Commentaire de Sinbuck
sur L'information et la cognition


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Sinbuck Sinbuck 5 octobre 2008 01:34

@Christophe,

L’entropie est une notion essentielle qui définie et oriente la flèche du temps. Une des questions clé est l’information (ou événement probable, ..., puis réel) et se qu’elle représente pour comprendre le système qu’elle décrit. L’entropie est toujours positive, c’est à dire que l’énergie se dégrade et que le « désordre » augmente dans le système (en physique). Cela veut dire que l’on a toujours plus de difficultés pour remonter à l’état initial du système d’où la notion d’irréversibilité en thermodynamique. C’est pourquoi j’associe ce concept d’entropie à l’information journalistique et cette théorie de Shannon est de plus en plus étudiée en sciences humaines.

Par rapport à la notion de conscience, d’où le titre du billet avec le mot cognition qui définie globalement la faculté de connaître, l’information se doit de travailler dans ce sens. La culture de la conscience de masse, telle qu’elle est présentée par les médias, analyse et décrypte le monde par des statistiques ou des rapports de bureaucrates, d’experts et autres qui regardent le réel à travers des opérateurs mathématiques, des pourcentages, des moyennes qui vident de sa substance toute la valeur humaine des faits. La culture de la conscience de masse s’exprime par une vulgarisation/simplification excessive de la réalité. Certes, la conscience de masse se développe via une interaction avec l’environnement (comme chez les animaux), mais cette conscience est seulement « sensible » par opposition à « cognitive ». Avec le développement de l’abstraction dans les systèmes de la pensée humaine, la personnalité (mi-extérieure, mi-intérieure) s’oriente de plus en plus vers le mental qui occupe maintenant la place de la réalité. L’individualité grandissante est la conséquence d’un processus d’introspection/computation toujours plus performant. Le mental rationnel, j’entends, celui qui par des mécanismes archaïques, par déduction et induction, par une logique causale, s’enroule sur lui-même et s’éloigne d’autant plus de la réalité inter-dépendante de toutes ses parties constitutives.

Par contre, une vision globale exige une synthèse d’un grand nombre d’évènements et d’informations, le raisonnement cartésien est impuissant dans ce contexte, et pourtant il règne en maître sur le trône de l’objectivité journalistique. Mais ce n’est qu’une illusion, ou du moins une approximation, les facultés pensantes peuvent se développer à partir de la pensée des autres que l’on rabâche ou bien par l’effort consistant à penser par soi-même. C’est la conscience de soi qui s’émancipe dans ce cas, pour reprendre un de tes termes. C’est pourquoi j’ai insisté sur la nécessité des médias à cultiver la transmission de l’information de manière à rendre libre l’individu et la « pensée autonome de chacun ». Mais l’information est clairement orientée et distillée par des séparations successives qui ne permettent pas de décrire la réalité (création d’entropie).

Sur un forum ouvert de type Internet, je crois (et j’espère) que le moi profond a plus de chance de s’exprimer que le moi superficiel car l’interaction de la conscience sensible (extérieure, celle du corps) perturbe moins la faculté de penser.


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