Commentaire de Jean-Luc Martin-Lagardette
sur L'anthroposophie défend ses pratiques devant l'Europe


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JL ML Jean-Luc Martin-Lagardette 21 octobre 2008 09:19

Comme dans tout acte humain, il y a deux façons de critiquer :

- pour construire

- pour détruire.

La seule raison de ma présence sur Agoravox est d’expérimenter la première façon : voir si les internautes sont partants pour faire de ce média une plateforme innovante de fabrication de l’information, afin d’enrichir collectivement notre connaissance de l’actualité.

Apparemment, certains internautes préfèrent la seconde voie. A la suite de cet article, ils ont choisi le dénigrement violent, haineux et même l’insulte et la diffamation. C’est leur droit. Il n’y a pas et il ne doit pas y avoir de censure sur Agoravox.

Mais, ce faisant, ils risquent de décourager ceux qui, bénévolement (comme moi), s’efforcent de tester le journalisme participatif. Ils donnent raison à ceux de mes confrères qui méprisent la démarche, n’y voyant qu’un cloaque informel d’opinions débridées.

Brandir le mot « secte » pour qualifier un groupe, comme cela a été fait sur cette liste, c’est malheureusement se placer dans une longue tradition (bien française) d’intolérance qui a vu son apogée avec la collaboration, lors de la Deuxième Guerre, et avec la chasse aux étoiles jaunes.

Asséner le mot « secte » contre un groupe quel qu’il soit, c’est d’une certaine manière lui coller une étoile jaune. C’est inacceptable et cela n’a lieu qu’en France.

Les anthroposophes sont des citoyens comme les autres. Ils vivent et travaillent depuis des décennies sans qu’aucun gouvernement ni aucun tribunal ne les ait interdits. Que telle instance ou telle association juge bon de les désigner à la vindicte populaire mériterait, pour le coup, une enquête approfondie et impartiale : selon quels critères, sur quelles bases factuelles, après quelle investigation, par quels experts, suite à quel procès, en écoutant quels avocats et de quel droit cette instance ou ces associations ont-elles cloué tel mouvement au pilori ?

En outre, que certains se soient crus autorisés à soupçonner Agoravox et l’auteur de cet article de visées mercantiles ou de complot ajoute à la vilenie. Cela pourrait mener à la fin de l’expérience (pour moi en tout cas) déjà difficile à tenir et très mangeuse de temps et d’énergie.

Que certaines propositions de l’anthroposophie paraissent, à notre regard contemporain, étranges voire dangereuses, cela n’autorise personne, intellectuellement parlant, à la disqualifier dans sa globalité. Je mets quiconque au défi de me présenter un seul auteur, une seule philosophie, une seule religion qui n’exprime pas dans ses textes quelques propos scandaleux ou potentiellement nocif.

Je précise à nouveau que je n’ai aucun lien avec l’anthroposophie. Si j’ai évoqué cette pétition européenne, c’est parce que, par delà de l’étiquette dont certains l’affublent, elle posait une vraie question d’intérêt général.

Je crois à « l’éthique de la discussion », comme elle a été formulée par K.O. Appel ou J. Habermas. Les bases en sont la reconnaissance intersubjective et le principe d’universalité. Chacun est reconnu a priori digne de participer au débat ; chacun sait se mettre à la place de l’autre, sans le juger ni le condamner, pour connaître ses raisons. C’est la condition pour arriver à bâtir un compromis équitable.

Ainsi, critiquer pour construire, c’est d’abord :

- s’estimer réciproquement comme des sujets responsables

- se traiter en partenaires égaux en droit

- se supposer mutuellement sincères

- avoir une attitude de coopération réciproque.

C’est ce à quoi je crois. Le débat doit permettre tant l’accès universel à la discussion que le droit d’y participer à égalité de chances, hors de toute répression ou intimidation d’aucune sorte. En dehors de ces principes, c’est la foire d’empoigne, la discrimination, le mépris de l’autre, la vanité des bonnes consciences, etc.

Très peu pour moi.






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