Commentaire de 3°oeil
sur Faut-il sauver les banques ?


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3°oeil 16 septembre 2008 22:55
Le jeu de l’argent et du taux d’intérêt. (source Livre jaune n°5 aux éditions Félix).

Pour essayer de faire comprendre à un enfant de dix ans ce qu’est l’économie de marché, je vais vous raconter une histoire vraie. Elle illustre bien l’esclavage suicidaire auquel nous a conduit l’argent. Imaginons que sur terre il n’y ait qu’une seule banque, un seul taux d’intérêt. Aucun argent ne vient donc alimenter le système de l’extérieur, à part la lumière du jour de l’énergie du soleil. C’est elle qui permet de fabriquer tous les biens dont nous avons besoin. Grâce aux taux d’intérêt, à la spéculation sur les bénéfices et sur les taux de change, la quantité d’argent peut doubler tous les ans. Par contre notre taux de croissance naturelle n’excède pas les 5 %. La différence entre ces deux taux induit que tout va à l’argent et que ceux qui le possèdent s’approprient peu à peu tous les biens de ceux qui produisent réellement quelque chose. Si vous imaginez toutes les sommes dont nous allons parler, transposée en milliards de dollars, vous aurez une idée des enjeux économiques actuels. Le jeu commence : Imaginez que vous ayez besoin de 10 000 F. Vous venez me voir, moi, la Banque Mondiale et je vous prête cet argent pour un an, à un taux de 6 %. Rappelez-vous ! Au début il n’y a que 10 000 F en jeu. L’année passe et vous constatez qu’il n’y a toujours que 10 000 F en circulation. Comment pourrez-vous me rembourser 10 600 F ? Je vais vous faire deux propositions. La première est la suivante : « Ecoute, je vois que tu es sérieux et travailleur, ne t’en fais pas. Paie-moi les intérêts et garde de l’argent. » Dans ce cas, vous me payez 600 F et il n’y a plus que 9400 F en circulation. À ce rythme, au bout de dix-sept ans, il n’y a plus un franc dans votre caisse. Vous avez toujours payé les intérêts, jamais le capital. Au bout de dix-sept ans vous n’avez plus d’argent et vous me devez toujours 10 000 F. C’est pour cela que je vous conseille tout de suite la deuxième solution. Je vous dis, « Ecoute », en souriant gentiment, « tu te donnes tant de mal et tu es si honnête. Ne te soucie même pas des intérêts qui sont si ridicules. Je te les prête aussi, à 6 %. » Ce qui fait 36 F par an. Vous acceptez, plein de gratitude. Vous me devez maintenant 10 600 F. Au bout de cinq ans vous commencez à être inquiet, car maintenant vous me devez 13 382 F et au bout de vingt ans le chiffre est multiplié par trois, nous en sommes à 32 071 F. La différence de 22 071 F par rapport aux 10 000 F du départ est pour moi un gain virtuel, puisque je n’ai pas touché l’argent, que vous n’avez d’ailleurs pas. Je n’ai fait qu’augmenter mes quantités de crédit. Le petit jeu continue : vous êtes un homme honnête qui tient sa parole. Mais là, vous ne savez plus comment faire pour tenir votre engagement. En tant que partenaire, je vous aide. Je vous dis combien d’impôt vous allez payer, combien de jours de vacances je vous accorde. Je sais où est le seuil de la douleur, je ne dois pas exagérer. Mais je vous tiens en mon pouvoir. Je peux exiger l’argent quand bon me semble, je sais que vous ne pourrez pas payer. Vous trouverez toutes les échappatoires, vous vous tordrez dans tous les sens, vous aurez honte, mais vous ferez ce que j’aurais décidé : pour votre bien ! (C’est peut-être à partir de cette situation qu’a surgi cet adage : Je veux votre bien et je le veux en entier !!) L’atout dont je dispose est que je ne joue pas ce jeu qu’avez-vous, mais également avec vos enfants, vos amis, vos frères et soeurs. Chacun est lié par la parole. Je fais tout pour favoriser la concurrence, la compétition, tout autour du globe, pays entre pays, et je vous plonge dans la méfiance, les uns envers les autres, pour que vous soyez coupés les autres, de l’énergie collective. Surtout, je vous laisse dans l’ignorance au sujet de mon jeu. Si il y a 10 000 F en circulation, vous ne pouvez pas rembourser 1600 F. Mais comme tout le monde participe, vous faites pareil. Il y a aujourd’hui beaucoup de gens qui ont démasqué ce va-et-vient perpétuel. Mais c’est un peu tard ; les banques possèdent presque la totalité des richesses de ce monde, grâce à la dette. La banque mondiale qui accorde des crédits de développement ne le fait pas gratuitement. Les taux d’intérêt sont sa source de richesses et elle maintient ainsi tout le monde dans la dépendance et l’esclavage. L’économie de marché est donc vraiment du pain béni pour toutes les banques !

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