlementariste, devraient être les premiers à l’instaurer, au moins dans leur formation. Or, ils ne le font pas, courrent comme un seul homme vers l’échéance présidentielle en faisant le bonheur des commentateurs ironiques de tout bord. A. Montebourg était l’un des seuls à vouloir ce débat mais, depuis un an, il est devenu muet sur ces questions...

Pour répondre à d’autres commentateurs qui indiquent que le problème essentiel vient de l’OMC et du libéralisme, je pense qu’il font une fausse analyse ou, du moins, que leur analyse est quelque peu tronquée. Le problème ne vient pas d’un "trop d’OMC ou de marché" mais d’un "pas assez de politique". C’est à dire que le principe du marché devrait, à mon avis, être admis par tous mais il devrait être encadré par des valeurs et des principes politiques - à l’échelle au moins européenne- qui font actuellement lourdement défaut. Ce n’est pas "contre" le marché qu’il faut lutter, mais c’est pour une valorisation de la politique qu’il faudrait combattre. Quand Jospin a prononcé la phrase célèbre et pourtant affligeante "l’Etat ne peut pas tout", ce qui était le plus choquant, c’est moins l’aveu d’impuissance que le renoncement à ouvrir un nouveau chantier politique pour le XXIème siècle.


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