Commentaire de fonzibrain
sur Krach mondial - Fermeture des bourses


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W.Best fonzibrain 12 novembre 2008 22:42

Maintenant qu’un plan de secours est en place pour les banques américaines, la plupart des experts sont d’accord sur l’autre menace qui plane : les cartes de crédit. L’appel à l’aide d’American Express, a remis le danger en pleine lumière. Le consommateur américain vit en grande partie sur ces cartes et si elles se voyaient imposer soudain un taux élevé, par exemple 20% ou 30%, le pays serait en situation de véritable catastrophe sociale. La bulle risque d’exploser tant le comportement des consommateurs américains est peu responsable. Ils paient en effet uniquement les intérêts sur leurs dettes provenant de leurs cartes de crédit sans rembourser le capital. Avec la crise économique en cours, la situation s’aggrave. Les émetteurs en profitent et ne se gênent pas pour proposer des taux à 12% la première année avant de friser les 20% par la suite. On n’est pas très loin de l’usure. Rappelons qu’en France, nous utilisons surtout des cartes débit – un débit éventuellement légèrement différé – mais la carte américaine ressemble plus à un crédit "revolving", à haut risque comme chacun sait.

Plafonnement

Plusieurs banques ont déjà annoncé des pertes sur les cartes de crédit et l’idée de plafonner ce taux commence à circuler, pour éviter une panique générale. Le surendettement des instituts émetteurs de cartes de crédit est évalué à 450 milliards de dollars par Moody’s, l’agence de notation financière. Elle s’inquiétait déjà le 16 octobre "du défi exceptionnel qu’affrontera l’industrie des cartes de crédit (...) jusqu’à fin de 2009". Dans un pays où plus de 60% de l’activité économique vient de la consommation des ménages, une crise des cartes de crédit donnerait un coup de frein encore plus brutal à l’économie nationale et donc mondiale, puisque des nombreux pays vivent de la consommation des Etats-Unis. Difficile de savoir combien les banques françaises détiennent de titres directs ou indirects adossés aux cartes de crédit américaines. Elles peuvent en détenir directement ou par le biais de hedge funds.

Défauts de paiement

Aux Etats-Unis, le taux des défaillances sur les "crédits conso" s’est envolé. De 3,09% en 2006. Le taux d’impayés est passé à 4,03 % en 2007 puis à 5,1 % au deuxième trimestre 2008, selon la FDIC, l’agence fédérale qui garantit les dépôts bancaires aux Etats-Unis. Il est peu probable que la situation s’améliore d’elle-même car la carte de crédit est souvent le dernier recours, bien caché, du consommateur aux abois. Les défauts de paiements des cartes de crédit sont une conséquence directe de la récession économique. Les bénéfices des entreprises s’étiolent, elles licencient et le chômage augmente. Les ménages américains ne peuvent plus rembourser leurs dettes. Ils tirent alors autant que possible sur leurs cartes. Ils en ont souvent plusieurs - une petite dizaine parfois - d’autant que certaines institutions peu scrupuleuses offrent des cartes même aux surendettés chroniques.

Crédits titrisés

Comme dans le cas des subprimes, les crédits liés à ces cartes ont été titrisés, transformés en produits financiers et revendus par morceaux aux investisseurs du monde entier. Le mal est donc répandu sur d’innombrables plateformes. Les montants en jeu ne sont toutefois pas équivalents à ceux du désastre immobilier. Le total de crédits atteindrait 435 milliards de dollars, la moitié de l’ardoise des subprimes. Comme seulement 50 % de la somme est titrisée, contre 70 % pour le subprime, la perte potentielle se monte à 35 milliards de dollars. En plus de tout le reste, comme le signale une récente et très complète enquête de Business Week.

Stéphane Marchand



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