Commentaire de Eloi
sur Divergence, masse critique et libéralisme


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Eloi Eloi 5 novembre 2008 13:20

La question des sources de l’idée que vous vous faîtes du libéralisme est pourtant de la première importance. Car vous faîtes une critique de la sociale démocratie aux moyens des idées sociales démocrates, tout en baptisant arbitrairement ceci "libéralisme".

Je sais qu’il y a eu des débats postérieurs à cela, mais vous ne m’expliquez toujours pas en quoi un système économique respectant les hypothèses citées plus haut (libre concurrence, transparence, atomicité, rationalité) n’est pas du libéralisme (économique). Donnez-moi votre propre définition !

Oui, se poser la question du "meilleur" alliage état/ordre spontané est une question légitime. Elle est loin d’être tranchée chez les libéraux, minarchistes et anarcho-capitalistes ont chacun des arguments recevables.


Dans ce cas-là nous sommes d’accord sur ce point.

On peut pourtant faire l’observation très générale et empirique que la liberté économique va de pair avec le bien-être, c’est à dire qu’il est difficilement contestable que l’une croît avec l’autre.

Mais je suis d’accord avec vous ! Cependant, le bien-être, c’est le superflu, quand comparé à la survie, à l’environnement, au "progrès technologique". Et notre choix, par manque de rationalité, est souvent court-termiste (préférence temporelle) et n’est pas le "meilleur" choix. Les loisirs sont mieux adaptés quand ils sont laissés à la libre appréciation de chacun, car c’est une unique question de le "sentir aujourd’hui" mais concernant les choix de long-terme, la stratégie, cela demande une réflexion technique, avancée, que tout un chacun sera bien en peine de réaliser dans chacun des domaines. C’est le rôle de l’Etat que de conduire cette réflexion, la mener à son terme, et la proposer par le biais des programmes des candidats les résultats de cette réflexion. Nous nous choisissons des hommes à la vision plus large et longue que nous, et surtout dont c’est la spécialité !

(Malheureusement, aujourd’hui, le mode de pensée consumériste de le "sentir aujourd’hui" guide aussi le choix de nos leaders !)

Des solutions ? Laissez faire, laissez passez. Intervenir d’une main tremblante, en gardant à l’esprit que si les effets bénéfiques d’une loi ou d’une réglementation sont rapides à faire effet (car il peut en avoir, bien sûr), les effets pervers sont bien plus durables et bien plus profonds. Et quasiment impossible de revenir en arrière.

La mise en place depuis des décennies d’un système libéral ("pour être moderne") est exactement de l’interventionnisme par rapport à nos traditions nationales et nos manières de faire

Ce simple fait est incompatible avec l’idée que le libéralisme est triomphant. C’est tout le contraire : nos sociétés sont de plus en plus collectivisés, réglementés.

Peut-être jouons-nous à l’oeuf ou la poule, mais j’y vois plus la volonté de mettre en place ce fameux systèmes libéral, et aussi les coûts sociaux grandissants dus à cette mise en place "sauvage" : en tout cas trop rapide. Convenez que la libéralisation des échanges a été trop rapide pour permettre la reconversion des économies, la reconversion des législation, la reconversion des formations des travailleurs. Du coup, les Etats "rustinent" là où ca fuit trop fort, d’où votre fameuse inflation. Sans oublier la nécessité de la redistribution des richesses. Pourquoi ce dernier point ? Car ouvrir les vannes a surtout permis la formation d’une nouvelle féodalité plutôt qu’un système vraiment libre.

De plus, ouvrir les vannes de la "liberté" suppose des agents rationnels, ce qu’ils ne sont en rien ! Modes, habitudes de consommation, prédiction du comportement des masses (marketing), influence incroyable de la publicité, aucune recherche individuelle sur les flux d’argent (le succès des journeaux gratuits est incroyable), suivisme des chefs d’entreprise (j’ai une légion d’exemples, mais le plus visible est celui, actuel, des marchés boursiers : une baisse absolument irrationnelle)...

Je pense que là est le problème. Pas assez de vision à long terme, de modération, mais une application aveugle d’une doctrine, dévoyée (forcément, ca permet d’avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière), de plus. Exactement ce qu’il s’est passé en URSS.

Péripate, convenez que PERSONNE au monde n’a vraiment joué le jeu du libéralisme. Chacun s’en est vanté quand ca l’arrangeait, pour tricher avec ses règles dès que ca l’arrange. L’Amérique en est le meilleur exemple...

La demande d’ordre, de lois, est croissante. Je trouve qu’il est légitime d’être inquiet de la tournure que prennent les choses.

Nous sommes en crise depuis une bonne dizaine d’années. Cette demande d’ordre est très inquiétante mais guère surprenante en période de crise. Que vous y voyez un effet boule de neige est possible, mais cette crise est indépendante de notre système : personne n’a eu le courage, par l’entreprise libérale ou les systèmes étatiques, de prendre en main la transition énergétique, quand bien même nous le savions depuis longtemps. Espérons ne pas en arriver au nationalisme, la dictature, les boucs émissaires et la guerre.


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