Commentaire de Cosmic Dancer
sur La laïcité est un attribut de l'État


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Cosmic Dancer Cosmic Dancer 9 décembre 2008 19:52

Alors reprenons point par point, parce qu’il y a matière smiley

 

"Et pourtant ce n’est pas l’opinion en tant que telle qui est dangereuse, ni le signe ostentatoire, mais l’interdiction de la critiquer, de la discuter. C’est elle qui fabrique la pensée unique et l’abêtissement."

 

Une opinion seule n’est pas considérée dangereuse et son expression est garantie par la loi sauf dispositions contraires (d’ailleurs objets de débats et de fait discutables), donc ce n’est effectivement ni elle ni le signe ostentatoire afférent qui sont dangereux. D’ailleurs, la notion de danger n’a nullement été une clé de décision dans la promulgation de la loi de 2004. L’interdiction de critiquer une idée, une pensée, un corpus politique, philosophique ou religieux représente, je suis bien d’accord, le danger véritable. La liberté d’opinion menacée se solde trop souvent, dans le monde, par des arrestations et des emprisonnements arbitraires, quand ce n’est pas par la torture ou l’assassinat.

 

"L’État paternel est le Père symbolique de la république française. Rien ne saurait être fait sans son approbation, sa bénédiction ou sa tolérance magnanime. Les Français ont besoin d’un Être suprême politique, c’est l’État."

 

L’Etat, vaste sujet. Son fonctionnement, soumis aux termes des diverses Constitutions, rend compte de l’histoire d’un pays, ici la France, et de son évolution politique. Il est une hyper-administration, l’administration de la nation. En ce sens, il est juste de le comparer à un père symbolique, ordonnateur et guide de la communauté qu’il entend représenter, en démocratie parlementaire, via les institutions qui le composent. Mais de fait, au plan symbolique, la comparaison est pertinente et le concept d’Etat-Providence limpide à cet égard.

 

"Supprimez l’État, même par morceaux, et vous verrez ce qu’est un enfant qui croit qu’il peut tout faire quand son père a le dos tourné. Il paraît que les enfants les plus soumis à l’autorité parentale sont ceux qui font les pires âneries dès qu’ils sont « libres ». Ce n’est pas difficile à comprendre, ils ne savent pas ce qu’est la responsabilité, ils ne connaissent pas les règles d’un comportement autonome en société, ils n’ont jamais agi seuls, par eux-mêmes, ni pensé par eux-mêmes. Mais est-ce une raison pour infantiliser la population pour l’éternité ?"

 

Fixer une règle pour tous consistant à ce que soient respectées les croyances intimes et les cultes associés ne me semble pas relever de la métaphore d’une éducation trop dirigiste et autoritaire d’où sont exclues les notions de contrat, de responsabilisation et d’apprentissage de l’autonomie. La population ne me semble pas se trouver infantilisée par la loi de 1905.

 

"Nos enfants voient le monde à la télévision. Comment peut-on croire que de le voir aussi à l’école représenterait un danger pour eux ?"

 

Cette loi n’a pas été promulguée relativement à un supposé danger de contamination, mais relativement au fait - le foulard islamique s’est la plupart du temps accompagné de refus d’assister à certains cours d’histoire, à des cours de biologie, à des cours de sport... - que le principe de l’Education nationale consiste à donner à chaque enfant la possibilité d’atteindre son propre sens critique (disons, idéalement) et d’acquérir des savoirs qui (toujours idéalement) lui permettront de grandir et s’épanouir au sein de la société qui l’a vu naître ou d’une autre.

 

"Ce n’est pas en transformant notre société en un vaste Guantanamo que l’on fera un progrès vers l’émancipation."

 

La honte et l’horreur de Guantanamo, violant tous les principes des Droits de l’homme en toute impunité, ne sont en rien comparables à une quelconque pression dans la loi de 1905 qui empêcherait l’accès d’une conscience à sa propre expression. Je ne comprends pas très bien la métaphore smiley

 

"Il faut aussi voir ce qui, logiquement, suivra : comme en URSS, où les parents pouvaient être à tout instant dénoncés par leurs rejetons, les professeurs ne pourront plus exprimer la moindre opinion personnelle sans risquer d’être dénoncés."

 

Les polices politiques et la surveillance du voisinage et de la famille ne me semblent pas découler d’une loi, j’y reviens encore, qui garantit au contraire à chacun de ne pas être tenu d’obéir à un culte unique, fût-il celui de la figure athée de l’Etre suprême ou du Petit Père des peuples.

 

"Tout cela est la conséquence du monopole d’état sur l’éducation."

 

Nous avions commencé une riche discussion sur ce sujet, j’aimerais bien la poursuivre.

 

"Attention, je n’approuve pas le port du voile, pas plus que l’usage de drogue. Mais à accepter d’être traité en enfants, nous ne deviendrons jamais adulte."

 

Je n’approuve pas non plus, mais c’est de notoriété avoxienne, le port du voile islamique. Quant à l’usage de drogues, le mythe rimbaldien suivi des expériences de Michaud ne m’ont personnellement jamais convaincue qu’elles étaient la porte d’une extase spirituelle donc jamais intéressée, et les conséquences des trafics sont suffisamment graves pour que je réprouve leur usage (je pense aux dramatiques destins des "mules") dès lors que celui-ci leur est lié.


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