Commentaire de Brieuc Le Fèvre
sur Faut-il sauver les banques ?
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@JL,
le mécanisme est celui-ci :
La banque crée la monnaie ex-nihilo (à partir de rien, simple jeu d’écriture). Elle place dans son passif la somme qu’elle vient de "donner" à son client, et dans son actif, la créance qu’elle a sur le même client (créance qui est une "promesse de payer" de la part du client, et donc une dette qu’elle peut monnayer auprès d’autres organismes financiers, donc, c’est un actif). Somme actif + passif = 0 ! Le jeu est nul l’argent est virtuel !!!
Côté client, il y a la somme prêtée au passif (il doit cet argent), et côté actif, il y a la même somme, disponible sur son compte. Passif + actif = 0 : jeu nul toujours, argent virtuel.
Par contre, le client va dépenser la somme placée sur son compte (c’est quand même un peu pour ça qu’il a accepté de baisser son froc devant son banquier ET de fournir la vaseline). Et c’est là que ça se complique, car l’argent virtuel du compte client devient argent réel : il peut demander à ce que la somme lui soit remise en billets, et/ou payer un fournisseur, un maçon, un architecte, un concessionnaire auto, etc, ce qui injecte l’argent dans le circuit économique réel (échange de biens et services réels)
Son bilan actif+passif est déséquilibré, puisque seul reste le passif. Tant que le client peut rembourser ses échéances, tout va bien, car le plan initial est respecté, et au niveau de la banque, le passif et l’actif diminuent à la même vitesse, pour rester à somme nulle (argent toujours virtuel pour la banque). Si la banque a "revendu" la dette, elle est maintenant en mesure de rémunérer le nouveau porteur de cette dette selon les modalité du contrat de vente.
Si par malheur le client faillit, alors la banque voit son actif, donc la dette, c’est à dire la "promesse de payer" du client, devenir nulle, sans aucune valeur. Et si elle a vendu cette dette à une autre banque, qui l’a transformé en produit dérivé, etc, il en résulte qu’il y a quelque part quelqu’un qui pense que notre pauvre client lui doit des sous, mais se rend compte que c’est pourri.
Dans la plupart des cas, ce quelqu’un essayera de refiler la patate chaude à quelqu’un d’autre avant que la supercherie ne soit découverte. Mais parfois, ça ne marche pas, et la "valeur" portée par ce quelqu’un décroche. Et quand tout est si mélangé que personne ne sait plus qui possède quel crédit pourri, tout le monde se méfie, la rumeur s’amplifie, la valeur globale chute, et le système s’effondre. L’argent virtuel qui s’est échangé au début (la dette du client), augmenté de la cupidité des acteurs financiers (qui vendent la dette plus cher qu’elle ne vaut au motif qu’elle rapportera aussi un intérêt : c’est le volet spéculation) s’est volatilisé. Et quelqu’un doit rembourser cet argent, puisque la règle comptable impose qu’il y ait égalité acti/passif sur les livres de la banque initiale, ainsi que sur tous ceux des autres acteurs qui se sont échangés la dette initiale. Quand certains acteurs ont été totalement construits sur le rachat de ces dettes pourries, le résultat est simple : ils doivent du fric à tous ceux qui ont acheté leurs produits dérivés de daube, mais ils n’ont plus aucun moyen d’entrer en possession de cet argent, parce que leur actif s’est évaporé. Et comme dans le cas du client, quand le passif reste mais que l’actif à disparu, l’argent devient réel (en fait, ce qui devient réel, c’est le différentiel actif - passif).
Le seul moyen d’empêcher cela aurait été de ne pas accorder de crédit au client dont on était sûr qu"il ne pourrait pas aller au bout de son prêt.