Commentaire de Serpico
sur Fatwa contre Mickey Mouse


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Serpico Serpico 9 octobre 2008 13:30

Et pour enfoncer le clou (puisque ça "moinsse" hypocritement...)

L’ABSOLUTION DES TERRORISTES 	

Confrontée à des intégristes chrétiens, la justice en a oublié son Code Pénal. L’incendie volontaire est désormais un pêché véniel

	 	

MALGRE leur voeux d’abstinence, les curetons fachos de Saint-Nicolas du Chardonnet et avec eux leurs homologues du Centre Henri-Charlier ont sans doute sabré le champagne hier soir et bénit Pierre Arpaillange et ses juges. Hier en effet, les cinq jeunes croisés qui avaient incendié le cinéma Saint-Michel, le 23 avril 1988, parce qu’il projetait « La dernière Tentation du Christ » ont été lavés de leur pêchés par la 10ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris présidé par Jean-François Perié.

Emmanuel Dousseau, jeune croisé de 25 ans, qui, pendant le procès n’a pas fait mystère de sa volonté de terroriser les directeurs de salle qui oseraient projeter l’oeuvre satanique, a été condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis. Thomas Lagourgue, 27 ans, qui a reconnu avoir incendié en prime le cinéma Gaumont-Opéra, le 11 octobre, a été condamné à 30 mois d’emprisonnement avec sursis ; Geroges Leroux, 30 ans, deux ans avec sursis, Hubert Pillet, 24 ans et Christophe Réveillard, 26 ans, à quinze mois avec sursis. Dousseau, Lagourgue et Leroux devront en outre payer, d’ici à trois ans, 450.000 F de dommages à leurs victimes : les treize blessés dont quatre graves du cinéma Saint-Michel, les producteurs du film, le gérant de la salle (fermée depuis lors) dont la seule réfection nécessitera 6 millions de francs.

Gageons que ces pèlerins guerriers n’auront pas trop de mal à rassembler la somme qui est susceptible de réévaluation après les expertises : Dom Gérard, par exemple, le prieur de l’abbaye de Sainte-Madeleine du Barroux, dans le Vaucluse venu le jour du procès, affirmer au tribunal que les motifs des incendiaires « étaient nobles » et que peu importait la façon dont ils avaient « traduit leurs motivations », pourvoira à ces contingences matérielles grâce à la manne céleste qu’il administre.

Bref tout baigne pour ces terroristes là. Pour avoir fichu le feu ils n’auront couché en prison que pendant le mois de leur détention préventive. L’incendie volontaire en bande organisée est pourtant puni de dix à vingt ans de prison selon l’article 435 du Code Pénal. Touché par la grâce divine, les juges n’ont sans doute pas voulu sévir contre ces brebis égarées de l’occident chrétien. Le parquet lui même et donc la Chancellerie, avaient donné le signal du pardon en ne requérant que de la prison avec sursis.

Là encore, on espère que la mansuétude du tribunal de Paris va donner le signal de nouveaux us judiciaires. Tiens par exemple : quand un jeune intégriste musulman fichera le feu à un cinéma sous prétexte que le film diffusé offense les préceptes du Coran, les juges dans leur grande sagesse, lui colleront trois ans avec sursis, histoire de lui donner une nouvelle chance. Allez, on prend les paris ?

Christian Ferrand

L’Humanité, 4 avril 1990

Elle est constante, l’hypocrisie occidentale.





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